
à former du terreau fur les rochers flériles. A
niefure que ces plantes s’élèvent, elles fe répandent
en tiges & en branches, qui retiennent
auffi près l'une de l’autre que cela eft pofiible ;
elles difperfent airift de nouvelles graines, & enfin
elles couvrent un large canton. Les fibres ,
les racines , les tuyaux, tes feuilles les plus inférieures
; tombent p e u - à - peu en putréfaction
f i ) , prodüifent une efpèce de tourbe ou
de gazon, qui infailliblement fe convertit en
terreau. Le tilfu ferré de ces ,plantes empêche
l’humidité, qui eft au-deffous , de s’évaporer,
fournit ainfi à la nutrition de la partie fupérieure,
& revêt à la longue tout l’efpace d’une verdure
confiante, jj S.cond Voyugede Cook, T. I I .
Tranfport des végétaux d’utt Climat a un autre.
Nous manquons de données fur cette partie
intéreflante de l’économie végétale, parce que
lès premiers Voyageurs ont négligé de nous inf-
truire dès premières variations des plantes d’Europe
qu’ils ont portées aux Indes -, a chichement
qu’elles y exifient après-une longue ferie d’individus
, .nous rie les- voyons que '■ foifê la
forme que ce ■ Climat: leur a ' imprimé'.
E( de plus, le peu que les Voyageurs di^
fent fur les plantes ne nous infpire-pas de confiance;
car, lorfqu’ur.Voyageur dit quel ofeillé
réuflit très-bien fur les bords de la Gambra, &
qu’il y voit en même-tems des ali fiers en abondance,
on peut douter de fon rapport. N’ayant
qu’un petit nombre de faits certains,, je vais les
réunir, fans les foumettre à aucun principe. -
Ti dnfpnrt des végétaux dans un Climat plus chaud.
Labat, le plus ancien des Voyageurs, qui
ait fit nous inftruire , donne les faits fuivans,
qui font d’autant' plus précieux qu’il a été dans
nos Lies à une époque plus rapprochée du moment
de l’introduéfion ..de nos légumes d’Eu-
,rope.
a Les choux pommés viennent en pçrfeéîion.
Il fiiffit d’çn avoir un feu i, pour peupler en
I I ) V"oyc{ le paragraphe de ï 'in flu e n c e du C l im a t f u r
le .fo l-
■ On peut enfin cor.faker là manière dont les laves fe
couvrent ipfènfiblemem de végétation.V o y e i -B r y d . v o y a g e
en S i cÜ e. T om e J , p , 1 3 ? , & les autres per Tonnes qui
çnt écrit fur les volcans: Aucun d’eux n’a "examiné la
manière dont ces plantesnailïènt, & leur ana'ogie avec
celles des terres environnantes; c’èft donc encore une
matière neuve à examiner. Il s’eft formé nouvellement
une 10e volcanique près de Tlfl^ndej c’.eft un moyen
pour les Natura-iftes du Nprd de nous inftruire de la
manière dont elle le couvrira de végétation. Sans doute
on ne foupçonnera pas le vofean d’avoir lancé en même-
tefns' que les lav.çs , les _grair.es des plantes qui y naî-
u ont.
peu de tems tout un jardin , parce que, quand
il eft coupé, fa rige poulie beaucoup de rejet-
tons. On les arrache l’un après l’autie, en déchirant
un peu de l ’écorce de la tige ; on les
met en terre , & , en quarre mois , iis produis
fent un très - béa,u chou bien pommé. La tige
de ceux - ci en produit, d’autres, fans qu’il foit
jamais befoin d’en femer. >5 Voyage , de Labat
T , l tP . 388.
« L a vigne que l’on a plantée aux Ides venant
diceélement de France, a eu bien delà
peine à fe n a tu ra life r au pays, & mêmejnfqu’y
préfent, les raifin s ne mûriffent pas parfaitement.
