
nourries, ne confraéVoit point le goût herbacé
que lui communiquent lès- autres Choux.
Mais ce n’étoit pas a fie 2 pour moi dé n’offrir
qu’en verdcette nourriture à mes befiiaux. L’Hiver
efi une faifon pour laquelle il faut recueillir
d’avance une nourriture qui leur foit propre.
Enhardi par mes premiers fuccès, j’ai Voulu m’af-
lurer fi les feuilles du Chou à faucher pour-
roient fé -conferveir, & l’expériénce m’a encore
appris quelles fcféchoient facilement, expofféës
au foleil pendant les grandes chaleurs de l’Eté ,
ou mifes au four dans î’arrière-faif'n, quelques
momens après que le pain a été retiré. En tremp
an t, pendant l’Hiver, ces feuilles defféchées
dans l’eau pendant douze heures ,’ elles reviennent,
pour ainli dire, à leur état naturel ; &,
mêlées avec du fourrage fcc , les befiiaux les mangent
avec autan r d’avidité que dà-ns le moment
même de la récolte.
Le citadin aura d ose . en cultivant ce Chou, un
légume agréable & bierifaifant pour augmenter
fes joiïiflances.
Le poffeffeur de befiiaux aura Un nouveau
fourrage à leur offrir, & le pauvre trouvera dans
cette efpèce de Chou , une nourriture bonne
& laine. L’huile que la graine du Chou à faucher
fournit efi moins défagréable que celle du col fa
& de la navette, & peut la rempacer avec avantage.
D’après les expériences de M. Comeréll, la fe-
mence du Chou à faucher donne un quart de
plus de produit en graine & en huile, que la
navette, & un tiers de plus que le colla.
Nous fommes bien loin de conlidércr le Chou
à faucher comme une efpèce particulière de Chou;
nous croyons au contraire avec-beaucoup de
Cultivateurs & Botanifies. Allemands, que ce
n’eft'qu’une variété du Chou-navet; opinion
que l ’expérience a confirmé depuis long - rems,
Lueder, Miniftre protefiant,-un des plus habiles
Cultivateurs de plantes potagères en Allemagne,
Si qui joint les conneiflances d’un homme inf-
truit à une longue pratique, efi également de
èotre avis. En parlant du Chou à faucher ou
Schnittkohl, à la pag. 317 du premier volume
de fes Lettres fur la culture d’un jardin potager,
il dit: «Le Chou à faucher exige; pour la culture
, une bonne terre grade ; ce Chou n’efi
dutre chofe qu’un Chou - navet dégénéré, q u i,
ayant toujours été femé fort épais, a perdu la
faculté déformer des racines ou navets. Pour
avoir ce Chou , qui ne craint pas le froid , dès
le commencement de Mai, je le feme en Février,
fur des plâtre-bandes expofées au foleil
du matin ; & , dès que les feuilles f®nt allez longues,
je les coupe; il en repouffe d’autres peu
de tems après. Lorfque, par hàfard, je n’ayois
point de grainfe de ce Chou, j’ai employé, dans
la même vue, la graine du Chou navet qui, traité
comme celui - ci, fournit les mêmes réfultats.»
r
Le même Auteur s’exprime ainli à là page 2«
du même volume. « Je férue également ce Chou
avant l’Hiver,-avec les efpèces de Chou que je
defiine pour paffer l’Hiver ; il fournit desfenilles
pendant tour l’Hiver, tou res les fois que la neige
qui les couvre a permis de les couper ; après
quinze jours, on efi fur de trouver dé nouvelles
feuilles ;• on en continue la récolte julqa’au
Printems., où d'autres plantés potagères viennent
lë remplacer.
Reichardr, cultivateur Allemand , a cultivé-
pendant très - long - tems cette efpèce de Chou
à Erfbrf ; il l’a cependant confondu avec le Braf
j fie a aryenfis de Bauhin.
La plupart des Cultivateurs Allem'ands regardent
le Chou à faucher comme le même qui tfl
cultivé en Angleterre j fous le nom de Cole-fiad
que Miller avoir anciennement nommé Brafika
râpa , Si qu’il 3 nommé depuis,' dans la huitième
édition de fon Ouvragé , Brhjfica gongyloidis ;
cette dernière dénomination ne • convient’pas à
- cette plante..
