
méridionaux de l’Europe , n’emploient cette
plante en faiade, ou du moins comme fourniture
pour la faiade. C’eft une plante annuelle.
Lorfque les feuilles de cette plante font encore
tendres, les brebis les mangent volontiers ; plus
grandes, elles ne les touchent plus. Les abeilles
aiment fingulièrement'fes fleurs ; elles leur four-
niflent une ample récolte, dans un tems où il
n’y- a pas beaucoup d’autres fleurs dans les
chajppp.
îT Roquette cultivée ou Chou à fleurs vei-
«eufes. Les tiges un peu velues & rameufes de
cette plante acquièrent fouvent une hauteur de
dix - huit pouces; les feuilles font longues, pë -
tiolées, ailées ou en lyre, avec un lobe terminal
affez grand, d’un vert tendre, liflës & prefque
glabres. Les fleurs,qui fepréfentent fous forme de
grappe en haut de la plante, font d’unblancti-
rant légèrement fur le bleu , & ftriées par des
veines d’un violet noirâtre. Il en exifle une variété
dont les fleurs font d’un jaune très - pâle,
avec des veines noirâtres. Les filiques font droites,
à peine d’ un pouce de longueur, un peu ap-
platies, & terminées par une corne en fer de
lance ou en épée.
Cette plante annuelle croît naturellement dans
la partie méridionale de l’Europe & dans pinceurs
Provinces qui les avoiflnent. On la cultive
chez nous dans quelques jardins, elle ne demande
pas beaucoup de foins, toute terre lui convient;
on peut la lemer au mois de Mars ; la graine
mûrit aux mois de Juillet & d’Août. Ceux qui
fe fervent de la Roquette en faiade n’emploient
que les jeunes feuilles ; elles font moins âcres
& brûlantes que lorfquelles font trop grandes.
En femant la Roquette après la Saint-Jean,
cette plante ne monte pas fi aifément en graine
que lorfqu’elle eft femée au Printems. Je connois
des perfonnes q u i, l’ayant femée une fois dans
un jardin, ne s’occupent plus de cette culture :
la plante fe reproduit fans peine des graines qui
en tombent tous lesans; & , comme on n’cncon-
fomme pas beaucoup, cette reproduction fpon-
tanée répond parfaitement à l’ufage qu’on en
fait. On prétend qu’elle aide la digeflion, pro- |
priété que fon goût âcre & piquant p a -
roît juflifier. Les cendres de Roquette du commerce
, ou la Racketta des Italiens, eft le nom
que l’on donne, en Italie, à la foude impure,
les Marfeillois la tirent de Sicile & des Ifles
de l’Archipel. Ce nom n’a donc rien de commun
avec notre Roquette, comme plufieurs Ecrivains
l’ont prétendu.
9. C hou véflcuUvx. Ce Chou qui eft annuel,
n’eft pas de culture. Il croît naturellement en Ira
lie , en Efpagne & en Sicile; on le trouve tout
au plus dans quelque jardin Botanique. Nous ne
Jui connoifl'ons aucune propriété j ni un port I
bien agréable qui puiffent inviter les Amateurs à I
ta cuimer. J
1 0 . C h o u perce - feuille. Ce Chou comprend
deux variétés, l’une à fleurs blanches, l'autrei
fleuri jaunes. La première eft celle que Linné
nommeBraJJïca oncntaïis. Le Chou perce-ffcuille
croît naturellement dans les Provinces méridio.
nales de la F rance, & en Efpagne : il n’eft point
cultivé chez nous ; mais il le mériteroit, fUr,
tout la variété à fleurs jaunes, qui eft recherché
par les abeilles. C’efl une plante annuelle.
