
cinq gros de fol marin & crois livres d’orge dans-
tvne pareille diffolutionpour la feiner dans des
planches de trente-fept pieds fur douze. Trois
livres d’orge & trois livres d’avoine ont aufli
été trempées ieparëmenr dans cinq demi-fetiers
d’une lellive faite de deux livres de cendre de
bois neuf & de deux pintes d’eau y les réfuhats-
en ont été tels, qu'en général il y a eu moins
d’épis Charbonnés dans ces planches r que fi je
n’eufle fait fubir aux lemences aucune préparation
: c’eftla leflive de cendres qui a le mieux
xéufli pour l’avoine -, c’eft, la diflolution de fel
marin qui a été plus avantageufe à l’orge - dif- |
férences qui ont pu dépendre du plus ou du
moins de foins-, mais ni l’un, ni L’autre de ces
moyens, n’a eu «les fuccès aufiï marqués que
quand j’ai employé ou la chaux feule a forte
dofe, ou la chaux à moindre dole, mais uniey
foit avec le fel marin r foit avec les- alkalis- fixes
& volatils y auxquels elle donne de l’aélivité.
M. Tillet & i f - Imhof ayant prononcé que
la maladie du maïs n’étoic pas contagieufe, on
ne peut efpérer de l’en préferver par des lefli-
ves. H n’y a donc d’autre moyen de traiter
cette maladie qu’en enlevant les tumeurs charnues
qui la forment , fans endommager la i:ge.
On profitera du moment où on coupera les fom- 1
mirés des tiges pour ne laifler aucune des ex- !
croiflances.
Je ne puis m’cm pêcher d’obfêrver qu’il en
bien étonnant que la oouflière du maïs Char-
bonné ne lbit pas contagieufe, tandis que celle
de l’orge, de l’avoine &.du millet l’eft fenfible--
ment, à la vérité, à un degré moindre que la
poudre de carie. La conformité de cette maladie
dans ces diverfes plantes fous- tous les autres rapports
me fait defirer quon veuille bien répéter
encore les expériences de MM. Tillet & Imhof.
Coaclujlon. ;
te s détails, dans lefquels je fuis, entré, fur le
Charbon , font connaître cette maladie fous
tous fes rapports. U en rêful-te, U fl q«ê I®.
Charbon attaque le froment ,, l’orge, l’avoine ,,
le millet > te maïs, le panïs , le forgho ; de
toutes ces plantes, c’eft te froment qui eft le-
moins fujet. au Charbon.
IS Que le produit du Charbon eft «ne pouf-
lîère inodore,. cTun brun verdâtre placé fur le
ftipport des épis de froment, d orge & d avoine,
enveloppée, dans le millet,, d’une pellicule que
forme * la cîeftruéhon des feu il les , quelle eft
produite dans l e maïs p?.r la defiiccation.^s tumeurs
fongueufes; qu’on voit , tantôr a la tige k
tantôt aux feuilles, communément au? épisg
quelquefois, aux étamines, feules.,^ & contenue
dans le panis &. le forgho dans 1 enveloppe de
la graine.
Que dans toutes les plantes fujettes au
Charbon , on rencontre quelquefois,mafe rare-
rement des épis moitié fains, moitié Char—
bonnés.
4.0 Que la pefanreur de la poudre de Charbon
efi. très-peu confidérable y puifqu’un demi*
litron, qui contiendroit-dix onces de froment,
ou quatre onces & fix gros d’aroine faine > ne
contient que quatre gros & demi dé poudre
d’avoine Chaihonnée:
5. °“ Qu’au mïcrofcope, la poudre d’avoine
Charbonnée n’oftïe que des globules irrégulières
très-tenues.
6. ° Que le Charbon, qui n’eft bien apparent
que quand les épis font hors de leurs enveloppes,
fe reeonnoît cependant à certains lignes
auparavant.
7.0 Qu’à caufc de la diverfité dès épis & des
organes de la fruélifiçation , le Charbon ri eft
pas tout-à-fa-t le mêfnc dans le troraenr, que
dans le millet ou le maïs. •
8.“ Que les grains Charbonnés ne laiÏÏect ap-
: percevoir aucune trace- d’étamines ni de pi’ftijs.
