
Si les oeufs étaient dépofés fur les branches, il
faudrait les frotter, & abattre les feuilles le plutôt
poflîble, fur-tout fi l’efpèce de pucerons qui
les attaqué eft vivipare ; on détruiroit les vers â
leur naifiance , & on empêcheroit leur reproduction.
Les feuilles devant tomber, -elles n’auront
point été choifies par les pucerons, pour y
.confier leur progéniture. Je crois donc fuperflu
de les brûler *, mais la précaution efi plus sûre. *
Je finirai cet article en rapportant une expérience
que j’ai faite avec un de mes amis, bon
obfervateur , mais pour d’autres fins : nous avons
renfermé, dans cinq bocaux faits exprès, de la
forme des bouteilles qu’on appelle rouleaux, des
branches de pêcher prifes au hafard ; après les
.avoir frottées, pour enlever les oeufs des infeCtes
qui s’y feraient trouvés , nous avons fermé les
bocaux hermétiquement par le bas, en laiflant
l ’ouverture du haut bouchée, ou fermée avec de
la gafe. Deux des branches ont été cloquées fans
pucerons & fans fourmis ,* les trois, autres font
refiées dans leur état naturel, fans Cloques, fans
pucerons & fans fourmis. Cette expérience ne
décidant pas aflez , il efi à délirer que quelque
curieux & amateur la renouvelle ; & qu’il s’occupe
à en faire d’autres, & d’une autre nature ,
qui puiflenr donner des lumières fur la caufe
première de la maladie de la Cloque. ( M . M e -
JiOji.')
CLOQUE. On donne ce nom à la carie, dans
3e Yexin Normand. V o y e \ C a r ie . ( M . l ’A b b é
T e s s i e r .')
CLOS, Efpace de terrein environné d’un mur
eu d’une haie, ou d’un foiTé. Un Clos peut être
entièrement cultivé, qu entièrement planté d’arbres,
ou partie cultivé, partie planté d’arbres.
Les terreins enclos ont une grande valeur, à
caufe de la conlervation des objets qui s’y trotir-
vent , & de la facilité d’y faire des efpaliers.
X M . V A b b é T e s s i e r . )
CLOSEAU ou CLOSERIE. Nom donné, dans
quelques Départemens’, à de petits biens de campagne,
compofés d’une maifon ou autres bâti-
mens, & de quelques terres adjacentes qui en
dépendent. On appelle; ces fortes d'héritages-,
C lo je r i e s , parce qu’ils font ordinairement clos de
baies ou de fofles. Ce font des jardins agreftes
plantés d’arbres, de légumes, & enfemencésen
graines & en fourrages* (M . T h o v i n . )
CLOS1ER, On appelle ainfi celui qui tient
une Cloferie. V o y e [ C lo serie. .( M . l ’A b b é
T e s s i e r . )
CLOTURE, CJorre un champ ou une poifëf-
fion quelconque , c’eft la défendre contre l’in-
vafion des hommes ou dés animaux, par un mur,
une palifiade, une baie sèche ou vive, une grille
«le fer ou un fofl'é dont on l’entoure.
Quoique la sûreté de la propriété foit le premicr
objet qu’on fc propofe, en établissant des
Clôtures, les mêmes moyens fervent cependant
quelquefois pour procurer à certaines productions
des abris dont elles ont befoin ; la bonifi,
cation du fol, fuite naturelle d’une culture foi-
gnée, ne paraît qu'un objet fecondaire des Clôtures.