11. Chou à fleur de Julienne. Le port de cette
plante eft très - agréable ; la tige eft haute d’un
pied ; elle eft lifte , rameufe, flexueufe, feuil-
lée, & perfiftanre près du collet de fa racine
fes feuilles font glabres, un peu charnues, d’un
verd glauque, embraflant la tige. Les feuilles inférieures
font ovales fparulées, rétrécies vers leur
bafe, & ondées- fur leurs bords ; les fupérieures
font plus petites & en coeur. Les fleurs font
grandes & belles, d’un pourpre violer, ont leur
calice fermé lifte , fouvent un peu coloré; elles
font difpoféesen bouquets terminaux, & d’un
joli afpeél. Cette plante croît naturellement dans
les Provinces méridionales de laFrance& en Efpagne;
on la cultive également au jardin national
de Paris.
i l . Chou des Alpes. Cette plan te* qui croît naturellement
en Suiffe, en Allemagne, en Dauphiné
& en Efpagne, n’eft pas cultivée chez
nous; elle paroît exiger peu de foins, fionvou-
loit 1’ introduire; mais il feroit peut-être difficile
de lui conferver alors fon port originaire; car
elle croît de préférence furies montagnes élevées
dont on ne peut imiter ni la température ni la
qualité du fol. Nous ne lui connoifl'ons d’ailleurs
aucune propriété bien marquée, pour encourager
les Cultivateurs à s’en occuper.
Ennemis des Choux*, moyens de les détruire.
Il eft fans doute plus facile de donner une
énumération des infeétes ou vers qui ‘ nuifent
aux Choux en différentes faifons de l ’année,
que de propofer des moyens efficaces pour les
détruire , fur-tout dans les plantations en grand.
Dans les pépinières, ou des plantations de peu
d’étendue , on parvient quelquefois, après beaucoup
de foins & de recherches à s’en débarra fier ;
mais pela prouve tout au plus la poffibiliré, &
ne peut pas être imité en grand.
La chenille de plufieurs papillons & phalènes,
les larves ou versde quelques efpèces de fearabés,
fur-tout .ceux du hanneton, le puceron, le tiquet,
quelques efpèces de chrÿfomeles, la courrillière, !
la limace ,. le limaçon .& les vers de terre font
les ennemis principaux des Choux. Plufieurs de
ces ennemis ne font à redouter qu’autant que
les plantes de Choux font jeunes & tendres,
d’autres attaquent le Choux en tout âge.
Le puceron, Aphis faboe; fcopole Entom. CâP
nioL p. 1851, Aphis brajflca Linn. , & Je tiquai
chryJbmeU faltatoria, attaquent & les jeunes plan- 1
tes dans les pépinières & les Choux replantés ;
ils font fur-tout très - pernicieux aux Choux -
fleurs qui en font fouvent couverts, & qui échappent
rarement à ces inlèéles , fur-rout lorfque
fes pieds attaqués font foibles. Comme ces infec-
tesfe montrent dès les premiers beaux jours au
printems, plufieurs Cultivateurs allemands ont
imaginé de femer ces Choux à la fin de Février ,
fouvent fur la neige, recouvrant la femence
avec un peu de fumier, & le terrein deftiné à cet
u{âge , ayant été labouré & fumé en Automne.
L’avantage qui en réfufte, c’eft d’avoir des plants
d’une certaine force, lorfque le tiquet & le puceron
fe montrent au Printems. Quand une fois
le pied du Chou a pouffé fa fixième feuille, un
petit nombre de pucerons ou de tiquets ne fau-
roit le détruire , fur-tout quand les racines ont
bien repris ; , car alors la végétation répare bientôt
le dommage que ces inftéles lui ont fait. On
a propofé comme remède très - efficace contre
les pucerons & les fiqueri ,. d’arrofer fouvent les
plantes attaquées ; mais, comme le remarque très-
bien M. l’Abbé Rozjer , cette méthode ne peut
produire que très-peu d’avantage ; car fi l’eau qui
ferrpourTarrolèment, eft plus froide que la température
de latmofphère, elle nuit à la plante,
& li elle eft au degré, de la température , elle.fatigue
tout au plus l’infeéle fans le détruire. D’ailleurs
la nature leur a indiqué un moyen pour fe
fouftraire à la pourfuire «le l’homme ; c’eft de fe
placer fur la lurface inférieure des feuilles, ou
dans le coeur de la plante., On a même propofé
de mêler une décoètion de tabac avec l’eau que
l’on emploie.pour arrofer ; mais, ce moyen praticable
en petit feroit peut-être très-embarraf-;
fant, & même difpendieux fi l’on vouloir l’employer
en grand.
