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on voudra en recueillir la graine. La conferva-
ticn eft suffi la même.
Le Chou- F leur tendre, ou le hâtif, eft de
tous le plus printannier , mais il n’eft pas le meilleur
• cependant comme il réuffit mieux que les
deux autres dans les années fèches & dans les
terres fortes, & qu’on ne peut prévoir le tems
qui arrivera, il eii toujours à propos d’en élever
une petite quantité, fi la terre lui eft favorable • |
fon défaut eft d’être ordinairement mouffeux, 1
& de monter facilement en graine. Il fe diftin-
gue du dur, en ce que fa tige eft beaucoup plus
déliée, fur tout le refte fa reflemblance eft parfaite.
Voici la manière de l’élever.
On le fème fur couche au mois de Janvier ;
il lève en peu de jours*, & , dès que fes oreilles
font bien formées, on le repique affez épais fur
une autre couche : au mois de Mai on le repique
une fécondé fois fur une nouvelle couche, & il
n’en faut mettre alors que quinze à trente pieds
fous chaque cloche, pour qu’ils puiflent y demeurer
jufqu’à ce qu’ils foient bons à replanter
en place.
Dans toutes ces différentes fituations , il eft
très-important de leur donner de l’air autant que
le tems peut le permettre , pour qu’ils s’endur-
ciffent, & ne s’étiolent pas y & quand ils font
bien repris, c’eft-à-dire , douze à quinze jours
après, on les couche tout-à-fait.
C’eft aux environs de Pâque qu’il faut les
mettre en place , à deux pieds de diftance en
tout fens, avec une poignée de terreau dans
chaque trou qu’on fa it , & qu’on évafe un peu
avec lé plantoir : ce petit fecouhs fait qu’ils font
moins mrpris du changement de fituation, &
qu’ils reprennent plus facilement. La terre doit
avoir été préalablement bien fumée & labourée ;
& lorfqu’elle eft nouvellement défoncée , ils s’en
Trouvent encore mieux.
Les uns les mouillent fort légèrement en les
plantant, les autres point du tout ; mais tous
s’accordent à les laiffer pâtir une quinzaine de
jours*, après-quoi on commence à les mouiller
à une cruchée pour quatre pieds, de deux en
deux jours, ou de trois en trois : fi le tems eft
un peu à l’humidité, & dès qu’ils fe difpofent
à fairè leur pomme, il faut doubler la mouillure,
c’eft-à-dire , donner une demi-cruchée à chaque
pied.
Lorfqu’ils font bien repris, il faut les vifiter
exactement , & arracher ceux qui borgnent,
qu’on remplace en même-tems.
Il n’eft pas moins ordinaire qü’après être bien
repris, il s’en trouve quelqu’un qui monte,
fur-tout fi on n’a pas fait régulièrement tout ce
que j’ai obfervé: il faut en ce cas les arracher de
même*, mais lorfque la pomme ne commence à
paroître qu’un mois après ou environ ,& qu’on
la juge trop prématurée, ce qui s’annonce à la
ïoibieffe du ied, il faut faire un petit haffin autour,
en laiffant une petite butte de terre contre
la tige, & y jetter une cruchée d’eau toute entière,
deux jours après, recommencer, &,le
répéter une troifième fois; après quoi on réduit
cette mouillure à moitié ; & luivant le tems, on
la donne deux ou trois fois la l’emaine : le pied
reprend vigueur , & la pomme vient dans fa
groffeur naturelle.
Lorfque la terre eft fujette à fe feler & à fe
fendre, il faut chaque fois qu’on arrofe, ou trois
fois la femaine au moins, donner une petite façon
au pied , pour l’émouvoir, l’eau pénètre
mieux , & le foleil l’échauffe plus aifément.
Les Choux-fleurs, dit Miller dans fon Dictionnaire
de Jardinage, fe font tellement perfectionnés
en Angleterre, depuis quelques années
, qu’on n’en trouve dans aucun pays du
monde qui puiffe leur être comparés. Les jardiniers
de ce pays ont trouvé le moyen de prolonger
leur durée pendant plufieurs mois ; mais
comme ils abondent principalement dans les
mois de Mai, de Juin & de Juillet, je commencerai
par donner la méthode pour fe les procurer
dans cette faifon.
