
pourroi; en tirer de Conftantinople avec aflez
de facilité.
Des Chevaux Barbes.
Le Cheval Barbe, ou de Barbarie, efl affez fort
& aflez négligent dans fon allure, fi on le recherche;
néanmoins on trouve en lui du nerf, i
de la finefle & de l’haleine ; il efl léger & propre
À la courfe ; fa taille excède rarement celle de
huit pouces. On a cru obferver qu’en France,
en Allemagne & en Angleterre, il produit plus
grand que lui, tandis qu’on penfe que le Cheval
d’Efpagne donne des produélions d’une taille \
moins avantageufe que la fienne. Son encolure
efl longue, fine, peu chargée de crins & bien
fortie du garot ; la tête en efl belle & petite,
aflez (bavent moutonnée; fon oreille efl belle
& bien placée ; (es épaules font plates; le garot
en efl déchargé & bien relevé'; les reins font
courts & droits ; les flancs pleins ; fes côtes bien
tournées ; la croupe en efl un peu longue ; fa
queue efl placée un peu trop haut ; fes jambes ;
font belles, &c. &c. Mais il efl rare d’avoir, dans j
le royaume, des Barbes de la belleefpèce: nous
n’en voyons le plus communément que celle
qu’il feroit à (ouhaiter que nous rejettaffions,
arce qu’d le efl plus capable de ruiner nos ,
aras que de les relever.
Nous donnons, en général, le nom de Barbes
à tous les Chevaux d’Afrique , comme celui
d’Arabes à tous les Chevaux Afiariques, Syriens,
Egyptiens, que nous ne diflinguons, par con-
féquenr, que foiblément de ceux qui font nés
véritablemement dans l’Arabie pétrée, dans l’A rabie
heureufe, & dans 1*Arabie déferre.‘ Cetre
race Barbe tire fon origine des races Arabes. La
meilleure efl celle dont les royaumes de Maroc
& de Fez fçm peuplés. La province d’Hée,
dépendante du premier, fournit des Chevaux
de montagnes, petits, mais excellens, ainfi que
les montagnes d’Idevacal & de Menferé. Dans le
royaume de Fez, la Province d’Alger , les montagnes
de Buchinel, de Benimeraffen, de Ma-
zeleffe, & le défert de Garen, en.voyent naître
d’admirables, qu’il feroit à defirer qu’on pût fe
procurer, parce que ce font des Chevaux de la
première qualité. La plupart des meilleurs coureurs
d’Angleterre étoient iflus de race Barbe; mais
les fouverains s’oppofent à ce que les vraies
races dilhnguées (oient portées au - dehors.
Il y a des Chevaux Barbes de tout poil ; i's
font plus communément gris. J ’en ai vu un de
ce poil au haras de Rofières, en Lorraine, qui
avoir coûté 24-coo liv. On allure que ces animaux
ne s’abattent jamais , & qu’ils fe tiennent tranquilles,
quand le cav alier defeend, ou lailfe tomber
la bride.
Des Chevaux Efpagnols,
Le beau Cheval d’Çfpagne nous eit aflez connu ; 1
fes défauts les plus ordinaires font d’avoir la tête
un peu trop grofle, & fouvent trop longue, les
reins trop tas, la croupe, le plus communément,
comme celle des mulets, l’encolure un peu trop
épaifle & trop chargée de crins, les oreilles longues
& d’une rondeur qui feroit une difformité
bien fenfible, f i , d’ailleurs, ellés n’étoient au {fi
bien plantées , le paturon trop long , le fabot
trop alongé , Si femblable à celui d’un mulet ,
les talons trop hauts , ce qui le rend fujet à
Vencaftellure. Mais le feu, la franchife, l’agilité,
les reflorts , l’académie naturelle , la fierté , la
grâce, le courage, la docilité j la noblefle de 'ces
Chevaux , doivent nous faire paffçr. fur toutes
ces confidérations, d’autant mieux que fi les vices
que nous leur reprochons peuvent accroître &
augmenter infenfiblemenrdans leurs produélions,
nous fommes très à portée d’y parer en renou-
vellant fouvent les races.