Un habile Jardinier à Berlin,.M. Kraufe, en
parlant des pucerons dit : ce les pucerons font des
ennemis qu’on n’a pas encore pu; parvenir à détruire,
& dont il eft même difficile de diminuer
le nombre. Us m’ont cependant fourni eux-mêmes
un moyen de fauver les plantes de; leurs rava- .
ges. Dans un l'emis de Choux , je m’apperçus
qu’aucun des nouveaux plants n’étoit attaqué,
tandis qu’une plantation de radis qui étoit au milieu,
étoit couvert de pucerons qui les rougeoient.
J’en conclusque cette nourriture çonvenoitbeaucoup
mieux à ces infeéles, & quand ils l’avoient,
ils ne fongeoient pas à s’en procurer un autre.
Depuis ce moment , j’ai toujours eu foin de
ffimer des radis auprès, ou au milieu même des -
plantes que je voulois garantir des pucerons, &
ce moyen m’a toujours réufli. La planté que nous
^ur facrifions n’eft pas même perdue , puifqu’ils!
n en dévorent que la feuille , & que nous n’en
mangeons que les; racines.
On prétend que le tiquer, qui fait beaucoup de
mal aux pépinières de Choux , peut être détruit.
en faupoudrant des cendres très-fines les jeunes
plantes qui en font infeélées ; on fe. fert pour
cette opération d’un tamis très-fin, de manière
que l’infcéle qui fe trouve ordinairement fur le
dos des feuilles, refte entièrement couvert de la
cendre la plus fine. Mais ce remède pourroit
bien être pire que le mal, car l’enduit de cendre
qui, par l’humidité que la rofée ou la tranf-
piration de la plante fournit, s’empare tellement
fur les feuilles, que leirr tranfpiration en eft
en partie arrêtée ; ce n’eft qu’une pluie affez
forte , ou beaucoup de v ent, qui pourra emporter
ces cendres. A mon avis, je crois ce remède
plus nuifible qu’avantageux ; je le rapporte, parce
que beaucoup de Jardiniers y croient.
La puriaife des jardins à corcelet & à étuis rou-f
ges, couverts de points noirs ( Cimex olèraceus.
Lin n .) eft aufli rangée par M. l’Abbé Rozier
au nombre des infeétes ennemis des Choux, fur-
tout »lorfqu’ils font encore en pépinière. Cet
infe&e devroit plutôt être confervé dans les
jardins, que détruit; c a r , quoiqu’il refte conf-
tamment fur les plantes, il ne paroît pas endommager
ces dernières, il fe nourrit au contraire
des pucerons & dç petites chenilles dont il peut
fe rendre maître..
Les limaces & les limaçons font bien plus à
craindre qu’on ne penfe, fur-tout quand ils fe
trouvent en grand nombre ; on les voit ordinairement
en plus grande quantité dans les terr
reins nouvellement défoncés , bas & humides 4
& fur-tout lorfque ces terres ont été engraiffée»
par la vafe des étangs ; on le obferve en nombre
inférieur dans les terres qui jouiffent d’une expo-
fition plus.aérée , & dont le fol eft plus lec.
Quelques-uns propofent de répandre des cendres
ou du fable fin fur les planches qui en font les
plus incommodées. On prétend que les grains
de fable ou la cendre fe mêleroit avec la bave
dont ees animaux abondent , & en formant,,
pour ainfi dire, uneefpèce de rnaftic , les empê-'f
cheroient de marcher. Ceux qui ont propofé ce
moyen ne favoient pas , fans doute , que ht
: limace, qui eft plus à craindre que le limaçon,
; ne parcoure pas beaucoup de terrein ; une fois.
attachée à une plante, elle y refte aufli long-tems
j qu’elle trouve de quoife nourrir, à moins qu’un,
ennemi plus formidable ne la force d’abandonner
fa pâture. Le limaçon, au contraire, change
. plus fouvent de place| & à cet égard de la cendre
répandue entre les différentes plantes que l’o a
veut préferver de ces vers, pourroit être de quelque
utilité. Le meilleur moyen que je connois
pour détruire les limaçons dans les jardins plantés
en Choux , c’eft d’y introduire quelques canards
; pourvu que les plantes foieat déjà arri-
■ vées à une certaine hauteur ,alors les canards
qui recherchent avidement les limaces ne peuvent
pas faite grand mal aux Choux. Je ne con-
• l'eillerai cependant pas d’introduire ces oifeau*
F f ij