Ce n’eft ni le défaut de chaleur ni d e la nourriture
, mais c’eft parce q u e Le Climat étant chaud
& humide , les grains mûnifent trop tôt , & les
uns avant les autres, .de . forte que, dans une
m êm e g rap p e,- on trouve des grains mûrs, d’autres
en verjus, & d’autres qui font prefquen
fleurs. Le mufeat, qui eft venu de Madère & des
Canaries eft exempt de ce défaut, & il mûrit
parfaitement bien.» Id. T. J , p_. 3 6 5 . C e fait
eft d’autant plus précieux que la vigne des Ca-
p a rie s., qui avoit déjà paffé par un intermédiaire,
a moins éprouvé cette influence du Climat que
celle venant direélernent de F r a n c e .
- j ‘« J’ai expérimenté qu’ayant femé des pois,
qui venoient de France, ils rapportoient très -
peu*, les fécond rapportoient davantage ; mais
les troifièmes rapportoient d’une manière extraordinaire
pour le nombre &. la groffeur. j j là,
T. I , p. y 66.
« Un habitant demaparoiffe , nommé Sellier,
fenia du froment, qui étoit venu de France:
il vint très-bien en herbe; niais la plupart des
épis étoient vuides, & les autres av oient très -
peu de grains;- mais ceux-ci nés dans .le pays,
étant fcinés , pouffèrent à merveille , .& produi-
firent l'es plus beaux épis & les mieux fournis
qu’on puiffe s’imaginer. Id . T , I , p. 367.
Du Tertre , q.ui a voyagé‘en Amérique après
Labat, confirme ce qu’il dit , & , de leurs deux
rapports, il confie' que les chicorées, laitues,
ereffon alenois , corne de cerf, épinards, carottes,
panais, bette-raves, falcifis, chervis, afperges,
moutardes, pois & fèves, y réuftilfent, & portent
de bonnes graines.
Que -les ravçs & les oignons réuffiffçnt bien
de graines venues d’Europe ; mais que les graines
récoltées en Amérique ne donnent que des
plan res jnefquines.
Que l’ôfeillc n’y monte jamais en graine.
L ’Auteur d’un voyage de la Martinique, fait
en 17 5 1, dit a u ffi q u e les oignons & les poireaux
y font toujours grêles, & ne fleuriffentpas;
il ajoure auffi que les oeillets ne montent jamais
en flçurs, malgré les foins qu’on leur donne,
& que les fraitiers & les pommiers donnent peu
de fruits, §c de mauvaife qualité, !
TïarjpoTt
c l 1
Tranfport des végétaux dans un Climat plut'froid.
Un grand nombre des plantes , qui ornent
actuellement nos jardins, tire fon origine de pays
®lus chauds que l’Europe, & même de ceux fitués
entre les Tropiques; mais, comme ces plantes ont
paffé, avant d’être acclimatées, par des points intermédiaires,
foit dans nos ferresy foit en paflant
de proche en proche jufqu’à nous, on peut difficilement
confidérer les réfultats du changement de
Climat qu’il faut encore diftinguer de çeuxd une
longue culture. L ’Altère delà Chine ou Reine Marguerite
, les capucines, les bafüics , les ricins, les
poivons , &c. font de ce nombre, le. changement
le plus Taillant que ces plantes ont éprouvé
coniifte dans la diminution de leur durée ; car
elles font vivaces dans leur pays natal, & mû-
riifent leur graine dans le cours d’une faifon
en Europe. Elles ont en même - tems éprouvé
une diminution de volume proportionné à leur
changement de durée; le ricin , qui forme aux
Indes une plante élevée de douze à quinze pieds,
& même une efpèce d’arbufte , s’élève ici à
quatre ou cinq pieds au plus dans, le cours
de l’E té, & porte des- graines ; les bafiliçs. font
devenus herbacés 8c très-petits, ils font ligneux
aux Indes. Des Naturaliftes, qui verraient ces
plantes aux Indes & en Europe , faifiroient certainement
d’autres différences.
