
bkn lavées & fans rupture -, la fiiaffe refle au
fond du bac. On lève auili - rôt la planche à
pointes avec précaution -, on nétoie la fijaftè des
efquilles ; on la prend par le milieu ,8 ^ voilà
une poignée pure. On continue ainfi à .défiler
les autres poignées. S ■
Des enfans & de vieilles femmes peuvent faire- ,
ce travail. Quatre ouvriers peuvent défiler vingt
bottes de Chanvre, en ufi jour & demi.
Au lieu de mettre le Chanvre pour le défiler .
dans un bac, on peut le pofer fur ' cinq à fix
petites barres triangulaires de bois , en leur don- ;
riant répaiîïeur-d'au pouce ou environ, & la
longueur d'un pied & demi ; 'on les cloue fur
la planche tranfverfalement, & à fix pouces
de diftaoce. La planche fe place fur trois piquets,
à trois pieds de hauteur , pour défiler plus ai-
l'ément. On paffe fur les poignées une corde de ;
crin , à laquelle on attache un poids d’une livré ;
de chaque côté, & qui contient les -tiges & arrête
la filàffe.' M. Bralle préfère cette dernière ,
méthode, qui évite des frais.
On doit, d’après cet Auteur , laver la filàffe
quand elle eft féparée de la diçnevotte. On en ‘
prend cinq ou fix poignées , on les trempe deux î
ou trois fois dans une eau de favon noir - on J
les preffe pouf en faire fortir .l’eau , On attache ;
ces poignées vers le milieu dans une fourche
de bois, on les plonge'dansune eau claire, on
les en retire & on les y replonge jufqu’à ce que .
la filàffe devienne pure & blanchâtre. Un des
côtés étant épuré, xon lave l’autre de la même
manière. On remarque que la queue eft plus <
difficile à blanchir que les pattes.
Le-Chanvre teillé on lérancé n’eff, pour ainfi
dire, que dégrolfi. Il ne peut être employé fans ;
être affiné. On lui fait fubir Cette préparation ■
par ditférens moyens. Les .uns le battent dans ;
des mortiers de bois, avec de gros maiffets qu’on
garnir quelquefois de fer, ce qui s’appelle piler
le Chinvre. Quand les maillets* font garnis de' .
fer, Les déchets font côn fui érables; d’autres pro-
pofenr des moulins pareils à ceux des papeteries f
& des poudreries ; d’autres font pafl'er le Chanvre
l'ous une meule 4e pierre , dans un moulin
confiruit comme ceux qui font de l'huile. Le
Corps d’Obfervafions de laSocieté 4 ’Agriculture
de Bretagne indique comme plus expéditive, une
machine nommée moulin. C’eft une auge.dont
l’aire eft parcourue par un cône, pofé horizontalement
& mû par un cheval.
u Un autre moyen d’atténueraffouplir §t rié-
7> toyer le Chanvre, efi de Yefpader, p effiler ou
« échsrnvrer: c’efi-à-dii e,le frapper a coiips redoublés
35 fur une planche pofée de bout, avec une efi-
35 pèce de couperet. Ce travail doit être exécuté
35 dans un endroit dont le plancher foit élevé &
35 qui ait de grandes fenêtres, pour donner lieu
35 à la diflïpatîon de la pouffière qui fort du Chan ■
r> v re, & qui* peut beaucoup fatiguer la poî-
55 trine. On nomme chevalet une pièce de bois
>5large de quinze à dix - huit pouces, fur huit à
•55netï* d’épaiffèur , fur laquelle efi a-fi emblée
>5de bout une planche épaiffe de douze à qua-
»rorze lignes, large de douze à quinze pouces,
»liante d’environ trois pieds St demi, <k dont
35le haut efi échancré en demi-cercle de quatre
55à cinq pouces d’ouverture , St d’environ deux
55à trois' pouces de profondeur. 11 y a des endroits
55ou cette planche porte les noms de pa'ijjet, poif-
»/« ou peffeau. Ce qu’on appelle ejbade, ejpa-
55don, échanvroir, écouffbir ou échouche , efi coin-
55inunéraent une planche de noyer bien polie,
55& fans arrêtes, longue d’un à deux pieds, fur
35deux à fix lignes d’épaiffeur, large de quatre à
55huit pouces, & dont les deux-côtés font en
55tranchant moufle (quand elle a moins de fept'
55pouces de largeur , la filafle efi fujette à s’en—
35tortiller autour). L ’une des extrémités efi ar~
»rondie en-deffous, vers la poignée qui la ter—
