
lui-même. Le fumier fut d’abord employé en
Grèce par Aug'tas, Roi diElide; Hercule, après
lavoir détrôné, apporta cette découverte en Italie,
où 1 on fit un Dieu du Roi Sterculus, fils de Fau-
nus. 99
« Dans le détail des engrais / Virgile recommande
principalement les fèves, les lupins, la
vefee •, il eft perfuadé que le froment vient avec
fuccès j après la récoke de .ces fortes de grains ,
capables de bonifier la terre , loin de l’épuifer ,
comme feroient d'autres efpèces de légumes. Les
chaumes brûlés après la inoiffon, font encore,
fuivant fon opin ion , très-propres à fumer les
terres, parce que leurs cendres y laiifent de nouveaux
'principes de fécondité. »
tc Columelle diflingue trois for tes d’engrais, dont
1 ufage lui a voit paru le plus capable de bonifier
les rerres ; i .“ lesexcrémens dés oifeaux >2.° ceux
des hommes ; $.° ceux du bétail ; la fiente de pigeon
étoit, félon lu i , le meilleur ; enfuite celle
de la volaille, excepté celle des canards & des oies.
En employant les excrémens humains, il avoit
foin de les mêler avec d’autres engrais*, fans cette
précaution leur grande chaleur auroit éténuifible
à la végétation. Il fe fervoit de l’urine croupie
pendant fix mois, pour arrofer les arbres & les
vignes-,les fruits qu’ils donnoient enfuite en grande
abondance , étoit d’un goût excellent. Parmi les
fumiers des beftiaux, Coluinelle préféroir celui des
ônes à tout autre ; celui des brebis & des chèvres
à la Ltière des chevaux & des boeufs; ilprofcri-
voit abfolùment le fumier des cochons , dont
plufieurs Agriculteurs de fon temps faifoient
ufage. »
-iC Varron employoit avec fuccès le fumier ra-
maffe dans les volières des grives ; les Anciens ,
très-friands de cette efpèce d’oifeaux,'les. nour-
rifioient pour les engraiifer, comme on fait aujourd’hui
des ortolans-, cetre_forte d’engrais étoit
répandue principalement fur les pâturages, dont
l’herbe étoit enfuite très-bonne pour engraiifer
promptement le bétail. Caton, afin de bonifier les :
terres , y faifoir femer des lupin s, des fèves ou :
des raves. Il employoit aulfi le fumier du bétaildes .
fermes , fur-tour lorfque la litière des chevaux ,
des boeufs, étoit faite avec les longues pailles du
froment, de fèves., de lupins, ou- avec les feuilles,
d’y eu fe , de ciguë, & en général avec routes ,les
herbes, qui croiffent dans les faufaies & les marais.
»
“ Pour fertilifer les terres froides & humides
des plaines de Mégare, les Grecs empleyoienr la
marne, nommée, lé Ion lui, argdle-blanche. Dans
la Bretagne & dans la Gaule, cet-engrais étoit aufli
connu & employé ; ce n’éroit qu’après le labourage
qu’on le répandoit ; fouvent même il falloir
le mêler avec d’autres fumiers, pour qu’il ne brû-
Jâr pas les terres, n
•« Les Anciens avoient coutume de répandre
les engrais avant de femer, ou lQrfque; les.plan tes
étaient levées ; la première méthode étoit la
fuivie. Lorfque les circonftances n’avoienf paS
été favorables pour fumer avant les-femailles, on
répandoit le fumier en pou (il ère, immédiatement
avant de farcler. Columelle confeille de tranf—
porter les engrais, & de les répandre dans le mois
de Septembre, pour lèmer en Automne : dans-le
courant de l'Hiver & au déclin de la Luné, quand
on ne feme qu'au Printemps. Dans cette dernière
circonftance, il falloir lailfer le fumier en ras dans
les champs, pour ne le répandre qu’immédiate-
inenr après le premier labour. Selon le befoin des
terres, il fuivoit la méthode d'unde fes‘Ancêtres.
