
On a donné le nom de Cultivateurs à des inf-
trumcns d’Agriculture. Voye% le Dictionnaire des
Inlînunens. ( M. Tessier. )
CULTIVATEUR. On nomme ainfi une forte j
de petite charrue apportée de l’Amérique lepten- I
trionale,par M. Saint-Jean de Crevecoeur, & qui j
lert à labourer fuperficiellement, ou plutôt à j
biner les terres cultivées en pommes de terre, en j
nrûs, &c. Voye\ l’article Ch ARRÛE.(Af. T h où in") |
CULTIVER. VoyeiC u l t u r e . (M. Tessier?)
CULTIVER. C’efl adminiftrer à chaqueefpèce
de Jardin, à chaque partie qui le compofe , & à
chaque plante en particulier, la culture qui convient
à fa nature, ou aux vues du Cultivateur,
pour en tirer le parti le plus avantageux, relativement
au but qu’il fe propofe, foit d’urilité ,
foit d’agrément. Voye{ le mot Culture. ( M.
Tnovisr. )
CULTURE, Agriculture,
Ce mot,pris dans fa plus grande acception,lignifie
Occupation d e , Soin j darfs ce fens, on dit Culture
des Sciences & Arts, Culture des Abeilles^ &e. Ordinairement
fa lignification eft peu étendue , on 1
reftreint aux diverfes manières de préparer fa terre
pour la mettre en état de favorifer le développement
& la végétation des femences qu’on lui confie,
& plus particulièrement des graines céréales.
Sous ce rapport, Cultiver, c’efl labourer, femer,
herfer , rouler, fa rd er , récolter, &c.
Dan9 le premier Difcours préliminaire de ce
Dictionnaire , j’ai expofé i’Hifloiré abrégée & les
progrès de l’A griculture chez les différéns peuples,
& les moyens de l’améliorer en France. Au mot
Agriculture, j’ai difiingué les branches & les parties
de cet Art important, en foumettant chacune à [
la divifion à laquelle elle appartient. Il me refie
à traiter ici de tous les fyflêmes de Culture. A
la vérité, le troifième Difcours préliminaire, dont !
M. l’Abbé Bonnaterre eft l’Auteur, a rempli en ;
partie cet objet. Il a bien voulu en me remplaçant
luivre le plan que je m’étois formé,& connoître !
l ’extrait des meilleurs Ecrivains fur l’Agriculture
parmi les Grecs, les anciens Romains & les modernes.
Mais cet extrait, qui embraffe tontes les
branches de l’économie rurale , plus ou moins ap- j
profondies paFchacun de fes Auteurs, ne préfente
leursfyftêmes de Culture qu’imparfaitement, tandis
qu’il faut les faire connoître à fond, & les rapprocher
les uns des autres.’ C’eft le but que je me
luis propofé, & auquel je parviendrai facilement,
en copiant le Mémoire de M. Delalaufe, inféré
dans le Cours complet d’Agriculture, ouvrage dans
lequel il y a tant à puifer.
Syfilme de'Culture ancienne , tire des meilleurs
Auteurs.
1* Sur quels principes ils e'tablijjoient leur méthode.
Les premiers principes de Culture , qu’oni
I établi les anciens Agronomes, confifloientS divifef
la terre par des labours, à la fumer pour la rendre
fertile & à lui donner du repos, c'eft-à-dire, la
laitier en jachère, après avoir recueilli fes productions
j ils ne connoiffoient pas allez le mécha-
nifme de la végétation ; pour établir fur ce principe
des règles certaines de Culture, comme l’ont
fait quelques Auteurs modernes. Les Agriculteurs
qui joignoienr à cet Art quelques connoiffances
d’Hiftoire naturelle, croyoienr que le racines des
plantes étoient les feuls organes, deftinésà pomper
les fucs, qu’ils tranffnettoient aux végétaux,
cfue les molécules de la terre extrêmement atténuées
, mêlées avec certains fe ls, étoient le feul
aliment analogue à chaque efpèce de plantes t
avec de telles idées eft-il étonnant que leur manière
de Cultiver n’eût qu’un rapport immédiat avec
les racines ? Sur ce principe les labours furent
établis, afin de bien atténuer la terre, pour la
rendre propre à être introduite dans les canaux
des racines. Ils preduifoient cet e ffe t, en faifanc
ufage, après les labours, des herfes, des rouleaux,
des rateaux, &c. Malgré toutes ces opérations, la*
terre s’épuifoit, quand elle avoit donné plufieurs
récoltesconfécutives ; &., pour prévenir cet épui-
fement, il fallut avoir recours aux engrais, établir
des jachères ou temps de repos.
