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coûte pour le Couvreur , chaque fois qu’il rétablit
une couverture , & les rifques du feu , ^on
auroit plus davantage à préférer la tuile. Mais le
^pauvre , qui n’a jamais.d’avances, ne peut calculer
comme l’homme riche. 11 vit au jour le
jour : il prend fur fon travail la chofe qui lui eft
jnéceflsire, & au moment où elle luieftnécèffaire.
.Toute fon économie confifte à payer le moins de
denrées poflibles. On croit que le Chaume de Seigle
ne feroit pas aufli bon pour couvrir les mai-
l'ons que celui de froment, & qu’il fe pourriroit ;
ce qui me paroît d’autant plus étonnant, que la
paille de feigle, pour cet objet, efl préférée à
celle de froment.
Afin de rendre le Chaume propre à faire des :
couvertures, on l’arrange en gerbes, à l’aide d’un
rateau de fer, difpofant les brins, de manière;
-qu’ils foient en partie pofés les uns fur les autres
& très-ferrés.’Dans cette préparation , qu’on appel
le ja vêlage, en Beauce, le Chaume éprou ve un
quart de déchet. Par ce moyen les gerbes acquièrent
une longueur quelles n’auroîent pas, fi les
brins de Chaume, qui n’ont que dix à douze ponces,
étoient pofés, les uns iùr les autres, dans
tome leur étendue. La gerbe de couvreur a ordî- '
nairement trois à quatre pieds de longueur,, & ;
quatre pieds & demi de grofleur. Elle pèfe, bien '
lèche, vingt-quatre livres. On en emploie treize f
à quatorze par toife dé couverture. Un cent de i
ces- bottes fe vend de ! quinze à vingt livres»
Le Chaume de deux ans efl aufli bon pour tous
les ufàges, que celui qui efl récemment ramaffé. ,
pourvu que les meules aient été bien faîtes, &
que l’eau ne s’y foie pas introduite. Dans tesanhëek
d’abondance,beaucoup de payfans ne confomment
pas toutes leurs récoltes ; ils en' gardent d’une
année à l’autre, & , par cette attention, n’en manquent
jamais.
Le Chaume , comme je l’ai dit, fert encore à
faire :de la litière aux vaches dès Vignerons. Si, des
Jardiniers, fur-tout s’il n’a pas été. mouillé. .Le
fumier qui en réfui te, en général, n’eft pas recherché.
Mais il eft meilleur , lorfqu’il fort de
deflous les beftiaux d’un Jardinier, ou d’iin V i gneron
, ces animaux mangeant en tout t.ems des
plantes vertes, que s’il fortoit de deflous'ceux
d’un Fermier, qui les nourrit au fec une grande
partie de l’année.
Dans l.es pays où les cultures de froment- ne
font.pas çunfidérables, Si où les terres.font peu
fùbflanciciies, on a befoin de toute la longueur
des tiges de. froment pour augmenter les engrais ;
on les coupe très-bas &. on ne laiftè point de
Chaume- Ces pays ont communément desieflourc
ce> pour fè procurée-dubois, & de quoi couvrir
Lui s bâtîmens. Mais les provinces-à bled;, telles
qùe la Picardie & la Beauce, qui -en--font priy.éps j
$ offrent aux payfans que l’e.fpérance du Chamne»
quoiqu’il appartienne au Cultivateur, parceique.
GH A
le produit de ce qu’il a femé eft entièrement fa
prbpriété, l’ufage a prévalu que les payfans en
difpofaflént pour leurs befoins. Comme il arrive
fouvent que les hommes fe font un droit de ce
qui n’eft que tolérance, ou bienfait, des villages
ont quelquefois voulu empêcher des Fermiers de
faire couper leurs bleds à la faulx , dans les années
où ils n’étoient pas allez hauts pour* être
coupés à la faucille. Deux Arrêts du Confeil d’Etat
du Roi, l’un du 23 , & l’autre du 27 Septembre
1785 , intervenus dans une affaire relative à cet
objet, ont confirmé des Laboureurs de Picardie,
dans le droit de faire couper leurs bleds de la manière
qu’ilsle jugent à propos. On a vu, depuis les
troubles de là France, les payfans porter leurs
prétentions jufqu’à s’oppofer à ce que les Fermiers
réfervaffent des pièces de terres, où le
Chaume étoit bon, .pour y prendre ce qui étoit né-
ceffâiré à l’entretien dès couvertures ■ de leurs
fermes. Les momens de troubles font des mo-
mens d’injnftice. Il faut èfpérer que les payfans
des villages aufli déraifonnables 3 réconncîrront
que , parce que les Fermiers leur permettent de
ramafler le Chaume , dans leurs propriétés, ils ne
peuvent jamais s’en autorifer, pour en envahir la
totalité. ( M. l’Abbé Tessier. )
CHAUMER , ramafler le : Chaume. Voye\
Chaume. ( M l’Abbé T essier. )
CH A UMET, Chaumont, inftrumem pour couper
le Chaume. Voyei Avoine,à l’article Chenille.
