
du vin aromatique, ou quelquautre lotîofl tonique.
M. Lafont-Pouloti voudroit qu’à quatre
ans, à l’exemple des Arabes & des Turcs, on leur
mit le feu aux jambes* mais avec précaution &
très-légèrement.\A cet âge, on les met à l’écurie )
à leur rang, comme les Chevaux faits ; on les fé- j
parc les uns des autres par des barres.
En Baffe-Normandie, on met les poulains dans !
des herbages maigres & fecs, exceptée l’année |
qui précède celle où l’on doit les vendre; comme I
il s’agit alors de leur donner l ’état de graiffe
qui convient pour s’en défaire avantagculèment, J
on leur fait manger ’une bonne herj>e > terme du j
pays. 11 en coûte de 120 à 150 liv. par Cheval >
depuis le mois d’Avril ou le mois de Mai, juf-
qu’aux neiges, tandis que quand iis font dans des
herbages médiocres, il n’en coûte que <5® ou 80 liv. j
On peut commencer à exercer à trois ans,
doucement & avec modération, le Cheval, ou la
Jument que l’on deftineau trait,- mais l’animal que
l ’on deftine à la Telle ne doit être monté qu’à
quatre ans, avec précaution & bèaucoup de douc
eu r , lui faifant faire peu de chemin à-la-fois,
& lui ménageant fur-tout la bouche & les jarrets.
On commence à panfer les Poulains , en les
bouchonnant. La craffe la plus groflière étant
enlevée par ce moyen, on fe fervira enfuite de
l’étrille légèrement & de la broffe. S’ils ont des
p oux , ce qui arrive quelquefois , on les lave
avec une décoéïion de fiaphifaigre, ou d’abfinthe,
ou de petite centaurée dans de l’urine. On con-.
feille, dans le cas où ils auroient des croûtes de
gale fur le corps, de les baffmer avec une décoction
de fruits de fufain.
Les jeunes Chevaux fo n t, comme on fait,
fujets à la gomme. Lorfque cet humeur flue par
les nazeaux, elle n’eft point dangerenfe. Il fuffit
de tenir ces animaux au fon & à l’ea'u blanche
tiède ; on propofe d’oindre d’huile de laurier &
d’onguent d’althéà, la ganache & les environs des
glandes de la tête ; & de garnir de miel des billots
qu’on leur mettra plufieurs fois le jour dans la
bouche, pour donner de l’aètion aux glandes &
les dégorger. Si la membrane pituitaire étoit enflammée
, on y feroit quelques injeétions avec
de l’eau d’orge. Xes Poulainsffont en danger, fl
la gourme n’a pas fon écoulement par les nafeaux ;
«lors , fuivant l’intenfité des fymptômes , on
faigne plufieurs fois , on donne des lavemens
émolliens, jufqu’au retour de l’écoulement. Pendant
la gourme on ne les nourrit qu’au fon, &
on les met à l’eau blanche. Voye\ le Dictionnaire
de Médecine.
_ Quelques perfonnes confeillent de mettre au
verd, lorfqu’on le peut, les Poulains qui vont
prendre cinq ans. On leur apporte à lecurie de
l ’orge, ou d’autre herbe fauchée, en les tenant
chaudement & couverts, dans la crainte qu’ils
ne deviennent fourbus.
Amélioration des Chevaux par les haras provin'
c ia u x , ou haras épars.
Le Gouvernement François s’étant apperçu
que les remontes des guerres de 1688 à iyco
avoient coûté à la Nation plus de cent millions,
qui feroient reliés dans le Royaume, s’il eût été
peuplé de Chevaux, & qu’il étoit important,
pour le bien de l’Etat, de s’appliquer au réca-
bliflement des haras, adreffa fur cet objet un
Mémoire aux difFérens Intendans, afin, qu’ils
avilaffent aux moyens d’établir des étalons, pour
améliorer l’efpèce & multiplier les Chevaux. Ce
Mémoire fut l’u iv i, en 1717 , d’un réglement,
qui détermina les conditions & preferivit deà
loix pour ces établiffemens. Le Roi, ou les Provinces
firent les frais d’un certain nombre d’étalons,
qu’on plaça de (Mance en diftance, dans
des Villages de pays d’élèves, en en confiant le
foin à des hommes choifis. On appella étalons
Royaux ceux qui furent fournis par le R o i,
étalons Provinciaux ceux qui le furent par les
Provinces ; enfin il y eut en outre des étalon3
approuvés : c’étoient ceux- que des particuliers
auxquels ils appartenoient, avoient fait agréer
par rinfpeCteur.
