
ait le front un peu convexe, les yeux vifs, à
fleur de tête, les oreilles déliées & bien placées,
les falières remplies, les nafeaux bien ouverts,
la bouche médiocre, lencolure peu chargée,
la tête haute, petite & sèche , les épaules sèches
& plates, le poitrail large, le garot bien élevé,
le rein court, le,dos uni & égal, les flancs pleins
& courts, la croupe ronde & fournie, les genoux
ronds fur le devant, la jambe large & j
sèche , le tendon bien détaché, le boulet menu, j
le fanon peu garni, le paturon gros, la couronne j
peu élevée , la corne noire, unie, luifante,' la
foie épaiffe, concave , la fourchette petite , les
crins longs & fins, la queue touffue, peu de '
poils aux "jambes, les tefiicules gros & retrouffés,
& le membre gros *, qu’il ait en outre de la fén-
fibilité dans la bouche, de la docilité, du courage
& de l’ardeur ; qu’enfin il foit fans défauts,
s’il eft poffible, mais fur-tout fans défauts héréditaires.
- ,
L ’étalon defiiné à faire des Chevaux de trait
aura toutes les qualités du précédent, avec les
différences fuivantes: il faut qu’ilaic la tête groffe
d’offemens, l’encolure forte & charnue , le poi-,
trail bien large, les épaules groffes, le ventre grand, t
fans être avallé, les "reins élevés, ,1a jambe, ■
nèrveufe & forte , Jes*jarrets larges, le fabot
fort & bien fait % on le'choifira de même fans
défauts, fu r - tout fans défauts ' héréditaires ;*
il doit avoir au moins cinq pieds de taille, pour
faire des Chevaux de carroffe , ou des Chevaux
^de greffes voitures , quatre pieds huit ou dix
pouces pour dçs Chevaux de labour. Pour être
fur de la hauteur d’un Cheval, on doit le me-,
furer à la potence & non à la chaîné , parce que:
là chaîne palliant fur la rondeur de l’épaulé,
ajoute toujours deux pouces à la taille.
Les défauts héréditaires font les yeux foibles;
les fluxions habituelles, l’haleine courte., qui finit
par la pouffe, les maux des jarrets, comme
courbes, éparvins , jardons, foras-, -&c.
Le Duc de Npwcafté & beaucoup d’autres ont
regardé la méchanceté comme héréditaire ; mais,
au haras du R o i, d’après le témoignage de M. de
Bribes, il y a eu nombre de Chevaux méchans
dont les productions étojent fort douces ; on
cite entr’autres un Cheval barbe qu on nom—
moit le bagdac * il étoit féroce a un tel point
que qui que ce foit ne pouvoit en approcher,
il n croit ni panfé, ni ferré; on le tenoit attaché
par quatre longes; tout Ion fervice fe faifoit par
les deux cales d’à côté, il n’ailoitjamais à la monte
qu’accompagné de quatre palfreniers , un panier
de fer à la bouche , les yeux.fermés par des lunettes
; il auroit mangé la jument fans cette précaution.
11 faifoit des Chevaux fuperbes pour
la figure & les qualités ; il étoit ardent & prompt
dans fon opération, auffi méchant après qu’avant ;
peu de fes produirions fe font reffemies de fon
caraÇKrç indomptable & fé'150êe, Cet, exemple
n’empêche pas qu’il ne foit plus avantageux d’employer
pour la monte des étalons dociles.
Quant à la robe , je ne crois pas qu’il faille y
avoir beaucoup d’égards. Le noir & le b a i,
avec les crins & les extrémités noirs font les
couleurs les plus communes, & le plus ordinairement
recherchées. On rejette les Chevaux qui
font d’une couleur lavée & qui paroiffent mal
teints. L’habitude que les perfonnes, qui dirigent
les haras ont du mélange des couleurs, doit
régler les affortimens ; ca r , quoique la raifon
indique qu’il peut y avoir de bons Chevaux de
tout p o il, il faut, autant qu’on peut, fe conformer
au goût des Amateurs, & à ce qui paraît le
plus généralement adopté, fur-tout,fi l’on fe pro-
pofe de vendre les Chevaux provenus des ac-
couplemens qu’on fait faire. On n’eft jamais fût
de la robe jufqu’à un certain point, car au haras
d’Hyefme, un Cheval gris avec des jumens grifes
& bais, n’a jamais, fait que des/poulains noirs ;
communément bai avec b a ie n t bai ou alézan ;
fort fouvent bai avec gris fait bai.