Lorfqu’on s’eft procuré de la bonne graine de
l’efpèce printannière , on ia fème vers le 20
Août, fur une vieille couche de concombres.ou
de melons, & l’on crible par-deffus environ un
quart de pouce de terre. Si le tems eft extrêmement
chaud & fec, on abrite la couche avec des
nattes, pour empêcher la terre de fe deffécher
trop v ite , & on l’arrofe légèrement, s’il en eft
beioin-, afin que la graine ne fe gâte pas. Huit
ou dix jours après, lorfque les plantes commenceront
à paroître, oh ôtera par degrés les couvertures,
pour ne pas les expofer trop tôt en plein
foleil : au bout d’un mois ces plantes feront en
état d’être enlevées; alors on les plantera à deux
pouces de diftance en quarré, fur des vieilles
couches de concombres ou des melons, qu’on
aura recouvertes auparavant avec de la nouvelle
terre ; mais, à défaut de ces couches, on
en fera des nouvelles avec du nouveau fumier,
qu’on foulera , & qu’on preffera de manière que
les vers ne puiffenr pas le pénétrer ’: on évitera
de fe fervir de fumier trop chaud , qui fercit
d’autant plus nuzfible à ces plantes, que la faifon
feroit plus chaude. Lorfque ces jeunes Choux-
fleurs font repiqués, on les met à l’aFri du foleil,
& on les arrofe légèrement. Si la faifon eft humide
, on aura grand foin de les mettre à couvert
des pluies continu ellesqui le noirciroient
infailliblement, & finiroient par les détruire.
On les laiffe fur cette couche jufqu’à la fin
d’OOobre ; après quoi, on les tranfplante dans
des places où ils puiflent refier pendant tout
l’Hiver, & être, .mis à l’abri fous de? cloches. Si
ces Choux-fleurs font vraiment d’une efpèce
printannière, ils réuffiront par cette méthode,
& on en aura de bonne-heure ; mais fi on veut
y
cn manger plus long-tems, il faut fe procurer
des femences d’une efpèce plus tardive, les mettre
en terre quatre ou cinq jours après l’autre,
& les traiter de la même manière.
Pour fe procurer des Choux-fleurs de bonne-
heure, il faut choifir un canton de terre riche,
& abrité par une haie, une paliffade ou une muraille,
des vents d’oueft& de nord-efl: une haie
de roféaux eft préférable à toute autre , parce
qu’elle arrête mieux les vents. Quand cette terre
ell bien labourée, garnie d’une bonne quantité
de fumier bien confommé, & bien dreffée, fi le
fol eft naturellement humide f on forme le ter-
rein en planches larges de deux pieds & demi,
& élevées de trois ou quatre pouces aa-deffus
du niveau ; mais fi le fol eft paflablement fec, il
faut le laiffer uni ; après q u o i, on plante les
Choux-fleurs ; & on les efpace de manière qu’entre
chaque cloche il refie un vuide de deux pieds
&deini. On place toujours deux plantes enfem-
ble fous chaque cloche, à la diftance de quatre
pouces l’une de l’autre. Si cette plantation eft
deftinéeà former une pleine récolte , on peut
laiffer trois pieds d’intervalle entre chaque rang ;
mais fi entre chaque ligne de Choux-fleurs on
veut faire des rigoles pour recevoir des melons
ou des- concombres , comme c’eft l’ufage des
jardiniers de Londres, alors la diftance doit être
de huit pieds..
Quand la terre eft fort fèche, on arrofe légèrement
les plantes, on ferre les cloches diffus,
& on les laiffe ainfi jufqu’à ce qu’elles
foient bien enracinées, à moins qu’il ne fnr-
vienne une pluie ; car , dans ce cas,on ôte les
cloches, afin que les plantes puiflent en profiter:
huit ou dix jours après qu’elles font plantées
, on garnit les cloches de petits bâtons fourchus
, pour pouvoir les hauffer de trois ou quatre
pouces dü côté du fud , 8c par-là donner de
lair aux plantes : les cloches, doivent refter fou-
levées de cette manière jour & nuit,' à moins
qu’il ne fin vienne une gelée qui oblige de les
rabaiffer, & de les ferrer autant qu’il eft poffi-
ble. Si le tems devenoit très-chaud , ce qui arrive
quelquefois en Décembre, il feroit nécèf-
faire d’ôter les cloches tour-à-fait pendant le 1
jour , & de les remettre feulement pour la nuit,
de peur qn’en tenant les plantes trop renfermées,
elles ne montent *en fleurs dans cette faifon ;
ce qui arrive fouvent dans les hivers doux, fur-
tout quand elles font maltraitées.
