
grande reffource pour la nourriture des beftiaux 1
dans plufieurs provinces de la France. Il a la tige
groffe, & s’élèv e de quatre à cinq pieds -, fa feuille
eft très-ample, mais moins frifée & crepue que
notre troifième & cinquième fous-variété. 11 fournit
des feuilles toute l’année ; mais pour l’employer
dans la cuiline, il faut attendre l’H iver,
lorlque les fortes gelées l’ont bien attendri, ce
qui fui ôte ce goût verd, & le rend plus fucré.
On fème ce Chou à la fin de Juin , & on le repique
en Août & Septembre. Il ne demande
prefque pas de foins pendant l’Hiver ; fi cependant
on defiroit en avoir de la graine, on ne feroit
pas mal de garantir contre le froid les pieds les
plus forts & le plus convenables à cet ufage. Ce
Chou ne forme pas de pomme, quoique, dans un
fol très - nourri (fan t , il paroît quelques fois en
former une. D’après M. Ducheine, ce Chou eft
particulièrement cultivé dans le Maine.
Grand Chou verd , où Chou verd en arbre ,
Ou Chou- Chevre. Ce chou fe diftingue de'tous
les autres par fa hauteur, car il n’eft pas rare d’en
voir qui atteignent une hauteur de huit à dix
pieds. Dans le terrein un peu maigre, il fe con-
fèrve fouvent pendant quatre A fixans, & , à cct
égard , on peut le confidérer comme une plante
vivace. Quant au port , il a celui d’un arbrifteau-,
fa tige eft groffe, prefque ligneufe, de même que
les pétioles de fes feuilles -/ces dernières font moins
cfèpues que les feuilles des autres lous - variétés;
mais, en échange , beaucoup plus grandes
plates, fans cependant être bien charnues. On
cultive ce Chou plutôt pour la nourriture des
beftiaux que pour l’ufagé de la cuifine ; il peut
cependant fervir à cet ufage / fur-tout quand on
en coupe les feuilles les moins grandes, & qui ont
■ été pincées par le froid. Comme ce Chou ne demande
que peu de foin, c a r u n e fois femé &
tranfplantë-, il feconfervc, Comme nous venons
de le dire , pendant plufieurs années en place. Il
feroit à defirer qu’on s'occupât un peu plus foi-
gneufement de cette culture. On le fème en pépinière
en Mars ; dans les Provinces Méridionales ,
en Avril ; & on le replante à la cheville dès qu’il
a cinq à fept feuilles. Le terrein qu’on lui definie
doit être bien fumé & profondément laboüré;
la diftance d’un Ch où à un autre doit-être de deux
pieds en tout fen s , & il exige quelques légers
labours en Eté. Dans les années pluvieufes, la
récolte des feuilles eft très-abondante. Dans plufieurs
provinces qui élèvent Beaucoup de bétail,
on commence, à cultiver ce choux en grand ; cè-’
pendant eetr.e culture nfeft point auffi étendue
■ quelle le mérite,. car ce Choti eft encore1allez
produélif, même dans les fojspierreux & maigres,
■ & on le trouve fouvent le long dé nos çôtës'j de
même que fur les cé>t;es de l’Angleterre , en aftisz
grande quantité:* .d’une yigiiêur ' rema'rqiiable'.'
O n a mémé: propage ce Çhoü par des boutures,
& les Ahglois fon t cgafèmenfgreffé avec fuccés:
La culture de ce Chou, que l’on fuit avec
beaucoup de profit dans l’Anjou , le Poitou 8c
autres Provinces , eft très-bien décrite par M. le
Marquis de Turbilly ; voici ce qu’il en dit dans
les Mémoires de la Société économique de Berne.
Année 1764 , Vol. III.
« On fème le grand Chou d’Anjou dans le mois
de Juin , dans un carré de bonne terre dè jardin,
que l’on a foin d’arrôfer de teins en rems,- en cas'
de féchnreffe : cette graine lève allez vite, & l’on
voit bien-tôt paroître une multitude de jeunes
Choux. S’ils fe trouvent trop épais, on les éclaircit
, & on farcie avec attention les herbes qui
pouffent dans ces terreins , à mefure qu’elles
croiffenr; on laiffe ces Choux dans le même carré
jufqu’àla Touffaints; alorson les tranfplante dans
le morceau de terre qu’on leur a deftiné ; on les
y plante par rayons, avec le pied ou la bêche,
allez en avant , c’eft-A-dire qii’ôn les enterre
jufqu’auprès des feuilles ; on les met tous à
environ deux pieds eu deux pieds & demi de
diftance les uns des autres, en tout fens, fui-
vant la bonté du terrein. Jamais on ne doit les
planter avec un piquet, comme font ordinairement
les Jardiniers pour les autres, efpèces de
Choux. On remplit le fond des rayons de-fumier
dont on couvre lès racines de Choux ; on étend
enfuite la terre fur ce fumier , :en forte "qu’entre
chaque rangée de Choux , il fe trouve un fillon.