Ei(torique. Les Anciens, non-feulement con*
noiSoient l’ufage des Clôtures, mais en faifoient
encore lé plus grandcas. Les Romains, fur-tout
les emplôy oient généralement pour défendre leurs
pofl'emons. Il femble cependant que la sûreté de
îa pofleflion n’étoit pas le feul but que les Romains
cherchoient à remplir par les Clôtures,
qu’ils eonduifoient fou vent avec beaucoup d’art
& d’intelligence autour de leurs pofleffions; car,
félon toutes les probabilités, des Clôtures, en
pierres, de peu d’élévation, leur fervoient, dans
quelques cantons , pour garantir les champs
contre les inondations momentanées des tor-
rens, qui entraînent en même-tems la meilleure
partie de la terre végétale , ou pour
y conferver , pendant plus long - tems, ' un
certain degré d’humidité dont la culture pourrait
avoir befoin. J ’ai vu de ces murs dans
la partie non-défrichée des Marais-Pontins;
d’autres., fitués aux pieds des Apennins, à peu de
difiance de Rome. L ’expofition de ces terreins,
fitués en pente , autour defquels on obferve, encore
actuellement , des refiés de murs d’une
grande folidité. Le peu d’élévation de ces murs,
& l’ufage des habitans aéluels, d’employer les
mêmes moyens, rendent mon opinion aflez vrai-
femblable. Les torrens qui fe forment Couvent
dans les Apennins, après une pluie à-peine fèn-
fible dans la plaine, & qui fe jettent alors avec
impétuof té dans la plaine, entraîneraient naturellement
l’efpérance &. le fruit du travail des
Cultivateurs, fi on n’avoit pas trouvé les moyens
de leur afligner, pour ainfi dire , la marche qii’ils
doivent fuivre, en leur oppofant des digues qui,
quelques foibles qu’elles puiflent paraître , rem-
pliflent pourtant parfaitement le but de la conf-
truClion. Ces murs, qui fouvent n’ont que deux
pieds & demi de haut, font conflruits avec des
briques ou des pierres , unis par un mortier fait
avec de la pozzolane, font de la plus grande
folidité; la pozzolane, ayant la propriété de
communiquer aux ouvrages de maçonnerie
dans laquelle elle entre, une dureté égalé
à celle de la pierre , & qui acquiert encore plus
de confiflance dans l’eau.
D ’après Varron & d’autres anciens Auteurs,
les Romains diflinguoieht quatre efpècés de Clôtures
: la naturelle , formée par des haies ; la
champêtre, compofée de pieux ou de brofiailles;
la militaire ou le foflé, dont le bord intérieur du
champ étoit rehauffé par la terre tirée de ce foffé;
l’artificielle, ou la Clôture en maçonnerie. La
Clôrurc
A ttife artificielle fe fubdivifoit encore en quatre î .
la Clôture en pierre, principalement en ufage
dans le canton de Tufculum ; en briques cuites, I
principalement en ufage chez les Gaulois ; eii
briques crue s dans la terre des: Sabins; enfin, en
Clôtures faites avec de la terre & des cailloux
enraffés entre deux planches ou le pilé, telles
qu’on en voit encore dans plufieurs de nos Provinces
Méridionales, en Efpagne & dans la Calabre,
aux environs de Tarante.
L’état a&uel de l’Agriculture, en Italie , ne
préfente rien de bien curieux fur les Clôtures ;
les Auteurs Italiens qui ont écrit fur l’Agriculture
, conviennent, en général, de 1 utilité des
Clôtures; mais certains préjugés, fouvent aufii
des droits fur lefquels les Propriétaires ne veulent
rien rabattre, empêchent qu elles foient généralement
introduites. ,
La Tofcane eft peut-être la feule partie de
i Italie où les différentes branches de l’Agriculture
foient fuivies avec quelque fuccès, & ou
L’on s’efi occupé à tirer parti d un loi fouvent
ingrat. Cependant la partie des Clôtures nous a
paru aflez négligée; quelques haies vives d épines
blanches, aflez mal entretenues, & qui n oppos
en t qu’une foible réfiftance à l’invafion des
beftiaux, font les feules que nous y avons obier-
vées. Dans les environs de la ville de Bologne,
les haies nous onr paru mieux entretenues qu en
Tofcane; mais, dans tout le rafle de l’Etat du
Pape, cette branche de l’économie rurale nous
a paru entièrement perdue de vue. Dans *e
Royaume des Deux-Siciles, on fe contente d entourer
les pofleflions que l’on veut enclorre, ou
défendre contre les beftiaux , d’un certain nombre
de pieds d’Agave d’Amérique ( Agave Ame-
ricana, L. ) ou de Raquette (CaSus Opuntia L .)