Le Chou h feuilles rudes. D’après la méthode
de Linné, adoptée dans; la partie Botanique de
l'Encyclopédie, ce Chou, comprend-,>comme
. variété, la navette, le navet & la rabioule, ou
greffe-rave. Les anciens Botanïftes regardoient
les navets & les raves comme des plantes d’un
genre différent ; mais Linné les a réunis dans
le même genre, en les difiinguam comme efpèces.
Le caraélère fpécifique de Linné, pris-de la forme
des racines, d’après laquelle le-navet devoit conf-
tamment préfcnter une racine fufiforrne -ou
alongée, & la rabioule où rave -une racine or-
bicuiaire, fouffre cependant des exceptions con-
fidérables. La culture raffinée, le changement I
dit fol &■ du climat , a fans doute altéré- & la
forme & Pelleneo dé cette plante, qui, comme
nous l’avons obfervé -dans'..le précédent, efi fort ‘
' fujette à varier. Il exiftè. des navets ronds &
longs , avec des nuancés intermédiaires plus ou
, moins approchant de la forme orbicnlaire ou
; alongée:- Mais, quoique le caraélèrè fpécifique
de Linné n’eft point Confiant, on efi forcé de
l’adopter, en attendant que les obfervations pof-
térieures nous procurent des caractères invariables.
Nous croyons, avec M. de Lamark, 'que
la navette, le navet & la rabioule, ne doivent
être conlidérés que comme variétés d’une même
efpèce, fouvent difficiles à difiinguer à caufe de
, fous-variétés, & de rapprochemens plus ou moins
lenfibles qui fe multiplient encore journellement.
La Navette. Cette plante, que l’on doit regarder
comme le type de l’efpèce qui 9 produit
le navet & la rabioule, ne doit point être con»
fondue aveélë col fa, comme plulieurs Ecri vains
ont fait, qui probablement n'étoient ni Cultivateurs,,
ni Botaniftes. La navette a une racine
alongée, fibreufe & peu charnue, d’un «goût
âcre & piquant. Sa tige s’élève à la hauteur de
pied , elles repoufferont de bonne-heure au prin-
j tems’, • & donneront en Avril, une fécondé ré-* ,
(' coite abondante., qui pourra être coupée pour
j fourrage, ou lailfée. pour femence. Si on les
. fait manger fur terre, il faudroit empêcher que
fiés- befiiaux n’en arrachent les tiges». Comme
cette planté efi affez dure pour réiifier aux gelées
■ deux pieds *, elle, efi un peu rameufe, glabre &
H fsuillée. Les feuilles inférieures font en lyre y,
■ : iûbe terminal arrondi & denfe; elles ont leur.
B bor(i . [c pétiole Si les'nervures garnies, de poils;
■ courts, qui les rendent.'durs .an Toucher. Les»
B feuilles lupérieUrés font ampiexLaules,, & très-.
I glabres. Les fleurs font petites, jaunes leur
■ calice à demi-ouvert. La couleur des .feuilles' J
B de la navette font cl’un vert plus clair que les *
B feuilles du navet. La navette croît naturellement
B en Fiance, & dans d’autre,s, pays deJ’Europe,
B principalement* dans-les champs un peu fecs &
B arrides. Eh Suède, les „gens de la campagne man-
B gènt la racine de la navette fauvage. ( Voye\,
B Linné, voyage en Gorhlapde.)
Culture de la Navette.
On cultive cette plante, i.° pour la nourri-
B tare des befiiaux , objet qu’elle remplit parfaite-
■ i@eht bien ; 2.0 pour en obtenir la graine dont B on tire une huile par expreflion , ou 3.9 pour
B fervir d’engrais., Gomme, ces trois efpèces de B culture diffèrent en plufiéurs points en tr elles,
B nous parlerons de chaque ën particulier.
B Culture de la Navette defiinee pour le fourrage.
| Lorfque cette plante efi cultivée pour fervir
B de nourriture aux befiiaux, on la. fème vers le
B milieu de Juin. La préparation que la terre exige
™ pour recevoir cette graine., efi la même que celle
qui efi mile en.ufage pour le navet; on compte
en Angleterre,, lix ou huit livres de graine
pour un acre de terre ; d’après M. l’Abbé Ro-
zier, une livre de graine lu fin pour enfemencer
vingt-deux toiles quarrésde terrain. Mais.comme
cette graine n’eft pas chère, il vaut mieux, fuivre
le confeil de Miller, & d’employer huit livres
pour chaque acre. Lorfque les jeunes plantes .
le trouvent trop ferrées .en quelques endroits,: f
on -peut aifément les éclaircir en houant la terre.
