
tantôt encourageant l'importation, fans permettre
la réexportation, il a continuellement réveillé
l’avidité des Mc nopoleurs qui lé font conduits
félon les .circonftances, toujours de manières^ }
en profiter.: Les Agens du Gouvernement ont *
eu plus d’une fois à fe reprocher d’avoi-r ato- }
cordé des permilfioüs partiçulièrés ; d’exporfey, :
ce qui étoit.contraire,aux intérêts du:Commercé,,
fans diminuée les chertés. En t-r’aiureâ époques;, on i
a donné plus de liberté au Commerce des grains .
& fubfiftances, fous le miniflère de M. Bèriiifc, j
en 176 y & 1764; cette liberté a é;té plus étendue }
lous celui de Lav-erdy y fous le,même Miniflèro:, j
on l’a lùfpenduey elie. fu^ Rétablie VM> Turgoçt ;
étant ContrôleurTgénéral desFitvmçsvQnaflure ,
qu’elle a^prévenuies mau vais eft'etidesT^éçeLtes-de
1768 & 17-^9-, ; qu’on a en tort de lut attribue^ i
les inconvéniens qui eurent 1 itii de n uistfyfb juf- ,
qu’en 1774, puifqu’elle n’exiftoit pais alors.
Il faut convenir qu’il eft plus difficile d?établir ‘
des règles d’adminifiration fur tes blis^eB'Eiance, j
que-dans toute autre par de di^mçmde,;:^ caufé ■
de fou immenfe population,, <jte;,la q u a lité de \
blé qu’on y conlopime, &.,de fa. poficion par 1
rapport à la Mer. En , ne fuppofant que- deux ;
feriers par individu, la France 1 enfermant vingt- 1
quatre millions d’ftiabitans, a.befoio,chaque année, !
de quarante-huit millions de feriers,defolé -, St cette s;
quantité ne fuffiroit môme pas, fi , dans plu lie tirs j
contrées , le blé n’étoit fup pléé par. du- maïs „. du
farrafin,deschàteignes,des pommes de.terre,,&c. j
Par blé j’entends i c i , non-lèufemènt le .froment^ 1
mais encore le feigle_, Forge fy. les?autres grains, J;
dont on fait du pain. Le blé eft le prfocipÿl ■
aliment du peuple. François., qui ne mange, que j
rarement delà viande& peu de légumes.Si on s’en
rapportoit au Commerce extérieur pour fournir 1
danslesannéesde cher té, ne craindroit-on pas qu’il
n’approvijîonnât que, les pays- limitrophes; ,de la
Mer, & fur-tout des ports«? ;Ctux qui.en font
loin, n’en profiter oient pas 7,par_ exemple y qu’on '
débarque .des blés au Havre ou à Bordeaux, la
Franche-Comté- & la Bourgogne mourroient de
faim, avant qu’ils y foient parvenus en affez
grande quantité. Ces confidérations méritent d’être
pelées avec attention ; elles doivent empêcher de
décider légèrement la qtteflion. Les localités n’ é- i
tant pas les mêmes, les refleuree? &; les tranf- 1
poits pins .g 11 moins faciles, ’ le régime d’admiT |
niiîraiion , qui convient à -un Etat, pqurroir bien
ne pas convenir à un autre. S’il érpit poffible !
de trouver un mode tel qu’il aflÜFét, un - prix
commun du blé, avantageux au confommaréur
& au vendeur, fans que. jamais1 le monopole
put le troubler ; c’eft-, ce mpde qu’il fauejrôit
‘adopter. Mais le ,Çom’erne-ment;feul, auquel il
appartient tour-à-la-fois dé veiller à .la fubfiP
tance du peuple & à- fencourage-ménfcdei’Agri-
culture qu’on ne fauroit en féparer, ;doit, après
y avoir bien réfléchi, en adopter un qui fpit
invariable, & y tenir la main. Lés partions de
la -liberté du Commerce' des- grains croient qu’il
n’y en a pas d’autre que celui de rendre le blc
itlié rharcîicmd'fe, -comme les étoffes & tons les
otivfagÊs 'majnôfaéluréS; n’attribuant les chertés
qu’aux;3 man’Geuvfes dés:.Monopoleurs\ ils font
pérfuadés que la- concurrence- -des. Marchands
■ dt blé; les -dé-rôti«e « & détruit toutesfteurs fpéeiv
l(Uioii*s- êCvidds-. 'Sëlon eux , les-enièveme-ns faits,
lorfque l'exportation eft pèrmife, font peu confie!
