
M. Badierdes caractères propres à débrouiller la
grande confufion qui a régné jufquici dans !a
clafîification de ce genre intéreffanr de règne végétal.
M. Badier, outre le caractère diftinélif de
la graine, a cru que le port de chaque efpèce
devoit être en même-tems pris en confidéra-
tion. Le travail de M. de iRuhr dont nous fc^
rons connoître dans la fuite le réfultât, eft fans
doute du plus grand intérêt, & mérite d’autant
plus de confiance, que l’Âuteür Botanîfte éclairé
&. modefie n’a publié les expériences qu’après
les avoir vérifié plufieurs années de fuite • réli-
d'ant depuis une vingtaine d’aunées.en Amérique,
& ayant parcouru par ordre & aux frais du gouvernement
Danois., toutes-les ïfles d’Amérique,
où l’on s'occupede la culture du Coton,de même
que les poffeffions de terre ferme Efpâgnolts,
Hoilandaifes &Françaifes, cet.habile Obfervatenr
a eu octàfion plus que d’autres Voyageurs Bo-
taniftes de. s’inftriure fur cette intéreflante
culture. Nous regrettons beaucoup de n’avoir
pu profiter de l’ouvrage entier de M. de Rokr.,
car ce que nous en donnerons, ne renferme que,
la clafîification des efpèces’, d’après la conformation
, fa couleur & d’autres qualités de la graine.
M. Badier avoir également commencé un travail
fur lés .Cotonniers , que fa mort lui a empêché
d’achever-, il avoit en outre communiqué au
Gouvernement fes vues fur l’amélioration de la
culture du Coton à la Guadeloupe, qui mérite-.-
ront fans doute d’être prifes en considération,
lorfqu’un tems plus calme le permettra.
Pour sulfurer des différentes efpèces ou variétés
de Coton que l’on cultivoit indiftinélement à la
Guadeloupe, M. Badierra.femé la premièrè année
le Coton de commerce, favoir: celui N.° i,.,
Coton à grande robe, & le N.* 1, le Saint-Martin,
ainfi que les Cotons fins à graines liffés .& noires
N . ® 7 , & ceux à graines recouvertes d’un duvet
vert, adhérant, à la graine N..05 i & i . Çes
cinq efpèces différentes ont été cultivées féparé-
merit, elles ont toujours, donné les mêmes ca-
faélères, de manière que M .Badier les regarde
comme efpèces. Notre Auteur faifoit enfuire
d’autres recherches dans l’ifle, pendant que les
Cotonniers éroie.nt en fleurs; il y découvrit
fix nouvelles efpèces, dont trois de commerce
& trois de foie, favoir : le Coton à pierre N>°
3, le Coton blanc-fale N.” 4, je Coton à aigrette
N.° 5. Ceux qu’il appelle Coton de,.foje. font,,
le Coton à féüiijës de magnicc î4.° 4 , le Siam
bâtard à gridnes "recouverte^ ,d’ui\.-duvet vert ,
adhérant à la graine N.° 5 , & fe.Siam bâtard ,
à graines noires. & liftes. Çes fix efpèces Ont été
cultivées avec les' cinq premières’, chacune fépa-
réfnent , & comme, elfes onr toutes,donné de^.,
produéfions‘ anàlôgiles au^vefpèçes primitives ,,,
M: Badier Jes.; regarde, 'avec.raffon comme e f- ,
pèCLS bien dilhh&es.
fo u s lé teins de la révolte de ,1^87 , dit
M. Badier, je fui vis mes recherches,r je trouvaîuné
nouvelle efpèce de Coton du commerce N.° o .
à fleurs d’un jaune - pâle, & trois- efpèces de
Coton de foie, favoir: le Siam franc N.Q 6^ le.
N. ° 8 , à duvet d’un bleu-vert adhérent à J*
graine, le N.° $>, à fruit à cinqdivifforts & cinq
graines dans chaque loge. Je femai, ert 1787,,ces-
quatre nouvelles- efpèces avec les, onze de deux
années précédentes, ce qui fait quinze efpèces
que je cultivoisféparément;leur caraéïère dif-
tmélif. à la récolte, a toujours été le même
ce qui me les fait regarder comme autant d’e f
pèçes. Pendant le cours de l’année dernière,, je
fis plufieurs voyages- à l’extrémité de l’ Ifle afin
de me procurer toutes les 'efpèces- qu’il pourroip
y avoir dans le pays ; j,é rapportai de la baffô
terre deux nouvelles-efpèces de commerce, le
N.° ;<5 à groffes graines , le N . 7 à petites-graines,-
& une de Coton de foie N.° 10,.avec plufieurs-
variétés que je crois appartenir à différentes efpèces
précédentes. J ’écrivis à Cayenne , à la Mar-
. tinique , à Sainte-Lucie, à la Dominique,, à Ma-
rie-Galande St à la- Trinité , pour avoir- des Cotons
de. ces: differents endroits. Je reçus de la?