Pour le premier houage, on ne l’entreprend que S
lorfque cette ;plan te a pouffé cinq à lix feuilles; j
on s’y prend de là même manié;e que l’on fuit 1
pour les navets & autres racines. Mais comme j
les racines de la navette font Longues & minces,
& ne demandent pas beaucoup de terre , on peut j
les. lai fier plus ferrées que les navets. Cinq ou ]
fix femaines après le’ premier houage, on entre- i
prend le, fécond ; on fera bien de choilir pour
ce travail un tems fec, afin de détruire plus fû- J
rement les mairyaifes herbes. Ce travail fair, !
la navette n’exigè plus aucun foin. Vers le milieu j
de Septembre, elle fera affez forte pour fervir !
à l’ufage auquel on la .defiine. Si le fourrage j
eli rare, on peut la couper ou la faire manger ;
fur terre; mais, dans le cas qu’on n’auroit pas j
befoin dé fourrage, il efi plus avantageux de la
conferver pour J es tems durs, pour remplacer j
les fourrages & les légumes. En coupant le fom- I
met de ces plantes, & en huilant les tiges fur *
, elle reft d’une, grande utilité dans les Hivers
rigoureux pour la nourriture des brebis; parce
qu’alors la terre, efi ii gelée qu’on ne peut arracher
les navets, & qu’on y fupplée en tout
tems, en coupant ce fourrage. Miller, d’après
lequel nous rédigeons cet article, a femé de la
navette en plufiéurs endroits de l’Angleterre, &
il a obfervé qu’une acre de terre couvert de cette
plante, rapporte prefque autant de fourrage que
deux acres de navets, & quelle en produit
epeore, après que les navets font montés en fe*
.mence. Si on la laiffe, après cela, dans la terre,
elle produira encore de la graine qui pourra
être vendue.au profit' du propriétaire. Les per—
j drix, faifahs& aiur.es volailles, aiment beaucoup
cette plante ; dans le nord de l’Allemagne & dans
1 la FJandrés, les champs, qui produifent la navette,
font fouvent couverts d’oies fauvages,
i fur-tout, en Automne & au Printems, l’outarde
| efi également très-friande de cette plante, &
! l’on efi fouvent obligé de leur donner lachaffe,ou
j dëlesen éloigner , en y plaçant des épouvantails.
i Culture de la Navette pour en obtenir la graine.
| L ?époque du femis de la navette, que l’on
j cultive pour la graine, 'varie felen les pays : dans
! quelques-uns, on la fème d’abord après la ré-
j coite des bleds ; dans d’autres, en Automne, même
: en Hiver dans quelques-uns. Comme cette plante
i efi dure, elle ne craint point les gelées, à moins
quelles ne foient très-fortes, 11 efi des cultivateurs,
qui, toute circonftance égale, préfèrent
le,, femis fait après la récolte des bleds, parce
que la plante refie plus long-tcms en terre, y
prend, plus de nourriture, plus d’empâtement
dans fes racines, Si. elle a beaucoup plus de force
lorfqu’elle monte en tige au Printems fuivant ;
dès-lors on obtiendra beaucoup, plus de graines,
qui feront mieux nourries.li en efi de cette plante
comme des bleds hivernaux, comparés aux mariais
ou .bleds tremois.
'La navette exige pour bien réulfir, à I’inf—
tar dé toutes les plantes à racine pivotante, une
terre, légère, ameublie & peu fubfiancielle ; la
navette étant tfur - tout dans ce cas, il vaut
mieux ne pas la cultiver dans un fol compaét,
à moins que cela ne foit Amplement comme
engrais ou comme fourrage ; dans ce dernier
cas, il feroit peut-être plus avantageux de cultiver
la groffe raye ou le turneps.
On fème la navette en fillon lorfqu’on la def-
tine pour la graine, en la traitant avec les mêmes
précautions que nous avons recommandé dans la