
connus, & dont le développement peut fixer les
idées fur les maladies des grains.
CHARBON, maladie des grains.
Dans la diverfité des noms adoptés par les Auteurs
& les Cultivateurs , pour défigner les maladies
des grains, j’ai cru devoir me conformer à
l’ouvrage de M.'Tillet, qui en a affigné de convenables
à chacune , & a établi cntr’elles la
meilleure diflinélion. M. Duhamel, dans la dernière
édition feulemént de fes Elémens d Agriculture.,
s eft fervi de la même nomenclature,
qu’ilferoit à defirer qu’on perpétuât, afin que
déformais on puiffe s’entendre-, car; fi j’ofe le
d’ire, les cfiangemens de noms, en Botanique,
ont jetté beaucoup .de confulion , ce qui n a pas
peu contribué à retarder les progrès de, cette
Science.., ~ î- - •
Le Charbon, appëllé vulgairement nielle, attaque'différentes
plantes -, favoir, le.froment, l’orbe
le.millet, le maïs, le panis,le forgho, l’avoine &
beaucoup d’autrès. Les ravages qu’il exerce étant
bien moindres dans le froment que dans l’orge, le
millet, le maïs & :favoine, ce n’eft que lur cès dernières
plantés que j’ai pu faire des obfervations
& des expériences capables de m’éclairer , &
peut-être de me tendre utile. Je tracerai
donc rapidement tout ce que cette maladie a de
particulier dans le fromènt, me réfervant de m’é-
lëndre davantage quand il s’agira des autres, & ,
lur-tout de l’avoine, qui y efi le plus fujette, dans
les cantons où j'ai fait mes observations.
Du Charbon 'dans U froment.'
Lorfqüeles épis du froment fortent de leurs foitr-
reaüx on en voit qui paroiffent noirs, comme s’ils
avoientétébrûlésparle feu,& qu’on diftingue à une
certaine diftànce-,ce font des épis charbonnés. Hue
lubfifie de leurs bâles & dès arrêtes, que des débris
informes , de couleur blanchâtre, qui s’entrelacent
dans des amas de pouffière -, quelquefois,
mais rarement, les épis font enveloppés d’une '
pellicule femblâble aux fpathes des liliacées. La
pouffière, infenfiblement, fe fèche, fe délaie à la
pluie & fe difpérfe, en forte que long-tems avant
la moiffou, il ne refte plu? que le. fupport, ou'
plutôt que lé fquelette de'l’ë.pï. Quand lâ’feuîll^
lupèrieure d’uné tige' eftpanachée de jaune/&'dé
verd,' :& fècKe à Tdn extrémité , on peut* prévoir'
qu’iDeri fortira un épi: charbonné. Ce , pne
fois reconnu, ne m’a jamais tronïpé/''’ L
J’ai toujours peniiéque des fouches, qui por-
toient des tigesUh.âfbùûfaéès', fi’en portoient pas
d’autres car fouvent, ,j’ai .airraché-de^. pieds -qui
femblbieqt avoir donné naiffance à-JHes épkfains^
ÿ à'des ibis 'malades,,' % je ; me fùiVapperçu .que
"ê’étoitftes pieds! .différens p dont le? ;raçjn.esj s’ér
toient îinèlé,es 8t rqfinie.s par l,e, moyen la terre.
Cependant Al. Tiliét . sflurç f qu’un même^pied
produit des'épis fains &des épis charbonnés,, quelf
quefois même des épis cariés. Cette observation
peut être plus exaéte que la mienne. Ce qu il y
a de certain, c’eft que les pieds fains donnent
plus de tiges que les pieds charbonnés, fur lefquels
il y en a rarement au-delà de deux ou trois. Les
feules.tiges principales font apparentes. Car les
fccondaires; ou tardives, n’ayant pas la force de
nionter, relient au bas des. autres, dans un état
de cïépérifiement. Si on ouvre ces, dernières,
quand elles font en fourreaux , on y trouvé des
épis charbonnés, lefquels examinés alors, paroif-
fent comme couverts de moififfure.
