
20.'"Conferve de roche.
Covfeb. va rupefiris. L. filamens articulés ,
très-ramcux & verds. Europe, lur les rochers
mariâmes.. ' rtt
1 2 '. C o n f e r v e égagrbpile^ ;
Coxferva agjgropila. L. filaménjfarticulés,
très- rameux , très - ferrés dans leur centre, &
formant une boule. Suède, Dafi^marck,. dans ■
les lacs : obfervée aufli en Angleterre.
2 2 . C o n f e r v e m u c i l a g in e u f e .
Conferva mucïlaginofa. Reyn. fur les rochers
humides des montagnes topheufes de la Suiffe&
de la* 1 Savoie. • . ,
Culture. Les Conferves ne font point fufcep-
tibles de culture. Elles font placées dans le règne
végétal,' & elles forment peut-être un des premiers
chaînons qui l’unit au règne minéral. On
n’en .connoît point les femences, 8c à y regarder
de près, on ne vpi't en elles, prelque rien
de ee qui fait dire affirmativement : tel être eft
un végétal. Ces planres font donc confidérées
comme imparfaites. On eft obligé d’aller chercher
à la campagne la plupart des efp.èces, que l’on
peut fe procurer pour les démonflrations. Ces
produirions aquatiques ne fe confervent point
hors de,l'élément qui leur eft propre, & leur
tranfport au loin riéceflite des précautions d’emballage
en hroufté, qu’il faut rafraîchir fouvent.
On les place dans des terrines remplies d?eau>
aux endroits que la clafle leur aftigne dans l’Ecole.
Cependant il en eft quelques cfpèces qui font
je fléau des Jardiniers, telles que la première 8c ;
la deuxième. Elles fe mulriplienT~â un tel point
qu’elles couvrent.-les eaux des baffins, nüifent
à la tranfparerice des eaux , 8c diminuent les ;•
effets qu’on peut attendre de leurs maffes bien
diftribüé'es. Le feul moyen de s’en débarraffer ,
lorsqu'une fois elles fe font emparées d’unbalfm,
c’eft de le vuider, de le nettoyer avec foin, &
même de changer l’enduit du fond & des parois.
Mais le-plus sûr moyen de s’en garantir , eft toujours
d’employer lés eaux les plus courantes, 8c
de leur ménager tous les moyens de fe renou-
veller.
Vertus & Ufages.
Le ta& découvre dans les Conferves des qualités
malignes. On a remarqué que- l’impreflion
qu elles laiflent à la peau, lorfqu’on les a preffées
dans la main, a des rapports avec l’aérion de la
chaleur trop exaltée de l’eau , fur les houppes
nerveufes du tiffu cellulaire. Les maladies qui
régnèrent à Paris, en 17*1 , furent des féche-
reftes de bouche- & de l’âcreté dans la gorge;,
dont il réfuIra des efquinancies ^autres acci-
dens. On les attribua à la multiplication de la
Conferve des rivières, qui communiqua aux
eaux de la Seine ces principes morbifiques.
( Voye\ M. Valmont de Bomare & les Mémoires
de l’Académie.) Le N.* .1 s’emploie , dit - on,
avec fuccès dans le3 contufions & les fraéhircs.
En Angleterre où le drapeau nécefl'aire à la
fabrication des papiers eft fort rare, on le fert,
dit-on , des filamens de ces produirions aquatiques,
pour faire des papiers d'emballage. (P,
A. Qvesné.')
Obfervations & Expériences faites Jur les Conferves
par M. Jngcnhûuf[.
M. Ingenlioufz , un des Phÿficiens le plus fa-
van t de nos jours, a entrepris un grand nombre
d’expériences fur les Conferves, fur - tour fur
l’efpèce la plus commune, ou celle des ruifteaux,
L ’appliCation heureufe , que ce Savant a toujours
fu faire de fes découvertes, pour le bien
de l’humanité, nous a engagés de donner ici
par extrait tiré des Ouvrages de ce Savant, une
des expériences que l’on trouve répandues dans
fes Ouvrages : nous nous flattons que les Lecteurs
nous en fauront gré.