érables; ’ On prétend' que , pendant celle de
: 1-764 Ï7Ô4 Su -iy6'6(i ils nefe font montés qu’à
là q-tüïtre'-viAgtièrnè partie des/récoltes ordinaires.
iPeut^ètre' fnênvé feroientf-ils, moindres;: encore
dans unfyftême de: 1 i hefcéab fo 1 u e> ,,pa r ïabalanse
;qui Vëtabliro-it' où s’ils:étoient confidérablesi dans
Jffai-tans'i Ftp feroièrer ,■ dans un autre , foiklés
-©a' plus: què-compenfés par les importations; A
l’époque où' nous- vivons:, la France n’a phis à
iFoUrnir-fés Gblonies. û ’ Arnériqrie, qui , tôt ou
tard; feront) approyifionnées- par;, la nouvelle
-Angtetârtq^Cet'teûdernâère 'contrée. dù‘ monde
regorge de blés,'dont“elle pourroit nourrir une
grande ; 'paftie. de l’Europe. La : Pologne jefir. ré-
cbltë' àffqz i-poup tout lê Nord ; la Sicile , les
Côtes de Barbarie)&• l’Iraiîe en ont à céder aux
pays-vbifins qui en manquent. La liberté du
Cb-mmterce des grains paroitroit doue plutôt favorable
à- la circulation dans tout le: Royaume,
que - dangôpeufo:par ^diminution de la denrée,,
qu’elle cauferoit; 7 ■
On ne peut comparer l’état d;e ^Angleterre à
bêluïdèia France. En Angleterre,' l’homme lê jriuë
indigent 'confomme' beaucoup de viande1; dè
:pôminès-de-:terre' , de légumes & très - peu -de
pain. Le blé n’y efl pas confidéré comme un
objet dé. première néceflitë, mais comme une
denrée marmfaélurée ' On y de fire que le Laboureur
, àirifi que1 tout autre Manufaélurier, retire
un. haut prix de fôri indufl-rie & dé fon travail.
Ce n’efi que lörfque ce prix eft réellement ex-
ce’ffif, que la loi ferme les' ports a- ^exportation
& appelle l’importation-par1’des primer. Mais,
ces cas étant très-rares, on peut clone y regarder
l’exportation comme toujours permife.
Un focond avantage--dont jouit l’Angleterre,
&. dont la,.prânç.è e{,V privéec-.ef. que chaque
point des. trois-^R-oyaiùqçs ne fe trpùyé pas à
plus.de dix.-lieûes; d’un port; où peUVent parv-c-
nir. desbittimens dé Mer, Dès qu’une- deftrée uc-
vienr rare ,'le prixèn-augmente. Ce't at-trait incite
tout Commerçant à importer 'ce qui com-'-
raeiiceà manquer' &• à fe vendre chef. Or, 1 u-
nivers. entier, tranfporteroit facilement & rapidement
1 dans;. toutes les - parties ,de V:ŸSr®’*
Bretagne & de l’Ifl.anéé, les feçours-que fej-belôjns
y appellent. Il, eft dpfic impolfiblé qu’il y a:t
de .aifetté yèéli.e &...abfol'ue dans un toi pays»
puifque, par’ des eaufes- locale's^ dès la premiere
apparence de cè fléau, il y efl fiécefTairement
apporté remède.
Suivant M. Abeille, l.a difette des années
176 f , ' 1766 , "1767 , : efl Tcffet ' du ttïó'nó-J;.
pôle exciré par les gros droits , l'mpofés ‘ fur.
les blés étrangers. S’il efl y fa i, cômrfie quelques
détails particuliers me l’ont appris, que;lès' droits
cé/Tent aufli-tôt qùé lé blé a arteinr un Eèrtain
prix, le Gouvernement n’avoit donc pas employé
affez tôt la mefure qui devoit artirer les blés
étrangers ; le moriopolé en a.profité : ce quiateu
lié a cette fois, peut fo renouvelter encore & dëfo-
ier l’Angietérrè; Ceux qu'i penféht que la liberté ,
efitière du Commercé defe grains pré^iefif toute
difette, voudroient qiië l’Angletérre qui n’à fait
que la moitié du biëù, foppfimàt fes droits fur les
blés étrangers. ;
Si lés faits qui forment rhiflojfe de la liberté
du Commerce des grains en Tofcane, font exaéfs,
ce pays a été expofé âldës difettes, à dé grandes
famines même-, tant que- fon .adnimiflratîon a
été foumife' à des loix gênantes. Dès que ces
joix.0nt été,abrogées,' fabondance s’eft,«mqnrrpe
& n’a pas difjpkru débuis et tems-la,'. fuivant lés -
informations fécëriles1 que j’ai prifés. 'L ’exportation
& fimportation lbnt librèS & dégagées de
toutes entraves. Depuis ce fems, la Tofcane qui
ne récoltoit pas du blé pour fà confonimàtion,
puifque; fur dix ans , il Falloir qu’elle en achetât
pour-une année1, peuï maintenant en vendre &
en eîtportér , fbs-produits' ayant augmenté d’un
huitième': jÇefl-parlê port de LiyOürn.ê qüela Tof-
canéfàir'fqn Coifirriëfet:Ellé eflùti exemplé frap-
pantdeseffetsde là liberté dû Co'mnuèrce des grains.