1 £).• Que- la poudre de. grai-ns d’avoine Charbonnés
n’a aucun principe odorant-, qu on en
retire plus, de gas, que de la earie & il y a
plus d’air fixe que d’air inflammable. Elle donné
une matière exrraéUve plus abondame,une moindre
quantité d’huile que le carie, un Charbon
également alkalin & plus pefant , d’une nature
particulière, puifque c’eft un vrai noir de fumée,
une partie colorante diftbiuble entièrement dans
l’acide nitreux à 1 afdc de,'la chaleur-, enfin la
cendre d’avoine Charbohnée brûlée dan«ç un
creufet, fournit du pyrophore pendant cinq
heures. • ' - -S v 1, S
io.° Qu’on récolte une grande quantité d’épis
Charbonnés,. fi on sème des grains d orge &
d.avoine récoltés dans des pièces de terre qui
en ont produis beaucoup, ou fi les femençes.
ont été profondément enterrées, fi 1 on imprègne,
de f’o/ge,ou de l'avoine,.& fur-tout du millet Char-
bonné, on en révolte une pins grande quantité,
que quand on sème ces giains-, fa,ns les avoir
impr gné de Charbon.. Ce qui prouve la con-
tagiçn, eft une dès manières de>nt cet.te maladie
fe propage. ,,
C H A R B O N ; maladie des bcftïaux.
Le Charbon, èonfidéré comme maladie des
heftiaux , mérité une grande attention, à , caufc
dé la rapidité avec laquelle il tue les animaux
qui en font attaqués. ' . f r (
^ Le Charbon eft une mineur inflammatoire ,,
, qui dégénéré promptement en abcès de thauvaitè 1 qualité , & prefquè toujours eu gangrène. On
lui a encore donné lé nom d ''Anthrax., <
On en diftingue de plufieürs efpèces, le Chat-
bon (impie, le Charbon pefilentiel ou malin 8ç la
mufaragne ou mofette & le feu Sainte Antàmc.
U C M w »
Le Charbon ftmple eft une élévation fenfible
&. prompte fur la peau, accompagnée dune
grande chaleur qui caratférife toujours le commencement
du Charbon ;peuapres la tumeur
gaffai fle , devient moins fenfible , & le remplit
d’une humeur fanieufe ; en fuite la gangrené
s’y manifefte : les bords de la gangrène reftent
auelque tems durs & enflammés-, & enfin la
* »anerène, s’emparant des parties vomnes, lam-
! mal meurt. Le Charbon fnnple neft pas ordi-
, nairement fuivi de ces derniers fymprômes.
Cette maladie pafle rarement le jour lans
être terminée, ou par ftippurarion, ou par gan-
\ arène. Le boeuf n’en perd m l'appétit, m la
. veut pas manger. , 7
l Le Charbon ftmple n’eft pas contagieux. Il ne
fe communique pas d’un boeuf malade a unboeur
: bien portant, & encore moins d’un boeui a un
cheval, ou à une brebis. . , .
On l’attribue au trop long féjôur des animaux
dans les étables mal propres & mal cbnftruites,
[ aux mauvaifes qualités des eaux & des alimens, à
[ la trop grandecbaleur de rathmofphère,& à la dif-
| pofi'tion particulière des fujets. Il feroit à defi-
| rer que ces caufes fuflent bien prouvées; on y
f parvieridroif facilement,fi on mettoit des animaux
j exprès dans toutes ces polirions & d’autres dans
[ des pofirions Contraires.
On crôit qûe la meilleure manière de traiter
le Charbon fintple eft de l’extirper entiè —
[ 'rement avec i’inftrumcnt tranchant, de laifler
faigner la plaie, de la laver enfuite âvêcNdu
vinaigré fatutré de fel ammoniac, ou de fel marin
* .& d’appliquer defïïis un cataplafme de feuilles
de rhuë qu’on doit changer toutes les 24 heures,
jufqu’aux'premiers lignes de fuppuration, & alors
de panfer avec l’onguent ég/priac. Il paroit que
| i ’époqüe la plus favôYable pour extirper le Char-
7 bon finipïe, eft , 24 Heures après fon apparition.
IL y a des circonftances qui'doivent retarder cette
I opération. On peut fans riique attendre ion
i' -entier âccroifl'ement.
