Septembre, dans celles moins échauffées parle
foleil, & plus tard dans nos provincesdu Nord.»
ce Lorfque les tiges ont changé de couleur,
c’cft le ligne de la maturité de la graine, & on
doit l'attendre; elle eft fi adhérente au calice,
que l’on efi prefque obligé de la battre au fléau
pour l’en détacher. Quelques Auteurs recommandent
de mouiller les tiges, & de les battre
toutes mouillées. Sans doute que, par cet te opération,
les membranes du calice fe d.fiendent,
fe relâchent, & laiflent à la graine une plus
grande facilité pour s’en détacher. La précaution
efi excellente. »
« La l'emence de Chicorée peut fe conferver
très-long-rems, pourvu qu’elle foit ten .e dans,
un lieu fec. Après dix ou douze ans, elle efi
encore bonne à femer. Malgré cela, choififfez
toujours la plus récente, & au plus celle de
éleux ans. v>
Des ennemis des Chicorées.
« La courtillière, le ver-blanc ou ver du hanneton,
le ver du fearabée, nommé le moine, ou le
rhinocéros, à caufede la corne placée fur fa tête. ??
La courtillière, par la double feie en manière
de cifeaux, dont chacune de fes pattts de devant
efi armée, coupe la racine entre deux terres,
& elle efi très-expéditive dans fon opération nocturne.
Le loleildirlendôinain deffèche la plante.
Le j e r du hanneton & celui du moine, coupent
également la racine avec les deux crochets
pointus, dont le devant de leur bouche efi armé,
& ils fe nourriflent de la fubfiance de la racine,
qui efi fort de leur goût. On efi fur, en fouillant
la terre, de les trouver. On peut les donner
à manger aux poules, aux dindes & aux
canards; c’efi un morceau friand pour eux. Il
n’en efi pas ainfi des courtillières, parce qu’elles
coupent ce qui s’oppofe à leur paffage, & poursuivent
leurs galeries fouterreines. C’efi donc au
Jardinier vigilent à vifiter fes planches de Chicorée
; & , dès qu’il s’apperçoit du premier ravage
, il doit chercher l’ennemi, jufqu’à ce qu’il
l’ait trouvé, & le tuer, afin de conferver ce qui
lui refie. Plus l’année aura été abondante en
hannetons, plus il y aura des vers blancs; ils
font plus de dégâts à la fécondé année, qu’à la
première, parce qu’ils font plus gros, & ont
hefoin de plus de nourriture.>5
Culture de la Chicorée épineufe.
Les graines de cette plante fe fèment au Prin-
<tems, fur une couche, dans des pots & à l’air libre.
Lorfqu’elies font nouvelles, elles lèvent dans l’ef-
pacc de quinze jours, & lejeune plant eftaflez fort
pour être 1 epiqtié fix fi. maines ou deux mois après.
Comme cette efpèce enfinr le froid de nos Hivers,
il efi bon d’en repiquer le Jeune plant, dans de
petits pots àbafilic. La terre dans laquelle elle fé
conferve le mieux, efi une terre légère, fablon-
neu.'e & même pierreufe. On fait reprendre les
jeunes plants, à uneexpofition ombragée, après
quoi on les place à l’expofition du midi, oi\
ils peuvent refier jufqu’aux gelées. A cette époque,
il convient de les rentrera l’orangerie, &
de les placer fur les appuis des croilées > à la po-.
firion la plus aérée. Au Printems fuivant, cette
plante peut être rnife en place, à fa deftination.
Si le terrain efi fec & maigre, & l’expofition
chaude, elle y profpérera, & fa végétation s’accomplira
vers la fin du mois d’Aeût.
Uj'age. Les propriétés alimentaires des Chicorées
font trop connues pour quil foit nécef-
faire de les rapporter ici; on fait aufli quelles
ont des propriétés médicinales très-intérefîàntes;
mais ce qu’on ne fait pas aflëz, c’efi que la
Chicorée fauvage efi un excellent fourrage pour
les befiiaux. Quant à la Chicorée épineufe, elle
n’a dàutre mérite que d’occuper une place dans
les écoles de Botanique. (M T houin.')
Chicorée fauvage conjîdérée comme fourrage.
