
tab. I , fig, II de F Ouvrage çité ). Ils font en- ?
trelacés étroitement entr’eu x , & m’ont paru très-
-ferrés entre deux membranes fort min,ces, qui
confli tuent les deux furfacesde la feuille. Pour
voir diflir élément ces chapelets, il faut éparpiller
une feuille fous l’eau, & placer les bords
déchirés dans une goutte d’eau au foyer d’un
microfcope très-fort. En plaçant quelques feuilles
oty membranes de cette ti emelle dans de l’eau j
diflillée, après les avoir bien lavées dans june
pareille eau, pour en fëparer tout infeéte ou
autre corps, on trouve, après quelques jours,
toute l’eau remplie de corpufcules ronds qu’on
ne fauroit diftinguer de ceux qui fe trouvent
dans l’éau dans laquelle on aura mis de notre
Conferve de ruifleaux.
Si, par tout ce que j’ai dit jufqu’ici, il paroît
vraifemblabié que la matière verte de Prieftley,
la Conferve'des ruifleaux & la tremelle noftoc
ont beaucoup de,rapport entr’elles, relativement
à leur origine, il reliera toujours un problème
affez difficile à réfoudre, pourquoi la matière
verte , quelque maltraitée qu’elle foit, même
réduite en marmelade, continue - t— elle toujours
de donner également bien du très - bon
air déphlogiftiqué au foleil, pourvu qu’elle n’ait
pas été féchée , tandis que la Conferve desruif-
feaux, ainfi que la tremelle noftoc, réduites en
marmelade, perdent to u t -à - fa i t leur faculté
délaborercetainpoarquoi aufti cette même Conferve
, comme la matière verte de Prieftley &
la matière verte granuiée que j’ai décrire plus
haut, perdent - elles, pendant quelque tems,
toute vertu de produire de l’air vital, tandis que
la tremelle noftoc , quelque sèche qu’elle fo it ,
reprend d’abord dans l’eau fa faculté d’élaborer
cet air ?
La plupart desPhyficiens,qui ont afîifté âmes
expériences fur les Conferves, ont été frappés
ep voyant que les corpufcules verds & ronds
dont les filamens de la Conferve fe trouvent
comme farcis , prenoient un vrai mouvement
vital, parce qu’ils’enfuivroità ce qu’ils croyoient
qu’un végétal pourroit fe changer en animal,
fans paffer par des m c t a m o rphofe's intermédiaires.
La furprife de ces Meilleurs, fut encore plus
grande, lorfque je leur fis obferver que les globules
de la Conferve des ruifleaux, après avoir
manifefté une vie animale très-fenfible, re-
produifoient dans la fuite une nouvelle Conferve
, ou une tremelle. On peut , à la vérité,
faire une objeéfion de grand poids contre l’animalité
de ces corpufcules ronds de la Conferve,
parce que toute matière corruptible,, foit
animale, foit végétale , étant infufée dans l’eau ;
produit des in fe êtes qu on connoît fous le nom
d’animalcules d’infulion. On pourroit dire que
la Conferve réduite en marmelade & mêlée avec ;
de l’eau , doit donner naiflance aux mêmes animalcules
d’infufîon qu’on pourroit confondre ]
avec les globules de la Conferve. C’étoit la première
objection que je me fu s faite à moi-mètre
dès que je m’occupois de ces recherches. Voici
comment je procédois pour voir clair dans
Cette affaire. La Conferve ayant été lavée plufieurs
fois avec de l’eau diflillée, parce que l’eau crue
contient toujours quelqu’infeéte, fut coupée
avec des ci.feaux, en particules aulTt fines que
polfible, au point qu’elle préfentoit une efpèce
de marmelade, je délayois cette marmelade avec
une quantité fumfanre d’eau , je la plaçois dans
un val'e, qui fut exprès couvert d’un morceau
de verre pour empêcher à la pouflière d’y péné-
trer , & expofé à la lumière dans un endroit
où le. foleil ne pouvoir pas l’échauffer trop. En
examinant les parties de la Conferve ainfi préparées
au microfcope, on s’apperçoit que quelques
fragmens des tubes de la Conferve font encore