A peine un animal eft-il attaqué du Char-
| Ion peflilenùelpou malin , qu’il perd 1 appétit &
fes forces'. Ces fymptômes même précèdent la
i fortie du Charbon, qui, quelquefois , paroît
I lout-à-cçup, fans que rien l’annonce.. Cette
efpèce eft contagieufe au plus haut degré. Les
I animaux la gagnent les uns des autres , pour peu
[ qu’ils habitent cnfemble. Le boeuf '& la vache
| font ceux quelle attaque le plus fouvent. Les
I chevaux, les mulets & les ânes y font aufli fujets.
L ’homme la contraéhé des animaux, 1-orfqu’il
L les touche , ou lorfqu’il touche des fubftances qui
[ leur ont appartenu ; mais, il ne la conumi-
nique pas à d’autres hommes , comme je l’ai
cbfer-vë bien des fois.'
Très-fou vent cette efpèce de maladie fè mani-
L fefte par une veflié à' la langue; ce qui l’a fait
Agriculture. Tome I I I .
appelle!* t dans ce cas, Charbon h la langue ;
cette veflie en occupe tantôt le.deflus, tantôt
le deflbus & quelquefois les côtés. D’abord elle
eft blanche, enfuite rouge; en très-peu de tems,
elle devient froide & noire: elle groflit & dégénère
en ulcère chancreux.
Il eft encore plus néceflaire d’enlever avec le
biftouri le Charbon peftilenriel, ou malin que le
Charbon ftmple. On laide faigner la p !aie ;
on la lave avec une forte infufion de fauge,
ou de rhuë , ou avec parties égales d’in-
fufion de racines de gentiane & de vinaigre fataré '
de fel commun,ou avec de l’eàu-de-vie camphrée,
ou avec de l’eau de chaux , & on applique par-
dèflus un cataplafme de feuilles de rhuë & de
racines de gentiane, jufqu’au moment de la
fuppuration alors on panfe avec l’onguent
Egyptiac , ou un autre analogue. Si. le Charbon
atraquoit le fondement, les parties de la génération,
les mamelles, le mufle, les environs
des yeux & des oreilles, au lieu de ce cata—
piafme, il faudroit feulement laver la plaie,
plufieurs fois le jour avec l’infufion d’-abfynthe
dans du vinaigre, faturé de fel commun, & d y
maintenir des étoupes imbibées de cette infufion.
Lorfque la fuppuration commencera, on,
panfera avec l’onguent dont j’ai parlé.
La mufaragne, ou mufette-, eft une petite tumeur,
inflammatoire placée vers la partie fupé-
rieure & interne de la cuifle. Elle fait des progrès
extrêmement rapides. La cuiffe & la jambe deviennent
d’une groffeur énorme. L’animal a du
dégoût ; il eft trifte, abattu , il éprouve des frif-.
foSs & de la difficulté de refpirer. La gangrène
s’empare de la tumeur, & l’animal meurt en 24
heures^' ' - M -, , -■ ■ - .
- Les maréchaux ont donné, le nom de mufaragne,
ou de mufette à cette maladie, parce
qu’ils l’ont attribué à la morfure d’un petit
animal, qui reffemble à la taupe plus qu’au
mulot ; fon riez eft plus alongé que fes mâchoires,,
fes yeux font cachés, fes pieds ont
cinq doigts; fa queue, fés jambes & fu r -to u t
celles de derrière font plus courtes que celles
des fouris. La grandeur de fa gueule, la fkua—
tion & la figure de fes dents le mettent dans
I l’impoffibilité de.nuire au cheval, regardé comme
le feul animal que la mufaragne morde; cette
opinion e'ft donc un préjugé:-Cette maladie eft
un véritable Charbon.
Rien ne prouve que lamufarague, ou mufette,
foit con tagieufe. ’ , i
Dès que la tumeur prend un certain accroifi-
fement on doit l’extirper,en ménageant les principaux
vaiffeaux & les mufcles qui fervent pour
mafeher, bafliner la plaie avec une_ forte dé-
coélion de rhuë, d’abfinthe & de v in , qu’on
change toutes les cinq heures, envelopper la
jambe enflée avec des- linges trempés dans du
vinaigre faturé de fel marin & dans lequel oa
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