Il me paroît intéreflànt d’ajouter ici les citations
fuivantes fur la culture des légumes d’Europe
dans les pays froids, pour fervir de çompaJ:
raifon aux expériences faites..aux Indes. « Les
anciennes Sagas nous apprennent que l’Agriculture
nétoi t point négligée en Mande, puifqu’elle.S
parlent de bled qu’on y rècueilloit. Quelques
habitans onteffayé, de nos jours , d’en faire venir
; mais prefque fans fuccès. M. Thodal, Gouverneur
de l’Ifle, .fit femer , en 1 7 7 1 , de l’orge ,
qui pouffa vivement, & donna de l’efpérançe
pour la récolte; mais., à peine .p û t-o n en.-ra-
mafier quelques grains. ce Lettres fur l ’IJlande,
par M. de Troil, page 30. » . c
« Le Major Behm me dit qu’il avoit effayé'
(au Kamtchatka ) quelques autres légumes;
mais que lés expériences n’avoient pas réuffi ;
que les choux & les laitues ne pommoient point;
que les pois & 'les haricots jetroient des tiges
très - for tes , fleuriffuient & produifoient des
gouffes ; mais que ces gouffes ne fe rem-
pliffoient pas. 11 ajouta, qu’ayant effayé lui —
même, à Bolcheretok, la culture des différentes
graines farinacées, il avoit'obtenu, en général,
des tiges élevées & fortes , qui donnoient d.es
«pis ; mais qu’on n’avoit jamais pu tirer.de la
farine de ces épis.. » Troijïème Voyage de Cook.
Tome I V , page 300.
« A Tégard des légumes, ils ne viennent pas
tous également bien au Kamtchatka. Les plus
dûcculens, cçtnme,cpar exemple, les choux,
Agriculture. Tome I IL
G 1 1 1S9
les pois, la fala.de ne prodüifent qiie-des feuilles
&.des tiges. Les Choux & la laitue ne pomment
jamais. Les pois çroiffent & fleuriflént vers l’Automne,
fans rapporter de coffes. Les légumes,
au contraire , qui demandent beaucoup d’humidité,
comme, par exemple , les navets, les radis
ou raiforts & les bette-raves, y viennent bien.
Dejcript. du Kamtchatka , par Kracheninnikow ,
page 322.
On ne peut trop recommander aux Naturaliftes
cette partie' intéreflante de la Phyfiologie
végétale ; c a r , dés que les variations des plan tes,
& fur-tout les caufes de ces variations feront
connues, on fera certain de débarraffer la Science
d’une foule d’incertitudes fur la diftinélion des
efpèces & des variétés qui., dans ce moment , fe
décident fur la parole du Maître } n’ayant pas
de règles fixes pour les juger! ( M. R e ywibr.)
CLINOPODE, Clinopodivm.
Genre de plantes de la famille des labiées, qui
comprend quarre efpèces. Ce font des plantes
herbacées , . vivaces, à racines fibreufes, qui ne
font'pas toutes d’un égal intérêt pour, les jardins.
Une d’elles habite la France, & ,eft recherchée
pour fes vertus. Elles font d’un port élevé , leurs
fleurs fdrment, par leur en fera b le , des anneaux
ou colliers féparés, & placés par étage, jüfqu’à'
l’extrémité de. la tige. On en cultive trois efpèces
en pleine terre, dans notre climat.
Efpèces.
1 . C l i n o p o d é c o m m u n .
Clivopodivm vulgare. L. Europe.
2. Clinopodé d’Egypte.
Clivopodivm Ægyptiacum. La M. Dicl. <2 £ .
d’Afrique. 3. CLINOPODE blanchâtre.
CziwoPODiinà incanum. h . Qf Maryland, Virginie^
Caroline.. ,
4. CLlNOP'ÔDE ridé.
Cz i n op o d i u m rugofum.' L. ^ France Equinoxiale
, Jamaïque, Caroline.
Clinopodé blanchâtre , Clinopodé ridé. *
Nous ne parlerons point du Clin opodé commun
qui fe trouve par-tout ; le long des haies,dans les
,. lois fecs & pierreux , qui s’élève, de deux pieds,
dont les anneaux font formés par l’affemblage de
fleùrs blanches ou rouges ; non plus que du
t Clinopodé d’Egypte, qui les. a de plus petite
apparence , & avec des fleurs de couleur de
chair ; mais la troifième'efpèce, qui s’élève‘de
trois pieds, nous la diflinguons à calife de fes
fleurs d’un blanc rougeâtre, ponétué de pourpre ,
parce quelle porte des feuilles vertes en-deffus ,
bianchàtrésén-deffous, 8c enfin, parce, que celles
g u c les fleurs précèdent déplus près, font prefque
blanches : noiis ne pafferons point non plus