Suivant ce Réglement,' le Çarde-étalon jouif-
foit de beaucoup de privilèges ; il étoit exempt
de logement de gens de guerre, & de corvées ;
un de fes fils, ou domefliques ne'tiroit pas à la
milice, fous prétexte-qu’il foignoit l’étalon; on
taxoic d’office le Garde —étalon fur le rôle de la
taille , c’efl - à - dii;e , qu’il payoit moins que
les autres. Chaque particulier qui venoit faire
faillir fa jument donnoit trois livres & un boif-
feau d’avoine, mefure de Paris.
A chaque étalon étoient annexées trente à trente*
cinq jumens des environs, foit du choix deJTnf-
pecteur quidevoit en faire la revue , foit du choix
du Garde-étalon. Quand une jumentétoit en chaleur
, on l’àinenoit à l’étalon. S’il étoit prouvé
qu’elle fût pleine du fait d’un antre,le Propriétaire
de la jument étoit condamné à cinquante livres
d’amende, & la jument & le poulain confifqués.
Il arrivoit quelquefois que dans les paroiffes
où les étalons publics ne pouvoienr fervir toutes
les jumens, oirpermettoit à un particulier qui
en avoit plufieurs de fe pourvoir d’un étalon,
à condition de l’employer uniquement au fervice
de fes jumens; s’il faifoit couvrir la jument d’un
autre,il étoit condamné à troiscens livres d’amende,
indépendamment de ce que fon Cheval étoit
faiflj hongré fur - le - champ, & vendu au profit
du dénonciateur du gardien de l’étalonauquel
la jument étoit annexée.
L ’Adminiftration des haras étoit attribuée aux
Intendans.
Ces moyens paroiffoîent propres à remplir
le but qu’on s’étoit propofé. Rien n’étoit en ap*
p^fence plus fage que ces difpofirions. On y ap-*
plaudit, & on avoit peut-ê tre raifon , parce
qu’on prenoit une voie qui donnoit de grandes
efpérances. Mais Pabus efl toujours à côté de la
plus belle inftitution. Voici ce qui en réfulta.
Les perfonnes qui ' aufoient deifiré former ..dés
haras de bonne race , ne le pouvant plus faire
fans permilfion & étant affujetfie à des vifites
d’infpeèleurs & de Gardés - étalons, y renoncèrent,
àcaufe des entraves quelles redoutoienr.
Les Intendans accablés d’affaires ne purent fur-
veiller eux-mêmes cetie Adminiflration. L e s ln f-
peèleurs, nommés fouvent par protection, fans
fe connoître en Chevaux, choififfoient mal les
étalons, faifoiént des tournées inutiles & trop
rares. Les étalons étoient mal foignés & mal
nourris pendant tout le cours de l’année ; on
les ranimoit feulement vers le tem s de la monte
& de la vifite annoncée des Infpeéteurs. La chè-
reté des éralons n’avôit pas permis de lés rapprocher
affez les uns des autres, & de les multiplier,
de manière qu’ils n’euffent à couvrir que
le nombre convenable de jumens. On affignoit
à chacun trente à trente-cinq jumens, tandis
qu’il n’eût fallu en afligner .que la moitié. On
leur faifoit fauter plufieurs jumens par jour : une '
grande partie des jumens couverte par des étalons
épuifés ne retenoit pas, ce qui étoit une
perte pour les propriétaires. Cette çonfidération,
jointe à la gêne & à la contrainte , quiindifpofe
& roidit toujours lés hommes, éloigna des étalons
les Fermiers. Ils aimèrent mieux ne pas
faire couvrir leiib jumens, ou les faire couvrir
en fraude.par de mauvais Chevaux , que de s’af-
fujettir à des loix qui leur déplaifoient. Ceux
qui s’y foumettoient ne travailloient pas plus
à l’amélioration de l’efpèce. Car il ne fwffit pas
qu’un étalon foir bien choifi, il faut que ies jumens
qu’il féconde lui foient bien appareillées.
