
D an s b e a u c o u p d e m a g a fin s , o n c o n fe r v e le !
fa r in e s en f a c s , rangés les u n s à c ô t é des a u t r e s ,
au près des m u rs o u ema ffés e n p ille s , de m an ière
q u ’ils f c lo u c h e n t pa r tou s les p o in t s d e le u r
fu r fà c e . M a is l’air n e p e u t c i r c u le r a u to u r des
fa c s em p ilé s . L ’h um id ité , q u i tra n fjiir e c o n t in
u e llem e n t des fa r in e s , n e p o u v a n t s é c h a p p e r ,
ré a g it fu r e l l e s , & les d itp o fe à fe rm e n t e r . E lle s
f e p e lo tb n n e n t à la fu r f a c e , & l’a lté ra tio n ga gn e
les c o u c h e s v o ifin e s . , .
M P a rm e n tie r p r é fè re la C o n fe r v a t io n des fa rin
e s ' dans des facs i f o l é s , q u ’ o n p la c e com m e
le s facs d e b l é s , ainfi q u ’i l e n a été q u e ftio n plus
h a u t . L ’e ffica c ité d e c e t t e m é th o d e , & tou s les
a v an tage s q u i e n o n t été la fu ite o n t été con fiâ tes
p a r des e x p é r ien c e s fa ite s à l’Hô tel des In v a lid e s
5t dans les H ô p ita u x de P aris.
M . D u h am e l , n o n - c o n t e n t d e s ê tre o c c u p é
d e là Confervation des grains e n éta t de grains ,
s’ eft au ffi o c c u p é d e c e lle des fa r in e s . I l a v o it
fu r - t o u t e n v u e le t r a n fp o r t de c e t t e u tile den ré e
dan s le s C o lo n ie s .
J ’ai d i t , à l’a r t ic le C o n s e r v a t i o n des g rains,
«tue la fa r in e de minot é to it c e lle q u ’ on préparent
p o u r les C o lo n ie s . L e s grains d e M o i f f a c , de
N é r a c , d e C lé r a c & des au tre s p a ys m é r id io n au x
d e la F r a n c e fo n t les m e illeu r s p o u r c e t u fa g e ,
& M . D u h am e l e n d o n n e p o u r r a i fo n , q u e il air
d e ee s P r o v in c e s , q u i eft t r è s - f e c & le _ fo le i l
f o r t c h a u d , p ro c u r e a u x fa r in e s u n d e ffé ch e -
m e n t q u i le u r eft- a v an ta g eu x . C eft p o u r c e la
q u ’ o n fa it d e m e illeu re s fa r in e s d e m in o t dans
le s ann ées ch au d e s & sèches q u e qu a n d elle s
fo n t fra îch e s & h umid es. I l y a u n e a u tr e ra ifo n
o u i a é ch ap p é à M . D u h am e l o u q u h l n e c o n n o i f -
f o i t pas c eft q u e les b lés cu ltiv é s dans les p a ys
ch au d s f o n t , en g é n é r a l, de s from e n s durs d o n t
la fa r in e eft sè ch e & n ’ a t ti r e p a s fa c ilem e n t 1 h u m
on en remplit vingt-quatre barils, qui furent
numérotés IV.
id it é , a u lieu q u e dans les p a y s fep ten tr io n a u x ,
o n n e cu lt iv e .q u e des from e n s tendre s d o n t la
'fa r in e p r en d fa c ilem en t d e l’h um id ité .
P o u r ren d re c e l l e - c i au ffi p ro p r e q u e la p r e m
iè r e à ê tre t ra n fp o rté e , e lle a b e fo in d ê tre
d e ffé ch é e au p a ra va n t. M . D u h am e l v o u la n t c o n -
n o lt r e la v é r itab le m an iè re d e b ien d e ffé ch e r c e tte
e fp è c e d e fa r in e , a fa it u n e e x p é r ien c e com p a ré e
d o n t les r é fu lta ts fo n t trè s - c o n c lu a n s .
