
5«? C L O
fur foi - même, comme le pifé, fe -détacherait
infailliblement, & tomberait en pure perte.
Pour quil foit bien defféché., il faut qu'il ait
reçu les imprelfions de la chaleur d’un Eté &
Je froid d’un Hiver-, il fe roi t mieux d’attendie
deux années, pour être plus alluré de fa parfaite
delliccat on , ce te ms expiré , le mur eft plus ou
moins lillonné par de lé. ères fentes, fuivant la
bonté de la terre -, s’il l’étoit beaucoup, on jer—
teroit un premier enduit dans ces niions pour
les combler. On peut enduire ces murs à la
manière accoutumée ; mais nous prévenons que
le crépi vaut infiniment mieux ; il diffère de l'enduit
, en ce qu’il eft plus clair, & qu’il fe jette
avec un petit balai, fans palfèr la truelle deffus.
Il eft plus durable, plus économique, & tient
fur le pifé, fans qu’il foitnéceflaire d’en piquer
la furface.
Ce crépi, appelé par les maçons rufiiquage, fe ;
fait avec un mortier de chaux & de fable extrêmement
clair. Pour cet effet, on le détrempe
dans des baquets, jufqu’à ce qu’il foit comme j
de la bouillie ; on le prend alors, & on le jette i
contre le mur avec un balai & un goupillon - ç’çft j
par la crête que l’on commence, en fuivant de
haut en Las, fur une longueur de cinq à fix pieds,
dans la largeur d’environ un pied ; l’on répète
cette opération, jufqu’à ce que iç mur en fqit
Couvert.
Ce ruftiqunge n’eft point uni; il reffemble à
la pierre brute. L'on n’y emploie pas la moitié
du mortier dont il ferait befoin popr un enduit
ordinaire; il n’en a pas la propieté, mais il en
efl plus durable , ce qu’on ne fauroif aitribuçr
qu’à fa liquidité , qui lui fait pénétrer la facedu
mur aveç laquelle il s’incorpore; il coûte moitié
moins que l’autre, ce qui devient pour celui-
ci un fécond motif de préférence. Son ufage eft
particulièrement çonvenable aux murs de Çiôr
ture.
Prix du Pifé.
Comme les conftrii&ions en pifé fe bornent,
pour la France, aux Déparfemens méridionaux
çle la République, nous en indiquerons le prix
ici, tel qu’on le paie aux environs de Lyon St
dajis les cantons adjacens,
Le prix du pifé varie fuivant la nature de la
terre, le tranfport qu’il en faut faire & luivant
le prix des journées/
Les fix ouyriers néceffaires à la conftruéHon
du pilé , lorfque l.e tranfport n’a pas plus de
quinze toifes, peuvent faire chaque jour trois
toifes quarrées de Roi. Si les journées font à
trente fols par pifeqr, & à vingt par porteur,
il reviendra à deux liyres dix fols la toife. Dans
les environs de Lyon, le prix eft de deux
à trois livres de façon. On emploie pour
trente fols de mortier à la formation des moraines.
Le ruftiquage fe paie quinze fols la <
C I O
toife quarréc de chaque face, fournitures & façon,
de forte que les murs en pifé aux environs d»
Lyon coûte de cinq à fix livre? la toife qUarrtu
de R o i , lans y comprendre les fondations ni
les couverts ou le chaperon en tuiles.
Pour démolir un mur de p ifé , on emploie
le levier que l’on introduit dans les boulins ■ on !
en renverleune banchée, quelquefois même plu.
fleurs enfèmble, & , pour plus de fûreté 8c d’ai-
facice , oA les areboutera du côté oppoféàleuï
chute. Cet expédient eft plus prompt que le pic I
& le marteau, qui ne peuvent que difficilement
rompre ces murs, tant ils a quièrent de dureté
principalement quand ils ont beaucoup degra*
viers. *
Avantage que l'on peut tirer des décombres du P
Les décombres d’un mur de pifé démoli ne
peuvent plus lervir pour en faire dé nouveaux
murs ; la terre en eft devenue trop friable ; mais I
ils ne font pas à charge , comme nous 1 avons
dit ; ils dédommagent avantageuferaeni des frais i
de leur démolition & de leur tranfport, étant
un engrais excellent pour les terres à bled, pour
la vigne, &c. Ils obtiennent vraifemblablémem I
cette qualité des fejs dont l’air les a chargés à la
longue.
