
les fiècles peu éclairés, contentons-nous d'indiquer
ic i , d’après l'excellente matière médicale
de Murray, l’opinion des Médecins modernes
fur cette plante.
Les nombreufes variétés du Chou, foit qu’on
en mange les feuilles, les tiges, lecorymbeou
la racine, poflèdent toutes à-peu-près les mêmes
qualités, & forment une nourriture plusou moins
agréable, félon la diverfité des goûts. Mais,
quoiqu’agréable au goût, les Choux font cependant
peu nourriflàns, parce qu’ils poffèdent
très-peu de parties gélatineufes. Ils font très-
venteux , & ne conviennent pas trop aux efto-
mats foibles & délicats, mieux aux gens robuftes
& aux gros ouvriers. L ’ufage de les épicer de
poivre, ou d’autre fubflance ftomachique, eft
donc plutôt pour en corriger les qualités mal-
faifantes, que pour en relever le goût. Plus
les Choux font jeunes & tendres, mieux ils va-
icn i; c’eft par cette rai fon que les Choux-fleurs
font préférables, à toutes les autres variétés : le
plus dur à digérer efl le Choux-vert, quand
même il eft attendri par la gelée.
De tontes les variétés des Choux, le Chou-
blanc pommé eft le plus en ufage dans la cui-
fine; on le mange frais ou confit, fous çette
dernière forme, il eft connu fous le nom de
fauer-kraut, ou Chou aigre, dont nous avons fait
connoitrela préparation, en parlant des Choux
pommés blancs. De toutes les manières que
ce Chou eft préparé ou affaifonné, il eft
toujours très-difficile à digérer, même confit, ou
fous la forme de fauer-kraut. C’eft cependant
une nourriture dont on ne peut pas trop recommander
l’ufage aux Marins, à caufe de fes
qualités ancifcorbutiques,quel’on peut attribuer,
à jufte titre, à la très-grande quantité d’air fixe
qu’il contient. Ce fut par l’ufage, prefque journalier,
du fauer-kraut, que le Capitaine Coock,
dans Ton voyage autour du Monde, confervoit
pendant tr.ois ans, fon équipage en-bonne fanté.
L ’armée Angloife, en faifant la guerre en Amérique
, fouffroit beaucoup du fcorbut ; ce ne
fut qu’nprès l’ufage du fauer-kraut, que l’on fit
venir d’Europe , que cette maladif fe perdit entièrement.
Le fuc, ou la décoélion. des Choux-pommes,
diflout, £ ce que l’on prétend, la pierre. Les
feuilles des Choux, entières ou concaffées & appliquées
fur les ulcères, en accélèrent l’exfica-
tion , appliquées fur les endroits de la peau qui
ont été dépouillés de l’épiderme par les véfica- i
toires, ces feuilles entretiennent la fuintement
fereux. Un cataplafme de feuilles de ce Chou,
appliqué tiède, fur les feins des femmes en couche,
prévient l’engorgement que lflaitoccafionne
ordinairement dans ces parties, & arrête l’écoulement,
trop abondant, du lait. Dans la pleu-
réfie, on fe lert également, avec avantage, djun
cataplafme dé feuilles de Chou., pour calmer
la douleur.
On obtient un fuc mielleux, qui poffède une
vertu purgative très-douce, en faifant des in.
cifions longitudinales fur les tiges des Choux cabus'
rouges, recueillis en Automne. On fe fert également
de la décoélion des feuilles de ce Chou
dans les affeétions de poitrine, contre la toux
& dans les .ulcères des poumons.
Une décoélion des broques ou Chou-vert
eft regardée dans le Nord, comme un remède an-
thelmintique, & on le donne, dans cette vue
aux enfans. C’eft un purgatif très-doux, comme'
le font un grand nombre de jeunes pouffes de
plantes fucrées ou douceâtres. -
Le fuc,ou la faumure, qui fumage aux Choux-
aigresou le fauer-kraut, doit être fpécifique-dans
les maux de gorge : fi ce fuc poffède réellement
quelques vertus contre cette maladie, il doit
naturellement agir comme tous les acides aigui-
fés par le fel; dans ce cas], il feroit peut-être
plus utile , toujours moins dégoûtant, d’employer
du vinaigre affoibli, ou un acide végé.
tal quelconque.
