
5 66'_ C O T
de cet arbre eft très-blanc, fe conferve pendant
très-long-teins fur l’arbre, & n’eft pas. lu jet àfe
falir, la couleur de la cap fille ne fe détachant
pas • il efl d’ailleurs facile à éplucher, parce qu’il
n’efl point adhérent aux femences*, &,relativement
à fafinefl'e, il furpafle toutes les autres efpèces
jufqü’ici décrites. J ai effayé de fetner la graine
de ce Cotonnier dans tous les mois de l’année •
mais j’ai appris par l’expérience , que la graine
feméeen Novembre, donnoit la récolte la plus
abondante. Les Cotonniers que je poflède actuellement
m’ont donné deux récoltes par
an ; & , comme ils font encore très-jeunes,
6 que nous avons éprouvé une très-grande fécherefl'e
cette année 1788 , la première récolte ,
pendant les mois de Mai, Juin & Juillet, n’étoit
pas trop riche. L ’année d’après, quoique nous
éprouvâmes encore la fécherefl'e, la moitié de
la récolte de cette année m’a donné fept onces
cinq fixièmes de Coton épluché très-beau. Je
ne puis rien dire de la fécondé récolte de cette
année, la fécherefl'e continue , & , jufqu’à pré-
fçn r , mes arbres n’ont pouffé ni feuilles ni fleurs.
Il n’eft peut-être pas inutile d’obferver ici , que
tous les effais que j’ai fait jufqu’ici fur les différentes
efpèces de Cotonniers, ont été entrepris
dans ma plantation dont le fol n’eft pfis trop
propre à la culture du Coton, & pendant des
années dont la fécherefl'e fera' époque dans les
annales de notre Ifle. Dans des années plus fertiles,
notre récolte fera naturellement plus abondante,
quoique toujours proportionnée à la qualité
plus ou moins productive dès efpèces.
Une Angularité remarquable du Cotonnier Indien
, e’eft la convexité de fes feuilles dont je
n’ai remarqué rien de femblable dans les autres
efpèces ; ce n’eft que dans les feuilles qui gâr-
niffent le haut des fommicés des branches que
cette convexité fe perd infenflblement. Abandonné
à lui-même , le Cotonnier Indien demande,
à caufe de l’étalage de fes branches latérales,
un efpace de dix pieds ; fa hauteur eft de huit,
pieds ; je ne faurois dire quel fera fon port ,
lorfque l’art s’en mêlera, & qu’il fera étùté*
$. X I I I.
Le Cotonnier Siam brun- liffe, ou Siam liffe. J’ai
obfervé, à la Martinique, quatre efpèces de
Cotonniers qui portoient le nom de Siam, dont
trois produifent un Coton brun-rougeâtre, qui
paroît décoloré ; la quatrième efpèce donne un
Coton très - blanc. Les trois premières efpèces
fontconnues dans leslfles Françaifes fous le nom
collectif de Siam rouge*, les Planteurs les distinguent
d'après la graine 3 ils nomment Siam
liffe notre efpèce n.° 13, Siam couronné, notre
efpèce n.° 16, & Siam velu, l’efpèce n.° 25. Le
Siam blanc fe cultive également àSaint-Domingue,
fur-tout aux Cayes ; le Coton de ces quatre
efpèces eft très-fin.
C O T
Les trois efpèces de Siam rouge portent le
nom de Nankin-Coton dans les poffeflions An-
glaifes, quoiqu’il foit trè'-fùr. que l’étoffe connue
dans le Commerce fous le nom de Nankin , n’eft
point fabriqué avec ce Coton, fon tiffu & fon
fil étant trop gras & trop rude pour être employés
de cette manière.