Obfervations fur la nature & la flruclure
de la Conferve rivulans.
et On connoît affez la Conferve rivularis, cetfe
plante filamenteufe que l’on rencontre prefque
dans toutes les rivières & ruifteaux, & fur-tout
dans les grandes cuves, baffins ou réfërvoirs
d’eau. On en trouve un grand nombre d’efpèces,
que l’on peut voir dans Linneus. Je .ne parlerai
que de celle que j’ai examinée le plus fréquemment
, & qu’on trouve ordinairement dans les
réfërvoirs d’eau ou baffins de jardins, ou dans
prefque tous les ruifteaux.
Ses filamens,'très-différens en épaifleur, font
noués, ayant des efpèces de valves ou interjections
, par lefquel'es ils font divifés en différentes
partitions. En les examinant au microf-
côpe, on trouve que ce font des tuyaux tranf*
parens, fans aucune couleur, reflemblent à des
tubes capillaires de verre blanc, remplis d’un
nombre prodigieux de petits corpufcules ronds
& ovales, de la même grandeur 8c forme que
les infeiles qui font les rudimens de la matière
verte. Ces corpufcules font enveloppés dans une
matière glutineufe , plus ou moins verte, lorf-
. qu’on coupe les filamens de la Conferve en trèspetits
morceaux, & qu’on les expofe au foyer
d’un microfcope , ori voit fouvent couler des
bouts coupés de ces’ tuyaux, tous ces petits cor-
pufcules encore enveloppés dans leurs nids glaireux
( 1 ). Cette matière gLutineufe ne partit
• ( l . ) C e u x de nos Le& eu r s qui o nt o c c a fîo n d e fe procurer
les O u vrag e s de M . Ing enh ou fz,, peuvent con*
fulter le V o l. I I de fes . Nouvelles Expériences & U*'
1 fervations , & où ils tro uveront la repréfentation de xs corpufcules groffis au microfcope, tab. I , ^ëüte.
On en trouve également une bonne figure dans * 0
Danica de Muier, tab. 881.
pas être al Tintent mifcible avec l’eau, pasmèine
en la remuant ; elle nes’ÿdifiout que lorfqù’elle
fe trouve daçs un étaf de putréfailion, ce qui
lui arrive très-rarement. Ces corpufcules"font
tous fans mouvement, ceux même qui fe font
féparésde cette matière tenace, .& qui femblent
être en liberté dans l’eau, ne montrent point
de mouvement fenfibleau commencement *, mais,
en les examinant quelques jours de fuite , on
en verra de jour en jour un plus grand nombre
qui ont pris un mouvement progreflif, c’eft-a-
dire, qui paroiffent être évidemment des infeiles
pleins de vie. Au bout de fix ou fept jours , on
les trouve en général tous vivans, excepté ceux
qui font encore reftés collés enfeinble,8t enveloppés
dans la fubftance glaireufe. Je n’oferois
décider fi les différentes inretfeèHonà., ou loges
des filamens,. ont quelque communication en-
tr’elles. Pour m’aflurër fi ces infeiles vivansque
j’obfervois, étoient les mêmes que les corpufcules
enfermés dans les tuyaux dé la Conferve,
j’ai lavé les filamens de la Conferve dans de
l’eau diflillée à'dilférentes reprifes, pour en détacher
tous les infeiles', dont il y a toujours un
grand nombre attachés à la Conferve, 8c dont
il y en a aufli de répandus dans l’eau, où on
trouve ce végétal. Après avoir bien nettoyé ces
filamens, j’en exprimois l’eau avec mes doigts,
& je la jettois. Je coupois eufuite les filamens
avec les cifeaux aufli menu que poffible, 8c je
jettois cette maffe prefque réduite en marmelade,
dans un vafe rempli d eau diflillée, qui en fut
auffi-tôt teinte en verd, 8c qui fourmilloit alors
de ces corpufcules* ronds, q ui, peu de jours
après, commençoient à fe mouvoir en tout fens.
Comme notre Conferve croît en abondance
dans les grandes cuves de bois, dans lesquelles
on tient de l’eau, mais feulement après que la
matière-verte de M. Prieflley a pris fon aceroif-
fement fur les parois, 8c qu’elle ne croît que
très-rarement dans les Cloches ou vafes de verre,
expofés aux foleil, j’ai foupçonné,pendant lortg-
tems, que l’origine de la matière verte de M.
