
Colfa blanc , originairement du Nord , a été
apporté en Flandre dans les années 1758 & 1759 ;
mais on n'en a pas fuivi la culture , parce qu on
lui a trouvé plulieurs défauts que le chaud & le
froid n’ont pas. Le Colfa blanc eft, comme l’ont
prétendu les Cultivateurs Flamands, plus difficile
à battre que les deux autres efpèces, fa graine
étant plus ferrée & plus attachée à ion enveloppe.
Le Colfa froid ne fe cultive qu'en petite quantité
dans la Châtellenie de Lille ; on ne le plante
que dans les meilleures, & les. plus profondes
terres , qu’on engràiffe fort, parce que fa tige &
les branches, qui font groffes St hautes communément
de lix à huit pieds, ont befoin d’une
abondante nourriture. Quoique cette efpèce foit
fi forte , & quelle porte beaucoup de branches
par le haut, elle ne donne pas plus degtaineque
1e chaud , planté dans une terre bien amendée ;
mais elle a l’avantage de donner une paille qui fe
vend plus du double que celle des deux autres
efpèces. C’efl par ce feul motif que ceux qui ont
des terres convenables & beaucoup d’engrais, en
continuent la plantation. On peut conclure de
ce récit, qu’il convient de donner la préférence
à la culture du Colfa chaud, qui croît plus aifé-
ment par-tout, & qui exige moins d’engrais.
Culture. La méthode en eft uniforme dans tous
les Pays-Bas, & elle eft fondée fur ce que cette
plante n’aime pas d’être placée dans une terre i
trop humide. Le Colfa fe fème pour être replanté.
On commence, en Juin la préparation dej
la terre deftinée à en recevoir la graine , qui doit
être travaillée prelqu aulîi foigneufement que fi
on devoit y lemer du Lin ou du Chanvre. On
ftme la graine au commencement d’A v r il, par
pincées avec trois doigts. On juge bien que cette
terre doit avoirjété engraiffée fuffifammenr pour
pouvoir fournir de belles plantes deux mois après.
Les engrais liquides font les plus convenables,
parce qu’ils produifent aufli—tôt leur effet. On
emploie, dans les environs de L ille , pour remplir
cet objet, le fumier des latrines ou l’urine
des vaches, mêlés avec des tourteaux de Colfa,
quand ils ne font pas trop chers, ( M. le Brun
eb fe rve ic i, dans une note, que les fermiers des.
environs de Lille ne peuvent plus employer
aéluellement cette fubftance à l’ufage dont il eft
qneflion , parce que, les étrangers enlèvent fes
tourteaux pour engraiffer & leurs champs & leurs
kefiiaux. )
La quantité de femence qui peut être contenue
dans un chapeau, fuffit pour un arpent ; & cet
arpent, ainfi enfetnencé^ fert à la plantation de
quatre arpc-ns. On plante le Colfa après toutes
fortes de productions. .Les Fermiers des environs
de Lille le plantent deux fois, & plusieurs même
le mettent trois fois dans joutes leurs terres à
labour, dans le cours d’un bail de neuf ans ; &
©n ne le plante qu’une fois pendant le même!
cipac* de tems, dans les Pays-J)as Autrichiens,
où il y a beaucoup de terreins fabîonaetix qgj
exigent plus d’engrais. On obferve que le Colla,
planté dans une terre, au bout feulement de huit
à neuf ans, toutes chofes égales d’ailleurs, rend
plus de graines que celui qui eft planté dans une-
terre où l’on en met tous les trois ou quatre ans.
On évalue cette différence prefqu’à un quart.
Cette remarque eft importante , & il feroit à
fouhaiter, pour régler fa conduite, qu’o-n connût
par-tout quelles productions rendent trop notablement
moins, quand on les cultive trop fou-
vent dans la même terre. Le Trèfle & le Lin
font dans ce cas -, on doit artendre iix à fept ans.
On donne le premier labour à la terre deftinée
à recevoir les plantes de Colfa, aufli-rôt que la
récolte en eft enlevée. Ce labour conlifle feulement
à déchirer & à retourner le chaume-, on en
donne peu de rems après un fécond, en ouvrant
une autre raie un peu plus profonde que la
première, comme de cinq à fix pouces, quand
on a fait le premier labour avant la mi-Août.