A la vérité, la Tôfcane efl un petit pays., fi ;
ou la compare ;anx : autres Etats de l’Europe ;
elle a peu d’étendue & ‘ contient’, environ neuf
cent quarante mille .d’babilàûs.' Mais âuffi,.n a - ’ j
t-e!le;qu’un port pôûf. sapprovïfi'ôtinef dè- blés;
étrangers ; en Cas qu’il pn manque dans; le Grand-;
Duché; & il paroît cértainb’ q u ép en d a n t que
fonComûierce fe faifoit1 par des ëninâgaïinemens,j
fous la vigilance.des Magiflrafs, elle à éprouvé'
de grandes' difertès, funeftes â beaucoup d’individus.
Son nouveau' régime lui a procuré une
abondance fouten.ùe.& des produits' plus conlidé-
rahles dans fon terntoire.
Jufqu’ici je- n’ai ajouté .que pléû de raifonne-'
roens à tous- les faits qû’é j’ai rapportés. Comme,
d paroît, d’après lés gerits que j’ai extraits, que
la liberté entière du Commerce' efl le moyen
qui a le mieux réufli, je :réduirai, :H’après l’ou -
vtage déjà ciré plufieurs fois, ’en alfertions les
principaux élëmehs de la doélrine des partifans
ue cette liberté 5 il me paroît néceffaire dé les
placer dans’ rEncyclopédie. ‘
^-L On né fait ni combien le Royaume de
Irance produit de'grains, année commune, ni
combien il’ 'féhfèrme! d’indiyidus- qui' en confom;
ment, dé gens‘qui 'p'ourrbient en- cônfommer
c & é
ni à quoi monte la population annuelle. Il eft
même impojjibïe de le favôir.
II. La dïfproportion des récoltes entt-e deux
, provinces1 peut êtfè-Foible;;elte peut être énorme ,
; la difpropprtioiî- peut être fort confidérable ûans
; la même province d’une année à 1 autre. Dans
ces différçns cas., il eft impoJJibU de javoir a
! beaucoup :près!, ùqûoi monte l’excès, le défaut
& la quantité, qui feroient propornonnés au
bëfoin de tous. .
III. On ne connoît ni la quantité exiltante
de blés anciens &'de blés nouveaux, m où ils
font., ni dans-quel état ils fo n t , ni ce que veu-.
lent1 bu -Ce que 'peuvent en ’ faite ceux à qui ils
appartiennent-; & il eft impojfible de ƒ en aflurer. _
IV. Là répartition des* grains' èxiftans ( répaiti-
tiôn dont la néceffité eft fi frappante), ne peut
s’opérer que par lë befoin, que le poneiieur
a de vendre, & lé confommateur d'acheter • il
'efl impbjjib-k de eonnokre la quantité que le besoin
fera'vendre par run -& acheter par 1 autre.
V . L ’impofli’bflité: dé diriger une répartition
générale , x ’éfl-^^dire; de dirigêr des opérations
individuelles, qu’on ne peut, ni prévoir ni régler,
qu’on ne peut même Connoitré ^ ni pendant
qu’elles s’exécûfon’t ,'-ni après qu elles font exécutées
, démontre que toute répartition générale
ne peut fe faire que par le mouvement, qu-excite.
Je befoîn ou l’intérêt de vendre.
VI. Le mouvement ne peut être général que
par un très-grand concours de vendeurs dans
tou tés les parties -du Royaume. „ ' .
VII. Ce conCôûrs ne peut être que fortuit,
puifqu’i l dépend dé déterminations individuelles ;
il ne peut donc devenir général qu’autant que
• ces déterminations auront toutes un même motif.
. VIII. Le motif le plus déterminant pour 1 uni-
verfalité des‘vendeurs, eft d’être pérfuadés que ,
s’ils ne reçoivent point d’oflres qui leur conviennent
, “en pféfent nt leur denrée de marché
en m arch é, fis auront la liberté d’ aller parcourir
tops Ica-marcHë? étrangers ,' fôit pour y trouver
un meilleur p rix; Foitpbvir fe déterminer a vendre
: au prix qu’ils Tauront, par expérience , être le
feuT qifrN -puifTébt efpërér d obtenir. ^
IX- Cette liberté , ou la faculté d exporter ,
: étant le v'oeir, la -sûreté & la refiourCe-de rous ,
: elle donne ;'le!plùs grand mouvement poliibie a
, la denrée , Ce inotivemeiH la m*F toute en
-I évidence. Il efi réfolté nécêffairement une ripar--
: tft'ibn 'généràlc', parce-qùe, fi l’intérêt des ache^x
; rétifs appelle., là ;denrée,J l'intérêt * dés vendeurs-
la. porte par-tout où Fè déclare le lveloln* .
XV’ Quand Je bëfoin & lvi denrée Font en évidence
par-tout où ils exiftent, la .concurrence'
entre les1 vendeurs d’un côté , & les>-achereius.
dé l’autre, efl parvenue à fon plus haut degré,
de'plénitude dans rintérieur.1 ■ 1 ■ - . ‘ t
X L Cette double concûrrênèe-étant générale., •
le prix' qui s’établit. dans léS marchés r efl n é - 1.
1 u B b b ij