Elle confiftoit à mêler la craie avec les terres fablon«
neufes , & le fable avec Iescrqyeufes. Ilobfervoit
cette pratique pour les rerreins en vigne , comme
pour ceux à froment ; rarement il fumoir les
vignes, perfuadé que les engrais, en augmentant
la quan tiré du vin, en altéroient la qualité. Quand
un Cultivateur n’avoit pas les fumiers nécèlfaires
pour l’exploitation de fes terres, il confeilloit d’y
femer des lupins, & de les enterrer avec la charrue.
99
a 4. Des Jachères. Quoique les Anciens’fufient
perftiadés que les molécules de la terre , extrêmement
atténuées par les labours, étoient l'aliment
pompé par les racines des plantes, pour
fournir à la végétation *, ils s’apperçurent cepen-.
dant que la trituration des parties terreftres
n’étoit pas toujours un moyen efficace pour procurer
aux végétaux la nourriture néceflaire à lei r
accroiffemenr. Malgré la fréquence des labours,
iis obferyèrent que ces plantes languiffôient dans
un terrein prefque Hérite, après plufieurs productions.
Quelques Agriculteurs crurent avoir'
trouvé la caufe de ce phénomène , en difant que
la terre vieilliffoit, après avoi r obfervé un terrein
abandonné & laifié fans culture, produire cependant
de mauvaif.es herbes > ils imaginèrent qu’au
Dout d’un certain temps, la terre reprenoit fa
première fertilité , & qu’elle étoit capable de
produire des végétaux, comme anparavant. Suivant
cette opnion, la terre fufceptibfe d’épui-
fement, pardes productions tropfréquentes , pouvoir
le laffer de fournir des lues aux végétaux.
L’épuifement & la laffirude furent donc confidéiîé»
comme Jn fuire& l’effet d’un culture trop continue
& d’un labourage trop fréquent, jj
u Pour obvier à ces inconvéniens, & éloigner
le terme de la vieilleffe de la terre, les Anciens ne
crurent pas que le fecours des engrais pûç fuffire.
Il fallut donc établir des jachères, ou temps de
reposabfolu ; pendant cet intervalle plus ou moins
long, relativement à la qualité des terres, elles
n’étoient ni labourées, ni enfemencées *, toute
culture ceffoir,afin de~ ne pas les forcer adonner
leurs productions. Virgile a fait des jachères un
principe important d’Agriculrure; quoiqu’il confeille
les fréquens labours pour divifor & atténuer
la t e r r e i l exige cependant qu’après avoir été
moilîonnée, elle fo it, pendant une année entière,
fans être cultivée. Si l’on ne veut pas perdre la
récolt© d’une année, lé feul parti à prendre ,
félon lu i, eft de l’enfemencer en lu p in s, fèves,
vefees ou autres légumes, après la récolte defquels
il n’y a point d’inconvénient d’enfemencer une
terre en froment, parce que ces fortes de légumes,
loin de l'amaigrir , la bonifient. »
« Columelle n’adopte point le fyftême des jachères.
Selon fon len iiment, une. terre, bien fumée
, n’eft jamais expofée à s’épuifer, ni à vieillir.
Aucun des Agronomes anciens n’a auflï bien connu
que lui le moyen propre à prévenir le dépériffe-
ment des terres. »
Méthode de Liger dans la Maifon ruflique.
L’Auteur de la Maifon ruffique n’eft point
jaloux d’établir une méthode particulière , ni de
propofor de nouveaux principes touchant J’e x -
ploitarion des terres. 11 dit « que l’on ne peut
5» donner d’autres règles à fuivre , que l’ufage
» des lieux , qu’il faut croire fondés en bonnes'
9» expériences ; fi mieux on aime éprouver la
» fertilité de fon fonds , maïs fans épargner les
» engrais, & fans vouloir opiniârrément forcer
» ou èpüifer la ten e . 99
« Les principes fur lefquels M. Liger eft perfuadé
qu’on peut établir une bonne méthode de
cultiver, fe réduifer.t :
i.° A labourer fréquemment les terres fortes
& grades, afin de les aineubler & de détruire les
mauvaifes herbes.
1 ° A donner peu de labours aux terres légères
ou fablonneufes, parce que, ayant peu de fub-
Rance & d’humidité, un labourage trop répété
les-altéreroir.
3.° A ne point labourer, lorfque la terre eft trop
fèche; fi elle eft légère, fa fubftance fe diftipe;
fi elle fo r te , la charrue ne peut point y entrer.
