
leur purpurine, difpofées de la même manière
que celles du Lilas. On trouve cette plante aux
lfles Moluques & à Fa Guiane, fur les bords des
ru idéaux & dans les lieux humides.
Culture. Cette plante farmenteufe ne peut
tranlporter,dans notre climat, la propriété qu’elle
a de former des tonnelles & des berceaux, dans
les lieux qu’elle habite , où règne un Printems
perpétuel. Elle voir cultiver en ferre-chaude, &
même, pendant l’Hiver, en tannée. On pourroit
l ’expofer, avec circonfpeftion, à l’air libre, dans
les jours de chaleur de Juillet , & au commencement
d’Août. La terre qui, fans doute, lui
eonviendroit, feroit celle de pré, mêlée avec du
terreau de fumier de vache. Elle pourroit, fans
inconvénient, être largement arrofée pendant les
chaleurs, mais fort peu en Hiver*, parce qu’alors
les racines de toute plante étrangère & tendre,
font dans un état de repos redoutable par l’humidité.
An relié, l’expérience dirigeroit fur la
conduire ultérieure que l’on auroit à tenir à
l’égard de cette Liane, qui fe trouve d’une famille
dans laquelle les belles fleurs ne font pas
rares. (F . A . Q vesxé. )
CLOPORTE. Infeète qu’on peut ranger parmi
ceux qui font nuilibles aux Jardins.
Les Cloportes, dans les lieux chauds & humides
, fe multiplient abondamment ; ils mangent
les jeunes fl.mis qui font à leur portée ; mais
c ’eft principalement dans les vieilles tannées des
ferres-chaudes qu’ils font plus de ravage -, ils
rongent fou vent jufqu’aux racines des plantes
tubéreufes, & les font péiir.
Pour détruire ces infeétes, ou au moins pour
en diminuer le nombre, on enfonce dans les
plates-bandes & dans les tannées qui en font in-
feftées, des .vafes verniffés intérieurement, au
fond defquels on met trois à quatre pouces d’eau.
Il eft bon que ces vafes foient enterrés à un
pouce ou deux au-deffous du niveau de la terre, a
& que les bords de la terre foient bien unis,
afin que ces infectes, en fe promenant la nuit,
ne puiffent éviter de tomber au fond des vafes,
lorfqu’ils partent fur leurs bords. Quoique ce
moyen en farte périr un grand nombre , peut-
être pourroit-on en trouver un autre plus expéditif,
en baffinant la furface de la terre avec
une liqueur peu chère, & qui, fans faire.de tort
aux plantes, feroit périr ces infëétes. Nous invitons
les Cultivateurs à s’occuper de la recherche
de ce moyen. ( M. T houin. )
CLOQUE. Maladie commune aux feuilles des
arbres, mais particuliérement aux feuilles du
pêcher. Vers la fin de Mars, ou au commencement
d’Avril, quand le thermomètrede Réaumur
a é té , pendant quelques jours , au fixième &
fepticme degré, on s’apperçoit que les feuilles
des pêchers fc replient fur elles-mêmes, qu’elles
changent de couleur. A leur beauté naturelle,
fucçède une çoukur livide, couleur qui varie
fur les m êm e s branches, d’un brun rougeâtre &
noirâtre. Les feuilles, froncées, ridées., toutes
difformes & repliées fur elles-mêmes, acquièrent
fubitement un volume double & triple de leur
épaifleur ordinaire :• ce volume , formé par la
défunion de l’épiderme , eft toujours plus gros
vers la pointe des feuilles ; leur poids eft triplé
& leur forme interne eft aufti totalement changée
*, elles repréfentent alors des vefiies bour-
foufflées , rabotteufes j couvertes d’afpérités
dures, luifantes en certains endroits. Les bourgeons
perdent aufli leur figure & leur couleur
; ils fe remplifi'ent de calus, de bofl'es, d’inégalités
; ils croiffent en groffeur, vers le haut,
où fe forment des houpes monftrueufes & irrégulières.
La gomme découlé des feuilles, des
bourgeons -, les jeunes fruits dénués de l’ombrage
des feuilles recoquillées qui fe sèchenr, trop tôt
expofés aux rayons folaires, fe fanent & tombent
enfin, dépourvus de feuilles & de bourgeons,
leurs mères nourrices.