Dans les provinces Septentrionales de l’Europe,
on applique affez communément le Chott-
aigre, ou le fauer-kraut fur les engelures, & fur
les membres qui, par le froid, ont perdu toute
fenfation} dans l’un ou dans l’autre cas, ce Chou
agh comme remède irritant, capable de rétablir
la circulation perdue-, il n’eftdonc pas fpécifiquc
comme1 on le v o it ,& on pourroit très-aifément
le remplacer par tout autre remède, qui poffède
les mêmes propriétés.
Ce que nous avons dit des propriétés alimentaires
des Choux eft également applicable aux
différentes efpèces de navets; elles conviennent
mieux aux perfonnes robuftes qu’à ceux dont
les facultés digeffiv’es fe trouvent dépravées. Les
plus petits navets dont le goût doux & aromatique
les fait préférer aux groffes efpèces, fe digèrent
mieux, & font par conféquent plus convenables
aux perfonnes délicates.
Le fuc des navets eft réfolutif ; on s’en fert
avec avantage contre les aphtes ; on peut également
employer à cet ufage la décoélion de navets
édulcorée avec le fucre. On recommande beaucoup
une décoélion de navets contre les enge-1
lures : ce remède déjà propofé anciennement par
Celfe , a été également vanté par plufieurs Médecins
modernes. Tiffot veut que l’on ajoute
la feizième partie de vinaigre à une telle décoction
, & cjue l’on y baigne la partie malade plu*
fleurs fois par jour. L ’efficacité de ce remède
me paroit affez douteufe , & même contraire à
la nature du mal, car toutes les décoélions chaudes
doivent naturellement relâcher les parties
fur lesquelles on les applique , tandis qua.c’ell
principalement le trop grand relâchement, des
vaifleaux par le froid que nous avons ici à combattre.
, , a I f i
La navette cultivée n eft guère en ulage comme
plante alimentaire. La fauvâge, qui croit abondamment
dans la Gothlande , province de la
Suède eft très-eftimée à caufe de fa racine douce
& agréable, & les habitans la mangent avec plaisir
la racine de la navette cultivée lui eft très-
inférieure. L ’huile que l’on retire de la graine
de navette fert principalement pour les lampes ;
elle a l’odeur forte, &. devient bien-rôt rancidé.
En l'exprimant à froid , elle a le goût moins
fort, & pourroit peut-être fervir dans la cuifine.
On nous affure cependant que, dans la Flandre,
les gens de la campagne fe fervent fouvent de
cette huile pour la manger , en la dépouillant
d’une partie de fon âcreté par le moyen d’une
croûte de pain grillée, qu’ils faifoient bouillir
avec l’huile. Les Anciens recommandent cette
huile contre les poifons ; vertu qui lui eft peut-
être propre avec plufieurs autres huiles graffes.
La roquette, que l’on mange comme làlade,
étant jaune, en Efpagne, en Italie, & dans nos
Provinces méridionales excite l’appétit, & aide
à la digeftion ; on la croit également aphrodifia-
que~ En la mâchant, elle excite la falive , &
appliquée extérieurement fur la peau , elle y
excite de la rougeur , comme les épifopfiiques.
Des Choux conjïde're's comme fourrage
pour les befiiaux.
Plus la faifon rigoureufe de l’Hiver eft
longue.dans un pays , plus l ’on doit multiplier
les efpèces de Choux que l’on peut ferrer en ré-
ferve, ou celles qui ne craignent pas le froid.
