J» raifon de 4 * 6* le boifleau, & d'une manière
nui contribue iuffi’ammenr à augmenter la malle
de ces engrais ; cet article eft plus important
que le petit produit qu’on retirera des Cochons
qu’on engraifl’e. Je fuis affuré , par l’expérience,
que fi j’avoisdonné les pois & l’orge entiers, au
lieu d’avoir-quelque profit, j’aurois perdu , dans
cette expérience, au moins ioqF .
Expérience n.° 9. En Novembre 1773, je voulus
déterminer , par un nouvel effai, les avantages
de la méthode que j’avois fuivie les années, précédentes
; je choifis, à cet effet, trois Cochons.
Lé n.* 1 pefoit................». 1.40*
Z ............................. ic6
3 . . . . . . . . . . . . . . . m
Total................ 358*
évalués à 6* la livre, ce qui fait»----- 107* 8^
Vingt boifleaux d’orge écrafée furent mis à
aigrit, & fervirent à la confommation des trois
animaux jufqu’à ce qu’ils fufient achevés' les
Cochons, furent alors tués. IL pe.foie.nt en v ie ,
708 livres,. & les. quartier s , avec les pieds., donnèrent
416 livres., qui, à ic** la livre, les
pieds & les têtes compris, donnent pour les trois,
1 1 ^ v* .
Valeur des Cochons». . . . . . . 107** 8s //*
Vingt boiffeaux d’orge, à 4^ l6 d . 96 // n
|?pur écrafer le grain.................... . 6 // n
Total___. .~7 io 9 tt %s /A
Produit engraiffés......... 223 2 6
Gain....,....... . 13* I3JCe
nouveau fuccès m’encouragea à ponrfuivre
mes expériences -, il ajouta à la conviéliôn que
j’avois , que le grain employé de cette manière,
devenoir plus profitable que lorfqu’ils font emploiés
entiers, ou feulement écraiés^ fans qu’on
les ait lai fié s’aigrir.
Expérience n,° 10. Le 10 Décembre 1774,
je mis à l’engrais quatre Cochons, auxquels je
donnai la nourriture aigrie ordinaire.
Le n.° 1 peloit.,........... .. 96tt
2 ...................... . . . . . . . 1 6 4
5 ........... ................. 84
4 , ............., .............. 8 b
T o t a l . . . . . . . 364^
Ils me coûtèrent 93'Ur I2j ’ î je dois obferver
que ces animaux étoient d’une race proifée,
ilfue d’un vérat ronquin & d’une Truie ordinaire.
Ils Confommèrent dix - fept boiffeaux
d’orge, & je les vendis dès que le grain fut
achevé , 116^ 1 ; ils pefoient en vie , à ce.tté
époque, 3.02 livres,
c o c
Valeur dés Cochons................. 9$ft \is
Dix-fept boifleaux d’orge à 4 * 16s . . . * 81 16
Pour écrafer le grain.................... . • •. 5 h
Total........... .. 180«=
Produit engraiffés.. . . . . . . . . 226 116 ’
Gain............... 46* 8
D’après ces divers effais, j’étois .bien convaincu
de l’avantagé qu’il y avoit à faire aigrir
la nourriture des Cochons ; mais je n’avois jamais
eu un profit aufli confidérable que dans cette
circonftance ; ce qui dépend, fuivant toute ap-
| parence, de 4a différence de race. J ’avôis fait cet
effai comparativement, ayant en même-tems,
à la même nourriture, des Cochons de l’efpèce
ordinaire ; mais, par défaut de foin de la part des
hommes chargés de veiller fur ces animaux, je
n’ai pu calculer exactement la dépenfe de ceux-ci;
je fuis cependant bien fur qu’ils avoient moins
profité que les autres.
Expérience n.° 11. Le 15 Novembre 1775,
je mis à l’engrais deux Cochons de Lefpèce ordinaire
; ils pefoient enlembie 3*87 livres, & va-
loient 5^ la livre , ou 46* I5J’. Je les engraiffai
avec douze boiffeaux d’orge, écrafée «St aigrie.