« Dans fes Géorgiques., Virgile prétend que
les principes &, la pratique de la Culture doivent
être établis & fondés fur la connoiflance particulière
de la nature du fol. Voici à-peu-près
comment il s’explique à ce fujèt: Avant de mettre
la main à la charrue , il eft effentiel que le laboureur
connoifle l’efpèce de terre qu’il fe propofe
de mettre en valeur, pour fa voir ce qu’elle
peut produire. Il y en a qui font propres à donner
de belles moiffons , d’autres font favprables à la
Culture de la vigne : dans les unes, il eft facile de
former d’agréables voies ; dans d'autres* on peut
fàire croître avec fuccès une herbe abondante
pour la nourriture des beftiaux. De cette manière
de raifonner il conclud qu’il faut abfolument
connoître la nature, les qualités des différentes
terres qu’on exploite , afin de les enfemencer
relativement à la nourriture qu’elles font capables
de fournir à la végétation des plantes. M
m Varron, dans fes principes de Culture , ne
s’éloigne pas de ceux de Virgile. Il les établit, i.*
fur la connoiflance du terrein & des parties qui
lé compofent; i .° fur celle des différentes pian:es
qu’on peut y cultiver avec avantage.. Parmi les
anciens Agronomes, aucun n’eft entré dans un fi-
grand détail des différentes qualités des terres,.relativement
à leur production, que PaJladius. »
« Pour la faifon des travaux de Culture , les
Anciens étoient dans Pufage de fe régler fur le
coars des Aftres. Virgile dnoxt qu'il'falloir interroger
les Cieux, avant de fillonner la terre, & avant
de recueillir fes productions. Suivant fonfemi—
men t, le cinquième jour de la Lune étoit funefle
A \
C U L
rfux travaux de la campagne, le dixième au contraire
étoit très-favorable. En général, les anciens
Agriculteurs & tous ceux qui ont donné des
méthodes de Cultureéroicnr perfuadés qu’on pouvoir
vaquer aux occupations champêtres, tant que
la Lune croiffoit ; mais qu’il falloir les interrompre,
quand elle étoit dans fon déclin.
2. et Des Labours. Les Labours font une fuite
néceffaire de l’opinion des anciens Agronomes,
touchant le méthanifme de la végétation. Malgré
cette op in ion , .les Labours n’étoient pas auffi
multipliés qu’ils auroient dû l’être relativement
à leur fyflême ; ils employèrent différéns inftru-
mens capables de produire en partie cet effet ; i,° •
la charrue étoit d’abord inife en ufage pour fillonner
& ouvrir la terre-,i.° les rateaux à dents de
fer brifoient enfui te les mottes ; à leur défaut,
une claie d’olier rendoit à-peu-près le même
fervice ; y.G le rouleau perfedionnoit la Culture ;
on le falloir paffer fur toute la fuperficie du ter-
rein , afin de l ’unir & de l’égalifer parfaitement.
L e nombre des Labours néceffaires avant d’enfe-
mencer , n’étoit point fixé; fuiv an t leurs principes,
ils auroient dû être très-muhipliés, ; nous
obfervons au contraire qu’ils labouroient moins
fréquemment que nous. Virgile s’eft éloignédans
fes préceptes fur la Culture, de la méthode de
les contemporains. Il prétend que deux Labours
font infuffifants pour difpofer une. terre à être
enfemencée ; fi l’on veut avoir des moiffons abondantes
, il penfe qu’on ne doit pas fe borner à,
deux ni à quatre, mais agir , félon le befoin des:
terres. Caton paroît n en preferire que deux ,
lorfqu’il dit : « Une bonne Culture confifte, pre-
93 mièrement à bien labourer ; fecondement à
T3 bien labourer ; troifièmement à bien fumer, n
et Les anciéns Agronomes étoient dans l’ufage
de donner le premier Labour très-légèrement,
perfuadés que les racines des mauvaifes herbes,
étoient mieux expofées à l’air, & plutôt délié-
chées par l’ardeur du foleil. Les Labours fuivans
n’étoient guères plus profonds ; leur charrue , peu
propre à fouiller la terre, nepouvoit ouvrir des
filions que cinq à fix pouces de profondeur. Quoique
leurs inftrumens de labourage fufîent moins
propres que les nôtres à la culture des terres, ils
avoietÛNçeperadant foin de proportionner l’ouverture
du lillon à la légèreté ou à la ténacité du
fol. Dans un terrein léger & friable , le labour
étoit Superficiel; profond dans un terrein dur,
& autant que la charrue pouvoit le permettre.