D ’ab o rd i l a fa it p rép a re r des fa r in e s , c om m e
o n p rép a re c e lle s de m in o t , c ’ eft - à - d i r e , q u il
le s a fa it m o u d r e , b lu te r & é ten d re à p e t ite
ép a iffe u r fu r u n p la n c h e r f e c , p en d an t q u in z e
io u r s a y a n t fo in de les fa ir e r em u e r trois fo is
to u te s les v in g t - q u a tr e h eu re s . O n m it ces farin e s
dans d o u z e b a n q u e s , q u i fu r e n t n uméro té es
I I I . C h a q u e b a r iq u e , d é fa lc a t io n fa ite d u p o id s ,
p c fo it 18 0. , „
O n fit fé c h e r à u n e é tu v e d u from e n t ,
q u i ép ro u v a d e f o i x a n t e - d i x à q u a t r e - v in g t
de g rés d e ch a leu r 3 la m o u tu r e a y an t é té b lu té e ,
o n m it les fa r in e s ra fra îch ir fu r le p la n c h e r , &
On étuva quatre mille huit cent livres des
farine provenant de froment non étuvé ( i ) ; j
on leur fit fupporter cinquante degrés de chaleur
pendant douze à quatorze heures. Elles diminué- j
rent de cent vingt- quatre livres ; on les étendit I
fur le plancher d'un grenier où on ffia remuoit
de tems - en -tems ; au bout de huit jours, le
poids étoit encore diminué de cent dix-huit
livres-, ainfi, le déchet total, par l’évaporation
de l’humidité, étoit à -p e u -p rè s de deux cent |
quarante-deux livres. Cette farine étoit très-
légère. Elle abforboit un quinzième d’eau de
plus que celle qui n’avoir point été defféchée
par l’étuve , augmentation qui répare le déchet
quelle avoit fupporté à l’étuve. Ltf pain des farines
étuvées étoit plus blanc que celui des grains !
qui avoient été étuvés avant que d être moulus,
Vingt - quatre barils furent remplis de ces farines |
étuvées, fous le numéro V .
Enfin on étuva les farines des fromens déjà
étuvés, & on en remplit vingt-quatre barils,
numérotés VI.
Ces quatre - vingt-quatre barils, préparés I
de quatre manières différentes, dans les mois
d’Août & Septembre, furent envoyés au Havre,
en Novembre fuivan t , & expédiés promptement I
pour Saint - Domingue où ils arrivèrent bien ,
conditionnés *, au mois de Septembre, on devoit I
vifiter des barils de chaque numéro dans la Colonie
tous les fix mois, §*. en envoyer en France.
Une partie des procès-verbaux des ouvertures
faites à Saint-Domingue , eft parvenue* M. Du-
hamel. . .
A l’ouverture à Saint-Domingue du numéro
III , peint à l’extérieur, on a trouvé la farine
pelotonnée, ayant peu d’odeur j il y aveit des mites
& des charranfons, mais en petite quantité.
On a ouvert deux barils du numéro IV don!
un étoit enduit de peinture à l’huile, & l’autre
debray ; la farine en étoit moèileufe, fans odeur,
fu r -to u t celle du baril qui étoit peint; il J
avoit peu de cbaranfon & de mites ; la farine
du baril goudronné avoit une légère odeur de
moifi. 3§si 1 , .
Ayant ouvert deux barils du numéro V , aom
un peint & l’autre goudronné, on apperçut quelques
mites à la fuperficie , mais point dans 1 intérieur.
La farine du baril goudronné étoit très-
belle , & n’avoit prefque point de mites ; ce ne
du baril peint étoit inférieure. En général, «t
fermes de ces barils étoient blanches, moelle«1«
& fans odeur. H I I I I „ J
La farine des barils numéro V I étoit de bonne
qualité, moëlleufe , fans odeur, fans mites, m
moins blanche que celle du numéro V-
( i ) L’ étuve pour la farine diffère un peu j k j f l
des grains. Voyt{ le D ift. des mftiumcnsd Agiicu»*
Ces quatre fortes de farine ayant été examinées i
à Paris, quatre à cinq .mois après la vifttc.de 1
Saint - Domingüe, celle du numéro III étoit
endurcie comme de la craie , & le pain qu’on
en a fait n’éroit pas mangeable. Ayant fait deux
fois le trajet de la Mer, elle étoit plus altérée
mie quand on l'a examinée à Saint-Domingue.
H La farine du numéro IV n’étoit pas autant
endurcie ; on en a fait du pain, qui étoit bon,
quoiqu’il eût un petit goût de pouflière. Les
farines des numéros V & VI étoient très - légères
& exemptes de tout reproche. Le pain de celle
du numéro V étoit le plus blanc.
D’après cette expérience & quelques autres
que je ne rapporterai pas, M. Duhamel conclut.
1. # Que le bray eft très - propre à garantir les
barils de l’attaque des rats & des infeéïes, animaux
très-redoutables dans les pays chauds.
2. ° Que cet enduit ne communique point
fon odeur aux farines qu’on met dans les barils.
. .. r
3. °Que les farines travaillées, comme on les travaille
ordinairement, c’eft-à-diré, en les faifant
fécher feulement furun plancher, s’altèrent dès la
fécondé année.
4. ° Que les mêmes farines defféchées à l’étuve
font très - bonnes au bout de cinq ans, & après
avoir fait deux traverfées.