Une tige.de froment charbonné, fi on la tire
fortement, fe fépare au premier noeud fupërieur :
l’extréniité voifine du noeud a legoût fucré, comme
les tiges du froment fain ; ce qui paroîtroit annoncer
que la fève, en paftant dans la tige, n’eft
point altérée. Il y a des épis qui font en partie
charbonnés, & en partie fains, de manière que
la partie charbonnée eft toujours le plus près de la
tige -, quelquefois même on voit des bâles à moitié
converties en pouffière de Charbon-, la partie
faine renferme des fleurs qui fe développent, &
porten t des grains capables de parvenir à maturité,
plus petits .cependant que. ceux des épis fains.
Car, dans ce cas, la tige s’élève, & croit encore plus
ou moins après que lesépîs ont paru; mais, à cette
'époque, la végétationeftjprelque finie dans^Ies
tiges, qui portent des épis entièrement charbon*
nés. Ces dernières ont , en général, -moins de
grofleur que celles du froment fain on remarque
, même qu’au lieu d’être droites, elle forment des
fin unifiés dans la partie qui approche le plus de
l’épi. J ’ai trouvé des épis attaqués-de cette Maladie
dansdifférens terrains, àdiverfes expofitions,
dans des fromens foi,blés, & dans des fi ornons vigoureux
-, plus particulièrement dans le bled de mars.
Je foupçonne que le froment barbu y eft moins
fujet que le froment raz, parce qu il n y avoir pas
un feul épi charbonné, dans fept planches que. je
: cultivois en froment barbu, de différentes provinces,
tandis que dans un grand nombre d autres
i planches de froment raz, enfemencées en même-
, tems, & de la même manière, il y en avoir plu?
ou moins.
Du Charbon dans forge.
On ne diftingue pas de loin un épi d’orge charbonné:,
comme on diftingue celui du froment ; car
■ il n’eft pas auffi noir. La .pouffière du froment char-
: bonné a .une couleur plus fombre, & n’eft en tre-
! mêlée que de quelques débris-de bâles & d’arrêtés;
! celle de l’orge eft prefqu’e-B fièrement recouverte
• de portions d’arrêtés &ide bâles-, qui dans l’ef-
i pèçe la ph]s çommune de ce genre de plantes,
• font .fi.adhérentes .,aux grains, «qu’elles en font
:• pa^tie;: efte eft auffi plus feprëé , plus: réunie, en
: petits aipas, & plus 'rapprochée- du fupport de.
l’épi, .en, forte qu’on là prendront pour d^Ja-é^r/V,
fi elle, en -fvoit-rddéurj ^ fi,’chaque petit aimas,
au lieu de confienter la forme de grain , n étoit
applati & irrégulier ; il arrive de-là que le vent
la-pluie ne la djfperfient que très-dïfliciiement :
d’ailleurs, depuis que l’orge épie, époque ou le
Charbon paroît, juiqu’à g maturité, il s’écoule
moins de’ teins, que depuis que le froment épie
jufqu’à ce qu’on le coupe. Auffi appiuçpit-on
rarement des fquelettes d.prge charbonnée ,.dont
les épis parviennent prelque tous entiers à la
grange., , v u
Qu’on développe des fourreaux d orge charbon
née , avant que les épis en foient for ns, on
y trouvera les arrêtes repliées fur les petits .amas,
de pouffière, qui occupent la place des parties de
la fnt édification; cate pouffière eft d’un brun plus:
verdâtre à l’extrémité de. l’épi, la plus voifine de
la tige ; &. dans tous-,les épis, à proportion de ce
qu’ils font plus jeunes & plus éloignés du moment
ou ils doivent fé montrer.
Les pieds d’orge charbonnés,- plus tardifs &. plus
- lents que les pieds fains, portent rarement plus
de deux épis; ordinairement ils n’en ont quun:
je n’ai point vu fur un même pied des tiges faines
& des tiges cliarbonnëes ; il y a des épis, dont
une partie eft faine & l’autre charbonnée, comme
il s’en trouve dans le froment ; celle - ci en inférieure;
celler-là produit des grains, qui mûrif-
fent & qui font plus petits que ceux des épis fains :
on trouve auffi'des bâles à moitié détruites par le :
Charbon.