Tels font les Choux verds & blonds à groffes
côtes, le colfa , le pancalier, le Chou en arbre
ou le Chou-chèvre. Le mouton, la brebis nourris
au fe c ‘pendant l’Hiver, fondent leur fuif, fui-
vant i’expreflion des bergers ; mais, fi on leur
donne quelque peu de verdure , ils confervent
leur embonpoint. Onvoitpar-là quelle reffource
précieufe offrent les différentes efpèces de Choux,
de raves, navets, carottes, betteraves, pour la
nourriture de l’Hiver. Lepaffage, prefque fubit,
de la nourriture en verd à celle du fec, produit
fur eux les plus malt vais effets, fu r - to u t files
pluies, la neige & les frimats les contraignent
de relier pendant long-tems à l’étable, tandis
que par la nourriture mixte, ilss’apperçoivent
à peine de leur repas forcé. On donne, en général
, aux beftiaux les feuilles de Choux en
nature, & ce n’eft pas la plus économique ni
la meilleure nourriture. Voici une méthode pratiquée
avec le plus grand fuccès dans plufieurs
de nos Provinces. Un bétail nombreux fuppofè
nn certain nombre de perfonnes pour le fervice
delà métairie, & un feu prefque continuel à
la Cheminée de la cuifine. Un chauderon de la
plus grande capacité eft toujours fur le feu , & >
à inefure qu’on le vide, on le remplit continuellement
avec des feuilles de Chou, avec les
groffes côtes, les tronçons de ceux qui fervent
à la nourriture des Domeftiques. 11 en eft ainfi
des citrouilles, des courges & des autres herbages,
que l’on confomme. Une certaine quantité d’eau
lurnage toujours ; les plantes & leurs débris,
quelques poignées de fon & un peu de fel font
leur affaifonnemenr. Lorfque la chaleur & l’eaa
ont attendri ces herbages, c’eft - à- dire , lorf-
qu’ils font à moitié cuits, on les retire du chau-
der«n , & on en met une certaine quantité avec
l’eau dans laquelle ils ont cuit, dans des baquets
de bois, ou dans des auges : chaque animal a le
lien , & une auge doit fervir tout au plus à un.
On laiffe tiédir cette préparation avant de la donner
foir ou matin aux boeufs , aux vaches, aux
chèvres, aux agneaux, moutons, &c. Comme ce
vaiffeau eft jour & nuit fur le feu , il profite de
toute fa chaleur , & il ne fe confomme pas plus
de bois dans la métairie que s’il n’y avoit point
de chauderon fur le feu. Cetteméthode très-économique,
mérite d’être généralement introduite.
M. Green , cultivateur Anglois, a donné un
excellent Mémoire furies Choux cultivés, employés
pour la nourriture des beftiaux, dont
voici un court extrait. M. Green commence
à donner des Choux un mois après la Saint-Michel
, aux vaches laitières, & on continue à les
en nourrir jufqu’à la fin de Mars. II efteffentiei
d’arracher ces Choux avant la mi - Mars; car
autrement, ils montent en fleurs & épuifent
la terre. Trois acres de terre fuffifent pour la
nourriture de vingt vaches, en y ajoutant un
peu de paille & de foin ; & , lorfqu’on ne leur
donne point de foin ,'i l faut compter fur cinq
acres. Cette nourriture eft très-bonne pour les
veaux qu’on sèvre ; elle eft même préférable aux
gros navet ou turneps. M. Green a éprouvé que
le produit de trois quartiers d’un acre fuffifoit
pour engraiffer des bêtes-à - cornes du poids
de fept cens livres, & qui ont été au pâturage
pendant l’Eté. Les cochons préfèrent les Choux
aux turneps , On a remarqué que ceux de ces
animaux qui pouvoîent s’introduire dans des
champs où il y avoit des Choux & des turneps,
commençoient toujours par les Choux. Il paroît
auffi que le produit d’une pièce de terreen Choux
eft double de celui d’un champ de turneps.
Quelques Fermiers penfent que l’orge •& l’avoine
qu'on sèmeaprès les Choux , eft inferieure
à celle qu’on sème après les turneps ; mais di-
verfes expériences prouvent que cette afferrion
n’eft pas fondée ; & , lorfqu’on a femé avec les
mêmes façons, de l’orge , dans une pièce dont
une partie avoir été couverte de turneps & l ’autre
de Choux, c e l le - c i a donné plus de grain,
& a été moiffonnée plutôt que l’autre.