Or, on n’avoit pris aucun foin dans le Choix
des jumens. Le hafard feul & les convenances
de localités les annexoient à tels ou tels étalons.
Dans quelques généralités, on affignoit plutôt des
Villages que.des étalons ; en forte qu’un de ces
animaux avoit à couvrir trente à quarante jumens,
tandis qu’un autre n’en avoit que douze
ou quinze. De ces alliances mal afforties, de ces
accouplemens fouvent incomplets & infructueux,
il réfulroit des poulains foibles, défectueux &
incapables de régénérer les races ; encore le nombre
en é to it- il peu confidérable. Il eût mieux
valu/fans doute laifferaux Propriétaires des jumens
la liberté d’avoir chez eux des étalons, ou
d’aller mener leurs jumens où . ils voudroient ;
ôn n’eût pas vu une diminution auffi forte dans
la quantité des poulains que la France produi-
foit,avant rêtabhftèmem des étalons.
Cette vérité fut fentiedès 17 3.0,par le Maréchal
deVillars, qui en. parla-'inutilement à Louis XV.
roy. une note du premier Difcours préliminaire,
première partie du Tome premier de ce Dietionnaire
, page 22. Dans un.voyagé' que je fis
en Sologne, en 1 7 7 7 > pour nn objet qui in-
réreffoir la fanté des hommes, je remarquai les
inconvéniens & les abus des étalons Royaux,,
qu on y avoir introduits depuis dix ans, & je
les fi.s concoure de toutes les manières poffibks.
J en ai inféré quelque chofe dans Un Mémoire-
fur 1 Etat des befiiaux de la Sologne, premier Volume
des Mémoires de la Société de Médecine.
Les Intentlans raifonnables , dès .qu’ils furent
convaincus des défavanrages de rétabliflèment
des 'étalons, tel qu’on l’avoir imaginé & exécuté,
n y tinrent plus la main , & laifîèrent tomber
en défuétude une loi funefte à la multiplication
des Chevaux. Je dois cette juftice à M. de C v -
pierre, alors Intendant d’Orléans, qu’il profita
de mes observations, pour procurer aux Propriétaires
de jumens en Sologne toutes les facilités
qu’ils pou voient defirer. M. de la Galai-
fière, Intendant de Nanci, inflruit par l’expérience
des autres provinces, prévint au moins
lés inconvéniens de la gêne, en n’établiftànt de
beaux étalonsen Lorraine que (bus la condition
que perfonne ne feroit forcé d'y amener des
jumens. Peu - à - peu on s’éclaira fur cet objet.
L établiffement des étalons en France a été fup—
primé en 175)0. Depuis cette époque, encore
trop récente pour qu’on juge des effets de cette
fupprefiion\ les Propriétaires de jumens , s’ils
n ont pas de- Chevaux entiers, les conduifen.t
chez leurs voifins, ou leurs amis pour les faire
faillir, lorfqu’ils favent qu’il y a un bel étalon.
Ils les- y laiffent même quelques jours, pour
qu elles puiffent y être faillies plus d’une fois >
moyennant un prix convenu, ou une;fimple gratification
au domefiique qui a foin de l’étalon.'
Il n’eft pas douteux que la liberté entière ac^
cordée aux Propriétaires de jumens, n’aiigmenre
néceffairement la multiplication des Chevaux en
France. Mais cet avantage n’eft pas le feul auquel
on doive prétendre. Il faut encore que l’efpèce
ne s’abâtardiffe pas , & qu’elle foit entretenue
le plus long - tems poflïble , & régénérée
sqnand il en fera befoin. C ’eft par des difpofi-
tions bien conçues &. bienfaires. que ce fécond
genre d’amélioration peut s’opérer. L ’ancien
établiflement des étalons avoit des vices qui l’ont
•fait proïerire. Mais ne peut - on pas en imaginer
un qui en foit exempt? Ne fauroit-on trouver
une manière de concilier les intérêts des Propriétaires
de jumens * avec la liberté de
difpofer à leur gré de leurs jumens , &
les avantages dè l’Etat, qui doit defirer beaucoup
de Chevaux , & de belles:-efpèees de Chevaux?
Je crois cette manière.poffible,. fi l’Ad-
miniftration du Royaume eonfent aux dépenfes.
:8l auxdàvances néceffaires, & veut s’occuper
..efficacement de cet objet tiè$-important. Panai