farcis de globules; qu’un grand nombreell
entièrement vuidé, & que d’autres enfin ne font
vuides qu’en partie. On peut alors fe convaincre
que les tubes de la Conferve font fans couleur,
& que la couleur verte ne leur vient que des
animalcules ou corpufcules verts , & de la glu
dont ils font enveloppés. Toute l’eau qui en efî
devenue verte, paroît remplie de ces corps ronds
& verds, enveloppés dans U fubftance gélatineufe,
qui a été exprimée de ces tubes avec les corpufcules
ronds. On ne vo it, pour l’ordinaire,
aucun de ces corpufcules fe mouvoir au-commencement
: tout y paroît dans une parfaite
tranquillité. Si la faifori eft favorable à l’expérience,
on voit déjà dès le lendemain plufieurs
de ces corpufcules en un mouvement d’ofcilla-
don ou de balancement, fans changement de
place ; le jour aprèsee mouvement devient plus
fenfible. Le trois ou le quatrième jour, un grand
nombre de ces petits corpufcules changent continuellement
de place, & le fix ou le feptième
jour , dis paroifient avoif acquis un mouvement
manifefte & vital, s’entremêlant, comme le font
tous des animalcules infnfoires. L ’époque de leur
vitalité n’eftpas toujours la même, cela dépend
en partie du degré de chaleur le- plus approprié
à leur ievification (degré qui n’eft1 pas ailé à déterminer
) , & en partie de la plus ou moins grande
ténacité de la gelée qui enveloppe ces animalcules
; Car , fi cette gelée a trop de confiftance,
elle retient les animalcule* affez fortement pour
ne leur permettre aucun mouvement; ellere-
fufe d’ailleurs à fe diffoudre dans l’eau dès qu’elle
eft trép épa.’ffe, & , pour cette raifon, la Conferve
à filamans épais , d’un verd foncé & rudes
au taét, n’eft pas fi propre à cette obfërvation
que celle dont les fibres font plus minces, plus
molles, plus flexibles, plus tranfparentes& d un
verd moins foncé. La gelée qui enveloppe les
globules dans cette Conferve fixe, eft beaucoup
moins tenace , & fe délaie affez facilement dans
l’eau, pour ne pas empêcher le mouvemeitf
italdes InT-étes revivifiés. Cesinfeéles paroiffent
, £tre peu-près comme les oei#’s fécondés
dans le frai des grenouilles*, & ils s’en dégagent,
lorfqu’ils ont reçualfez de force ,'vitale pour rom?
pre leur barrière, ou lorfque la glu a piis .affez
de ténuité pour ne plus s’oppoler à leur mouvement.'''
. _ .
Les Phyficiens , qui ont bien voulu luivre
avec moi les progrès de ces expériences / ont
été à la fin tous perfuadés que les mêmes cor- ■
pufcules, qui étoient fans mouvement peu après ;
avoir été exprimés des tubes.de la Conferve , ma-
nifeftoient un mouvement vital très - fenfible ,
quelque tems après, & que ce ne pouvoir être •
qué ces mêmes corpuft.ulep identiques ; car,
fi c’étoit des animacules d’infufion nouvellement
produits, on ne leur trouveront pas toujours la
même figure qu’au globule de la Conferve, &
on y trouveroit encore ces mêmes globules fans
mouvement. Mais, comme au-bout de quelques
jours, aucuns des anciens globules fe trouvent fans 1
mouvement , tons Tes Obfervateurs, qui ont
fuivi mon expérience chez moi, étoient dsac<-
cord avec moi, que les~ globules dont font remplies
les Conferves, font de vrais animalcules
(ou peut-être des oeufs ou des enveloppes:
d’animalcules) , qui ne paroifleni morts dans
les fibres de la Conferve que parce quils ne
peuvent fe mouvoir étant enveloppés d une glu
trop tenace , &. qui étant dégagés de cette entrave,
reprennent un mouvement vital manifefle. J ’ai
obfervé quelquefois que, dès le quatrième jou r,
ees corpufcules étoient prefque tous en vie.
Je crois qu’un degré de putréfaction que fubit
cette gelarion la diffout, & dégage ainfi les animalcules
des entraves qui avoient empêché leur
mouvement ( i ).