Les Chevaux d’Efpagne ne font pas communément
de grande taille ; cependant on en trouve
quelques-uns de 4 pieds o à 10 pouces. Leur
poil: le plus ordinaire efl noir oubai-marron ,
quoiqu’il y en ait quelques-uns de toures fortes
de poils. Ils ont rarement les jambes blanches &
le nez blanc. Les Chevaux mâles d’Efpagne ont
les tefticules plus gros & plus pendans que les
Chevaux des autres pays.
Du refle, les haras de ce royaume n’ont pas
fouffert autant que les nôtres, qui font abfdlu-
ment ruinés ; mais ils n’ont plus la perfééliqn
fur laquelle leur réputation étoit autrefois fon-
dée'. Quoi qu’il en'foit, lés. vraies races Efpa-
gnoles font celles dont, les Chevaux font épais,
près de terre & bien étoffés. Les plus renommés
fe trouvent encore dans l’Andaloufie. Il y en a
aufli dans la Murcie & dans l’Eflramadure. A
l’égard de ceux qui naifient dans le Cordoùan,
c’efi une efpèce de Montagnards, à encolure trop
épaifle, à corps court, à membres bien fournis,
à pieds très-beaux & très-folides d’une très,-’
petite taille & absolument infatigables, qui nous
donneroient des Chevaux très-propres à remonte*
les troupes légères.
Des Chevaux Turcs.
Le Cheval Turc eft originairement Arabe,
Barbe, Perfan & Tartare. Il fe nourrit de peu
de chofe ; il rient en général de la tournure des
races auxquelles,, il doit fon origine ; commis
nément l’encolure en eft mince & effilée ; fon
corps a trop de longueur ; Jçs reins font trop
élevés ; mais quiconque apporte , dans le choix
qu’il en fait, des connoiflances & des lumières,
diflingue aifément le tronc dont il eft forti, &
ne fe trompe point fur l’efpérançe qu’il peut
çn avoir.
Des Chevaux
Des Chevaux Anglois.
Les Ànglois n’efliment & ne recherchent pfef-
que dans les Chevaux, que la célérité & la vî-
tefle.LeCheval delà plus vilaine figure, eft l’animal
qui eft porté au plus haut prix, dès qu’il a-gagné une
ou deux eourfes. Ce. ne font pas néanmoins les
Chevaux lés plus vîtes que nous devons préférer
pour nos haras ; car quelque haleine, quelque
nerf & quelque légèreté qu’ils montrent, ils ne
mous donneront que de très-mauvaifes & de très-
difformes produélions. Nous devons nous attacher
à ceux qui ont de la figure & des membres.
Parmi les Chevaux Anglois, il y en a qui font
iffus d’Arabes , de Barbes & de croifés de Turcs.
Les premiers tiennent de leurs pères, les joues
& la tête ; les féconds en tiennent la tête buf-
quée, ou moutonnée, & les derniers la force
des membres. Il faut cependant convenir que
quelquefois cette force n’eft qu’apparente, & que
beaucoup d’entr’eux font mois St fans vigueur.
Les meilleurs Chevaux Anglois font ceux de la
province de Lincoln. Au furplus, la tête du
Cheval Anglois eft aflez naturellement longue,
ainfi que fes oreilles^ fa taille èn eft plus étroite
que celle des Chevaux auxquels il doit fa première
exiftence. Il eft, en général, très-vigoureux,
capable d’une grande fatigue, excellent pour la
chaffe & pour la courfe ; mais n’ayant aucune
liberté dans fes épaules, nul liant dans fes reins;
le cavalier à chaque tems de trot St de galop en
fent toute la dureté. Ce Cheval n’a nulle fou-
pleffe, nul agrément, & fes pieds font le plus
fouvent douloureux. On fait combien les Anglois
mettent de foin à la multiplication de leurs ■
Chevaux. Ils en ont encore une efpèce de la plus 1
grande & de la plus forte taille, dont les membres
font fuperbes & les mieux fournis que l’on
qonnoiffe. Cette efpèce fait de beaux Chevaux
de carroffe. Quant aux Chevaux d’Irlande, il y
en a de très-bons ; mais ils font très-rares. : on
les appelle communément & affez mal-à-propos
Aubins , par la raifon que leur allure la plus
ordinaire efl Xamble.
