
ie p a y s , & qu’il avoit d’abord employée lu i-
même , parce qu’on lui avoit dit quelle réuf-
fiffoit allez ; c’étoit l’ufagede marner tous les ans
les terres deftinées aux prairies. Il s’apperçut que
cet ufage n’amélioroit , en aucune manière, la
quantité ni la qualité des productions, & qu’une
terre non marnée ou non g yp fé e , félon l’e x -
preflion des Habitans, donnoit les mêmes produits,
uand elle étoit de même nature. Il abandonna
onc ce marnage, qui lui parut inutile, pour fuivre
l’exemple des Cultivateurs de Souabe, fes Compatriotes,
c’e lt - à -d ir e , qu’il commença à e n -
graiffer fes prairies, & l’effet furpafîa fon attente. »
Voyei E n g r a is .
et Les bêtes à laine attirèrent aulfi l’attention
.de M. Spring. Le troupeau de fes Commettans
étoit de deux cens, & ils l’affermoient annuellement
foixante - quinze florins, à un Berger
qui les faifoit paître dans une efpècede commune
en friche , de fix arpens & demi. M. Spring, en
appercevant cette portion de terrein négligée,
demanda pourquoi on ne la cultivoit pas. On
lui répondit qu’elle fervoit à la pâture du troupeau
, & que c’étoit pour la même raifon qu’on
laiffoit fubfifter un petit bois de bouleaux dans
le voifinage , parce qu’en abattant ce b o is, on
ôteroit au Berger le droit de conduire fon troupeau
fur la pièce de terre indiquée. M. Spring
fit abattre le bois & façonner la pièce de terre.
Tous les habitans étonnés fe hâtèrent de prédire
Jadeftruèlion du troupeau, & le Fermier renonça
à fon bail ; mais il s’en trouva un autre , en 1779,
qui le prit pour trois ans, à raifon de centflo*
rins par an. Il trouva fon marché fi avantageux
qu’il le renouvella encore pour trois ans, &
l’ancien Fermier revint enfuite fe préfenter,.
quoique M. Spring eût encore diminué la vaine
pâture de cinq arpens & demi. Mais il faut observer
qu’en Juin & Juillet, M. Spring aban-
donnoit au Fermier quelques arpens de trèfle
qu’il faifoit manger fur place, n
c( La multiplication & l ’état fatisfaifant des
Beftiaux, lui firent penfer à tirer parti du laitage.
Quoiqu’il n’y en eût qu’à-peu-près la moitié qui
donnaffent au lait, il parvint, en nefaifant du
beurre que pour les befoins journaliers, à fabriquer
une quantité de fromages, félon la méthode
Suiffe , fuffifante pour en retirer un revenu.
annuel de cinq cens florins, en le comptant à
dix kreutzers la livre. 99
« En général, l’enfemble des améliorations a
plus que triplé le revenu de la terre , en y com-r
prenant les frais des avances. Dans l’année où
M. Jung (Agronome célèbre delà Soc. Econ. du
Palatinat) l’a vu, il ayoit du fourrage en abondance
, & , au lieu du produit ordinaire de cinq
ou fix mille gerbes dé grains d’Hiver, il en a
pu dix mille. Les Mars n’ont pas rapporté beaucoup
plus qu’auparavanr. Mais quinze journaux
de turneps ou navets lui ont donné un produit
de neuf cent un florins & trente-fix kreutzêr*-
En un m o t, M. Spring, en adoptant un bou
fyftême d’économie, eft parvenu, en très-peu
d’années, à métamorphofer Miinchfzell en l’une
des terres les plus productives des environs. >»
c< Mais ce qui doit fixer plus particulièrement
l’attention des amis de l'humanité, ce qui démontre
jufqu’à l’évidence combien les riches
Propriétaires peuvent influer fur les progrès de
l'Agriculture ; c’efl l’heureux effet que .l’exemple
de M. Spring a produit fur les Habitans du pays-.