»mine , & qui peut avoir quatre pouces de long,
55fur environ un pouce &/ demi de diamètre. On
55ajoute quelquefois au bord de la poignée une
55forte d’aileron , qui s’élève à angles droits, entre
35elle & la lame de l’efpade : c’eft une planche
»aufli mince que cette lame, mais large de quatre
»pouces & demi, haute d’un pied, droite par
»lé côté qui regarde la laine , Sf. un peu en
«ceinrre par celui qui eft vers l’ouvrier : fon
55effet efi de donner de la volée à l’infiinment,
35& diminuer la fatigue de l’efpadeur. La lame
, 55de l’efpade n’eft alors en tranchant que d’un
»côté. On voit en Normandie des efpades dont
55la lame eft de fer, en couperet; le tranchant
55en eft fort moufle: le manche efi de bois.35
«L’efpadenrprend de fa main gauche, & vers:
55k milieu dela longueur, unepoignée de Chan-
35vre, plus ou moins forte ; il ferre fortement La
3'ma in ; & , la tenant près de l’échancrure du
| »paiffet, fur laquelle appuie le milieu de, la poi-
, )3gnèe, le refie" pendant de l’autre côté, il fait
! .33 tomber adroitement , mais très -ferme, fur
i «la partie pendante, l’efpade,qu’il tient lie la
33inain droite. L’efpade & le Chanvre' gliffant
»par un même mouvement le long du.pailler,
33 la chenevotre fe détache, les fibres fe défuniffent,
»les fibrilles s’étendent. Après plufieurs coups,
»on fecoue le Chanvre, & on le retourne demis
»deffous, toujours empoigné7; & on continue
‘ »de frapper jufqu’à ce qu’il foit bien net., &
i »que les brins paroiffent bien tiroirs. On le change
I »alors bout pour bout, afin que la poignée foit
? »également apprêtée'dans toute fa longueur. On
î »commence toujours par le bout qui tenait au
I 33bas des tiges. Il faut avoir l’attention de travail-
I »1er le milieu comme les extrémités ; on ne voit
1 »que trop d’ouvriers qui y manquent. Si le Chan-
i »vre n’eft pas bien arrangé dans la main de l ef—
I »padeur, il s’en détache beaucoup , de brins qui
] » fe bouchonnent. Malgré l’attention de certains
* ouvriers à cet égard, il s’en fépare toujours
33 des brins qui tombent à terre. Mais, quand il
*' y en a une certaine quantité , on doit les ra-
» maffer, en faire des poignées le mieux quel on
j, peut, & les Travailler à part : au moyen de
„ quoi il ne refte qu’une mauvaife étoupe, pro-
„ pre à faire des flambeaux , du lumignon , des
» ferpilières & autres toiles femblables, des tam-
» pons pour les mines ou pour boucher les bou-
» teilles, panfer les chevaux, faire du papier, Stc.»
a Le Chanvre eft plus ou moins long à elpa-
» der, félon qu’il efi plus ou moins net dé cheve-
5» nottes.Ce degré de netteté influe encore fur le
» déchet. Un bon efpadeur peut pféparer 60 à
» 8c livres de Chanvre dans fa journée, & le
# déchet peut s’évaluer à cinq, fix ou fept livres
j» par quintal. » _ • “ . .
« Quand cette opération efi bien faite , le
»Chanvreeft prefque dans fa perfection. On af-
33 fure qu’à Venife, où la corderie eft célèbre,
33 on elpade de manière que , le plus fouvent,
3» on n’a pas befoin de peigner le Chanvre. Au
» refte, laqualité primitive du Chanvre petit con-
» tribuèr beaucoup à régler l’une ou l’autre pré-
33 paration'. ( Voye\ l’Ouvrage de M. Duhamel,
» pages 7 9 , 86 , 87 ). Le Chanvre de Riga n’a
yi befoin que d’être peigné à Breft & à Roche-
» fort, pour en faire des cordes , tandis que celui
»des environs de Breft ne s’emploie quaprès
33 avoir été bien efpadé , puis pe:gné. Peut - être
5» eft- ce la même raifon qui lait qu’on n’efpade
» pas à Marfeille celui qu’on emploie aux ma-
» noeuvres des vaiffeaux. Cependant M. Duhamel
» affure , d’après lés expériences & obfervations
» qu’il a faites, que le Chanvre , qui paroît le
» plus net, s’affine mieux avec l’efpade qu’avec
» le peigne feul, & que le bon Chanvre n’y
» fouffre pas plus de déchet qu’entre les mains
» des peigneurs.»
