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ù F abri du froid & des .vents violette, fur-tout .
de ceux de l’Orient & du Nord, qui font géné- I
râlement très - pernicieux au Printems, de ma- 1
nière que, fi les couches y étoient expoféès,' il I
feroit difficile de donner de l’air aux jeunes
plantes. Il faut auffi les garantir du vent du Sud-
Eft qui'eft fouvent impétueux .en Eté & en Automne,
& qui non - feulement dérange les branches,
mais les endommage auffi beaucoup ; c’eft pour- ;
quoi la meilleure expoiitio.n qu’on puiffe choifir
pour ces couches, èft au Midi,' ou un peu inclinée
à l’Orient, & abritée, à une certaine
diffi.nc«î, par des arbres fur les autres côtés.
Cetre place doit être enfermée par un bon enclos
de rofeaux qui valent mieux, pour cet ufage ,
qu’aucune autre chofe, parce qu’ils parent mieux
les vents, que ne font des murailles qui lés
renvoient fur les’ couches ; mais ces enclos de
roreaux doivent être éloignés des couches, afin
qu’ils ne donnent point d’ombrage durant uhe
partie de1 la journée : on y pratique une porte
affez large pour le paffage d’une brouette, afin
depouvoiry tranfporter du fumier, de la terre,&c.
& on la tient fermée, pour empêcher d’entrer
tous ceux qui n’y ont point à travailler; car
fouvent des ignorans vifitentles couches, donnent
mal-à-propos de l’air aux plantes , & quelquefois
même les laiffent à découvert ou ferment
les vitrages, quand ils doivent être ouverts, ce qui
fait beaucoup de tort aux jeunes plantes.
On prépare la terre pour lés plantes; & c’efl
en cela que les Jardiniers Hollandois & Allemands
font très-experts. Le mélange ordinaire
eft un tiers de terre grade, un tiers d’écurément
dé fôffés ou d’étangs , & un tiers de fumier fort
confominé & réduit en terreau ; le tout doit
être bien mêlé & mis à part, une année avant
de s'en fervir : on le remue fouvent pour l’ameublir
& le bien façonner.
La compofition de terre qui réuffit le mieux
en Angleterre, eft dé deux tiers de terre graffe
& légère , avec un tiers de fumier de vache bien
réduit en terreau, en. mêlant & façonnant le
tout enfemble, une année avant de s’en fervir y
de manière que l’Hiver & l'Eté puiffent paffer
deflus, & en obfervant de la remuer fouvent,
& de ne' pas y laiffer croître de mauvaifes herbes. '
On trouvera cette méthode aufli bônne que toute
autre.
Comme les plantesde mêlons réunifient mieux,
lorfqu’elles font tranfplantées jeunes, il faut
amauer une quantité de fumier proportionnée
aux couches que l’on veut faire, en comptant
quinze bonnes brouettes pour chaque chafiis ;
on le remue deux ou trois fois, tel qu’on le
trouvera dit à l’art. Concombres. Quinze jours
après, lorfqu’il eft en état d’être employé, on
creufe la couche pour l’y placer. Cette couche
doit être plus large que le chaflis, & d’nne longueur
proportionnée au nombre de pieds que
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Ton veut élever. Quant à la profondeur, elle
doit être félon que le fol eft fec ou humide. Dans
une terre sèçhe., elle ne doit pas avoir moins
d’un pied, ou d’un pied & demi ; car plus elle
eft profonde, mieux elle réuflit, pourvu qu’il
n’y ait rien à craindre de l’humidité. En mettant
le fumier dans la couche, on doit le bien mêler
& fuivre en tout la méthode que nous propo-
ferons à l’article Congomrres. Lorfque cette
couche eft faire, on place les chaflis deflus ,
pour en attirer l’humidité, & on ne la couvre
de terre que trois ou quatre jours ajirès, lorf-<
qu’on s’apperçoit qu’elle eft au degré de chaleur
néceffaire; car les couches; Nouvellement faites1,
font quelquefois fi ardentes qu’ellés brùleroient
la terre qui fe trouveroit deftiis , & alors il 'vau-
droit mieux ôter cette terre brûlée , dans laquelle
les plantes ne profiteroient jamais. .