Ils pefoient alors 293 livres, & la viande avec
le gras ( y compris la tête & les pieds , vendus
enfemble) 178 livres, qui, à n*Ma livre, me
donnèrent 9 7 * i8J .
Valeur des .animaux .................... .. • 4 6 i8J‘;
Douze boiffeaux d’orge... . . . . . . . . . . ^6 16
Pour les moudre. .................................. 3 16
T o t a l . . . . . . . . . . . . iC7tt iof
Je les vendis.. . . . . . . .... *•. w 97 . iB.
Perte..-.. . . . . . . < -97* n*
C’eft le feuleffai o,ù j’aie.perdu , en engraiffant
avec de la nourriture aigrie ; j’ignore d’où a pu
dépendre cette différence-, car lesCocffons allèrent
bien-, mais on fait-combien il eft difficile
d’avoir toujours des réfultats. femblables dans les
engrais des animaux. »
Je dois remarquer qu’il faut que l’orge & les
pois foient très - fecs. & de bonne qualité, afin
de les réduire, autant qu’il eft ^offible , enfariné
; fi les nouveaux lont trop gros , ils ne fe
mêlent pas bien avec l’eau, ce qui eft effentiel.
J ’ai effayé de donner ce mélangé à différens degrés
de confiftance, & je crois qu’il doit être
épais comme de la crème. 11 faut avoir foin de
le bien remuer avant de le donner, pour qui!
n’en refte pas au fond deTâuge, ce qui fait qu’on
eft obligé de mettre- tr-op d’eau. Je puis ajouter
à ma propre expérience celte de plufieürs Cultivateurs
à qui j’avois indiqué ce m.qyçn, 8t qu‘
s’en font très - bien trouvés.
Voici le tableau du poids des Cochons vivans, 1
& du poids dé leur viande..
Dans l’expérience, n.° 5 , les quartiers & le gras
de trois Cochons étoient comme.. 29 eft à 1 ;
Dans l'expérience n.e 6 , id. de 5. 20 . . . . 13-; !
de 1. 20 . . . . 13
de 1. 20 . . . . 10
de t. 20 . . 1 0
de r. 20 ...'V I3r
Dans l’expérience n,* 7 , id> de 3 . 2.0 . . . . 12-^
8, de 3. 20 . . . . 13
9, de4. 20 . x . 12
Dans différentes expériences avec des pommes
de terres, fur cinq Cochons,, comme 20 à 13.
Les deux Cochons dont le poids , en vie, fut à
celui de la viande , comme 20 à Io , étoient les
plus petits ,. & celui qui fut dans la proportion j
de 20 à 15 le plus gros de tous. D’où il paroît
que cette proportion varie fuivant la groff ur des p
animaux. Je préfume même que des Cochons dé 'j
100 à 5co livres;,! pefés vivans-, feront fou veut
dans la proportion, de 20 à 12 ou de ig à 15. 1
Commerce de CochqnSi
De tous, les animaux dont la chair fert de
nourriture à l’homme, le Cochon eft celui fur
lequel il/ e ft trouvé une plus grande diverfité
d’opinions ; mais l’expérience L’a toujours , fait
triompher de; l’efprit de fyftême & de contradiction
élevé contre fon ufage : cependant il
a eu plus de vogue autrefois qu’il n’en a aujourd’hui.
On voit, dansJ’Hiftoire, que chaque
perfonne à Paris confommoit par an trois de
: ces animaux > & que maintenant la confommation
totale pour les huit cens mille habitans environ
que renferme la .Capitale, ne va pas à plus
de trente-deux mille. Ils formoient un des principaux
articles du commerce de la Gaule*, les
forêts immenfes dont ce pays étoit couvert,
permettoiént aifément d’élever fans frais un
allez grand nombre de Porcs , pour fournir
| Il lard, les jambons & les falaifbns à toute
, 1 Italie. Infenfiblement nos premiers ayeux portèrent
le goût de la co-honnaille par-tout où
j jls allèrent s’établir-, les Romains en accordèrent
; la vente exclufive à une clafle d’hommes, appelée
Sicarii -} & les Chinois , ces premiers Cultiva-
I leurs du monde , en entretiennent de grands
troupeaux. En effet, quoiqu’ils fe remplilfent
dalimens en apparence grolfiers ,: quelquefois
| mfeCles & dégoutans, les Cochons ne fourniffent
[ pas moins une nourriture délicate & fucculente.