Trinité une efpèce du commerce.,, favoir : le Co;-
ton à courtes & groffes graines N.° 8 , & deux
de foie N.°’s 11 & 12.* ils m’ont été envoyéseomme
Coton de foie à graines noires & liffes St à graines-
vertes*, ils font plus courts St moins’ beaux que-
les nôtres -, je regarde ces deux derniers comme
variétés du N.° 7 St N.° 2. Il- réfulte donc de:
mes rechercher & demandes de l’année 1787,,
i trojs efpèces nouvelles de commerce , qui-avec'
les fix des années précédentes-, font neuf efpèces
de commerce,, une de Coton fin , & neuf des années
précédentes., font dix efpèces de Coron fin,,
en tout dix-neuf efpèéés ,- dont je vais actuel le
ment donner la defeription , avec lès caractères-
diftirrcls de chaque efpèce , pris dans-les diverfer
iparties de la plante , St que’ chaque habitant,
fans-être Botanifté;* peu t facilement reeonnoître»-
Cotonniers du Commercer
N.® I. Cotonnier a grande robe. II eft diflingue
des autres efpèces par les-folioles de fon calice
extérieur qui font fort larges, longues- St -profondément
lâciniées, ( ce qui lui a fait donner le
nom de Cotonnier à grande robe,) Le Coton en
eft- beau St bien blanc.
N.° 2. Cotonnier Saint-Martin. II fe difiingu©
du précédent , par les folioles de fon calice extérieur
qui font plus- petites-,, ainfi- que fon fruit
qui eft auffi plus petit. Ces deux efpèces font
généralement cultivées à la Guadeloupe.
N.° 3 . Cotonnier a pierre , dit Cotonnier natté
à Cayenne. Il diffère-des; autres par les-femences
qiûjfont réunies les. unes!à côré des autres, fur
deux rangs,, formant -une maffe de graines dans
chaque loge. .LeiÇoton. eft beau , je crois |h#
chaque fruit doit avoir moins de Coton qüe les
autres efpèces , puifqu’il ne vient que fur une*
de leurs faces.
N.° 4. Cotonnier à Coton blanc fale. On le distingue
des autres par fon Coton qui eft d’un blanc-
fale Si court, St par les femences qui font groffes,
avec des fines"longitudinales. Il eft facile à dif-
tinguer de l’efpèce’ première qui, accidentelle^
ment1, a quelquefois des fruits dont le Coton eft
d’un blanc-fale à l’extérieur *, ce qui arrive lorf-
oue la coffe refle trop lortg-tems fur pied après
avoir été ouverte, St quil furvient pendant ce
tems de la pluie qui pénétrant le calice extérieur
qui eft très-grand;• entièrement fec St noirâtre,
le charge,de la partie colorante brune qu’elle
dépofe far le Coton qui abforbe l’caû, ce qui
fait qu’il eft d’un blanc-fale pluspii moins foncé
à l’extérieur , tandis qu’il eft blanc à rimé*
fieur, :
N.° 5 . Cotonnier à Coton d’ aigrettes. Le Coton
de cette efpèce n’eft adhérent à la fernen ce que-
fur la moitié fiipérieure de fa lu r fa ce , c’eft-à-
dire qu’il n’y en a pas du côté de la pointe.
Lorfqu’on cueille fon fruit , qui eft divifé en
trois-loges, on-voit- à l’imérieur la partie des
graines qui font à nud. Le Coton n’eft pas auffi
blanc; qüe celui des N.°* ï St 2. Il réfifte mieux
au vent qu’eux,, ainfi il doit être préféré pour
être cultivé dans les terres expoiées au vent
d’Eft St de Nord, où ordinairement on ne
plante pas de Coton.