On rencontre des épis charbonnés dans toute
efpèce de champs d’orge , foit qu’on les ait en -
femencé en eféourgeon- ou orge d Hiver, foit
que ce foit en orge printanière ,; quarrée ou à
deux rangs.. J’ai eu oeçafion de l’obferver en cultivant
plufieurs efpèces d’orge, qui rn’avoient été
envoyées de différens pays, même très-éloignés les
uns des autres. N
Toutes chofes étant égales d’ailleurs , plus la fe-
mence a été enterrée profondément, plus il paroît
d’épis d’orge charbonnés.'Les Habitans de la campagne
le prétendent, & leur prétention eft fondée ;
car ayant été affuré que , par une circpnflance
ibutile à détailler, la femence de la partie d’un
champ d’orge avoir été répandue fur le guéret, &
enterrée à la charrue , & par conféquent profondément,
j’ai fait ramaffer fous mes yeux, avec
exaélitude, tous les épis charbonnés qui s’y étpient
formés , &. féparément ceux d’un efpace égal &
contigu, dont la femence avoif été enterrée à la
Berfie ; c’eft-à-dire, fuperficiellement. Le premier
terrain a produit cinq cens vingt-h.uit. épis char-
bonnés, & le fécond , Ceulemeüt^cent douze, pu,
à - peu - près les quatre cinquièmes fte moins.
Cette différence , cpnfidérable fans doute , .ne
peut-pas être attribuée à la différence d’engrais,
çie terrain & dé femence, puifque' c’étoit clans
le même champ , fumé de la même manière;
êç e'nfemencé avec la même orge. On trouve auffi
une plus grande quantité d’épis d’orge charbonnés
au tour des Fermes & des Villages, où l ’on croit
devoir prendre la précaution d’enterrer la fè~;
mence à la charrue, afin que les poules & autres
volailles ne la mangent point.
Du Charbon dans le millet..
Je n’ai trouvé nulle part la deféripnon du
millet charbonné. C’eft d’après mes propres obfervations
que je ferai connoître les- détails de
cette maladie. ' .
En *785, j’ai remarqué, pour la première fois
qu’il y avoir du millet charbonné dans plufieurs
planches, eiffemencéesen millet de différens
au milieu d’un grand nombre d’effais, que je fai foi s
à'Rambouillet. Ob,ligé( de furveiller à-la fois une
immenfité de cultures,' je ne pus prendre qu’une
idée imparfaite du millet charbonné. Les ordres,
que j’ai donné de mettre à part les planches où il
y en avoit, & fur-tout les épi> charbonnés , furent
négligés ou mal exécutés. Ayant refemé encore
du millet les années fuivantes, j’en revis de charbon
nés ; mais il ne fut plus poffible de favoir d’oir
étoient venus les premiers, .ce qui m’auroit paru
tr'ès-intéreffant. Enfin, au mois de Mai 1790,
ayant tranfporté én Beauce du millet, récolté à
Rambouillet, & l’ayant femé dans un jardin, il
me parut avoir beaucoup d’épis charbonnés. Je
profitai de l’occafion pour étudier cette maladie,
& recueillir toutes les ciconftances qui i’accompa
; gnent. . .
Troisfignesannoncent leCharbon dans des pieds
de millet; i° La couleur jaune de l’extrémité de
la feuille fupérieure ) ce figne eft le même que
pour le froment charbonné. z.* Le velouté des
-'feuilles & des tiges, plus confidérable dans les
pieds de millet charbonné que dans ceux du millet
fain. 3.0 Le peu de progrès que fonr ces riges en
élévation. La différence en eft telle ,qu en îypo, ■
toutes les. bonnes tiges d’une planche de millet
fain, ayant trois pieds & demi de haut, celles
du millet malade n’av'oient que deux pieds.
Les racines du millet charbonné font abfolu-
ment femblables à celle? du millet fiain. Elles font
fortes, bien nourries & très-longues ; communément
elfes ont huit pouces de longueur. On 11’y
âpperçoit ni moififfure,ni trace d’érofion d’inft éles.
La conformité fe trouve dans les tiges jufiqu à
une certaine hauteur. .Seulement celles du înillet
charbonnéfontun peu plusgrêles. J ’ai quelquefois
trouvé dans leur intérieur de petites portions d’une
' fubflance grifè & noire. Les noeuds y font près les
: .uns des autres, & d’autant plus près qu’ils .approchent
davantage.des épis. Vers l’épi, la tigen’elt
plus droite. ', ■ / .,, ; ^ . :
Le millet charbonné , comme le millet lam ,
talle beaucoup & fe fubdivife en rameaux. Il eft
difficile de juger fi les groffes touffes font le produit
d’un feul grain ou de plufieurs, dont les racines
fè. font enlacées les unes dans les autres. Pour s’en