Dix ou quinze jours après , on herfe une fois ou
deux, pour nétoyer la terre ; enfuite on y répand
le fumier qu’on veut y mettre; cela fait,
& c’eft à la fin de Septembre jufqu’au vingt
Oélobre, on laboure profondément : ce dernier
labour fe fait de façon que, de dix en dix raies,
ou au plus de douze .en douze raies, on en tient
une ouverte. On plante ordinairement aufli-tôt
après, fans donner aucune autre façon : fi cependant
cette je r re étoit trop raboreufe, & remplie
de trop groffes mottes ., alors on y fait paffer le
dos de la herfe, pour la rendre plus unie. On
replante le Colfa depuis la Saint -Remy jufqua
la fin d’O âo bre , par rangées en travers les raies,
en tenant les rangées à un pied de diftance , &
les plantes de chaque rangée de fix à fepr pouces
l’une de l’autre. Pour cette opération, un homme
marche parallèlement d’une raie ouverte à l’autre
de la plate-bande, en failant des trous, fuivant
les diftances indiquées ci-deffus, avec un plantoir,
qui eft une efpèce de bêche,. excepté qu’il fe termine
par une groffe pointe de fe r , ou deux profits
pointes écartées de fepr pouces. Les uns fe fervent
du plantoir à un® pointe , parce que l’ouvrage
eft moins fatiguant, mais'il n’efi pas fi bien fait;,
les trous faits à la hâte font fouvenr trop peu
profonds, trop peu larges, & faits à des diftances
plus inégales : ces trous doivent avoir cinq à lix
pouces de profondeur. D’autres employent le
plantoir à deux pointes, avec lequel on tombe
moins dans ces défauts, parce qu’il faut nécefiai-
rement appuyer; mais il ne peut être manié que
par des mains fort robuftes. Le planteur fait ces
trous de rangées en rangées, en allant en. arrière;
des femmes & des enfans le fuivent en devant,
en mettant une plante dans chaque trou , & en
ferrant le pied avec le talon ou la pointe du
pied. La plantation faite, quelques-uns engraiflen*
encore la terre avec des fumiers liquides-, d'autres.
ftved différentes cendres, comme celles de bol *
leflivées, tourbes, de charbon de terre, &c., &c.>
fuivant la nature ou le befoin momentanné du
ttrrein ; d’autres enfin fe contentent du fumier
qu’ils y ont mis avant le labour profond. Quand
les plantes font bien reprifes, on tire des nues
ouvertes environ un pied de terre avec une bêche,
qu’on jette de côté & d’autre entre les rangées
de Colfa. Au Printems, quand les mauvaises
herbes ont pouffé, on fait encore la même opération
, de jetter de la terre tirée des raies ouvertes,
pour étouffer ces herbes en les couvrant, &
donner un foutien aux plantes, ou bien on farcie
les mauvaifes herbes avec un outil fabriqué uniquement
pour ce travail : cet outil, eft fait de
manière qu’il renverfe la terre de la rangée de
chaque côté fur les plantes de Colfa ; c’eft une
houe faite en forme de charrue. Ces deux façons,
données ait commencement de l’Hiver & au Printems,
procurent une nouvelle terre entretenue
dans un état meuble & de repos. Voilà 1 avantage
du moment ; mais elles ont de plus cet avantage,
qu’au bout d’un certain teins les terres de tout
un pays acquièrent plus de profondeur : e® dernier
avantage eft inappréciable.
On récolte le Colfa après la Saint-Jean -, on le.
coupe comme le bled ; on le met en javelles fur
le terrein, où il refte trois ou quatre jours, en
ayant attention qu’il ne devienne pas trop fec-;
enfuite on le tranfporte fur les toiles (parce qu’il
s’égraine facilement) aux endroits où on fait les
meules; on en fait une , deux ou trois, fuivant
la grandeur de la récolte; la graine y fermente ,
y mûrit, & s’y perfectionne de manière quelle
rend plus d’huile que la graine du Colfa que
quelques .Fermiers, par le befoin de vendre,
battent de fuite, après avoir laiffé un peu plus
long - rems les javelles fur le terrein, pour les
fécher davantage ; & , dans ce cas feul, on les retourne
, afin que tour foit fec également : ce qui
n’eft pas néceffaire quand le Colfa eft mis en
meule. Le Colfa ne muriffant pas également, on
laiffe fur pied, quelques jours de plus, celui qui
eft trop verd , que l’on bat de fuite quand les
meules font faites. Si un beau foleil fait appréhender
que le Colfa ne s’égraine en partie , on
ne le coupe que le foir ou de grand matin , & on
choifit aufii ces momens pour le tranfporter aux
meules. Le mauvais tems eft peu à craindre ; on
peut mettre le Colfa en meules trois ou quatre
heures après la pluie ; on le bat , mis en meule ,
dans le courant de Septembre, par un beau teins.
