
heureufement il eft fujet à être attaqué par les
Cantharides, qui fouvent l’ont dépouillé de fes
feuilles au milieu de l’Eté. Les capfules & les
graines de cet arbriffeau répandent une odeur
aromatique, for te& fu a v e ; feslèmences, infu-
fées à froid dans du vin blanc, lui donnent une
force plus confidërable que celle de la plus forte
eau de - vie : aufli cette liqueur eft-elje trèsT
enivrante. Son bois paffe , en Canada, pour
être un fudorifique & un diurétique très-puiflant;
il a de la dureté, & peut être employé à des
ouvrages de tour.
Les Clavaliers, N.° 2 & 3 , n’ont point encore
été cultivés en Europe 3 mais il eft probable que
venant des climats chauds, iis demanderaient la
même culture que les plantes de ferres chaudes 5
ç’eft-à-dire, que leurs graines devraient êire fe-
mées fous chalfis ; que les jeunes plants exigeraient
d’être placés dans les tannées des ferres
chaudes, pour paffer les trois ou quatre premiers
Hivers de leur jcuneffe ; enfuite, d’être mis fur
les tablettes de la même ferre.
La culture du Clavalier de la Caroline paraît
être la même que celle de la première efpèce ;
avec cette différence, que celle-ci, venant d’un
pays plus méridional, exige d’être préfervée des
grandes gelées. Nous en poffédons un individu
depuis quelques années; il a paffé plufieurs Hivers
en pleine terré, fans être couvert, & a effuyé des
gelées de fix à huit degrés, dans un lieu dont la
terre eft humide, légère, & à 1 expofition du
Nord.
Miller, qui a cultivé cette efpèce plus long-
tems que nous , dit qu’elle efl moins dure que la
première efpèce ; qu il faut la placer contre une
muraille expofée au Midi ; qu’elle y pouffera fort
bien ; qu’il en avoit planté, en plein air, dans le
Jardin de Chelfea ; qu’elle y avoit réuffi, & fup-
porté le froid fans couverture ; mais que Jç
rude Hiver de 1740 la détruifit entièrement.
( M. Thquiv. )
C L A V E . C ’ è ft a in f i q u e l ’ o n a p p e l l e l e T r è f l e
à C a l a i s . V o y e^ T :refle. { M . l ’ A b b é T e s s i e r . )
C L A V E A U , C L A V E L É E .
La maladie de beftiaux que Içs propriétaires de
bêtes à laine doivent le plus craindre, c’eftcelle
oui porte les noms de Claveau^Clavelée, Çlaviltère,
Clavin, Pieotte, Vérole, petite Vérole, Verette ,
Caraque , Gramidure, Gamife , Liarre , Pefie >
Bête. Ses ravages, pris & calculés en l'omme ,
font plus confidérables que ceux qu’occafionnenr
la pourriture & la maladie du fang. La première
de celles-ci attaque feulement les animaux qui
fréquentent les pâturages -frais & humides. La
fécondé n’eu lève que ceux qui font nourris trop
Iong-tems au fec, ou étouffés dans leurs bergeries
, ou conduits fouvent fur des terreins remplis
de planses sèches &. aromatique«. Encore n’y a-t-il
que les bêtes à laine d’une conftitution molle $ I
, .lâche, qui foient expofées à la pourriture, $ I
par la raifon contraire, celles dont la conflit^ I
tion eft forte & vigoureufe, à la maladie du fang, I
En général, elles ne font pas fi meurtrières que I
le Claveau, qui quelquefois tue la moitié I
d’un troupeau. Mais le Claveau ne ménage rien* I
on le voit dans les troupeaux de tous les cantons* I
il ne diftingue ni le tempérament, ni l’âge des I
individus ; béliers, moutons, brebis, agneaux I
forts, ou foibles, tout y eft fujet, tout en peut I
être la viéfime. S'il fe complique avec la pourri. Il
ture, ou la maladie du fang, il en aggrave les dan* 11
gers, & , dans ce ca s , il n’a jamais qu’une fin II
funefte.