M. Cretté de Palluel, Cultivateur éclairé des
environs de Paris, efi le premier qui aie propol’é.
la culture en grand de la Chicorée fauvage,
comme fourrage. Il a publié, fes Eflais fur les
produits de cette plan te, & furies avantages qu’il
lui a trouvés.
On la fème au Printems, ou feule, ou avec
de l’avoine, pu de l’orge. Il faut un boiflêau &
demi de graine pour un arpent dé ic o perches,
à 2.2 pieds par perche, ou 1544 roifes.
Suivant M. Cretté de Palluel , la Chicorée
fauvage croît facilement dans toutes fortes de
terreins ; mais une terre meuble & fubfiancielle
me paroît celle qui lui convient le mieux.
Si on la fème feule en Mars ,.,on peut la
couper deux fois la première année: femée avec
l’avoine & l’orge, fa végétation efi ralentie jufqu’à
la récolté ; mais elle devient en fuite très-
vigoureufe. En la fumant l’Hiver fuivant , elle
donne au Printems de la fécondé année une production
plus abondante. On peut la couper jufqu’à
quatre fois, la première en Avril, la fécondé
en Juin , la troisième en A o û t , & la quatrième
en OClobre.
Un feul labour fuffir, fi le terrain efi fablon^
neux ; s’il efi compaCtx il efi néceflaire d’en donner
deux, & de herfer après chaque labour.
Les tiges de la Chicorée fauvage peuvent devenir
très-grofles & dures ; on doit couper ce rts
plante,quand elles font encore petites &, tendres.
C’efi en multipliant les coupes qu’on la récolte
en cet état.
La Chicorée fauvage, d’uné confiitution forte,,
réfifle aux ouragans, quirenverfentles autres; fes
feuilles larges & touffues entretiennent les racine^
fraîches ; n i les grands froids, n i l a gelée n e l’ in -
eômmodent. .
De la Chicorée fauvage confervée pour graine,'
dans le terrain de M. Cretté de Pal luelef i parvenue
à fept & huit pieds de hauteur. Elle étoit
très -touffue & chargée .de feuilles, - \ ‘
Une feule coupe d’un arpent de Paris,'ou de
100 perches, à 18 pieds \poüi perche, qui égalent
pou toifesj; a produit 56 milliers'pelans de
Chicorée fauvage , comme plufieurs membres de
la Société M’Agriculture' l’ont conftatée.
Un arpent de- la plus bel lé' luzerne, en trois1
coupes, n’a 'donné.à M. Cretté de Palluel que
22 milliers d’herbe ; le trèfle lui en a donné
encore moins. Cette différencé de poids ne doit
cependant pas être regardée comme défavanta-
geufe à la luzerne & au trèfle, qui, à dofe égale ,
& même' à moindre dofe , peuvent être plus
nutritift que'là'Xhicorêé faüvage. •
Le. prompt àccroiffernèrit de la Chicorée fauvage'la
met dans lé cas'd’ étre mangée par lés bef-
tiaux, dans une faifon où, rebutés de la nourriture
fèche , cette plante feule peut leur offrir
de la verdure.
M. Cretté de Palluel en à fait faner pour la donner
fèche à fesmoutons en Hiver ; il avoue que la
defficcation en efi très-difficile; car on affure que
les ^animaux en mangent beaucoup , fans être
expofésaux inconvéniens de la luzerne, du trèfle
& du fainfoin , pris en grande quantité. ’Si on n®
conduit pas bien cette delliccation,la plante noircit
& quand elle efi fèche , elle fe réduit facilement
en pouffière. Il vaut mieux la donner verte > les-
animaux la préfèrent toujours en cet état. D’autres
plantes, qu’on fane fans peine., feryiront
de nourriture pour l’Hiver, Dix-fept bottes de
Chicorée , produit d’une perche de tjerre , du
poids de 564 livres , ayant féché par un beau
tems, ont diminué de 302 livres. Ainfi, le rapport
de la Chicorée verte à la Chicorée fèche fe trouve
comme onze efi à quatre. La luzerne perd par
la defficcation environ les deux tiers défont poids.