Clôture peu difpendieufe , propofée par un
Cultivateur Ecojjois.
Un Cultivateur Ecofloisa imaginé une nouvelle
manière de Clôture. La feuille du Cultivateur
dont nous tranferivons ce procédé en parle ainfi.
“ Perfonne ne coritefle l’utilité des Clôtures;!
mais on n eft pas d’accord fur la manière de
les former, & elles font différentes félon les divers
pays. Dans les lieux où -L’on fe procure ai* I
fément des pierres, la plupart des Cultivateurs
aiment mieux élever des murs en pierres sèches
que de planter des haies vives ; car, quoique
les murs fqient toujours très-coûteux, comme
ils rempliffènt dès qu’ils font faits le but qu’on
fe propofe, en enclofant un champ, ils font préférables
aux haies vives, qui exigent toujours
quelques années & des foins avant d’être en bon
état. Les haies vives ne font pas toujours fuf-
fifantes dans les pays froids . pour contenir les I
animaux, fu r - to u t lorfque les longues nuits,
humides ou froides de l’arrière-laifon commencent.
Le Cultivateur Ecoffois dont nous parlons a
réuni les deux méthodes, & il a fait des Clôtures
formées en patrie par un mur & par une haie
vive ; voici la manière dont il s’y eft pris. Après
avoir planté la haie, fuivant la méthode ordinaire
, fur le côté extérieur du foflé ; il a élevé
en-dehors un mur de deux pieds & demi de
hauteur, & il 1 a fait conflruire à chaux, ayant
W M m
C L Ô
nu s’en procurer à. bas prix. Il y a quelque* années
que cette enceinte a- été exécutée pour la
première fois , & les Cultivateurs voifins, qui
ont été témoins dè,fon utilité, fe font emprelfés
d’en faire de fem b labiés.
Lorfqu’on veut faire une. Cl ô tut e de ce genre,
on commence par nettoyer le terrein de. la-largeur
du foffé , & de deux, pieds de plus de chaque
côté; on enlève le gazon par, plaques,, afin
de détruire, autant qu’il eft: poffible, ,les mau-
vaifes herbes- & les racines qui pourraient faire
tort aux jeunes- arbriffeaux deftinés, à former la
haie. Le foffé a cinq pieds, dé largeur , fur deux
pieds & demi de profondeur-; ou. lui donne un
pied de largeur dans- le; fond. Sur le bord ex- !
prieur du- foffé, on laiffe un pied de largeur, pour
former une bordure, au - delà^ de laquelle on- !
creufe avec une bêche „ à environ un pied de :
profondeur ; on met au-fond, environ trois pouce* j
détonné terre , & on plante fur cette terre des
épines : les plants font pofés- prefque horizontalement,
tourné*du côté du foffé, ayant la pointe i
dirigée un peu en haut, afin- que la pluie puiffe
couler le long des^ tige* jufqu-aux racines- : on;
met fur les racines un pied de bonne terré. À u -
deffus de cette nouvelle couche , on laiffe, du-
côté du foffé , une bordure de trois ou quatre
pouces de largeur; 8c, au-delà de cette bordure,
on plante une autre rangée d'épines, dif-
pofées comme les premières-, ayant loin de ne
pas mettre les plants du rang fupérieur immé*-
diatement au-deflùs des inférieurs, ou dans une
ligne perpendiculaire, mais plaçant chacun à
neuf pouces ou un pied à droite ou à gauche de
chaque plant inférieur. On met fur le dernier
rang environ un pied de bonne terre qu’on taffe
avec foin , & qu’on piétine, jufqu’à ce que le
fommet foit uni, & que la crête du foffé, qui j
fe trouve de ce côté plus élevé que de l’autre, !
ait à - peu - près trois .pieds & demi de largeur,
afin de pouvoir y conftruire le mur. Le côté extérieur
de ce mur eft éloigné de neuf ou dix
pouces des épines, & jamais au - delà d’un pied.