J ’ai eu plufieurs fois occafton d’examiner le ||
Claveau, $. particulièrement dans deux circonf- ||
tances. L’une, tft lors de l’Epizootie quia régné ||
à Rambouillet, en 1786, fur le troupeau de ||
bêtes à laine que le Roi a fait venir d’Efpagne, K
L ’autre, eft lorfque des troupeaux de Sologne, I
loués à des Fermiers de Beauce, poqr parquer, ||
fe font trouvés infeélés de cette fâcheufe mala- [I
die. La première dura pendant les mois de No- ||
vembre, Décembre & Janvier. L ’autre, qui avoit ||
commencé en plein Eté, continua jufqu’au coin- ||
mencement de l’Automne. Les animaux que le |
Claveau attaqua, n’étoient, ni delà même confti- |
tution, ni du même tempérament, puifque les I
uns venoient de? montagnes de la C a f t i l le & les I
autres des bruyères humidçs de la Sologne. A I
Rambouillet, on a tenu à la bergerie toutes les I
bêtes malades , fuivant le confeil des Bergers I
Espagnols qui les avoitnt amené?, & qui les I
foignoient. En Beauce,elles né quittèrent pas leurs I
P3rcs, & par conféquent elles furent toujours en I
plein air.. Ces différences n’en ont établi que très- I
peu dans les fymprômes 8c la mortalité. Tout ce I
que j’ai obfervé m’a convaincu que le Claveau , I
comme on le voit depuis long-tems , reffemble I
parfaitement à la petite vérole des hommes.
Cette maladie, en.effet, fuit une marche régu- I
lière; on y diftingue trois tems bien marqués: |
celui de l’invafion , ou de l’inflammation, celtii |
de l’éruption &. celui delà defticcation des boutons. |
M. Thorel croit qu’il faut diftinguer quatre tems; |
celui de l’inyafton, celui de l’éruption , & ceux I |
de la fuppuration & de la defîiccation ; mais ces |
quatre peuvent être réduits à trois , l’érup- |
tion comprenant la fuppuration. Les animaux |
font triftes, dégourés, languiflans, ayant la tête |
p e n c h é e& les parties poftérieures rapprochées |
des antérieures • ils ne ruminent pas, iis ont foif,
ils éprouvent une grande chaleur, ils ont beaucoup
de fièvre. Dans le fécond tems, il fe maoL
fefte fur lçur corps des boutons qui groftïfient J
par degrés , & q u i, ronges d’abord , deviennent
blancs enfuite ; ces boutons font tantôt bombés»
tantôt applatis; ceux qui paroifl’ent les pretniert
couvrent les partie« dénuées de laine, telles que |
la face,
L face , le dedans des cuiffes & des épaules, le
KefTous de la queue, le ventre, les mamelles; il
E’en forme enfuite fous la laine; en quatre ou
cinq jours, j ’éruptipn eft complette. Dans le
■ troifième tems, les boutons fe rempliftent de pus,
fce defsèchent, & forment une croûte noire qui
tombe dans la fuite.
I On peut diftinguer deux fortes de Claveau,
Icomme on diftingue deux fortes de petite vérole :
H’un eft bénin & l’autre malin. Celui-ci eft ordi-
■ nairemenrconfluent; les lymptômes en font plus
Sgraves; l’éruption eft incomplette ; les boutons
Is’applariflcnt, fe defsèchent & noireiffent fans
■ contenir du pus ; une morve épaifte découle des
■ narines; la tête enfle, les yeux fe ferment, la
Irefpiration eft pénible ; rarement les animaux en
Reviennent. Quelques perfonnes admettent un
IcUveau cryftallin, quelles placent entre le bénin
le malin ; mais il ne me paraît pas aftèz bien
|caraélérifé, pour en faire une troifième efpèce.
I Lorfque l’éruption , étant complette, les bêtes
là laine reprennent de l’appétit, on peut efpérer
Iqu’eilesguériront; mais fi elle ne foulage pas, fi
Iles boutons font d’un pourpre foncé, on ne peut
■ porter qu’un pronoftic fâcheux. Des abcès & des
■ dépôts extérieurs, & le dépouillement de la laine
laux endroits où il y a eu éruption, font d’un
|bon augure. Souvent les animaux rachètent leur
Ivieaux dépens de leur vue; ils deviennent borgnes,
■ ou aveugles ; il y en a qui pèlent jufqu’à perdre
■ toute leur laine; la plupart conlervenr, ou des
■ cicatrices, ou l’empreinte des boutons. Les corps
|de ceux qui en meurent font gangrenés & pu-
Itrélîés en très-peu de tems. Les bêtes jeunes &
Itigoureufes font celles qui réfiftent le mieux au
IClaveau.