Vers le milieu du mois de Mai fuivant, on
donne un labour au terrein, avèC le pic ou la
bêche , & on régale la terre des filions, de façon
que tout ce terrein fe trouve uni. Il ne relie pins
rien A y faire que d’arracher, de tems en tems , les
mauvaifes herbes qui y viennent.
Beaucoup de Cultivateurs lêmen.t la graine de
ce Choux avec celle du Chanvre ; quoique cette
façon ne foit pas- aufli fûre que la précédente,
dans les années pluvieufes, elle réunit quelque-
fois très-bien. Lorfqu’on arrache le Chanvre, on
découvre une multitude de petits Choux ,
qui,, fe trouvant alors à Pair, croiffent enfuite
•très-vîte ; on les tranfplante A laToulfaints, de !a
manière qu’on a expliqué; on les eftime plus que
ceux venus dans lés jar'ins potagers , parce qu’ib
ne font pas fi fujers A 'monter en graine le Prin-
tems fuivant : c’eft iin Accident qui arrive cependant
; en certaines années, A une partie de ce
légume , ce qui oblige de-fes remplacer par d’autres
de la rnêïiie efpèce, qui n’ont pàs èffiiyé le même
accident qu’bri' réfe rvé exprès ; • pou r :c é remplacement,
dans quelque mlôrceaii de terrein.
Flufièiirs Laboureurs tranlplantcnr ces Choux
•avec la:charrue, mais ils rie font cette opération
qu’au Printems, & les laiffent jufqiies-IA dans
l’endfoitiiù ils onrëté femés; ils.régalent enfnire
la terre-avec le pic ou la bêche . vers la fin du
mois de Mai , de la façon qu’on l’a oBfetv'é. On
' v.bit,claiisplufieurs fermes dè l’An jOU & du Poitou,
dés 'champs-en tiers- de -cette- foirte de Choux,, «p®
font, dans ces pays, d’une grande reffource. >5.
« Au mois de ju in , ces Choux, qui font déjà
grands, qui ne pomment point, & qui relient
toujours verds, commencent A fervir, & parviennent
bùn-tôt A leur degré de bonté ; ils y
relient jufqu’au Printems iuivant, qu’ils com-
niencentàmonter, fleuriffent enluite, & donnent
après cela de la graine : cette graine eft mûre vers
le mois de Juillet ; on en cueille alors ce qu’on
en a befoin pour femer. Ces Choux croilfent ordinairement
dans 1 Anjou ; iorfqu ils font emière—
ment montés, ils vont jufqu’A la hauteur de huir
pieds; on çn a même vu de plus hauts. Depuis le
terme qu’ils commencent à fervir , on en cueille
de tems A autre fes feuilles, qui repouffent à
îïiefiire : ces feuilles font grandes , excellentes
pour faire la foupe,- & fi tendres qu’elles cuifent
en les faifant bouillir un moment ;: elles ne font
jamais mal à l’eftomac, & font aufli une très-
bonne nourriture pour les beftiaux, qui les mangent
avec avidité *, elles ont encore l’avantage dé
donner beaucoup de lait aux vaches. » '
« Telles font les propriétés du Chou de cette
êfpèce§ fort prifé en Anjou , en Poitou, en Bretagne
, au Maine, & dans quelques autres provinces
voifines. On oblige même, en Anjou, lés
Fermiers, par leurs baux, d’en planter tous les
ans.une certaine quantité, & d’en laiffer un certain
nombre fur pied , lorfqu’ils fortent de leurs
fermes. Ces choux forment une efpèce d’arbufte
fort utile, puifque ces feuilles fervent A la nourriture
des hommes & des beftiaux, .& que. fon
tronc, qui eft environ do la groffeurdu poignet,
fert aufli, étant devenu fec , A faire du feu ; cela
lait dire communément dans .cette province , que
chacun de cès Choux vaut cinq fols de revenu
par a n . - ■ „•
« Il arrive quelquefois,dans des Hivers extrêmement
rudes,. qu’une partie de ces Choux gèlent,
•& l’on regarde cet accident comme une grande
perte dans les pays dont je viens de parler ; mais
é’eft une ebofe allez rare,;- parce que les Choux
de cette efpècéréfiftent davantage A la gelée que
les. autres-, r> ■
« On obferveradeclorre foigneufementjfoit par