Dans les. monftruofités irrégulières des feuilles
& des bourgeons, viennent fe. loger, éclorre, vivre
& fe reproduire fur des millions de pucerons,
dont les piques multipliées font exfuder une eau
miellée dont il? vivent , & qui y attire des peuplades
de fburmies. Alors, les feuilles cloquées,
les bourgeons deviennent plus défagréables ; ils
fe chargent d’une efpèce de filets, de duvet blanc,
appelles vulgairement & improprement filets de
la Vierge , qui ne font que l’eau mielléé & les
corps des pucerons deflechés ; ce qui achève de
dégrader entièrement les arbres & les branches
qui font attaqués de cette cruelle maladie, dont
les bornes ne fe fixent pas. encore* à ces effets
affreux.
En. e ffet, fa malignité ne s’étend pas feule-»
ment fur la p o u f f e , de l’année, & fur le fruit;
mais encore fur ceux des années fuivantes. Les
feuilles cloquées des bourgeons viennent à tomber
; les boutons à fruits avortent ; de nouvelles
feuilles fe reproduifent ; cette r e p r o d u c tio n altère
chaque oeil qui auroit donné du f iu it , & caufe
une nouvelle perte pour l’avenir. Si le pêcher a
été attaqué vivement, il s’en reffent plufieurs
années, & a befoin , pendant ce tems, des foins
d’un habile Jardinier qui le rétablit petit-à-petiü.
Cette cruelle maladie n’eft pas moins remarquable
par fes bizarreries & fes variations. Elle
exerce fa fureur à toutes les expofirions ; fur les
pêchers couverts de paillaffons ou de colfars, &
fur ceux qui ne le font pas ; fur ceux renfermés
dans les chaflis hâtifs ; elle attaque une branche,
en pafffe une, & attaque la fuivante. Tantôt le
côté d’un arbre eft cloqué , tandis que l’autre
refte fain, Elle attaque le même arbre deux fois#
les mêmes branches; d’autres, une fois feulement,
tandis qu’elle en laiffc d’autres dans leur béant-
naturelle : ces effets ont quelquefois lieu deux
fois dans un? même année. Elle ne. prend pas
uniformément ; fouvent elle arrive tout d’un j
coup; d’autres fois, peu-à-peu ; tantôt plu tôt,
tantôt plus tard ; au commencement , du peu
après le développement des bourgeons, desfleür6
& des fruits.
Il eft donc inconteftable que cette maladie
exifte, prouvée par fes effets.deftruèteurs ; il y a
un dérangement de nature, occafionné par une
caufe accidentelle. Mais quelle eft cetre caufe,
que M. l’Abbé Rofier regarde comme un problème
à réfoudre ?
Mes obfervations & mes expériences n’ayant
rien de neuf, ni de déçifif, je n’en dirai rien.
J’entreprendrai encore moins de combattre les
fentimens différens de M. l’Abbé Rofipr. & de \
M. Deîaville-Hervé. Je me contenterai de les
expofer fuccinèiement.
Le premier donne pour caufe première de la
Cloque , l’efpèce de pucerons qu’on voit par
milliers fur les pêchers. Il dit que ces infe&es
font armés d’une petite trompe, avec laquelle ils
percent les nervures des feuilles, en foulèvent
l’épiderme, & dépofent leurs oeufs dans le parenchyme
contenu entre les deux épidermes ; que le
fuc s’extravale ; que ces infeétes en font leur
nourriture, àinfi que les fourmis. H en a vu les
oeufs, le v e r , dont la reproduction eft prodi-
gieufe. Chaque piquurefait retirer &recoquilIer
la feuille ; cette contraction en change le riffu ;
l’e?u miellée en a bouché les pores ; la sève n’y
coule plus à fon ordinaire ; il s’y fait des obftrùc-
tions, des embarras ; le parenchyme eft vicié ; la
couleur change ; les feuilles, les bourgeons fe
gonflent, parce que la sève, n’ayant pu s’échapper
par la tranfpiration arrêtée, s’ y eft accumulée,
& y a formé les monftruofités dont nous
avons parlé plus haut. M. l’Abbé Rofier donne
pour fécondé caufe, les vents froids, qui peuvent
augmenter la maladie.