« M. le Duc de Choifeul a fait remettre à la
» Société de Bretagne une breye de Livonie , que
33 l’on prélüme faire le double office de .broyé &
33 d’efpade. On aflure que cet inftrument & la
»broie à fciedu Languedoc n’affinent les filàflfes
» qu’en les affoibliffant, & rendent lès brinsronds
» or cordonnés-; les autresinflrumens les rendent
»rubanés : ceux - c i font plus eftimés. Confultez
33 le Corps d’Obferv. de cette Société , années
» 1759 & 1760 , pages 233. jufqu’à 337 , r/2-8.0
« La dernière- façon qu’on donne au Chanvre eft
» de le faire paffer fucceflïvement par plufieurs
» peignes de fer ou affinoirs, qu’en nombre d’en-
» droits on nomme Jerans. Ce font des efpèces
»de cardes dont les donts font plus ou moins
»longues, fortes & ferrées, fuivant le degré de
n-fineffe que l’on veut donner au Chanvre. (Con-
» fultez l’Ouvrage de M. Duhamel, pages 70,
» 7 1 , 72, &c.) Le Chanyre qui a en cette façon
» eft appellé affinage parmi les Marchands. On
»le vend-en courtons ou cordons, c ’eft - à-dire ,
)) par petits peignons, légèrement'tors, pliés en
33 deux & noués par le milieu , comme les éche-
» veaux de fil, fi ces peignons font un peu longs,
33 finon un peu tors & noués à chaque bout.»
. et Un peigneur peut préparer jufqu’à quatre-
33 vingt livrés de Chanvre par jour. Maisil eft beau-
» coup plus important d’examiner s’il prépare
33 bien fon Chanvre , que de favoir s’il en pré-
» pare beaucoup! D’ailleurs il faut plus de tems
» pour lé pafi'er par quatre' peignes que par
» deux.»
M. DuHàmel confeille de ne peigner le Chanvre
qu’à mefure qu’on veut l’employer. Si 011
le peigne d’avance, il s’emplit de pouffière, eu
forte qu’on eft obligé de le peigner de nouveau.
Le déchet qu’éprouve la filàffe eft plus oit
moins conlidérable, félon la nature du fo l, la
chaleur du pays, l’efpèce & la perfection du rouif-
fage employé, & le plus ou moins de préparation
qu’on lui\donne. Car on tire plus ou moins à
la belle fiiaffe ; ce qui dépend du profit que
trouve le propriétaire à vendre du fin ou du
commun, & l’ufage qu’on en veut faire. Ordinairement
le déchet efi de quinze à feize livres
par cent; quelquefois il n’en que de dix à onze ;
d’autres fois il eft de vingt-huit à trente. Pour
: des ouvrages précieux , on fépare ce qu’il y a
de plus beau dans le maître brin. On conçoit
que d’une fiiaffe brute, on retire diverfes qualités
, dont la plus inférieure eft de l’étoupe.
M. Duhamel croit, d’après l’examen & beau-
; coup de faits, que le Chanvre le mieux affiné,
loin d’être énervé , fait les meilleures cordes.
M. Marcandier, dans fon Traité du Chanvre,
indique des moyens de perfectionner les préparations
de .cette plante. Il veut qu’on ne la
; cueille que bien mûre, qu’on en égruge les
têtes anm-tôt après la récolte, qu’on la faffe
rouir fans la faire fécher, qu’on lui donne un
fécond roui après le teillage ou le broyage,
, que l’eau de ce fécond roui ait un certain degré
de chaleur, qu’on la renouvelle plufieurs fois,
qu’on y preffe & fatigue le Chanvre , qu’on l’en
tire pour l’étendre & le battre dans toute fa
longueur, & le laver enfuîteà l’eau courante :
après quoi on le tord , on l’ouvre , on le fait
égoutter St fécher fur des perches. Ce deuxième
roui peut être fait en forme de ieffive ordinaire.
Par ce moyen, le Chanvre doit fans doute être
plus purifié, plus difpôféji être affiné. Il donne
peu de déchet dans l’affinage St n’incommode
pas les ouvriers. SuivantM. Marcandier « le Chan-
» vre ainfi lavé donne, en paffar.t fur des peignes
»fins , une filafle fufceptible du plus beau filage
»comparable au lin , St„ne fournit guères d’é-
»roupes, » encore M. Marcandier tire - r-il parti
. de ces étoupès ; en les cardant comme de la
laine, il en réfulte une matière fine , moëlleufe
St blanche, propre à ouater, St dont on peur
tt ;; *