Les Chevaux Anglois font de tout poil & de
toute marque ; on en trouve communément
de quatre pieds dix pouces, & même de cinq
pieds. On affure qu’il eft défendu eh Angleterre
de laiffer faillir une jument par des Chevaux,
dont la taille foit au-deffous. de quatre pieds &
demi. C’efi avec des étalons Barbes, Turcs, Napolitains
, qu’ils ont produit les guildings ou
gueidings, dont la vîteffe eft fi renommée.
Des Chevaux Tartares.
to-neS ^ e' ? ux des Tartares Usbeks font d’une
1 e ordinaire ; 1 encolure en eft longue & roide •
a tete petite ; les membres en font affez fournis*
n om m croupe , ni ventre, ni poitrail : le
Agriculture. Tome I I I .
plus fouvent ils font trop haut montés ; l’ongle
en eft extrêmement dur, mais trop étroit; accoutumés
infcnfiblement à la fa t ig u e & à la diette,
1 & n’y étant affujertis que quand ils font parvenus
au degré d’accroiffement & de force qu’ils doivent
avoir , ils font capables du plus grand travail
, de la plus grande courfe, & de la plus
longue abftinence. Les Chevaux des Calmouks font
plus grands, mais aufli forts, & aufli vigoureux
& de bonne haleine. Ceux des Nogais font plus
petits, mais excellens coureurs, capables du plus
grand travail 81 de la plus longue traite. Les Tartares
fendent à leurs Chevaux les nazeaux & les
oreilles. On conduit annuellement des Chevaux
Calmouks au centre de la Ruflie. Les Chevaux
de la Crimée y du Ruban, reffemblent beaucoup
à ceux de la grande Tartarie. Ils en ont toutes
les bonnes qualités. Ceux de la petite Tartarie
font très-près de terre, mais les petits Tartares
en font tant de cas, qu’il eft impoffible à tout
étranger de s’en procurer. Les Tartares, comme
les Arabes, fe font une habitude de vivre avec
leurs Chevaux, par conféquent ils s’occupent
beaucoup de les perfeétionner & de les bien foi-
gner. , _
Des Chevaux Hongrois & Tranfylvains.
Les Chevaux Hongrois & les Tranfylvains ne font
pas moins fobres que les Chevaux Tartares; ils font
rarement* beaux : la tête* en efl le plus fouvent
quarrée la crinière longue , les flancs creux,
le .corps plus long qu’il n’eft haut ; les nazeaux
eu ouverts* ils font en général affez pourvus
e chair; mais ils fuppléeroient parmi nous aux
Chevaux Tartares, pour en tirer une efpèce très-
utile, & qui ferviroit à la remonte de nos huf-
fards. Il en eft de même des Chevaux Sardes,
de plufieurs chevaux des Ardennes, &c. Sic.
Des Chevaux Allemands.
Les Chevaux Allemands , & principalement
ceux de la forêt du Hart, nous procureroient
d’excellens produits. Ms viennent des Chevaux
Turcs, Efpagnols & Barbes : auffi en participent-
ils du côté de la figure. A l’exception de ceux
qui vivent dans la forêt, on leur reproche feulement
de n’avoir pas affez d’haleine.
Des Chevaux Napolitains.
L ’Italie fourniffoit autrefois de beaux Chevaux.
Le royaume de Naples, dans cette partie
de l’Europe, avôit les meilleurs ; mais la race
Napolitaine ne fubfifte point; on diftinguoit le
Cheval Napolitain à l’épaiffeur de fon encolure,
à la hauteur de fa taille, à la coupe de fa tête,
ordinairement bufquée , & d’un volume con-
fidérable, à fa noblefle, à fa fierté, à la beauté
de fes membres & de fes mouvemens ; les Che^
O