Leur récolte de grains d’Hiver eft actuellement
doublée ; les jachères font aux trois quarts fup-
priméesj les prairies artificielles occupent leur
induftrie ; leurs befiiaux font multipliés au point
qu’au lieu de cinquante - fix pièces de bétail,
ils en avoient plus de cent foixante-dix ou cent
quatre-vingt-fept dont l’efpèce étoit déjà fort
améliorée par celle que M. Spring avoit introduite
clans le canton. Les propriétés ont prodi-
gieufement augmenté de valeur; on payoit autrefois
quatre—vingt à cent florins des meilleures
terres & des plus voifines du village; & l’arpent
des mêmes terres coûte à préfent de quatre à
cinq cens florins. La population a fait des progrès
dans les mêmes proportions ; des bàtiinens
neufs & folides, & des granges vaftes & bien
difpofées, ont remplacé les miférables chaumières
qu’on voyoit autrefois dans le Village ; l’ac-»
tivité a fuccédé à cette inertie que produit la misère,
& les Cultivateurs s’empreffent de demander
des confeils, ou de fe rendre compte de leurs
opérations. » -
Ce double tableau , fur l’exaCHtude duquel on
peut compter, en préfentanr la misère d’un côté
& la profpérité de l’autre, eft bien propre , ce
nous femble , à nous engager à méditer les principes
excelleras dé M. Arthur- Young développés
dans cet article. Il ne tient qu’à nous de préfenter
bien-tôt un contrafte aufli fatisfaifant dans une
portion considérable de la France, & nous ferons
convaincus alors par le fait, que le bonheur &
la force de l’Etat fe composent du bonheur &
des richefles des particuliers. ( M . J. B. Du-
bois. ) ■
COURSON. C’eft la partie d’une branche
taillée à deux ou trois y e u x , laquelle relie à
. l’arbre pour fournir des branches propres à garnir
un vuide dans les efpaliers. La méthode des Cour-
fons eft bonne ; maisilfaut en ufermodérément.
Voyt[ l’article Taille , au Dictionnaire des
Arbres. (M. T houin.)
COURTE-HALEINE. Refpiration difficile &
fréquente des animaux. Elle eft quelquefois l’effet
d’une maladie v iv e , qui dérange les. fondions
des organes de la refpiration ; le plus fouvent
c’efl une incommodité ou une maladie chronique,
Voyei Asthme & Pousse. (M . T e s s ie r .)
COURTE-QUEUE (gobet à) variété au Prunus
çtrafuç
ctrafus, L. Voyt[ l’article C erisier , au Dictionnaire
des Arbres. ( M. T h o u in .)
COURTEROLLE. Nom que l’on donne à la
Courtillière. Voye[ Courtillière. (M. T ess
i e r . )
COURTJL , COURTILLE 1 COURTEIL ,
COURTILLAGE, COURTILLEUR, COUTIL-
H U 8 Toutes ces expreflions font tombées en
défuétude, les quatre premières fonrfynonymes*,
ellçs lignifient un jardinet, un petit terrain
propte à cultiver des légumes, près de la cour.
11 y avoir certainement une différence entre
Courtil & Jardin ; différence qui tenoit probablement
à la poli non & à l’étendue , un aéle
du tems d Edouard I.er les diftingue; on y lit:
cum quotiam gardino 6* curtilagio.
Le nom de Courtil a aufli été donné à une
petite bord e r ieou mafure, tenant au logis du
maître, & celui de Courtillagt, aux redevances
dont les Courtils étoient chargés & aux fruits
mêmes qui y croiffoient.
On noramoir Courtilleur & CoutillUr, le
jardinier qui cultivoit un Courtil & par fuite ,
les moines appelleront ainfi celui d’entr’eux *
qui étoit chargé de fournir des légumes au couvent.
Nous n avons pas befoin d’indiquer que c’efl
U l origine de la dénomination de Courtillière
•donnée à un animal, deftru&eur, fléau de nos
jardins.
Mais on peut faire fu r ie morde Courtil &
ceux qui lui refiemblent, avec obfervation générale
qui ne laiffe aucun doute fur fon origine
& fa lignification,* c e fl que ce mot qu’on retrouve
dans la langue Grecque, dans Ja Latine
& dans la Celtique, efl un de ces mots primitifs,
communs à différens idiômes. En Grec , ;
Je mot %op*»ç fignifie de l’herbe & aufli un lieu
fermé. Le mot hortus des Latins n’a pas d’autre
origine; les lettresafpirées fe changent aifémenr.
