
culture dn colla. En Angleterre, & en pinceurs
endroits de la Flandres, on commence à replanter
la navette comme le colla--, cette méthode
eft très-bonne, elle fuppofe que la terre eft
humide, ou que le tems efi dil'pofé à la pluie.'.
L L ’époque de la maturité';de la navette / dir
M. l’Abbé R jz ie r , tient au climat & à la failôn.
La fa i f on ne la devance pour l'ordinaire, ou
ne la retarde que de quelques jours -, on choifir
un tems beau & fcc pour couper les riges, mais
on n’attend pas la complctfe maturité de tontes
les goüdes; les fupërieiVres ne font mûres que
long-tcins après les inférieures, &, li l’on attention,
les fupérkures.le d'égrainer oient. Il vàû-
droit beaucoup miaix , après la- fleuraifon/retrancher
le f umner des tiges ..qui devient comme
inutile’ & qui abforbe/ en pure perte, une partie
de la fève, dont les goufiés inférieures au-
roienc profité.
Les tiges coup 'es où arrachées, on les expofe
fur des grandes toiles ou drap ; , & on les porte
ertfuite lur l’aire , ou fous des hangards defiinés
à cet ufage. Là le tout efi amoncelé, afin que i
lésgraines du fommet achèvent leur maturité. On
feroit peut-être encore-mieux de les laiffer étendues
fur faire ou fous le hangard, parce que cet
amoncelement produit la fermentation dans
les parties qui ne font pas mûres, & cette
fermentation gsgne du plus ou moins la totalité
du monceau. On doit obferver que ces. graines,
font bien plus émullives qu’huileufes , & que
celles qui ne font pas bien Lèches , ne font
qu’émviSfives. L’expérience a prouvé que lorf-
qûe la fermentation gagne la partie émuîfive, c’eft
toujours aux dépens de la qualité de l’huile.
D’après ce principe il fera toujours avantageux
de fupprimer la partie fupérieure des tiges après
la fioraifon. Si l’on ne veut pas fuivre cette
méthode, voici un autre procédé qui la fupplée
en partie, mais qui fuppole toujours que la fermentation
n'a pas eu heu dans le monceau. Les
graines des fommets des tiges font beaucoup plus
petites que celles du bas ; avec un crible à cribler,
dont les trous font proportionnés à la groffeur
des premières, on les féparè des autres. Cette
féparation devient néceflaire, parce que la fécule
de ces graines abforbe , pendant le preffurage,
plus d’huile qu’elles n’en donnent, elles agiffeat
comme des éponges , & l’huile qu’eiles rendent
efi au - defious de la médiocre. La graine de
qualité inférieure n’eft pas perdue, elle peut
fiervir à la nourriture des oifeaux de la baffe-
cour qui en font très-friands, les pigeons fur-
toùt.
La culture de la navette efi un objet confi-
dërable en Allemagne,dans la Flandres Françoife
& Autrichienne. Ony cultive cette plante pour
en obtenir la graine uniquement defiinée pour
en tirer l’huile , qui s’y confommc, ou pour
brider, ou dans les manufactures pour la prépa--
ration des Inities. Enrp!urieurs endroits , cette
huile fert encore aux gens de la campagne po»r
les ufages delà cuifine , & pour lui ôter une certaine
laveur défàgréable ils y font rôtir un ob-aon
ou une croûte de pain. On prétend de même
que pour le foulage des draps > l’huile de navette
efi préférable à toute autre huile' ; & , dans fi
préparation de certains cuirs-, les Allemands s’en
l ’ervenr également avec avantage. Cette huile
efi encore la bafe dn favon noir ou liquide
dont on le fert poyr laver les linges dans les
pays du Nord. L ’odeur de ce favon efi défa-
gréable, il le communique même au linge , qui
cependant fe perd, torique le linge efi expoiè
à l’air pendant quèlqre tems. Peut-être en lu/
vant le procédé que j ai indiqué à l’article Colfa
la graine ainfi préparée, avant cl être .envoyée
a-u .mouirn , feroit perdre à i’hui le fon odeur &
ion. goût cléfagïéable.