Il en eft des marques comme du poil, elles
$,ne tiennent & ne font rien à la bonne, ou mau-
jLva^fe^nature du Cheval; elles ne fervent qii’à
amufer le .i,vulgaire & à' tromper les ignorans.
Qu’il ait l’étoile , l’épi j le pied blanc à droite,
'• ou*à gauche , devant, ou derrière, que les balzanes
ne montent pas trop haut, qu’il ait le
chânfrain, ou la face plus ou moins grande, qu’il
ait les quatre bonnes marques, ou les fept mau-
vaifes, tout cela doit être regardé, par les. vrais
eonnoiffeurs& les gens fenfés, comme descontes;
la meilleure règle eft de juger un Cheval à la
vue , examiner s’il eft beau & bien fait dans
Toutes fes parties, puis de le monter plufieurs
fois foi - même, pour juger de fes qualités ; car
âl faut une expérience confommée, pour en juger,
en le voyant monter par une autre perfonne.
Plufieurs Auteurs prétendent que le Cheval
entier , avant d’être deftiné au fervice des jumens,
doit avoir éjé exercé au manège, ou au
travail , pour avoir la fageffe & la docilité dont
il eft fufceptible. Il feroit difficile de dire jufqu’à
quel point les qualités qu’il auroit acquifes par
ces exercices influeraient fur les poulains qu il
produirait ; mais il eft vraifemblable qu’elles y
influeraient généralement.
Il y a de bpns Chevaux de tous pays , l.é fait
eft vrai ; mais il y a des pays dont les Chevaux
en produifent plus communément de meilleurs
que les autres. Les Chevaux Arabes
font les plus eflimés de tout l’Univers ; après eux
' ce font les Chevaux Barbes, puis ceux d’Efpagne,
puis les Anglois & les Normands. Ceci a rapport
aux Chevaux- de felle pour étalons; quant aux
Chevaux de trait, on met en France au premier
rang , les Chevaux Danois, puis ies; Allemands,
les Flamands, les Auvergnats, les Chevaux Suiffes
& Grifons,& fpécialement les Normands, qu*
ont l’avantage de jouir d’une grande réputation
dans les deux genres.
, Les gens d’une grande expérience pen -
fent qu’il faut crôifer les races en France. Buffon,
d’après les écuyers & autres perfonnes qui ont dirigé,
ou foigné les haras, regardant'cette néceffité
comme prouvée, explique le pourquoi de la
manière fuivante. Il l’attribue à l’influence du
climat & de la nourriture qui, à la longue,
rendent les Chevaux exempts,ou fufceptibles de
certaines affeélions, de'certaines maladies ; leur
tempérament doit changer p eu -à - peu. Le développement
de la forme , qui dépend en partie
4e la nourriture & de la qualité des humeurs,
doit donc changer auffi dans les générations. A
la première génération, ce changement -eft in -
fenfible, parce que l’étalon & la jument, tirés
d’un pays étranger, ont pris, confiftance & leur
forme,-avant d’être dépayfés. Par conféguentla
première génération n’eft'point altérée ; la première
progéniture de ces animaux ne dégénère
pas, l'empreinte de la forme étant pure; mais
le jeune animal effuie , dans un âge' tendre & foi-
ble les influences du climat, qui lui feront plus-
d’impreffion que fur fon père &' fa 'mère. Ces
influences & celles de la n o u r r itu re à mefure
qu’il avance en âge fe font fentir, & y développent
des germes de défeéluolités, qui fema-
nifèfteront plus fenfiblemenr dans la génération
fuivante. On conçoit que la dégénéréfcence augmentera,
de génération en génération, & qu’il
arrivera une époque où les caractères de la .première
fouche feront perdus. Les- Chevaux alors
reffembleront en tout à ceux du pays. Dès la deuxième
, du troifième génération , des Chevaux
d’Efpagne, ou de Barbarie deviendront des Chevaux
François. On eft donc obligé de croifer
les races , en faifant- venir des étalons de -l’étranger,
& en les alliant convenablement &
avec précaution. Ce renouvellement, qui n’eft
pour ainfi dire, qu’à moitié ,N produit de meilleurs
effets que s’il étoit entier. Car un Cheval
& une jument d’Efpagne ne produifent pas, en
France, de fi beaux Chevaux qu’un Cheval d’E fpagne
& une jument Fiançoife. La perfection
ferait de donner à nos Chevaux entiers des jumens
étrangères. Cette double attention entretiendrait
toujours la France de beaux & bons Chevaux.