Virgile infifte beaucoup fur cette méthode, afin
de ne pas donner lieu à l’évaporation de l’humidité
néceffaire à la végétation , en faifant de profonds
& larges filions dans un fol léger. Dans un terrein
fort & argilleux, il veut qu’on ouvre de profonds
& larges filions, pour développer les principes de
fécondité, qui feraient nuis pour la végétation
fans cecte pratique; a
.« Suivant l’opinion des A n c ie n s to u te s les
$ 9 3
faifons n’étoîent pas également propresà labourer
les terres. Virgile condamne les labours faits pendant
les chaleurs de l’Eté & pendant l’Hiver,
comme étant très-nuifihles à la fertilité ; le teins
le plus favorable, félon l u i , droit quand la neige
fondue coinmençoir à couler des montagnes. La
faifon des labours dépendoit encore de la qualité
des terres. Le même Auteur preferivoit de labourer
, après l’Hiver, un fol gras & fo r t, afin que
les guérets fufient mûris par les chaleurs de l’Eté;
quand au contraire il étoit léger, fablonneux, ou
friable , il prétendoit qu'il talloit atrendre l’An6
tomne pour le labourer. >j
<« Columelle n’étoit pas du fentiment de V’ir^
gile ; il vouloir au contraire qu’une terre forte,
fujete à retenir l’eau, fût labourée à la fin del’année,
pour détruire plus facilement les mauvaifes
plantes, m
«£ Les anciens Agronomes ont ignoré la mé-*-
thode de cultiver les plantes annuelles pendant
leur végétation : toute leur culture, à eer égard,
fe réduifoit au farclage , à faire paître par l.es
moutons les fommités des fromens trop forts en
herbe , avant l'Hiver ; à répandre du fumier en
pouflière, lorfqu’ils n a voient pas pu fumer leurs
terre*, avant de les enfemencer. «
3. Des Engrais. Les Anciens croyoient
rendre raifon de la caufe de la ftérilité cTune terre
autrefois fertile, en difant qu’elle veilliffoit. Parmi
eux, quelques-uns a voient imaginé que, dans
cet. état de vieilleffe, elle étoit incapable de donner
des produélioins, comme auparavant. C’éroir Je
fentiment de Tremellius. I l comparaît une terre
nouvellement défrichée à une jeune Femme, qui
celle d’enfanter , à mefure quelle avance en
âge. Columelle s’élève fortement contre cette opinion,
capable de décourager !e Cultivateur. Une
terre , fuivant lui , ne celle jamais de produire
par caufe de vieillefl'e , ou d’épuifement, mais
parce qu’elle eft négligée. >5
La méthode de bonifier les terres, parle moyeu
des engrais-, eft prefque au 12 ancienne que l’Art
de cultiver; tous les Auteurs Agronomes jpreferj-
vent cette pratique, comme-étant très-propre à
augmenter la fertilité de la terre, & capable
d’empêcher fon dépérilfement. L’Hiftoire de la
Chine nous apprend que Yu, le premier Empe-:
reur des Yao , fit un ouvrage fur l'Agriculture ,
dans lequel il parloit de l’ufage des excrémeus de
différéns animaux. La méthode de les améliorer
en les fumant, d’arrêter leur dépérifiement, de
prévenir la décompofition du terreau, fi néceflaire
à la végétation, s’efl établie fuccelfivement -, dès
qu’on s’eft apperçu qu’un champ , après plufieurs
récoltes, ceffoir d’en produire d’auffi abondantes,
on a eu recours aux engrais, pour lui rendre fa.
première fertilité. Pline affuroit que l’ufage de
fumer les terres étoient très-ancien : dans fon dix
leptième Livre, chapitre IX , il dit que , félon,
Ilomere, le vieux Roi Laërte fumoit fon cbamj|
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