D’où il fuit qu’on peut éviter les pertes con-
fidérables qu’on fait fur les farines envoyées aux
Colonies , & que celles de froment du Nord de
la République font aufli bonnes que celles des
fromens du Midi, pourvu qu’on les defsèche
bien, & qu’on les renferme dans des futailles de
chêne dont les douves foient bien sèches. M. Duhamel
préfère, pour produire la meilleure def-
fication ,- d’étuver d’abord le froment en grains,
& d'en étuver enfuite la farine, parce qu’étant
plus maître de pouffer la chaleur jjour le grain
que pour la farine, on s’aflure mieux de la def-
treébon des infcéles & de leurs oeufs.
M. Parmentier ne croit pas qu’il faille étuver
les farines pour les embarquer. Suivant lu i, le
feu altère les principes de la farine, qui exige
en outre plus de furveillance, pour être con-
fervée en bon état. Elle attire beaucoup plus
d’humidité dans les vaiffeaux. Il affure que des
perfonnes, qui ont fuivi les effets des farines
étuvées, dans des voyages de long cours, n’y
ont pas trouvé les avantages qu’elles en atten-
doieht. Cependant l’expérience de M. Duhamel,
quiparoît très -pofitivë, eft abfolument favorable
aux farines étuvées.* Il n’y a que des expériences
contradiéloires qui puiffent l’infirmer
Qu la faire révoquer en doute.
Dans les recherches de M. de Servières fur les
tnattamores, il eft dit que le célèbre Francklin
a indiqué un moyen d’empêcher l’altération des
farines dans les traverfées de long cours, & que
tout le fecret, vérifié par l'expérience > confifte
à doubler les tonneaux de plumb. Le procédé de
M. Francklin ne m’eft pas affez connu pour que
j’en développe les avantages & les défavanrages*
Pour réfumer ce qui précède, on conferve les
grains dans différens états. i .° En gerbes^e’éft-à-dire
les épis reftans attachés à la paille ,& , dans cet
éta t, ou ils font mis dans les granges, ou en-
taffésen moïes ou meules, en plein air, &con-
fervés plus ou moins de tems. 2/ En épis ;é-
parés des tiges, pour les battre à mefurc qu’on
en a befoin. 3.0 Mêlés aux bâles, après les en avoir
fait fortir. 4.® Dépouillés des bâles & néroyés
comme ils doivent être , pour être vendus ou
employés.
Les grains, dans ces différens états , font attaquables
par les fouris & les rats, par les cha-
ranfons, les chenilles & les teignes. On a des
moyens de détruire ces animaux ou d’en dimi-
ner le nombre.
Rien ne fait plus de tort au blé que l’humidité.
Elle s’oppofe à fa Confervation ; c’eft à l’éviter
& à empêcher fes effets qu’on doit s'attacher.
Les uns, dans cette vue, mettent leurs blés
dans de grands paniers de paille, inventés par
un Curé de Picardie ; ils s’y tiennent nets, à l’abri
des dégâts des chats, qui cependant peuvent
en chaffer les fouris, & ils font faciles à
remuer quand ils s’échauffent.
Les autres les difpofent dans des greniers après
les avoir renfermés dans des facs qu’ils ifolent
les uns des autres. Ils font placés par les habi-
tans d’une des Ifles Canaries au centre de moïes
de paille d’orge, où ils doivent bien fe confer-
ver, -fans frais.
C’eft un ufage très-ancien dans les pays chauds
de les enfouir dans des foffes fouterraines, &
cet ufage a de grands avantages. Le plus ordinairement
le blé, au fortir de la grange, eft
porré dans des greniers, où il efl étendu à l’air
fur le plancher. Pour que ces greniers foient bien
conftruits, il y a des précautions à prendre. Les
blés exigenr du foin & fur-tout d’être remués
fouvent avec des inftrumens convenables, co
j qui leur fait éprouver des déchets.
Dans les années ordinaires, le blé peut être
mis dans des magafins ou des greniers de Gon-
fervation, aufti-tôt qu’il eft féparé de fes bâles;
mais s’il a été nourri d’humidité ou récolté par
un tems pluvieux, fi on le deftine à être rranf*
poité au-delà des mers, il eft néceffaire qu’il
éprouve une déification particulière : c’eft à cette
intention que M. Duhamel fit conftruire d’abord
un ventilateur, d’après le foufflet de M. Halés,
& enfuite des étuves, qu’on voit encore à De-
nainvilliers près Pirhiviers, & qui ont été imitées
& perfectionnées dans plufieurs villes de Suiffe;
on en trouve fur-rout un bon modèle à Berne.
M. Cailleau, Garde-magafin-général de rifle do
France, a combiné le ventilateur & l’étuve,