( M. T e s s ie r . )
COURTILS ; ce font des terrains attenants aux
habitans des gens de campagne, foit qu’ils faffent
partie de leurs cours, d’où vient leur n om ,
foit qu ils foient limés hors de la cour. On y fème
du chanvre , des légumes & quelquefois des grains.
Ces terrains font ordinairement d’excellentes qua-
k m ParcC qu ils font à portée de recevoir les
meilleurs engrais. ( § f | Tessier. )
COURTILLIERE. Cétihfeéte quel’on connoit
encore fous le nom de Courtilie, grillon - taupe
taupe-grillon & tau perte, fe trouve décrit dans
le lyflême de Linné fous le nom de gryllus
gryUo-talpa ou gryllus acheta, alis exudatis elytro
palmatis tamentofis. Voyei le. Diction,
d Jnfeçtologie de l’Encyclopédie , ions l’article
Grillon-T aupe.
,^a Courtillière que Linné a rangé parmi les
grillons, s en diftingue cependant très-aifément
par une conformation particulière qui lui donne
Un afoeél.liidpux. Quand .elje a pris tout fon
Agriculture. Tome III.
accroiflement elle a une longueur de trois à
quatre pouces, elle eft d’un gris obfcur, tant
toit peu chatoyante & couverte d’une épiderme
veloutée qui la rend douce au toucher. La tête
de la Courtillière n’eft que petite relativement
au refie du corps , de forme atongée , garnie de
deux antennes uniformes, longues, & d°e quatre
antennules grandes & greffes; derrière les antennes
on remarque deux gros yeux durs bril-
ians & noirâtres, entre lefqueües on en v oif
trois autres liftes plus petits & tous rangés fur
une même ligne tranfverfalef Le corçelet préfente
une efpèce de cniraftc alongée, prelque
cylindrique & comme veloutée. Les' étuis qui
font courts n’arrivent que jufqu’au milieu du
ventre; ils font croifés l’un fur l'autre & ont
de greffes nervures brunes-, prefque noirâtres -
les aîles font repliées St fe 'terminent en pointes
plus longues que1 le ventre de l’anima!. Ce ventre
eft mou & fe termine également par deux appendices
allez longues ; les oreilles antérieures
de la Courtillière font très-groffes. àpplaties'les
jambes font très-larges & fe terminent en-dehors
par quatre grofles griffes en feie , & en-dedans
par deux feulement. M. Gèoffroi a obfervé que
fouvent le çied eft caché entre les griffes.
La Courtillière aime par préférence les lieu ,
humides & parte la plus grande partie de fa
vie fous terre, principalement dans les parties
inférieures des couches des jardins ; elle fort de
nuit & fe montre même dès le coucher du
fo le il, & marche ordinairement très-lememcrt-
mais, lorfqu’elle fe trouve preffée, elle faute â-
pen-près comme les faurerelles , & alors fa
courfe eft affeZ prompte. Elle fe nourrir dé
plnfieurs graines dont elle fait provifion en Ét<
pour s’en nourrir enfuite en Hiver. On a
prétendu q uelle fe nourriffoit de fiente de cheval-
mais , fl elle va k la recherche de Ces excrémens'
c eft peut-être à caufe des débris de grainçs dont
une partie eft prefque toujours rendue par'le
cheval, fans avoir éprouvé beaucoup de changement.
On croit qu’elle peut jeûner plufieurs
jours fans fouffrir. Les parties, intérieures de
cet infeéle font dignes d'obfcrvatipn , on y difc
tingne plufieurs eflom.acs comme dans les animaux
ruminans.
La Courtillière efl lé .fléau des plantés-potg-
jgères & des fleurs , fur-tout de celles à racipes fuc-
culentes & buibeufes ; elle attaque très-fouvent
les melons, les courges, les laimes & les plantes
analogues. A l'aide de fes dents & des pattes en
feie , elle attaque & ronge ces racines, quelques
greffes qu'elles foient, & les ravages qu'elle o c -
cafionne font d’autant plus à redouter que fouvent
on ne s’en apperçoit que lorfqu'il n’eft
plus tems d’y remédier. Peu de jours fuffifent à
cet animal pour anéantir les plus belles efpé-
rànres'du jardinier. r
, Ce nom de Grillon-taupe a probablement été LUI