des haies j foit par des fofiés, le terrein où l’on
plantera ces Choux, afin de les garantir du dommage
des beftiaux, qui e'n font très-friands. J ’en
ai fait, avec cette précaution., diverfes plantations,
auprès des maifons bâties au milieu des Landes,
que j’ai défrichées , & ces plantations ont bien
réulîi, quoique le terrein foit, en plufieurs endroits,
des plus médiocres.» . ,
« J’ai proche de ma maifon,en Anjou,au milieu
du domaine que je fais valoir , depuis long-tems,
d’après la méthode que j’ai décrite dans mon Mémoire
fur les Défrichemens, deux pièces de terre
Bien clofes, qui fervent A cette plantation:: On y
alternativement des jeunes Choux tous les
,2nsi les arraèhe, après qu’ils font montés,
pendant la fécondé année, dans le tems ci-
devant marqué, on bêche le même terrein, & l’on
y fème des fèves ou des pois ; comme la récolte
en eft faite avant la Touffaints, cela n’empêche
point de planter alors de nouveaux Choux dans
ce terrein , qui n’en vaut que mieux ; fes fèves Scies
pois les rendent plus meubles ; de cette manière,
la terre ne repofe jamais , & ne s’épuife
point , au moyen du foin qu’on a de la fumer
foutes les fois qu’on y met fes Choux. »
« Ces Choux étant d’une fi grande utilité, je me
fuis toujours étonné de ce qu’on ne le cultive
pas dans les divers pays de l’Europe; je; crois qu’il
réufliroit prefque par-tout, & je confeille A tous
les Cultivateurs d’en faire des plantations. »
Depuis quelques années, on cultive, en Allemagne,
une variété de Chou verd qui s’approche,
pour la bauieur, du Chou en arbre. Les plants
que l’on a cultivés dans le jardin économique de
l’üniverfité de Goettingue, y font parvenus à fix
pieds de hauteur. Les feuilles inférieures de ce
Chou ont ordinairement quatre pieds de long,
fur deux pieds de large; elles font d’un verçl blanchâtre,
planes & point ondées [folia plana , non
undulata, nec bullata ) A côtes blanches. Les fleurs
en font blanches ( comme les fleurs du Brocoli
brun, & beaucoup plus grandes que les fleurs des
autres Choux. La fécondé année, ceChoux paroît
vouloir pommer ; mais ce rapprochement des
feuilles ne produit que beaucoup de fleurs, quoique
, félon l’opinion de plufieurs Economes, ce
même Chou ne fleurit que la troifième année. Il
demande A être butté fouvent & affez copieu-
femenr. Dans les Hivers très-fioids, il foufhe un
p eu, comme prefque toutes les efpèces de Chou
A haute tige. Le goût de ce Chou n’eft pas défa-
gréable , cependant ce n’eft pas un met exquis ;
comme il fournit beaucoup de feuilles, & d’un
volume gigantefque, il con viendroir, A tous égards,
pour la nourriture des beftiaux ; on le cultive
fous le nom de grand Chou de Canada. ( Braf-
fîca maxlma Canadetifis ).
Chou frangé, ou fe Chou brun des Allemands.
Ce Chou, qui eft particulièrement cultivé.dans
le Nord dëTAllemagne, où il réfifte au plus grand
froid , n’eft guères cultivé & eftimé en France-
mais on a tort de négliger cètte culture, car .ce
Chou ne-demande ni beaucoup de foin , ni un
terrein d’une bonté particulière. Les Jardiniers,
qui cultivent ceChou en France, le fèmentaux
mois de Mars & Avril fur terre, & le replantent
au mois de Juin ., à deux pieds de diftance en tout
, fefts!;;s la terre doit être bien fumée , & ce Chou
exige 'd* être fouvent arrofé, fur-tout fi le tems,
quand on lê'repîante, n’eft pas pluvieux ou couvert.
En Allemagne , on fuit des procédés drfïe—
refis. ;Si l ’on demande ce Chou précoce , on Le
fème en Avril, fur une couche froide , ou fous
dés chaffis, .& on le repique à la fin de Mai ois
au cottîmencement de Juin ; 011 a des Choux aion