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femble peut-être par une efpèce de glu adhé-' /
rente à leurs corps, & tombent fuccelïivement
au fond , où ils forment des maffes irrégulières ;
ou des ' corps granulés. Il fe forme dans le j
même baflin plus ou moins de notre Conferve, j
dans les grandes cuves de bois où l’eau eft j
plus tranquille que dans les grands réfervoirs I
conftrnits en pierres, mais moins que dans les 1
cloches, la matière glutineufe donne naiffance
aux mêmes animalcules ; mais elle y forme une
croûte verte, mufqueufe, plus molle que dans
les cloches, parce que la fluèluation plus ou
moins grande, mais prefque continuelle de l’eau,
ne permet pas la confolidation de cette croûte,
11 ne s’y produit généralement aucune tremelle
& peu de matière verte de Prieflley; mais la
croûte verte s’y trouve bien-tôt changée pref-
qu’entièrement en Conferve des ruiffeaux.
N’y a - t - i l pas quelque probabilité que ces
différentes productions réfultent toutes de la même
caufe", d’une même origine, mais fous différentes
circonltances, de façon que , dans les cloches
de verre, les infeètes étant affez près des parois
qui compofent l’étendue d'un fi petit vafe, s’approchent
des parois enduits de matière mufqueufe,
& s’y trouvent arrêtés ; que cette matière glutineufe
acquiert, par le repos parfait qui l’empêche
de fe répandre dans l’eau, une confiflance
trop folide, pour que les fibres puiffent s’alonger
avec affez de force pour percer cette croûte, &
pour prendre la forme alongée de Confeiye,
& q u e , par cette raifon, elles reftentenveloppées
dans cette glu fous la forme de tremelle ? Ne
pourroit-on pas fuppofer que, dans lès. cûves
de bois moins grandes que les réfervoirs conf- .
fruits en pierres, les fibres enfermées & comme
emprifonnées dans la tremelle, trouvant moins
de réfiftance pour s’alonger, dans un enduit de
matière glutineufe moins endurcie, franchiffent
leur enveloppe, s’étendent librement & fe développent
fous la forme de Conferve. Si cette
théorie n’étoit pas dépourvue de vraifemblance,
on pourroit l’appliquer à la formation des corps
granulés, que l’on trouve ordinairement en grande
quantité au fond des grands réfervoirs d’eau.
Effectivement, dans ces réfervoirs pour l ’ordinaire
très-larges, le mouvement prefqùe continuel
de l’eau doit s’oppofer à la formation de
la croûte verte ou mufqueufe, dont la matière,
à caufe du mouvement continuel, refie répandue
dans l’eau ; & les animalcules q u i, au commencement
de leur naiffance , fe portent la plupart
vers la furface de l’eau ne toucheront r
dans un baflin auflj vafle, rarement les parois.
Ils fe rencontreront, ait contraire, fücceflive-
ment vers le milieu ; fe colleront enfemble ;
& deflitués de vie ou au moins de mouvement,
ils fe précipiteront au fond , où ils rencontreront
d’autres femblables petits pelotons, & s’y
joindront. On trouve ordinairement dans les
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grands baflins moins de Conferve , que dans 1«
cuves de bois, parce la Conferve ne croît que
là ou ces fibres peuvent fe fixer contre quelque
corps que ce fo it, c’éft ce qui ne fe peut faire
que difficilement dans les grands baflins, vu que
l’eau y efl dans un mouvement prefque continuel.
J ’ai obfervé plufieurs fois qu’au lieu de la
matière verte de Prieflley , il feformoit, foit
au fond, foit au parois des verres, de petites
plantes de notre Conferve, dont la forme & le
port n’étoient nullement à méconnoître-, mais,
comme cette végétation ne fe faifoit ôbferver
qu’affez rarement, j’aime à croire que ce n’a été
que l’effet du hafard. Car je ne faurois m’imaginer
qu’un Phylicien airfli habile & auffi
exercé que M. Prieflley ait pu confondre des
jeunes Çonferves, dont la figure efl fi bien prononcée,
avec une maffe mufqueufe & informe,
comme il décrit la matière verte dans le quatrième
volume de fes Ouvrages.