j Elle étoit relKmenten réputation parmi les Grecs
qu Athénée, l'Hiftorien de leurs repas & de leurs
! tagoûts, ne fait le récit d’aucunes noces, fans
y faire entrer quélques mets de Cochon qu’il
nomme l’honneur des feftins & les délices du
j genre-humain.
Elle fut tellement recommandable «i Paris,
Atyicultufe. Tome I ïJ .
durant les deux premières Races, qu’on ne
geoit pas d’autre viande •, les Potes y étoien
fi nombreux qu’il arrivoit une infinité de malheurs
par leur maladreffe & leur fureur : on
ne mit ordre à cet inconvénient, que lorfque
le Fils d’un de nos Rois eût été renverfé de
fon cheval par un verrat, & fut mort de fes
bleflures.
Elle eft encore dans une telle recommandation
en France qu’aujourd’hui, comme aux tems
paffés, dans les Campagnes, dans les petites
Villes, on ne tue pas le Porc vers Noëf^ quon
ne faffe une fête à cette occafion , qu’on ne
s’envoie des menus de fa diffeélion; le boudin,
lés griblettes, les côtes de Porc frais, font envoyés
& bien reçus réciproquement entre parens,
amis & vpifins. ;
Tout fert dans ces animaux; la chair fraîche
& falée, le fang, les inteftins , les vifeères , les
pieds, la languej.lps oreilles, la tête , lagraiffe ,
le lard, parent les feftins de«nos Villes & deviennent
louvent la bafe &. l’unique reffourçe
des meilleurs; repas champêtres : les foies dont
ils font recouverts, fourniffent des vergettes &
des pinceaux; leur peau fortifie les malles, tic
on. en fait des cribles ; enfin le.fumier de leur
litière eft très-recommandé pour l’engrais des
termes légères & brûlantes. Beaucoup de ces objets
do^it la préparation a créé, dans les grandes
Cités, un art particulier & qui .portoit chacun
le. nom du canton où l’on ^excellé en ce genre ,
font devenus pour leurs habitans une 5fourcè
de richeffes. Bien-tôx, fans doute, les Juifs & les
Mahométans oferonr toucher ces animaux &
s’en nourrir; alors il n’y aura plus de Nations
qui n’y. trouvent les mêmes avantages que nous
en retirons, puifqu’il n’exifte point de terreins
qui ne produisent d é v o i lé s nourrir amplement
&. les engraiffer. Il feroit poftible qu’après avoir
été, repouffés. par ces deux peuples comme article
de Religion,, le Porc devînt chez eux.auffi
précieux qu’au Mexique, & que leurs Propriétaires
, en les conduifant au marché, leur revérifient
les pieds, d’une efpèce de bottine pour
les moins fatiguer, tandis que les conduéleurs
font le même chemin pieds nus, pourvu .cependant
que le récit de Thiéry, dans fon Hiftoire
du Nopal, ne foit pas un peu romariefque.
D’après ce court expofé, ajouré,à ce que nous
avons dit relativement au profit qu’on peut retirer
des Cochons, & fur le (quels tout le monde
paroît d’accord, on a droit d’être étonné que
•peu de perfonnes, jufqu’à préfent, fe foient
occupées d’une manière fuivie des moyens les
plus convenables pour les élever à moins de
frais & les multiplier davantage. N’eft - il pas
honteux, en effet, que, dans un Royaume tel
que la France, dont la fituation eft fi favorable
à cette éducation , fes habitans foient forcés
d’acheter au loin une très-grande partie des fa^