Dès qué la couche eft parvenue au degré dé
chaleur qu’il lui fau t, on la couvre de terre
feulement à Fépaifleur de deux pouces, excepté
au milieu de chaque chaflis, où les plantes doi-
; vent .être'placées ; car il faut élever , dans cet
| endroit, une butte de terre au moins de quinze
pouces de haut, terminée en cône tronqué.
Deux ou trois jours après que l’on aura mis U
terre fur la couche , elle fera allez échauffée
pour recevoir les plantes ; alors on lesrrànfplante
îe foir , & , s’il eft poffible, quand il fait un
peu de' vent : on enlève foigneufement léà plantes
avec un tranfplantoir, pour ne pas déranger les
racines', car fi elles étoient endommagées, elles
feroient long-tems à reprendre & refteroient
prefque toujours languiffantes. Le melon eft plus
difficile à tranfplanter que le Concombre , lur-
tout le cantalôüp qui eft long-tems à prendre
vigueur, s’il n’eft pas tranfplanré aufli-tôt que
paroît fa troifième feuille , que les Jardiniers
appellent rudci Àinfi, lorfqu’il arrive que lés
couches ne peuventpoint être prêtesàle recevoir
pour ce tems, il faut mettre chaque plante dans
un petit p o t, tandis qu’elles font jeunes, & les
plonger dans la couche chaude où elles doivent
être placées, ou-bien dans quelques couches de
Concombres, pour les faire avancer. Lorfque la
couche eft en état, on les tire des pots en motte,
& fans leur donner aucune fecouffe. On préfère
cette dernière méthode pour les cantaloups ,
parce qu’il ne doit y avoir qu’une feule plante
fous chaque chaflis; & s’y prennant ainfi, on
eft afluréqu’elleréuflira. fans avoir befoin d’en
mettre plufieurs enfemble, comme on a coutume
de le faire pour les melons ordinaires. Lorfque
les plantes font placées fur le fommet de buttes
de terre, on les arrofe légèrement, ce qui doit
être répété une ou deux fois après, jufqu a ce
qu elles aient pouffé de bonnes racines ; après
quoi, elles exigent rarement d’être arrofées :
car trop d’humidité moifit le pied, le pourrit
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jufqu’à .la racine; & l’empêche de produire de
bons fruits. ■ - ' , . . S ,
Quand les plantes font bien enracinées dans
les nouvelles couches, on y met une plus grande
Quantité fie terre, en commençant autour des
JSurtes où font les plantes, pour procurer aux
racines les moyens de s’étendre; en y mettant
de la terre de tems en tems, on la preffe le
plus qu’il eft poffible. Lorfque toute cette terre
eft placée , elle doit avoir au moins un pied &
demi d’épailfeur fur toute la couche : mais il
faut avoir foin d’élever le chaflis de manière que
les vitrages ne foiént pas trop près des plantes,
de peur qu’elles ne (oient brûlées par le foleil.
Lorfque les pieds, de melons ont pouffé quatre
feuilles, il faut pincer le fommet de la plante,
en obfervant de ne pas l’écorcher ; ou le couper
net avec la ferpette, afin que la plaie fe referme j
plutôt. Cette opération leur fait pouffer dés ;
branches latérales, qui produiront du fruit. Ainfi,
lorfqu’il y a deux, & même un plus grand nombre
de ces branches, on les pince auffi, pour leur
en faire pouffer d’autres que lçs Jardiniers appellent
çoulans, & qui fervent à couvrir la couche.
La manière de traiter les melons étant à-peur-
prèsla même que celle qu’on emploie pour les
Concombres, je ne répéterai point ic i. ce que
l’on;trouvera plus amplement décrit à cet article ;
j’obferverai feulement que ,les melons exigent
beaucoup plus d’àir.& moins d’arrofemens que
les Concombres, & que l’eau qu’on leur donne ,
doit être répandue à une certaine diftance du
pied. .