En Allemagne & dans la Flandre , on préfère
de femer la navette avant l’Hiver.; elle efi , lors
appellée- navette cl’Hiver , elle fouffre beaucoup
moins des mauvailes herbes- &. des infectes
que celle femée au Prinrems , connu fous le
nom de navette cTErëi cerre dernière efi fouvent
infeélée par les tiqiurs, par -les .vers qui produi-
lent certaines efpèces de ch iraniens, .& par les
chenilles dé plufieurs petites phalènes, contre
lefquelles il efi difficile de les garantir.
• Culture, de la Navette defiinée pour Engrais.
La navette/defiinée pour engrais peut être
femée à la volée , il faut cependant avoir attention
de la répandre auflï également que\poffi-
bie ; onia fème avant l’Hiver ou au Prinrems ;
& lorfqu’elie efi arrivée à une certaine groffeur ,
on peut l’enfouir avec 1.» charrue.. v
Le N avet. & le Turneps des Anglais, Cette
plante ëfi un peu plus grande que la précédente,
mais elle.lui refiemble à beaucoup d’égards. Sa
racine qui efi charnue, d’un goût doux , un peu
piquant, mais agréable , offre des différences
confidérables par la forme, la groffeur , la couleur
& le goût. Le navet a des .feuilles oblon-
,. gués, en lyre ou découpées en aile jüfqu’à la
côte, rudes au toucher, d’un verdfoncé , chargées
de poils courts, un peu rafes , étalées fur
la terre, à lobe terminal, large , arrondi & dentelé.
La tige qui s’élève a deux ou trois pieds de
haut, efi rame Life, garnie de feuilles alternes,
amplexicaules , oblongues , en forme de coeur à
leur bafe , légèrement dentelées , très-glabres,
& douces au toucher. Leurs fleurs font jaunes,
quelquefois d’un blanc jaunâtre, & plus petites
que celles du Choux, potager.
La culture & le climat ont produit un grand
nombre de fous-variétés dans, les navets , il y eu.
a des petits & des gros , des ronds & des longs^
de*-blancs-, de gris > de jaunâtres, de verts , de
\ , ; - ■' " ■ . ' rouges,
/oiige*, & des noirâtres en dehors. La plupart
de gros navets font cultivés en grand dans les
champs, & principalement defiinés à la nourriture
de befiiaux. Les petits navets dont plufieurs
efpèces fe cultivent dans les jardins font plus
recherchés en France , "& en Allemagne, pour
l’nfagc de la cuifine, mais ils dégénère .t facilement’^
ce n’efi qu’en changeant fouvent la
graine, ou en en faifant venir tous les ans de
la fraîche que l’on peut compter fur des variétés
confiantes. Nous reviendrons fur cet article,
en expofant plus en détail la culture des petits
navets.’
Les navets, comme toutes les racines pivotantes,
demandent pour bien réuffir , un fol
meuble, léger , &,.s’il efi pofiible, fablonneux ;
les terreins forts, tenaces , très-argilleux & durs
ne leur conviennent pas du to u t , & ce n’eft
qu’en labourant profondément un terrain fem-
blable qu’on en peut rirer quelque partie ; mais
le goût qu’obtiendront ’»es navets qui viennent
dans un terrain femblable , ne les fera guère rechercher
pour l’ufage de la fable ; car des efpèces
venues dans des terrains forts & fubftanciels
confervcnt tou jours un goût âcre & fo r t, tandis
que tous les navets que l’on aura cultivés dans un
terrein fablonneux un peu nourri par de« engrais
fe diftinguenr à la vérité par un volume inférieur;
mais ils gagnent en faveur ce qu’ils perdent
en groffeur. Ôn voit fouveurdans les champs
des navets qui Torrent moitié de terre ; on n’en
fera par furpris en examinant attentivement le
fol à une certaine profondeur; on le trouvera
trop, & la racine ne pouvant s’enfoncer en
terre comme fa nature l’exige , les fucs nourriciers
fe portent plus vers la parrie fupérieure,
qui par conféqucnt s’alonge à l’endroit où elle
ne fe trouve point gênée.
On cultive les navets, fur - tout les plus groffes
variétés, comme engrais, ou pour la nourriture
des befiiaux , ou pour en faire ufage dans la
cuifine ; chaque manière demande des foins ou
des attentions particulières que nous allons dédire
plus en détail.