Le Cotonnier Siam liffe furpafle en hauteur
tous les autres Cotonniers*, je poffède des arbres
qui n’ont que deux ans, & qui ont déjà douze
pieds de haut, fur huit pieds de large *, ils ne
donnent qu’une feule récolte par a n , depuis
Février jufqu’en Avril, raifon fuffifante pour ne
pas en recommander la culture. Les capfules
fe détachent d’ailleurs très-facilement de l’arbre,
& tombent avec le Coton , lorfque ce dernier
eft arrivé au degré de maturité*, elles préfentent
en outre un autre défagrément aux Planteurs,
c’eft de ne s’ouvrir qu’à moitié*, il faut parcon-
féquent écrafer les loges de chaque capfule fépa-
rément, pour en retirer tout le Coton , qui eft
naturellement adhérent aux loges, • ce qui rend
la récolte de ce Coton longue & pénible. Comme
le Coton eft très-fin, on eft Couvent trompé fur
la quantité, car plufieurs de mes arbres dont
l’afpeél me faifoit efpérer une récolte très-abondante
, ne m’ont pourtant donné que deux onces
& demie & trois onces îou£ au plus.
§. x i y.
Le Cotonnier de Saint-Thomas. Cette efpèce
m’a été envoyée par M. Schmali, Capitaine de
Ville à Pille Saint-Thomas , qui en avoit découvert
plufieurs pieds dans une fucrerie qui lui
appartient. Je ne fais d’où ce Cotonnier tire
fon origine,* les Nègres de la Sucrerie d’où je l’ai
reçu, en avoient‘planté plufieurs pieds pour employer
le Coton dans les mèches de leurs lampes,
comme c’eft l’ufage dans toutes les fucreries.
Mais, comme cette efpèce. de Coton paroiffoit
en valoir la peine, je fus confulré, pour prononcer
fur la valeur. Les Cotonniers que j’ai
élevé des femences qui m’ont été envoyées, ne
m’ont donné qu’une feule récolte depuis le mois
de Janvier jufqu’en Mars. Ils s’élèvoient à onze
pieds de haut , & demandoient un efpace de
10 pieds en largeur. J ’ai obtenu de chaque Arbre
trois onces trois quarts de Coton épluché qui
paroît plus blanc, plus fin & plus long que le
Coton du Cotonnier annuel, mais qui a ie défaut
de ne s’éplucher que très-difficilement. C’eft
par un feul point en-deffous du crochet, que
ce Coton tient à la femence, il y tient fi fortement
, qu’en arrachant le Coton avec force,
on eft fûr d’emporter une partie de l’écorce ou de
l’enveloppe extérieure de la femence. En cardant
le Coton , il eft effentiel de le détacher de cette
portiou de i’écorçe , qui (ouvent ne fç préfente
C O T 56 7
crue fous la figure d’un point noir3 car, en négligeant
cette précaution, on rifque de déchirer
tous les fils qui tiennent à ce. point. Je n’ai rien
remarqué de femblable dans les autres efpèces
de Coton cultivées chez-moi.
S. x y.
Le Cotonniêr aux Cayes. Cette efpèce de Cotonnier
reffemble beaucoup à l’efpèce précédente
relativement au port , au tems de la récolte ,
& pour la qualité du Coton , mais cultivée avec
la même attention que l’efpèce précédente,* elle
ne m'a donné que deux onces & demie de Coton
épluch'é. Le Coton aux Cayes a encore
l’avantage fur le Coton de Saint-Thomas, en
ce qu’il fe détache très-facilement de la fuperfide
d-e la femence, & qu’on ne le trouve jamais
entremêlé des portions d’écorces de la femence.
Les > feuilles du Cotonnier de Saint-
Thomas, & du Cotonnier aux Cayes', font
toutes; les deux divifées en trois lobes; mais
les lobes font plus pointus dans les feuilles
dn premier que dans: l’autre. J ’ai également
examiné les glandes qui fe trouvent à la fur-
face inférieure des feuilles de ces deux efpèces
de Cotonniers , pour «vérifier jufqu’à quel point
elles fe reffembloient -, le refultat fut le fuivant ;
fur 32 feuilles prifes fur le Cotonnier de Saint-
Thomas, il s’en trouv-oit .dix à trois glandes, fix
à deux glandes , & feize qui n’avoient qu’une
feule glande. Le même nombre de feuilles du
Cotonnier aux Cayes préfentoit la proportion
fuivanre , 28 à une feule glander 2 à deux, &
2 à trois glandes On voit, par conféquent, que,
pour établir la différence entre ces deux efpèces
de Cotonniers, il faut abfolument s’en tenir aux
femences.
S* XVI.