M. Hervier', au contraire, l’attribue entièrer
ment aux vents froids du nord-oudt, fuivis de
chaleurs propres à mettre la sève en circulation ,
difant que la Cloque n’eft qu’une indigeltion en
forme, caufée par le contrafte du froid & du
chaud. La révolution que fubit la sève, par les
vents de galerne, & les froids morfondans qui
l’arrêtent, ne fe prépare plus à l’ordinaire ; elle
arrive aux feuilles, aux bourgeons toute groffière ;
elle fe morfond en chemin , ne circule plus, &
caufe les ravages affreux décrits plus haut.
Généralement, les Jardiniers inftruits, les curieux
| les obfervateurs attribuent cette maladie à
l’alternative du froid & du chaud.
En effet, l’affion de là sève, foit qu’on la regarde
comme vraie circulation, foit comme fluctuation
afeendente pendant le jour, defeendante
pendant la nuit, diminue en raifon du froid &
l humidité, croît en raifon de la chaleur. Sj
des accidens viennent à en fufpendre 1 aClion ^ les
arbres, les plantes fouffrent ; les vaiffeaux s er-<
durcifi'ent, s’obft ruent ; la sève s arrête, &c.
Telle eft la caufe de la Cloque : la feuille fe recoquille
par l’ardeur du foleil qui en dilate les
pores, & le contrafte fubit des vents froids, qui
nefferrent promptement toutes les fibres. Les
feuilles changent de couleur; elles s’enflent, elles
font défagréables à la vue ; la sève s’extravafe ;
les pucerons, les fourmis y abondent , pour en »
faire leur proie.
Voilà l’opinion générale, & la plus fuivie.
Peut-être la folution du problème fur la caufe
première de la Cloque eft-elle trouvée, fi l’on
obferve que des Jardiniers inftruits, des Amateurs
curieux & obfervateurs, ont prévu la Cloque, &
l’ont fouvent annoncée d’une heure à l’autre, du
foir au matin, à telle & telle époque ; ce que j ai
vu plufieurs fois.
Les fentimens différens de MM. l’Abbé Rofier
& Hervier, fur la caufe de la Cloque, ne varient
pas autant fur les remèdes à y apporter, &
qui font adoptés par les bons Jardiniers.
Ils confiftent à laiffer les arbres dans l ’état où
la maladie les a réduits , & attendre que la nature
agiffè. C’eft la méthode du plus grand nombre
des Jardiniers.
D’autres, perfuadés qu’il faut aider la nature ,
ôtent toutes les feuilles cloquées, ou les coupent
avec des cifeaux, jettent à bas les bourgeons attaqués
, à deffein de foulager l’arbre qui a fouffert
en pure perte , lui laiffent des bourgeons choifis,
qu’il nourrit en raifon de leur petite quantité; ils
font des labours aux pieds des arbres, y mettent
des engrais, & arrofent, pour réparer leur épui-
fement.
Ce n’eft point d’abord après la Cloque qu’il
faut abattre les feuilles malades ; celles qui re - I poufferoient, feroient fujetres aux mêmes accidens.
Il faut attendre, le plus qu’il eft poffible.,
que là.faifon étant plus avancée, le tems foit plus
tempéré, plus confiant. Lorfqu’on ne craindra
plus tant fes révolutions, il n y aura plus de
rilques. On abattra les feuilles; de nouvelles
repoufferont; bien —tôt il n y paroitra plus , &
; les fruits en feront très-peu altérés, fi la maladie
n’a pas été trop violente.
Il feroit à defirer qu’on pûl trouver des remèdes
préfervatifs ; une plus longue expérience
& plus de foins les feront peut-être trouver un
jour.
Dans l’opinion de M. l’Abbé Rofier , il ne
s’agiroit que de trouver les oeufs des pucerons ,
qui, fûrement , font fur les branches ou fur les
murailles : malheureufement, on ne les voit pas
comme on voit les coques & les nids des chenilles.
Ne pourroit-on pas, dans cette même opinion
, fe garantir au moins de la deuxième Cloque ?