J’ai femé de la Chicorée fauvage Jr en 1788-^
dans un terrain fablonneux, .pù elle a bien levé.;,
mais elle n’a pas produit beaucoup. J ’ai entrevu
cependant que cette.-plant© , un peu fôignée,
donneroit un fourrage abondant. Il importe de
favoir fi cette production' efi aüffi avamageufe
pour les befiiaux, que M. Cretté de Palluel l’àf-
fure. Il en a donné à des chevaux, à des mour
tons& à des vaches deux rations' par jour; les
vaches ont alors abondé en lait , qui étoit aiïffi
doux & auffi crémeux , félon lui, que s’il les
avoit nourri avec tout autre fourrage.
Pour vérifier-cette afferrion , M. Bourgeois,
économe de la ferme dp Roi à Rambouillet.,, s’eft
attaché à faire quelques expériences. Il ne les' a
pas pouffé àuffi loin* qu’il l’aüroit defiré, à caufe
des difficultés que lui ont ôppofé des doimefli-
^ues, qu’une pitié' mal' entendue & des préjugés
indifpofent toujours contre tout ce qu’ils ne
connoifïent pas, ou qu’ils ne font pas accoutumés
à faire. Celle que je vais rapporter efi la
feule dont M. Bourgeois foit très-lûr , & qu il
garan tille, parce qu’il l'a furveilJé de très-près.
Il a çhoifi dans-le troupeau du Roi deux vaches
âgées de dix ans, & en apparence de la
même force , & de la même confiitution. Il a
préféré celles qui a voient le plus de rapports
entre .elles. ,
Le 5 Juin, avant de leur faire manger de la
Chicorée: fauvage , M. Bourgeois les a fait traire.
L ’une, que je défignerai fous le numéro premier,
adonné quatre pintes, ou huit livres de
la it, dont on a obtenu cinq onces & demie, ou
environ un vingt-troifième de beurre blanchâtre,
de goût médiçcre. L ’autre , que je défignerai
fous le numéro deuxième , a donné ^quatre
pintes & demie, ou neuf livres de la it, dont on
a été une pinte , afin de n’avoir qu’une quantité,
égale à celle de la première. Ces quatre pintes
de lait .ont produit fept onces r& demie, ou à -
peu -près un dix-feptième de beurre tiès-bon &
d’une belle couleur.
: Avant d’aller plus loin $ je l ferai remarquer ee
qu’on .favbit peut-être-déjà, que deux vaches de,
la même étable, du. même âge , nourries de la
même manière, n'^ont ni la même quantité de;
la it, ni du lait de la même qualité , & qui contienne
une égale quantité de beurre.
Le 6 Juin , la vache du numéro ; premier a
été rnife à l’ufage de la Chicorée fauvage, qu’elle
a continué 'pendant un mois entier. Elle en man-
geoit de trente-cinq à quarante livres par jou r ,
en deux -fois', indépendamment de ce qu’elle
alloit comme les autres . au pâturage ; dans la
journée. Le 5 Juillet,’dernier jour , ou elle a
pris cette nourriture , elle a donné trois pintes
&- demie, ou fept livres de lait, qui a rendu fix
onces, ou un dix-huitième de beurre blanc , &.
d’uti très^mauvais goût. La vache du numéro
deux , qüi n’avoit pas encore mangé de Chicorée
fauvage , ayant été traite le même jour, a donné-
quatre pintes!-cm huit livres de lait ,• d on t.trois
& denrée mifes en comparaifbn avec le lait de la
précédente, ont produit huit onces, ou un qua-'
tof zièmé d’un très-bon beûrré, de couleur jaune
& du mèilleur goût poffible. ’' ï
Cette dernière, le cinq Juille t, a commencé
à fon tour à manger de la Chicorée fauvage,
dans la même proportion, & de la même n«a-
nière que celle du numéro premier. .Elle a continué
jufqu’au quatre Août, c’efi-à^dire un mois
entier ; la vache du numéro premier alors,a été
rerifife- à la nônrrimre ordinaire.
Celle du numéro deux le quatre Août, après'
avoir vécu de Chicorée , a donné trois pintes
& demie , -ou‘fept liyres. de lait , dont on a
obtenu fept onces ou un fixième. de beurre ,
d-une couleur , à la vérité affez jaunâtre, ma 135