Le Cotonnier Siam hrun ôonrbnnê. On le cultive
chez nous & à la Martinique, où' il porte'
le nom cle Siam couronne rouge. Lé Coton de cet
Arbre eft plus pâle que Celui, du N.° 13., mais
plus élaftique. Loifqu’il eft mûr, il fait éclater
la capfule fans s’en détacher ou de tomber ,
qualité qui facilite fingulièrement la récolte. Cependant
il ne faut point retarder de cueillir les
capfules dont la maturité eft aflùrèe, car fi la
capfule tombe, le Coton pourrit aifément, & perd
alors toute fon élafticité, par conféquent fa
valeur. Quoique ce Cotonnier m’ait donné deux
récoltes , la première en Janvier & Février,
& la fécondé en Mai , il ne m'a fourni en tout
que trois onces de Coton épluché. Il eft par
conféquent, peu productif, & ne vaut pas la peine
d’être cultivé, à moins que.ce Coton ne foit payé
plus cher que le blanc:.- Chaque Arbre exige un
efpace de fi* pieds carrés.
G O T
I X V I I .
Le Cotonnier de Carthagène apetits flocons. Quoiqu’on
ne cultive point de Cotonniers dans les
environs de la Ville de Carthagène , on trouve
pourtant des.: plantations dans l’intérieur de ce-s
poflèflions Efpagholes. Lorfque l’Elpagne efl eu
guerre, cette efpèce de Coton effapportée à
Carthagène par les Matelots qui naviguent entre
Cette Ville & Santa-Fée, fur la rivière de. la
Magdelène-, il y arrive ordinairement dans des
ballots faits avec des peaux de boeufs, & les Nations
neutres s’y pourvoient alors. Voilà tous ies
renfeigneinents que j’ai pu me’procnrer fur cette
efpèce de Cotonnier, pendant mon dernier Séjour
à Carthagène. Ce Coton , tel que nous 1 achetons
à Carthagène, efl toujours très-malpropre,
& jamais féparé de fa femence \ il par oit que
dans les Provinces dont oh le tire , î’ufage des
machines pour l’éplucher eft abfolument inconnu.
J’ai femé dans ma plantation, la femence dé
ce Cotonnier que j’ai retiré d’un de ces ballots
qui nous étôiënt venu de Carthagène ^ j y ai également
trouvé l’autre efpèce que nous nommons
ici Coronnier de Carthagène à gfo$ flocons. Je
n’ai obtenu qu’une feule récolte du Cotonnier
dont il eft queftiôn ici \ le Coton pefoit y
étant épluché j dciix onces un quart: Il n’a
pas le défaut qhe lés Manufacturiers Ecoffojs
reprochoient à l’efpèce fuivanre , c’eft d’avoir
des fibres trop longues *, mais nonobftent il ne
mérite point d’être cultivé, parce qui! combe
d’abord après la maturité.
LeÇotonnier dont parle notreAnteur,efl te même
que celui que M.Moreau de Saint-Me ry nommeCo-
tonnier de Sainte-Marthe, & qu’il a fait connoître
dans un Mémoire qu’il a adreffé à la Société d’Agriculture,,
dont on peut lire le détail dans le trimeftre
d’Automne 1788. M. Moreau décrit cet arbre
, comme un des plus hauts & des plus vigoureux
! de toutes les efpèces de Cotonniers cultivés à
Saint-Domingue, puifqu’il reffemble à Un petit
ormeau. Cet arbriffeau à été introduit à Saint-
Domingue par les Elpagnols , pendant l’année
175 6. La beauté du Coton que produit cet Arbre
l’avoit bientôt fait diftinguer des autres Cotons, &
comme il fe vendoit plus cher que le Coton de
la Colonie , il a excité l’émulation des Planteurs,
& aélueilement on l’y trouve également avec les
autres efpèces dont nous avons parlé d’après le
Mémoire de M. Moreau.
« Ce Cotonnier , dit M. Moreau , réuflit dans
les mêmes lieux que les Cotonniers ordinaires,
& donne fa récolte dans le même rems. Il eft
plus grand que les Cotonniers ordinaires. Il dure
trois ans en grand rapport, c ’eft - à - dire une
année de plus que les Cotonniers ordinaires ,
1 qu’il faut même replanter tons les ans dans pM-
: Heurs quartiers*, la troifième année efl commu