Il arrive quelquefois que l’eau dont il rcm-
pliffoit les cloches, contenoit quelques particules
de Conferve ; alors cette plante ne tardoit
pas à fe développer fous les couches ; - je re~
marquois cela, fur-tout lorfque- je me fervois
d’une eau prifé dans le£ arrofoirs du jardin,
qui contiennent prefque toujours ïes rudimens
de Çonferves. La même chofe arrivoit beaucoup
plus rarement, lorfque je rempliffois ces cloches
à la pompe même,
Ayant mis à-la-fois au foleil, dans une ferre ;
trente-fix vafes de verre remplis d’eau de fource,
dont dix-huit éroient ouverts, & les autres ren-
verfés fur des afliettes, il ne s’en, trouva qu’un-
parmi ceux qui n’étoient point couverts, au.
fond duquel il fe produifit, au bout d’une fe-
maine ou plus tard ,, des petits filamens trèsr-
fins, qui cependant ire font pas parvenus à une
hauteur d’un demi-pouce. Au microfcope, ces
filamens reflembloient à des petits chapelets,
compofés d’un très-grand nombre de petits
corpufcules ronds. Chacun de ces eorpufcules
reffembloit parfaitement aux corpufcules ou in-
feéles de la matière verte. J’efpérois de lès voir
s’aggrandir & devenir une véritable Conferve
bien prononcée ; maïs, au bout de quelque
tems, les filamens s’affâifsèrenr, &.. après quelques
mois, le fond du vafe ne fe trou voit couvert
que d’une efpèce de tremelle. J ’ai cependant
obfervé, dans d’autres occafions, que ces petites
Çonferves ont pris un accroiffement plus vigoureux
, & qu’elles ont étendu leurs filamens à une
hauteur plus confidérable que celle dont je viens
de parler.
Ûne autre, fois, j’a.voîs placé de la Tremella
noftoi, dans des globes de verre expofés au foleil-„
& remplis d’eau de fource. Parmi ces globes., il
s’en trouvoit quelques-uns, dans lefquels, au
b o u t d'environ quinze jours, o n voyoit ça &
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là des points verds attachés aux parois des globes,
pe ces points verds, il partoit des fibres vertes
en forme de pinceaux , qui flottoient dans l’eau
très- vifiblement, l’u r -to u t quand on reinuoit
l’eau. Ces filamens en forme de pinceaux, vus
au microfcope, ne différoient en rien de ceux
de la Conferve des ruiffeaux, lorfque cette dernière
efl dans fon état de jeuneffe -, malheureusement
elles n’ont pas grandi, de manière que
je n’ai pu fuivre ieurs développemens. Ce fait
paroît cependant indiquer quelque analogie entre
la Tremella noj ioc & norre Conferve ; & l’ob-
fervation microfcopique,? dont il fera queftion
ci-après, paroît confirmer cette fuppofitiora.
Cette analogie acquiert encore plus de probabilité
par le changement de ces fibres en vraie
Tremella n o j io c , qui eut lieu complettement
cinq ou fix femaines après; alors, au lieu des
fibres flottantes, c’étoient des membranes-que je
ne pouvoir diflinguer des membranes ou feuilles
du noftoc , que j’avois mis dans ces globes. D'après
ce que je viens de dire de la tremelle &
de notre Conferve, on pourroit douter fi ces
deux êtres méritent d’être placés parmi les végétaux.
Ils croiffent, à la vérité, & s’étendent
comme les végétaux; la Conferve pouffe même
des branches exaèlement comme eux ; mais les
polypes d’eau douce pouffent des branches de
la même manière, & cependant, depuis que M.