Si le rems eft doux vers la fin de Février,
on prépare une autre bonne pièce de terre pour
y mettre quelques plantes de deffous les cloches :
quand la terre eft bien fumée & labourée , on
enlève la plante la plus faible du deffous de cha
que cloche , avec une truelle pour lui conferver
la motte , & fans déranger en la moindre chofe
celles qui doivent reftér ; puis on les plante dans
a pièce de terre préparée, en leur confervant
méme diftance qui a été pjeferite , c’eftà
* dire de trois pieds & demi , de rang en
rang , pour une récolte entière , ou de huit
pieds, fi l’on a deffein de planter des concombres
dans les intervalles : cette opération étant
terminée , on garnit de terre la bafe des plantes
qui font refiées fous les cloches , & on a
grande attention de n’en point laiffer tomber
entre leurs feuilles : on remet enfuite ces cloches
en place , on les foulève d’un pouce ou
deux plus qu’elles n’étoient , afin d’introduire
une plus grande quantité d’air.
Si l’on apperçoit queles plantes croiffent trop
vite , 8c de manière à remplir les cloches de leur
feuillage, on creufe un peu la terre autour des
tiges , & on l’arrange de façon à pouvoir hauffer
les cloches de quatre ou cinq ptmees pour
donner plus d’efpace aux plantes, & pour pouvoir
les tenir couvertes jufqu’au mois d’Avril ;
car fans cela il feroit impoffible de tenir les cloches
par-deffus , fans froifler & endommager
beaucoup les feuilles. En les tenant ainfi fous
des cloches, on les met à l’abri des fortes gelées
qui arrivent fouvent vers la fin de Mars,
& qui ne manquenr point de faire beaucoup
plus de tort aux plantes élevées fous cloche
qu’à toutes autres.
Quand les cloches font ainfi placées fur les
buttes de terre, on rehauffe les foutiens ou bâtons
fourchus affez haut pour introduire de l’air
lorfque le tems eft doux ; 8c l’on a toujours foin
de les enlever rout-à-fait lorfque- la faifon eft
favorable & le tems à la pluie : on doit enfuite
commencer à endurcir les plantes, 8c à les accoutumer,
par degrés, à fupporter le plein air : n
eft cependant prudent de laiffer les cloches auffi
long-tems qu’il eft poffible, afin de faireavancer
les plantes, & de les mettre à l’abri des gelées
de la nuit ; mais il finit les enlever lorfque le
foleil eft ardent, & que les feuilles touchent le
verre ; car j’ai fouvent remarqué qu’alors l’humidité
qui s’élevoit de la terre , & la trarifpi ration
i des plantes s’atrachoicnt aux feuilles renfermées
j fous ces cloches, & que le foleil y occafionnoit
une fi grande chaleur qu’elles en éroienr entièrement
brûlées ; ce qui caufoir beaucoup de
tort aux plan »es, & les endommageoit quelquefois
de façon à ne plus rien valoir.
Si ces plantes ont bien réuffi , vers la fin cî’A -
vril, quelques-unes d’er.er’elles commenceront
à fructifier ; alors on les examinera avec foin
tous les deux jours ; & lorfqu’on verra paroître
la fleur pleine on ôtera quelques feuilles de
l’intérieur, qu’on placera par-deflus, pour la
préferver de 1’aCtion du foleil qui la jauniroir,
& la rendroit dé (agréable à la vue , fi elle y
reftoit expofée. Quand elle a acquis toute fa
groffeur, ce qu’on dfiingue aifément lorfqu’elle
fe divife comme pour monter en graines , on
l’arrache fans la couper, & on peut la confer-
ver quelque tems, en la dépofant dans un lieu
frais ; mais fi l’on veut la manger tout de fuite ,