Cemot fe trouve à cet endroîy, parce qu’on prévient
les chenilles, en coupant bien le Chaume. V.
en outré le mot Chaume. ÇM. l’Abbé Tessier. )
CHAUMIER. On appelle de ce nom un monceau
de gerbes de grains, ou dç paille , ou d,e
Chaume.. (Àf. l’Abbé Tessier.) Voyei Motl.
CHAUMIERE. Bâtiment champêtre, afyle de
la mifère. Les Décorateurs de. jardins ont foin
d?en placer dans, les payfages qu’ils cOmpofent.
| L’air d’abandon , de vieïllefle, la moufle qui les
couvre , les dégradations .qui .les,environnent de
tOLitesparts , ajoutent un nouveau prix à ce genre
d-’ornemem ,:fans doute à cauféde leur contrafte
avec le luxe poftefleur.-Jai peine à concevoir
comment on eèui adopter un. genre de décora*-
tion , qui retrace à tout moment l’idée du mal-
être & de la 'mifère! d’une grande partie de fes
concitoyens. On décore fon jardin pour y éprouver
edes fenfations agréables , mais des fenfarions
déchirantes, peuvent-elles l&tisfaire des hommes?
Une ruine ne produit pas une impreffion lemblar
ble, parce que le moment où elle fut habitée,
sTéloigne-dans' les .Ombres du pafTé., &. cependant
•; on doit être très circonfpeéfdaiîs £émpL i de ce
genre de .décoration..
Une Chaumière qui annonce l’ai fàncè, prêrè à
la fimp lie itë■ peut faire- naître- des fenfat-ions
agréablé's. 1 0 ui tes * lés; fois * cm ë.[j’efit 1 àh rèncOn tté,
j’ai lenti. une imgreflion. de bonheur, je- croyois
C H A
partager le calme d’une famille, agricole , heu-
reufe de1 fon état : mais, dans le plus grand nombre
des jardins payfagiftes, j’ai vu des Chaumières
ruinées, des imitations du féjour de la mifère, &
ces habitations ont produit en moi une imprelfion
pénible , & péu favorable au Décorateur.
Une Chaumière qui annonce l'nifance, environnée
d’un potager champêtre, décoré d’une manière
bien agréable, l’intérieur, d’ un vallon, où
coule une rivière , la clarière'd’un bois , où la
terre fe trouve fertile, les bords de l’eau courante
ou d’un lac , dont l’eau efl limpide. Mais
cette Chaumière eft richement décorée, fi une
famille, arrachée à la mifère, y vivoit fous les auf-
picesdn poflefîeur. Ce tableau n’auroitpas befoin
des reffources de l’art pour caufer de l’émotion.
( M. Re ynier . )
CHAUMONT ou CHAUMET Nom que l’on
donne, dans plufieurs pays, à l’infiriunent qui
fert à arracher le Chaume. ( M. l’Abbé 2 essier .)
^ CHAURER. Expreflion dont on fe fert à Provins,
& qui eft la même que chauler, ou mettre
le bled en chaux. ( M. l’Abbé Tessier. )
CHAUSSER. C’eft la fécondé façon que l’on
donne, foir aux pommes de terre, foit au bled
de Turquie , &c. Elle'confifte à ramafler la terre
tout autour de la tige, & à l’en couvrir jufqu’aux
feuilles 3 on laifle ainfi la plante, jufqu’à fa maturité.
Il arrive quelquefois qu’on eft obligé de
recommencer cette opération , fur-tout quand
il furvient de fortes pluies» Ce mot eft le même
que celui d tbmter. ÇM. T Abbé ■ Tessier.)
CHAUSSER un arbre, c’eft en rafler de ia bonne
terre, autour de fon pied ; cette opération eft
très-utile , lorfque les arbres dépériffenr. On
pófte par ce moyen de nouveaux fues à fes racines,
& on parvient quelquefois à les rétablir. En
général, cette opération ne peut jamais nuire &
quelquefois elle eft néçëflaire.