4.0 A améliorer les terres pardes engrais & par
le repos, afin de leur faire recouvrer les l'els
que les végétaux ont confommés. 99
« Nous ne nous arrêterons pas à développer
tes autres principes de culture de la Maifon
Raftique, ce feroit préfenter au Le&eur le ta-
fdeau des opérations, qu’il peut voir par lui—
«nême dans la plupart des campagnes. >9
« M. Liger a adopté les recettes merveilleufes,
q u i promettent les récoltes les plus abondantes,
lorfqu’on s’en fort pour préparer les grains avant
Re les femer. La plus grande confiance qu’il a
dans ces liqueürs prolifiques -, dont quelques
Agronomes ont fait ufage pour hâter le développement
du germe, & fortifier fa végétation, l’a
pqttë à croire qu’on pouvoir s’en fervir avec
fu c c è s , non-feulement pour toutes fortes de
végétaux , mais encore pou r les animaux, en
menant tremper dans ces liqueurs l’herbe ou les
grains, dout on les nourrit. « L ’effet de ces liqueurs
prolifiques e ft , d it- il, d’ouvrir les conduits
» des germes, contenus à l’infini dans la graine
de toutes ces plantes, & d’y ai tirer & animer la
” fève néceflaire pour mettre au jour tout ce qu’il
» y a de reffourçes naturelles. 99
Voici les avantages qui rélultent des procédés,
qu’il confeille de fuivre en fàifant ufage des
liqueurs prolifiques.
u 1..0 Jamais la terre ne ferepofe; z.°elle peut
39 même porter tous les ans du froment;^.0 point
99 de fumier à y mettre;^..0 un feul labour fuffit 5
39 on ne feme qu’à demi-femence ou les deux
39 tiers au plus: 6.° il faut moins de chevaux ou de
J9 boeufs pour labourer ; 7 .0 les bleds rëliftent
99 mieux aux pluies, aux vents,&c.*, 8.° ils fonte
)• moins fujets à la nielle, ( la ca rie),& ne craignent
39 point les brouillards* dans les Donnes terres,
99 les tiges font des rejetons, 3t. poulienr cre ùou-
39 veaux tuyaux pour la fécondé année ; fur ce
99 pied-là, fans labourer ni femer, on a une fe-
99 conde récolte *, io .° en fuivant les procédés,
99 que nous indiquons, pn fait la récolte quinze
3» jours plutôt. 33
D après cet exp o fé , il eft facile de juger quel
degré de confiance on doit à un homme , qui annonce
des chofes fi étonnantes ; cependant ce
même homme a très-bien vu dans une infinité
d objets d© détails, & fon ouvrage mérite d’être lu
attentivement.
Sÿfteme de Culture de Tull, Agriculteur Angïois.
« M. Tull affure qu’il a dirigé fes opérations,
& fait fes expériences fur la culture des terres’
félon les principes du médianifme de la végétation.
Cette connoiflance l ’a obligé d’introduire
| une nouvelle méthode de cultiver , qu’il cnùc
: P^JS unie que l’ancienne, parce qu’elic eft plus
analogue à leur végétation. Avant d’entrer dans le
détail de fes principes de culture, il eft à propos
de connoîrre fon opinion fur le médianifme de
la végétation en général, afin de juger de la iîav
fon qa îf «trouve entre fa pratique & la théorie
qutl établit. 99
I . Du méchanifme de la végétation. L’Auteur
confïdère les racines des plantes comme les fouis
organes deftinés à porter les focs néceftaïres à leur
accroiffement ; les feuilles comme des organes, par
lefquels elles tranfpirent, c ’eft-à-dïre, rejertent un©
forabondance de fèv e , qui poiirroit devenir nuifi-
jsle à leur végétation. Les racines font (Une les fouies
nourrices qui fourniffen t aux plantes falimem^
qui leur convient. C’eft par cette raifon que le*
labours, les engrais, les arrofeniens agi fient principalement
fur les racines , & ont un rapport immédiat
avec cette partie des végétaux. 99
« L Auteur dîftingue deux fortes de racines dans
les plantes en général, relativement à la clïredïoî.
qu elles prennent dans la terre. Il nomme les unes
pt ytâa.'itçfj Si l«s autres traçantes ; pour