Si les plantes réufliflènt bien , elles couvriront
toute la couche & s'étendront jufqu aux cadres
en cinq ou fix femaines de tems. ; alors il faudra
creufer la terre entre les couches, ou autour de
la couche, s’il n’y en a qu'une ; y faire une tranchée
de quatre pieds environ, auffi profonde
que la couche , & y mettre jufqu’à cetre hauteur
du fumier, chaud qu’on preffe & qu’on foule
aux pieds : .on lé couvre ,enfuite avec la même
ierfe que celle de la couche , jufqu'à Fépaifleur
d’un pied & demi, & même davantage, & on
la ferre autant qu’il eft poffible. Au moyen de
cela, cette couche fe trouvera avoir douze pieds
de largeur, ce qui lui eft abfolument néceffaire ;
car les racines des plantes s’étendront & rempliront
entièrement cet efpace. Sans cette précaution
, il eft ordinaire de voir ,les branches fe
flétrir avant que le fruit foit parvenu à fa grof—
four, parce que les.racines, ne pouvant plus
s'étendre, fe ramaffent fur le côté des cpuches ,
dans le tems que le fruit commence à paroître ;
&, faute de nourriture, les extrémités des branches
fe défsèchent bien- tôt par Faétiondp foleil
& de l’air : ce dont on. s’apperçoit dans peu
par le dépériffement des feuilles , quij fe fanent
pendant la chaleur du jour. Dans ce cas, lés
plantes vont toujours en déclinant J les fruits
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ne peuvent , plus prendre d'accroiffeinent ; &,
s’ils parviennent à leur maturité , ils n’ont que
trés-peu de chair, & font farineux & de mauvais
goût, au lieu que les plantes bien conditionnées, & auxquelles on a donné le fupplément de
nourriture qui leur eft néceflaire, îe confervent
vertes• & vigourénfes,. jufqu’à ce que les gelées
les détruifent, & fournilfent une fécondé récolte
de.; fruits, qui parviennent quelquefois à
bonne maternité ; mais les premiers fruits font
toujours excellens & d’une groffeur plus con—
fidérable que les,melons ordinaires ; leurs feuilles V
font fort larges & d’un verd foncé , qui annonce
la plus grande vigueur.
En élargiffant les couches, comme il vient d’être
d it , on fe procure un nouvel avantage , en ce
que le fumier que l’on met furies côtés réchauffe
celui de la couche , & fait un très - grand bien
aux plantes, qui • commencent alors à pouffer
leurs fruits , fu r - to u t lorfque la faifon eft encore
froide , comme cela arrive, fouvent dant
des pays comme l’Angleterre , la Hollande & l’Allemagne
, vers lç moisde Mai. Lorfque les plantes
ont rempli les chaflis & demandent plus d 'ef-
pace , on élève les cadres' avec des'briques de
trois pouces d’épaiffeur , pour donner la liberté
aux branches de couler deffous. Si les plmtes
font fortes ; ces branches s’étendront de fept à
huit pieds de chaque côté, ce qui exiger oit plus
de place, & obligeroit à retrancher une plante fur
chaque couche ; car , lorfque les branches font
trop touffues, les fruits fe nouent rarement bien,
ou tombent quand ils ont atteint la groffeur d’un
oeuf; c’eft pourquoi les châfiisdeftinés à contenir
des melons doivent avoir au moins fix pieds de
largeur.
Il n’y a point de partie du jardinage dans laquelle
les Praticiens diffèrent plus que dans la
culture dès melons, parce qu’on ne trouve dans
ries livres aucune règle fùre, d’après laquelle on
puiffe fe diriger ; e’eft pourquoi je vais expofer
en peu de móts, ce qui eft néceffaire pour
réuflir.
J’ai déjà parlé du pincement des plantes, quand
elles commencent à pouffer, pour fe procurer
des branches latérales que le Jardinier appelle
coulans. On réitéré cette opération fur toutes
celles qui fe montrent, parce c’eft fur ces branches
que le fruit doit être produit ; mais, lo r fqu’il
en a un nombre fuffifant, il ne faut plus les
arrêter, mais attendre que le fruit fe montre j
il pouffera bien tôt en abondance ; alors on exa- '
minera avec foin les branches trois fois la femeine,
pour rêcOnnoître les fruits. On choilïra fur chaque
pied' celui qui eft le plus près du pied , qui a le
plus gros pédoncule, & qui paroît devenir le plus fort ; on retranchera tous lés autres qui peuvent
fe trouver fur le même coulant, & l’on coupera
auffi l’extrémité dp couiam au troifième noeud