I Le Claveau eft aufti contagieux que la petite
■ vérole; un rien le communique. Pour le gagner,
lil fuffit qu’un troupeau paffe dans un champ où
la paffé un troupeau qui en étoif atteint. Cependant
on voit des animaux, au milieu d’une Epi-
Izootie, s’en garantir. On affuré qu’un agneau
■ qui naît, avant que le Claveau, dont fa mère eft
Iatteinte, foit dans l’état de fuppuration , n’en eft
■ point infeébé, & qu’on n’a trouvé aucun foetus
[qui portât des marques de cette maladie.
Ceft une opinion générale parmi les propriétaires
de troupeaux, qu’une bête à laine n’a le
[Claveau qu’une fois en fa vie. Ce que je fais,
le eft. que cette maladie ayant régné deux fois en
[trois ans, dans un troupeau, les animaux qui
lavoienr eu la première fois, ne l’eurent pas la
I fécondé. Si ce fait ne prouve pas que les bêtes à
[lane ne l’ont qu’une fois, on peut au moins en
inférer que les récidi ves font trè>-rares.-
Ce n’eft point à moi à examiner, dans cet ar-
[Ve e ’ ^ Ie Claveau a une origine très-ancienne ;
* quelle époque il a commencé à paraître ; fi les
animaux le contraélent fponranément, ou s’il ne
*£ communiqué qUe par contagion. Le Diétion-
Agnculture. Tome IIJ .
Jlâife de Médecine, q u i, à la pratique, joint la
théorie de la fcience & l’hiftoire des maladies, ne
manquera pas fans doute de s’étendre fur le Claveau
, comme fur la petite vérole des hommes. Il
me fuffirad’expofer la conduite que doivent tenir
les propriétaires de bêtes-à-Iaine, & fur-tout les
Bergers, pour éviter le Claveau , quand il eft
dans leurs troupeaux.
On eft bien affuré que le Claveau fe communique
par contagion ; que cette voie le propage
avec une étonnante rapidité, & qu’il eft fouvent
de mauvaife qualité. ‘ On doit donc tout mettre
en oeuvre pour s’oppofer à la contagion.
Les Bergers attentifs, dès qu’ils lonr informés
que le Claveau eft dans un troupeau voifiri, n’en
approchent pas; ils en écartent même leurs chiens.
Une loi fage, ou au moins un ufage établi parmi
les Fermiers, ou Métayers honnêtes, les détermine-
à circonfcrire la pâture des troupeaux attaqués
du Claveau, jufqu’à ce qu’on foit affuré qu’ils ne
le font plus,* Il eft prudent de ne faire voyager les
bêtes, à laine que de grand matin dans les pays
fufpeéls; le virus dépofé fur les herbes, fe trouvant
émouffé par l’humidité de la nuit, ne fauroit
plus avoir d’aélion. Pour plus de sûreté, il faut
que les gardiens d’un troupeau fain rompent,
pour quelque tems, toute communication avec
ceux d’un troupeau infecté ; car le Claveau fe
transmet par les habits, les poils, & même par
les uftenfiles, comme il fe tranfmet par les herbes
& fourrages.
Quand le Claveau fe met dans un troupeau,
le meilleur moyen de lui empêcher fur-le-champ
de faire des/progrès, c’eft d’auommer les premiers
animaux qu’il attaque, & de les enterrer profondément
avec leur peau : ce facrifice, tout cruel
qu’il paraît, devient néceffaire, & ne manque pa&
de réuflir. J ’ai connu tin Fermier aétif & intelligent
.qui, plus d’une fois, a fauve fon troupeau
en employant ce moyen. M. Vitet confeille d’appliquer
un feron à chaque brebis, pour la garantir
de la maladie, ou la rendre moins dangereufe.
Je défi rerois qu’on donnât alors à tour le troupeau
une boiffon adouciffante & rafraîchiffame ;
telle qu’une eau de.fon, dans les pays où les bêtes
à laine ont la fibre sèche & leÿ vaiffeanx pleins,
( il ferait bon même de faigner les plus vigolire
u fes ). E t , au contraire , une boiffon tonique,
telle que de l’eau, dans laquelle on mettrait de la
décoétion de genièvre & du fel marin , dans les
pays où ces animaux ont la fibre lâche & molle.
Si , malgré cette vigilance, le mal gagne ,
d’autres foins font néceffaires. L’extrême chaleur
& le grand froid font également contraires à cette
Epizootie, peu meurtrière dans fon invafion & à
fa fin, mais terrible dans fon milieu. A mefure
qu’on reconnoît des animaux malades, on doit
les féparer des autres. Si c’eft en Hiver, on les
met dans une bergerie chaude , dont on renouvelle
l’air, & qu’on tient toujours propre. Si
L 1