On fait, pour cela , une efpèce d’aire, à côté de
la meule, fur laquelle on é;end une toile de la
grandeur de l’aire ; on juge bien que cette toile
efi compofée de plufieurs largeurs de toile cowfues
enfemble. Si la culture de Colfa, ou d’autres
plantes dont la graine donne dé l’huile , prenoit
faveur en France, au point de procurer un com-,
Hierce d’une certaine étendue f il conviendrait
d'y Cônftrtiire, au lieu de preffoirs, des moulins
à. vent Hollandcis, qui font bien plus parfaits que
ceux des environs cfe Lille. On ne peut pas cultiver
le Colfa où le Parcours a lieu, parce qu’on
n’y a pas le teins de préparer la terre pour la plantation
de cette plan.re, à moins qu’on n’y emploie
que des terres laift’ées en jachère. Ces terres, bien
parquées , donneront de très-beau Colfa. Il ne
ne convient pas de le cultiver où il y a une grande
abondance de lièvres & de lapins, car ces animaux
détruiroient la plantation entière avant la
fin de l’Hiver.
On cultive un peu de Colfa dans quelques
provinces de la France, de deux autre« manières
qui font très-imparfaites ; la plus mauvaife eft
celle.de le femer pour l’y laiffer mûrir, dans une
terre plate, fans tenir des raies ouvertes pour
pratiquer des foffes : cette méthode feroit tout an
plus fupportable, fi on y employoit une terre
élevée & un peu fèche , de laquelle on arracherait
les plantes trop rapprochées les unes des
autres, & les mauvaifes herbes ; c a r , fans cette
double précaution, on n’auroit qu’une récolte
très-médiocre, & les défagrémens d’avoir épuifé
fa terre pour les récoltes futures. L ’autre manière
çonfifte à replanter à la charrue, fans Jaiffet“
non plus de raies ouvertes pour en tirer la terre ,
& la jetter fur la plate-bande, : on ne gagne à
cette méthode que de n’avoir pas trop de plante*
de Colfa dans ton champ ;~ il arrive même quelques
fois qu’il n’y en a pas affez, parce qu’il y en
aura qui auront été endommagées par les pieds d©
chevaux. Si on manquoit d’ouvriers, bu qu’on
fût obligé d’épargner la main-d’oeuvre de la plantation
, on pourrait employer la manière fui-
vanre : on donnerait à la terre-le dernier labour
vers le 20 Septembre, en tenant une raie ouvert©
de dix en dix raies, ou de douze en douze raies;
on fèmeroit enfuite le Colfat dans les plates-
bandes, mais extrêmement clair; on arracherait,
vers la fin d’Oélobre, les plantés inutiles, p^r
rangées en travers, pour imiter, autant qu’il ferait
poffible , la plantation qu’on fait avec le
plantoir; &, après ce travail expéditif, on tirerait
des raies ouvertes un bon pied de terre, pour la
jetter dans les rangées. On pourrait suffi, au lieu
d’arracher les plantes- fuperflues par rangées ,
comme il vient d’être dit, les couvrir avec Ja
terre tirée des raies ouvertes. Cet te. méthode feroit
la plus parfaite, avec celle dés Flamands,, dont
nous avons donné.le détail dans lè mémoire précédent.
Les Choux verts. Ces Choux ne pomment pas,
comme les Choux cabus; ils comprennent plufieurs
fous-variétés, dont quelques-uns fc distinguent
par leur port, & une hauteur remarquable.
Nous indiquerons la culture de chaque
fous-variété aux différent articles.
Le Chou verd commun. Ce Chou, qui réfide
t^s-bien à toutes les intempéries de l’air, eft d’une
A a ij