Trembley a examiné plus attentivement l’économie
de ces êtres, on les a généralement placés
dans le règne animal, & on les a même reconnus
pour des véritables animaux. N’y auroit-il
pas quelque probabilité que la tremelle noftoc
& la Conferve des ruiffeaux foient des êtres intermédiaires
entre les animaux & les végétaux,
femblables, au moins à quelques égards, à plufieurs
de ces corps, que l’on appelle zoophites
ou animaux plantes, ou aux infeéles qui font
les premiers rudimens de la matière verte de
M. Prieflley. Ces tubes de la Conferve pourroiem
bien être compofés par des êtres de la même
nature, qui alors fe retireroit dans les petits
creux, comme on obferve la même chofe dans
la plupart des côralines ou plantes marines ,
félon les obfervâtions de M. de Juflieu & de
M. Ellis.
Lorfqu’on met de la Conferve des ruiffeaux
dans un baflin rempli d’eau, on voit bien - tôt
pouffer un nombre prodigieux de filamens très-
fins des parois du vafe même , & qui s’étendent
vers le centre. Ces fibres fe trouvent fur - tout
près de la furface de l’eau ; elles ne font pas
une continuation des filamens de la Conferve
mife dans l’eau ; elles ne paroiffent pas même
avoir une liaifon avec les filamens de la Conferve,
& femblent être autantde nouvelles plantes
fortement attachées aux parois du vafe. En re-
nouvellant de tems Men -tems l’eau, .cette nou-
»elle Conferve grandir & fe multiplie # e z fu-
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î bitement, & remplit à la fin tout le baflin.
N’efl.-il pas vraifemblable que ces corpufcules
ou petits infe&es dont nous avons parlé, & dont
l’eau clans laquelle croît la Conferve fourmille,
produifent de l’une ou de l’autre façon ce végétal
, ou pour le moins le germe. Quoiqu’il efl
f o i t , il paroît toujours difficile à comprendre de
quelle manière cette production prend naiffance.
Dans la fuppofition que ces jfifeéles formant
eux-mêmes les tubes delà Conferve, je ne vois
pas de quelle manière on puiffe expliquer le
phénomène, que les tubes ôu fibres étant une
fois fabriqués, puiffent après, non-feulement
s'alonger, mais s’élargir & groffir confidérable-
ment. Il efl: également difficile de concilier avec
, cette fuppofition une autre obfervation; c’eft ,
qu'efl général, plus ces tuyaux font petits, moins
ils contiennent de ces corpufcules ronds ou ovales,
de façon que chaque interfeélion de ces tuyaux
encore jeunes, mais affez fpacieux pour contenir
quelques douzaines de ces corpufcules ou infeétes,
n’en contient ordinairement qu’un ou deux, ou
bien que ces mêmes tubes étant devenus fort
larges, en font communément farcis. Quoiqu’il
en foit, i f me paroît probable que cet être croît
à la manière des vrais végétaux , au moins après
qu’il efl parvenu à une certaine grandeur , quelque
puiffe avoir été fa première origine ou fou
premier germe.
La Tremella nojioc ( i )' a cela de commun avec
un grand nombre de moufles, que la plus grande
féchereffe ne faùroit éteindre le principe de fa
vie. L ’humidité la pénètre prefque lur-le-champ,
& déploie fes feuilles ou membranes racornies
& deveuues friables par la féchereffe. Lorfqü’orï
jr la réduit toute sèche en poudre très-fine ou eiî
marmelade & quand elle efl encore fraîche, elle
ne donne, dans l’eau expoféé au fole il, que très-
peu d’air , & qui efl toujours méphitique, tout
comme le fait la Conferve des ruiffeaux , quanti
elle efl broyée. Mais cette dernière étant entièrement
féchée & mife enfuite dansl’eau au foleil
ne donne point d’air méphitique ou déphlogif-
tique, comme fait la tremelle noftoc. Cette Angularité
eft fûrement très - curieufe. L ’examen
microfcopique du noftoc ne préfente pas moins
de particularités remarquables. Son parenchyme
paroît compoféd’un tiftutrès- ferré & d’un grand
nombre de filamens noueux , femblables à des
chapelets compofés de très - petits corps ronds,
très-régulièrement arrangésentr’eux.Ces chapelets,
féparés de la fubftance des noftoc, reffemblent
parfaitement aux filamens de la Conferve, (Koy,
( i j C e t te pfente très - curièufe eft de lâ claffd des
è rip to g am e s de Linnée. Elle ne préfente que des membranes
minces & de couleur v erte ondulées & p lié es
très - irré gulièrement. Dans le tems fc c , ces membranes
sèchent & deviennent caftantes : e lles ont alors une couleur
fale & noirâtre. La pluie le s rend d ’ab o rd v e z ie s ,
& çnfwitç eU«s f e d cv c lo p p eo t.