Ces deux plantes, très-fucculentes, conviennent
parfaitement bien aux climats chauds, oc ne demandent
que très-peu de foins; une fois plantées,
elles remplifient cet objet très-bien. En très - pou
de tems, on obtient, par ce moyen, une Clôture
impénétrable, dont les animaux n approchent
pas aifément, à caufe des piquans qui leur
percent le cuir, & qu’ôn ne retire qu avec peine ; j
les piquans de la Raquette, fur-tout, font ter- j
riblcs, & caufent fouvent des accidens graves ;
le feul défaut que l’on peut reprocher à une. ,
pareille Clôture , c’eft d’occuper trop de place ;
l’Agave, fur-tout, étale des grandes feuilles de
fix pieds de long de chaque côté ; ce qui fait
douze, pieds de largeur pour une pareille Clôture.
La même efpèce de Clôture eft encore en ufage
en Efpagne, félon le rapport de Loeffling & de
Bowles ; mais il n’y eft point permis aux Propriétaires
de clorre indiftinélement leurs propriétés,
pour ne point diminuer ou entraver les pâturages
des brebis, que l’on regarde comme la principale
nchefle de cet Etat:
En Lombardie^ où plufieurs cantons font très-r-
Agriculturc. To rq.e 111,
.: bien, cultivésylcs Clôtures Tont permifes ;;;mais,
• juiqu’ i ç i , peu. em ufage ; il en eft de même dans
: l’Etat de Venife ; en Savoie , on voit beaucoup
de Clôtures bien .entretenues, & qui ne laiflent
pas d’être très-utiles.
En S uifie, il falloit autrefois une permimon
du Gouvernement, pour pouvoir enclorre ras
pofleflions, & cette permiffion fut fouvent mile
| à un prix exèelfif, au point qu’il approclicit quelquefois
dufixième de.la valeur du fonds. Dans un
Gouvernement defpotique, une pareille ordonnance
n’aûroit rien eu de furprenant; mais,
dans un pays prétendu lib re , l’idée feule en
paraît infupporiable. Dans plufieurs cantons, t a
a modifié cette ordonnance ; mais toujours le
Propriétaire, n’eft point le maître de mettre en
Clôture le champ pu la pofleflion qu’il voudrait
! choifir.
En Allemagne , l’utilité des Clôtures a été reconnue,
depuis très-long-rems ; & dans plufieurs
Provinces feptentrionales de ce pays, or. en a introduit
l’ufage. Les Clôtures que 1 en y obferve
font ordinairement ou en paliflades de bois, ou
en haies sèches. Comme la plupart de ces Provinces
ne manquent pas de bois, on a donné la
préférence à cette efpèce de Clôturas ; les baies
vives n’y réufliflant pas trop bien, à caufe des
Hivers rigoureux. Dans la plus grande partie de
l ’Allemagne, les droits des Seigneurs & les poftèf-
fions fouvent éparpillées des Propriétaires , les
ufages anciens & fouvent ridicules, les chaires &
le droit de parcours , & plufieurs autres caufes
ont empêché jufqu’ici d’adopter 1 ufage des Clôtures,
malgré leur utilité & l’avantage que 1 Agriculture
en tirerait.
En Flandres ■, plufieurs cantons offrent des
Clôtures en haies vives bien entretenues ; la
Flandre Françoife fur-tout | dont l’induftue des
habitans l’emporte de beaucoup fur leurs voifins ,
offrent, dans ce genre, des modèles dont il ferait
à délirer qu’ils fûflent fuivis par-tout.
Aucune Nation n’a porte Part de faire des
Clôtures à Un fi grand degré de perfiéhon que la
Nation Angloifey & Ton peut dire que c eft un
des grands moyens que les Anglois ont employé
pour porter un fol, fouvent ingrat, à un degré
de fertilité dont on a de la peine à fe former une
idée. Les habitans des provinces de Snffolck & de
Norfolck, paffent I en Angleterre j pour les plus
habiles pour la manière induftrieufe avec laquello
ils établiffent .des Clôtures., félon la différence du
lo ca l, parmi lefquelles celles en haies vives fe
font principalement remarquer. Le grand avantage
de réunir toutes les terres compofant une
ferme dans un feul & même enclos, & à la
; proximité de l’habitation, ne# pas le moindre
avantage que les Anglois retirent des Clôtures \
ils ont l'avantage d’avoir conflamment leurs
gens fous leurs y eu x , & ces. derniers ne perdent
point un tems précieux , que l’éloigne-,