Prieflley 8c de la Conferve des ruifteaux étoit
la même, 8c que les petits infeiles reftent dans
les vafes de verre , où l’eau eft très-tranquille,
attachés aux parois , enveloppés ou embarraffés
dans une matière qui, par fa ténacité, les empêche
de fe mouvoir, mais que ces infeiles*ne
fe trouvent communément pas affez fortement
retenus par la matière glutineufe , moins tenace
dans les grandes cuves remplies d’eau, pour
perdre tout mouvement, avant de s’être introduits
dans les tubes de la Conferve, fi tant eft
que ces êtres foiem réellement les mêmes.
Je ne donne cette idée que comme un pur
foupçon, tiré de l’origine commune de la matière
verte 8c de la Conferve , 8c de la reffem-
blance des corpufcules communs à ces deux
êtres.
Si cette idée, que nous développerons un
peu plus dans la fuite , peut avoir quelque rondement
au premier ,coup-d’oeil, elle eft néanmoins
accompagnée de grandes difficultés. Comment
comprendre, par exemple, que du milieu
des débris des animalcules verds, qui font Po-
rigine de la matière verte de Prieflley , 1 1
pûiffe s’engendrer des filamens blancs, doués
d’un mouvement manifefte , qui paroît être plus
animal que végétal? Si la matière glutineufe elt
uti dépôt de l’eau,-ou une production des animalcules
de la matière verte , d’où les filamens
doués de mouvement, 8c dont la croûte gluti-
neufe fe trouve entrelacée après quelque tems,
tirent-ils leur origine ? La grande difficulté de
réfôüdre cette difficulté, vient de ce que ces
infeiles 8c ces filamens fe produifent même dans
des vafes clos 8c renvertes dans du mercure. Les
fibres vertes 8c tortueufes , qu’on voit dans la
grande tremelie ( Voye\ l’Ouvrage cité, tabl. 1 ,
fig. 9 & 10.), de même que celles de la tre-
melle naiflante ( fig. 8 , ibid. ) , font-elles les
mêmes que celles repréfentées dans les figures 5
8c 6 , mais grandies par l’âge ? Si la tremelie eft
une plante, d’où tire-t-elle fon origine dans les
vafes fermés, remplis d’eau bouillie, 8c renverfés
du mercure , ( dans laquelle tout germe d un
être organifé doit périr fans reflburce ) ? Poui —
roit-on fuppofer, avec quelque Ombre de probabilité,
qu’un morceau de viande, qu’on ren-
fermeroit encore tout pal, itant dans une telle
eau , contienne des oeufs 8c des femences fécondés
, des 'racines ou des germes Vivans d animaux
8c de végétaux ? En réfléchiffant fur toutes
ces difficultés, je me confonds, je me trouve
1 entouré de merveilles; je vois des effets-, 8c je
ne puis en expliquer la caufe , fans remonter
à la caufe fuprême, à l’Etre intelligent, qui a
créé le tout avec une fagefl'e 8c des vues incom-
préhenfibles aux humains.
Dans l’impoftibilité de comprendre des phénomènes
aufli feabreux, nous devons nous borner
à confidérer avec attention les faits qui fe préfentent
à nos yeiix. .
La même eau , féjournant dans trois différens
vafes, produit généralement trois différens êtres.
Sous une cloche de verre, dans laquelle l’eau
he reçoit aucun mouvement, il fe produit pour
l ’ordinaire un effaim d animalcules verds , en—
fuite une croûte verte , ou , en d aurres mots,
la véritable matière verte de M. Prieflley, dans
laquelle, après un certain tems, naiffent des
fibres mouvantes; après quoi, le tout fe change
en v éritable Tremelie. Dans les grands baffins
on réfërvoirs d’eau bâtis en pierre , dans lefquels
l’eau eft plus ou moins dans un mouvement
continuel, il fe produit la même efpèce d’animalcules
; lefquels, au lieu de fe coller tous aux
parois du baffin , en forme de croûte , fe collent
U plupart les uns aux autres, & s’attachent en<