Je conçois trop ia force des préjugés une fois,
enracinés dans l’efprit, pour vouloir prétendre
entraîner tous les Phyficiens dans mon opinion ,
& je me fuis mis très - peu en peine, lorfque-
j’ai rencontré des perfonnes qui fe refufoient
à examiner à fond mes expériences, étant une.
fois prévenues de l’impoflibiiité du fait. J ’ai mis
ces Phyficiens dans le même rang que ceux q u i,
jufqu’à préfent, n’ont pas' pu obtenir fur eux
même le petit facrifice de quelques heures, pour
effayer l’influence méphitique noéturne dès vé-
~ gétaux fur l’air en comaét avec eux, en fou-
meuant cet air aux épreuves, pour reconnaître
l’exaèt degré de fâ borné. Je les coufidère comme
teints d’une efpèce de fanatifme déplacé , qui
( i ) C e qui eft très en fav eur d e .e e que M. Ingen-
»oufz d it fur la nature animale de la C o n fe rv e : ce fönt
’es réfultats qu’ il en a conftamment obtenu par l’analyfe
chimique : la C o n fe r v e aufli-bien que la tremelle dont
il a été queftion phifieurs f o i s , fourni lloient toujours ïes
mêmes productions que l ’on o b t ien t ordinairement des
fiibftances animales. | Voyc\ Ingenhoufz , nouvelles e x périences
& o b f c iY a t io n s .V o l . i l , S eélion X ., p ag . n j ) ,
rend trop fou vent l'homme prefque invinciblement
attaché.aux .opinions qu’il a pris pour certains
dogmes <k qui lui inl'pire même quelquefois
une averfion pour examiner les baies d’une
opinion qui lui paroît incompatible avec les
notions qu’il a déjà reconnues pour infaillibles.
Vos ci encore une obfërvation que j’ai fait*
très-fou vent, & que je n’ofe cependant préfenter
comme abfolument fondée, malgré le témoignage
de mes yeux, & quoique, ceux à qui je
P ai fait voir, fuflènt perfuadés de l’exâélitude
de mon expérience : c’eft que les fibres ou
vaifîëaux de certaines plantés, fruits & racines,
fê changent , dans .certaines circonftances, en
fibres verres qui reffemblent, en quelque façon,
à une efpèce de Conferve. Il m’a paru les voir
le plus manifeftement dans lé parenchyme des
pommes de terre. Pour faire cette expérience,
je les expofe au foleil, dans Ueau, coupés en
gros morceaux ; au bout de quelque tems, un©
des folurions putrides commence à fe manifefler,
l’eau devienr trouble, enfuite verte. Cette couleur
verte eft entièrement produite par des animalcules
la plupart ronds, les mêmes que ceux
qui font l ’orig ne de la .matière verte du D.
Prieftley , comme il en convient lui-même dans
les Ouvrages ( Voye\ vol. ç, pag. 4 9 ) , ou il
propofe même cette méthode comme la plus
expéditive , pour produire la matière verte en
abondance. La partie du parenchyme de la pomme
de terre , qui fe trouve la plus expofée à la
lumière folaire , devient aufti verte ; & cette couleur
pénètre .la fubftance jufqu’à une certaine
profondeur. Si on examine la fubftance verte
avec un bon microfcope, on trouva quefouvent
elle eft en grande partie fibreufe, & que ces
fibres font des continuations des fibres , qui
conftituent la fubftance ou le parenchyme de la
. pomme de terre; de façon qu’on peut, en fui-
vant ces fibres d’une extrémité à l’autre, obferver
que l’une de leurs extrémités eft verte, tandis
que l’autre eft encore blanche on grifâtre, &
fe perd dans le parenchyme de la pomme de
terre. On n’obferve pas toujours ces filamens
verds, parce que fi ia putréfaction eft très-forte,
tout le parenchyme Te change en matière putride
, & les fibres fe trouvent diffoutes & détruites.
Cè’ n’eft que dans un degré de putréfaction
modérée, qui laifle les fibres dans leur entier,
qu’on peut les obfervei ; il eft cependant très-
difficile de modifier toujours ce degré de putréfaction
au « point convenable', & le hafard a
prefque toujours plus de part à la réuflite de
cette expérience1, que les foins de l’Obfervateur.
En expofant ces fibres vertes au foleil dans de
l’eau de fource , elles four ni fient bien-tôt un air
vital , & m’ont paru s’alonger & devenir une
Conferve à filamens fort minces. Cependant je
ne donnerais pas ce dernier fait comme incon-
< teftable 3 car nous voyons fouvent naître , des