En général, le meilleur croifement fe fait par
des étalons de pays.très-diflans de celui où on les
introduit. La France étant"fous un climat tempéré
doit, pour avoir de beaux Chevaux, tirer
fes étalons des états les plus froids & des plus
chauds, même des provinces Méridionales du
Royaume, pour les provinces Septentrionales,
à vice vesâ. Cela »’empêche pas que pour la
diftribntion on n’ait égard à l’efpèee de Chevaux
gnon veut produire, & à la province où eft le
haras. En Normandie, fes Arabes, tes Barbes &
fes Chevaux anglois font l’es meilleurs à prendre
pour étalons de felle, ils diminuent la jambe du
Cheval Normand, qui deviendrait trop forte-*
en Angleterre, on devrait prendre des étalons
de vraie race Normande, pour augmenter la jambe
trop petite du Cheval anglois. Quant aux Chevaux
de trait, iln y a de bons pour la Normandie que le
vrai Normand de race, le Danois & le fort Anglois.
Dans le Limoufin & la Navarre, on doit prendre
pour étalons l’Arabe & le Cheval d’Efpagne.
A 1 égard des autres provinces, c’eft aux gens du
métier & aux cônnoiffeurs à en juger pour le
bien de la chofe, & pour leur plus grand intérêt.
M. de Briges croit qu’il faut bannir à jamais de
toutes les provinces du Royaume, les Chevaux
Italiens, ou Napolitains. M. le Prince Charles,
qui, Comme Grand Ecuyer, étoit maître du haras
d’Hyefme, en avoir infeéljé la Normandie, &
M. de Briges a été plus de cinq ans, pour détruire
cette maiwaife éfpèce, qui avoir abâtardi
& dénaturéja race ; elle reffembloit au chameau
pardevant, &.au mulet par-derrière-
On aflure qu’en France , les Chevaux Arabes
& Barbes produifent ordinairement des Chevaux
plus grands qu’eux , que les Efpagnols
en produifent de plus petits qu’eux, & que les
Chevaux Anglois, au défaut des Arabes, des
Barbes, des Turcs & des Efpagnols-, doivent
avoir la préférence fur les- antres, parce qu’ils
viennent des premiers & qu’ils n ’ont pas dégénéré ,
la nourriture pour les Chevaux étant excellente
en Angleterre, où l’on eft auffi très-foi-
gneux de renouvellér les races.
On parviendrait à retarder en France la détérioration
des races, fans fenouveller les étalons
étrangers, fi on avoir la plus grande & la plus
fcrupuleufe attention à unir les figures & lés qualités
les plus parfaites, & à éloigner la confan-
guinité dans les accouplemens.
Vu fervice des Etalons dans le tems de la monte.
Le Cheval peut engendrer dès l’âge de deux
ans, ou deux ans & demi. Mais, s’il fert dès jumens
à cet âge , il ne produit que des poulains
mal conformés, ou mal eonftitués. Il vaut mieux
attendre au moins detix ans de plus pour les Chevaux
de trait & les gras Chevaux, qui font plutôt
formés que les Chevaux fins. Ceux-ci n’ont
acquis toute leur vigueur qu’à fix ou fept ans.
Cependant dans les haras on commence à fes
employer pour faillir à quatre ans , k je crois
qu on a tort. On les réforme plutôt, on plus
tard, félon leur complexion, le pays de leur naif-
fance, & la race dont ils font. C’eft ordinairement
de 15 à 16 ans-
La monte, dans un haras, commence an mois
de Mars & finit au mois de Juin.
Le Duc de Newcafte, & tous les Auteurs avant
Fui, avancent que la gêne érant contraire à i’affe
de la génération, if faut, dans fa? faifon dé la
monte,, mettre l’étalon en liberté dans- tus fier