Culture des Navets defiinés aux engrais.
Il n’y a point d’engrais plus fimple & moins
difpendieux que celui qui efi fourni par les Raves
ou Navets, leurs tiges & leurs feuil'es; ils rendent
à la terre beaucoup plus de principes qu’ils n’en
ont reçus ; & fes feuilles & fes tiges, en pourrif-
umt, lâchent l’air fixé qu’elles contiennent, ainfi
que tous les matériaux de la sève, & les incorporent
, en enrîchiflant le fol. La récolte eh frôle
n t , qui fuit l’année d’après, n’efi pas capable
dépuifer la moitié des principes-de végétation
fournis par la décompofition des Raves ou des
Navets. 1 '
Agriculture, Tome H L
Pour tirer Je parti le plus avantageux de la
culture des Navets, conlidérés comme engrais,
M. l’Abbé Rozier jjropofe, j.° de mettre la charrue
dans les terres deftinées à la jachère de l’année
fuivante, au flï-tô t que les bleds font femés.
2.° Qu’on donne à ces terres un fort labour croi-
fé, & encore mieux que la charrue pafle deux
fois dans le même fillon , afin de fou lever plus
de terre, & lui donner plus de profondeur. La
terre, fortement élevée, fera plus expofée aux
a (fiions des pluies, des neiges & gelées; ces dernières,
fur-tout quand elles font fortes, fervent
à atténuer, divifer & féparer les molécules; & ,
fous ce rapport, la gelée peut être confidérée
comme le meilleur de tous les laboureurs. Une
obfer vation que tous les Cultivateurs peuvent
affirmer, c’eft que toutes les fois que les froids
ont été longs & rigoureux, ori peut parier que la
récolte en grains fera très-belle, à moins qu’au
Prinrems, les pluies ou le débordement des eaux,
ou d’autres circonftances ne s’y oppofent. j e pro—
pofe cettë pratique, dit M. l’Abbé'Rozier ^ parce
qu’elle influe d’une manière très-avanrageule fur
la production des Raves & Navets, confidérés
comme engrais. Elle feroit également utile, quand
même le. champ feroit deftiné à refter en jachère.
$•* Aufli-tôt après l’Hiver, c’eft-à-dire atifiï-rôt
que l’eau iurabonciante de l’Hiver fe fera infiltrée
dans la terre, ou qu’elle fera évaporée, & que
la terre ne fera plus gâchenfe , ,c eft le cas de labourer
de nouveau , de croifer où-de recroifer r
& de herfer légèremenr. Lorfqu’on ne craint plus
les gelées, on sème fur le champ, ainfi préparé,
les Raves ou les Navets. On peut femer la graine
fort dru, parce qu’il ne s’agir point ici d’avoir
des Raves ou des Navets pour la nourriture des
hommes ou du bétail, niais de l’herbe qui doit
être enfouie, & fervir dengrais. Àuffi-rôf après,
on herfe après plufieiirs reprifès , & on a grand
' foin d’attacher quelques fagots derrière la herle ,
afin que chaque graine foit enrërr'ée toutes celles
qui refient lur laffurface font dévorées par les
oifeaux à bec court, qui en font rrès- friahds,
ainfi que les Pigeons. Lorfque la graine èfi enterrée'
trop profondément, elle ne germe pas;
c’eft pourquoi l’on fait bien de herfer légèrement
avant de femer. Piufieurs Cultivateurs Anglais ont
l’ulage de faire paffer & repafler un troupeau de
moutons fur le champ enfemencé; on efi fùr alors
que toute, la graine efi enfouie. Cette opération
ne doit avoir lieu que lorfque le tems efi un peu
humide ; fans quoi, le piétinement réduirôic la
fuperficie en croûte, qui durciroit beaucoup, fi
le fol efi tenace , & fi la chaleur & la fécherefie le
furprenoit dans cet état. Les Raves, ainfi femées,
«létruifenr complètement les .mauvaifes herbes
qui pouffent dans les champs ; elles les étouffent
par leur ombre. 4.0 Du moment que la pianre
commence à fleurir, on l’enterre par un fort
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