Le mur a deux pieds ou environ à fa bafe, &
tm pied & demi à fa partie fupérieure; le chaperon
eft formé d’une feule pierre plate, fur
laquelle on place deux plaques de gazon. La
plaque inférieure eft potée de manière que le
gazon foit en - dé flous, & touche la pierre, tandis
que la plaque fupérieureeft placée , ayant le;
gazon en - deffous ; de cette manière , les pla~-
ques de gazon qui doivent avoir une certaine
épaiffeur pour retenir l’humidité, ne tardent pas
a faire corps entr’elles , de manière à ne pouvoir
pas être enlevées par le vent. Le mur eft de deux
pieds & demi, de hauteur , fans y comprendre
les plaques de gazon , qui forment environ cinq
J>u nx pouces, ce qui fait que le mur, en comptant
les gazons, eft à-peu-près de trois pieds de h^it.
Le mur eft conftruit quelquefois avec du mbîr-
Agriculture. Tome IIJ,
C L O 50$
fief * & <fautres fois en pierres sèches, fuivant
que cela eft plus ou moins économique.
Les épines fe trouvent ainfi abritées , & dans
les endroits très-expofés aux vents-, tels que les
pays du Nord; une difpofition femblable favorile
fmgulièrement là,végétation desa-rbriffeaux,;
d’ailleurs leurs pieds ont toujours une humidité
fuffifante. Lorfqu’on veut difpofer de cette manière
une haie vive qui eft déjà âgée , on la rabat
à trois pouces de terre, en Octobre ou Novembre^
ou même au commencement du Printems, &
on élève le mûrie plutôtpoflible : la végétation
deshaies, qui fe trouvent ainfi abritées, eft très-*
rapide, & on a peine à fe former une idée de
la prompte croiffance des épines : on en a va
q u i, ayant été coupéesr au Printems, avoient
pouffé, dans la même année, à la hauteur du mur,
& q u i, dans moins de trois ans, étoient fi bien
garnies, qu’il étoit impoffible à aucun mouton
de fauter deffus, même à ceux des montagnes
d’Ecoffe, qui franchiffènt très - aifément un mur.
de quatre ou cinq pieds. Il eft effentiel de remarquer
que le mur ne doit jamais être terminé
en. dos d’âne; qu’il ne faut pas non plus trop^
l’écarter de la haie , fans quoi lesbeftiaux paffent
bien - tôt entre deux , & d’ailleurs les. épines
viennent moins vite. Il efl bon d’ajouter encore
que les Clôtures faites ainfi demandent moins de
foins que tout autre , pour mettre lés jeunes-
arbriffeaux à l’abri des animaux , & que le mur
empêche beaucoup d’animaux de tenter à fe faire
des routes à travers des haies, n
Clôture en mur avec une Haie vive.
Nous ne prétendons point parler ici de ces
murs grofliers que l’on élève dans- plufieurs
endroirs en entaffant des pierres inégales., fans
aucune liaifon de boue, d’argile, de mortier ou
de fable y ils font de très - peu de durée, & remplis
d’intervalles par où- le vent fou-file avec im-
pétuofiré fur les beftiaux, & , formant des vents
coulis, ne peut que leur nuire beaucoup plus
que celui qui traverfe une haie, parce que du
moins, en ce cas- c i , il eft rompu , & parcon-
féquent affoibli.
Nous propofons donc ici au Cultivateur, qui
eft en poffeflion d’une certaine abondan ce de prés,
le moyen d’élever une Clôture par murs, en
fuivant les mêmes principes propofés pour les
Clôtures en banc de terre.
Il fa u t, pour bien remplir cet objet, choifir
les pierres les plus régulières & les plus uni.s;
cette défenfe fera belle & de durée. Quand on
a la quantité fuffifante de ces pierres, il faut
cr eu fer la terre à une petite profondeur., pour
pofer le fondement, & un puits ou foffé dans
quelqu’endroit voifin d’où l’on puiffe tirer la terre
1 néceflaire.
Le tout étant ainfi difpofé, on commence
. Q î