On fe fert aufli du mot Chauffer, lorfqu’on
parle des herbes 3 mais cependant le mot botter
eft plus ulî té dans ce fens. ( M. R eynier.)
CHAUSSETRAPE. Nom vulgaire d’une ef-
pèce de Centauree , connue aufli fousle nom
de Chardon étoilé: Cefl ia Centaurée étoilée.
Cent Turc a cale itrara. L. Voye[ Centaurée , n.?
57* ;( Af. D a u p h i n o t . ) <
CHAUSS»DE. On donne ce nom, à Viviers en
Vivarais;, à une efpèce e Chardon, qui fait le
fond delà rioiirrimre des codions que l’on en -
graifle. On ne m a pas afléz bien indiqué ce chardon
pour que j’aie pu le reconnaître. ( M. l’Abbé
Trssier. )
CPI A IJ VE-SQURIS. Nom particulier que M. de
La M^rch a:Honpë à une efpèce de Grénadille.
y$P' rtiUo. La M Dièl.. \Toyc[ Dièï. de
Botva | a ;tic leG r é n a d il l e . f.lL DÀ u phinot .)
ÇHAUTAGF. Synonyme de chaùlase. Voyez
varié. . Q M. l’Abbé T essier.'. ) 1
C H A $5
C H A U X .
L ’efficacité de la Chaux , confidérée comme
t engrais des terres fortes & humides, n’eft
plus maintenant un problème en Agriculrurel
Les Auteurs qui fe font récriés le plus contre
fon ufage, vraifemblablement n’ont éu en vue
que la nature du fol de leur pays qui n’en
avoit pas befoin , ou dans le fein duquel il
hefe trou voit point de pierre calcaire, ou-bien
encore parce que le conibuflible, indifpenfa-
blement néceflaire pour réduire cette pierre à
l’état de Chaux, y eft fort rare. L’expérience
a fuffifammem appris que les habitans des cantons,
qui font dans une pofitioh contraire, doivent
une grande partie des fuccès de leur récolté
à l’emploi bien dirigé de cet amendemenr ; &
qu’aucun fumier ne leur coûte aufli peu,, relativement
à la petite quantité qu’il faut de Chaux
& à fon activité* Mais les avantages de la Chaux
fous les rapports d’engrais, ne fe bornent point
feulement au prix auquel il eft poffible de 1 avoir
dans' cerrains endroits. La faculté de s’en
procurer dans tous les tems mérite encore la
plus grande confidération ; on fait que dans les
pays montueux, tels que la Savoie, il ne faut
pour la cuire que du menu bois;. & que quand
ôn ne,la fait pas par foi-même, on donne pour la
façon la moitié de la Chaux. Il n’y a pas
même de Cultivaîeur, quelque peu aifé' qu’on lé
fuppofe qui, ayant la précaution d’amaffer de cette
pierre d’avance, ne puifle le faire par économie,
& la première récolte luffirpour en payer les frais!
. Mais c’efl l’emploi de la Chaux fur les terre*
& non la fabrication qui doit nous occuper
dans çet article. ’
Il faut fonger de bonne heiire à fe procurer -
la chaux dont on a befoin ; car il arrive
quelquefois, que les pluies manquent pour la
faire effleurir,& que les.femen ces en font retardées-
au grand préjudice de? inoifîbns. Dans les pays
où cër amendement eft employé? on s’en pré-
cantionne pendant 1 Automne, ou au commencement
de l’Hiver, pour s’en fèrvîr enfuire au
Printeins.; on en forme des tas allez conlïdérables-
qu on recouvre depailie longue,comme on fecou-
v-r® des meules de .grains ; &, amour de ces tas, on
pratique dans la terre une petite rigolle pour
recevoir l’eau des. pluies-tfui tombe deffus
de, cette, manière: fa furface n’eft prefque pas
mouillée ; les pluies & la neige ne peuvent du
moins délayer la couche extérieure, car elle
auroit la confiftance de mortier & on ne pourront.
s’en fervir. comme engrais. -’
Effets de la Chaux fu r tes terres.
_ Les fentimens font encore partagés fur là ma-
nière d’agir de la Chaux pour fertililër les terres y
les détraclcurs de cer amendemenr penfoiènt
fl11 ü oxerçoittoujours une aél’ion, plus ou moins
CàuftiqUe, fur les grains &. fur les plantes;. c&