N.° 6. Cotonnier à großesgrdînes. C’eft le plus
beau Coton du commerce que- je connoiffe I il
tes- furpaffe tous en qualité 5 comparé à celui
de foie, il n’a pas cet oeil bleuâtre ni fa douceur
* il fait la nuance entre les efpèces du com-
flieree St ceux de foie, je l ’ai trouvé dans un fol
volcanique,, je le regarde comme un© fnperbe
efpèce, &. j’ai fait ferner, cette année,. toutes les
graines que j’avois, afin de le multiplier,
N.® 7. Cotonnier h petites graines. 11 égale en
qualité le n.° 6, & n’en diffère que par les fe-
meiices qui font beaucoup plus petites. Je l’ai
trouvé à la baffe terre| j’ai fait ferner avec foins
toures l'es, graines pour le niuhiplier,. L ’on m’a
affuré que ces- deux efpèces éfoient cultivées ,
depuis plufieurs années, dans un jardin à la baffe
ferré. - -
N.° 8, Cotonnier de ïa Trinité. Il diffère des autres
par le Coron qui eft rude & court : les femences
font greffes.
Cotonniers de Cote. Je comprends fous ce nom
générique tous ceux dont le duvet en eft foyeux
& que l’on m cultive dans les Colonies que pour
hilage de la mai fon.
N.° 1. Cotonnier de Soie a écorce violette. Il eft
«ifhngué des autres efpèces. par fon écorce qui
®u violette, & auffi parce qu’j:! n'a pas des raches
rouges intérieurement à la bafe de la corolle,
femences font recouvertes- d’un duvet verr,
frés-adhéreflf aux graines, ce qui-fait qti’il ne
peut-être épluché aux mouiins. Je fuis occupé
dans ce moment à faire faire un moulin, pour
tâcher1 de l’éplucher , attendu que c’eft de tous
les Cotonniers de Soie les plus beau, & qui, je
crois, rapporte le .plus. Il vient très-bien dans les
terres touffeufes. J ’ai récolté, l’année paft’ée ,firr
un feul arbre deux livres de Coton avec fes
graines, fen' ai pris une poignée pefant quatre
gros que j’ai épluché, qui m’a donné un gros
: trois grains de beau Coton, doux, long & d’un
blanc laiteux, St deux gros foixante-huit grairs
de femences graffes, recouvertes d’un épais duvet
verdâtre.
N. °. 2.- Cotonnier de Soie a feuilles entrois partes.
Il fe diftingue des autres par fes feuilles divifées
en lobes} le fruit en corne alongée, eft divifé en
trois loges/qui contiennent depuis fept jufqu’â
neuf graines recouvertes d’un duvet gris. Le
Coton eft moins- beau que le précédenr.
N.° 3'. Cotonnier Siam bâtard a. irai tic s recouvertes
dun duvet verdâtre olfeur. Il eft diftingué
des autres par la coùltur du Coron qui eft d’un
vilain roux ƒ ale, & par fes graines qui font recouvertes
drun duvet Verdâtre obfcur.
N.c 4. Cotonnier a feuilles de Mdgnioc. II d'ffère
des autres- par fes feuilles qui font digitées &
laciniées en fept 011 huit divifions, comme celle
du Magnifie & du Fromager : les femences font recouvertes
d’un duvet vert, le Coton eft beau.
N.° 5- Cotonnier Siam bâtard h graines noires'
& liffes. Il diffère du n:.° 3: par les graines; du
refte il leur eft femblable.
N,° 6. Cotonnier Siam franc'. Le Coton de cet
arbriffeau eft d’un roux plus foncé que les efpèces
de 3 & 5 ; il en diffère par le^duvet adhérent
aux graines, qui eft d’un roux foncé , le
Coton eft auffi plus beau.
N.°' 7. Cotonnier de Soie h graines noires & lijfcs.
Il fe diftingue facilement des autres efpèces par
fes graines qui font noires, fans duvet adhérent
de fins. Lès feuilles font divifées- en trois lobes
peu profonds, & font plus blanehes en-deffous
que les autres. Le Coton eft beau, & s’épluche;
auffi facilement an moulin que celui du Commerce,
en quoi il mérite la préférence fur les
autres Cotons de foie,
S ai ramaflé plufieurs variétés d© Ce Coton pour
les femer féparémenr.
La première, au dos d’âne, les femences-font
petites, je crois que e’eft l’efpcce connue par
les anciens Habirans fous-le nom de Coton taffiæ,
La fécondé à-Deshayes-.
La troifiènie à la Bafl’e-Terre,
La quatrième à Lizières des Pères aux trois
rivières.
La cinquième à la Trinité.
.. N,° 8. Cotonnier de Soie à petites graines