
la conftru$ion du mur, en poant les pierre?
l’ une fur l’autre ; oh en pofe premièrement deux,
& eniuité une entre - les deux', à mefure qu’on
élève le mur, on remplitl'efpace entre-deux
avec la terre du folié ou du puits ; par ce moyen,
tout le mur deviendra une feule maffe bien folide.
On continue à exhaufler le mur à la hauteur
& à là largeur néceffaire, ayant toujours l’attention
de remplir de terre l’entre-deux des pierres;
en prenant-garde que la partie extérieure des
pierres foi» bien de niveau l’une avec l’autre-, on
plante enfuite une haie vive deffus, de la même
façon que nous l’avons indiqué pour la haie
plantée1 fur: le banc; Rien de plus agréable à là
vue qu’un mur Couronné de haie vive.
Qu’On fe donne bien garde fur-tout d'y planter
des arbres de haute futaie, parce que le vent
peut les déraciner, & que leur chute entraî-
neroit néceffairemenr le mur-, plus les arbres
y réufliroient, plus le danger feroit grand. Nous
voudrions qu’on y plantât de jeunes plants' d’épine
blanche ,■ & de quatorze en quatorze pieds
un pommier fauvage-, les fleurs & les fruits de
Cet àrbriffeau donnent une'agréable variété, &
lie forment pas allez de volume, pour qu’on
ait lieu de craindre rimpétuôfité des vents. ( Forte
Gentilhomme , Cultivateur, Tom. I I I . y
Clôture en batte de terre.
Nous connoiflons deux méthodes pour former
des bancs de terre qui fervent de Clôtures ; l’une,
en ufageen Angleterre ^-efl décrite dans le Gentilhomme
Cultivateur ^ & l’autre, par M. de
Münchàufen , dans le Hausvater, Vol. 3 ; cette
dernière efl fui vie en. plufieuts cantons du pays.
d’Hanovre.
Le Gentilhomme Cultivateur, en parlant de la.
première , s’exprime ainfi : ce le banc efl, de
toutes les Clôtures, .celle qui convient le mieux
aux prairies & aux terres à pâturages : que le
Cultivateur examine bien la nature du fol, avant,
que d’entreprendre de l’élever. Il doit d’abord
faire attention à ladépenfe, & faire en forte de
la rendre peu confidérable • enfuite, voir fi le
banc peut fubfîfier : ces deux objets dépendent
abfolument de la nature du fol. On fènt donc
combien il lui importe de la; bien connoître.
Il faut que le fol cède avec facilité au tranchant
de la bêche , & qu’il foit couvert d’un bon gazon
épais..• Ce feroit une folie que d'entreprendre
d’élever un banc fur une autre efpèce de fol.
Nous ne parlons pas de ces bancs d’argile ou de
boue que l’on élève en creufanr un foffé y, en
amoncelant la terre que l’on en tire ,.& en-la
laiffant toute nue. Nous entendons parler d’un
banc vert & gazonné| beau & profitable, qui fe
foutient ferme & folide à jamais-
, Lorsqu’on a, dans fes prairies .ou dans fes terres '
à pâturages, un fol ainfi couvert, on y élève «a
banc, au commencement du Printems , après
quelques pluies : car nous obferverons, en paf-
fant, que cette opération fe fait très-imparfaitement
dans les faifons humides, ou dans les
trop grandes féchereffes-, parce que la terre, dans,
ce eas-ci, s’émiette trop facilement, & que , dans
celui-là, elle gonfle & fait des crevaflës-.
La nature du fo l, & la convenance de la fai—
fon bien connues , il faut tirer deux lignes droites
à trois pieds & demi de diflance l’une de l’autre
dans toute leur longueur, où l’on veut élever le
banc ; enfuite on lève, avec la bêche, des gazons
dans l’endroit du terrein où l’herbe efl la plus verte
& la plus vigoureufe ; on les coupe, s’il efl po fiible ,.
à un pied & même quelques pouces de plus de
profondeur en quarré \ on les difpofe, à mefure
qu’on les coupe , en deux rangs,-le long des bords-
de chacune, de deux lignes, la partie du gazon
en-dehors,- on les couche ainfi, & on laiffe un
efpace entre les deux lignes.
On ouvre, à un pied de diflance du rang intérieur
de la Clôture, un foffé de trois pieds de
largeur -, il faut que les côtés du fo lié fo ie n t faits,
en pente , & creuféS à la profondeur qu i efl
néceffaire pour fournir une quantité de terre
fuffifanfe, dont on remplit l’efpace qui efl entre
les gazons.
On doit obferver qu’il faut mettre dans l’intervalle
qui efl entre les deux gazons, de la terre,
jufqu’à ce qu e. l’intérieur du banc, foit à niveau-
des côtés. Le fondement du banc étant ainfi fond
em en t établi, oh le continue facilement; on
coupe d’autres gazons, & on les pofe dans un-
fécond rang de chaque côté, deffus le premier,
mais un peu en-dedans, &-toujours ainfi de rang
en rang , obfervant toutefois que chaque rang le
rapproche infenfiblement de l’intérieur, & que
le banc fe trouve fait en pente, de telle forte
qu’il s’élargiffe par le b a s ,. & fe retrécilfe par le
haut.
On obfervera auffi de remplir de la rerre de la-’
foffe, l’efpace que forme dans l’intérieur l’élévation
de chaque rang $ il faut fi bien prendre-
fes dimenfions, que le fommet du banc, quoique'
beaucoup plus étroit que. fon fondement, f it
deJdeux -pieds’de largeur, fur quatre de ■ hauteur.
■ Mais,; quand on arrive au fommet, il faut bien
fe donner de garde de mettre Tintervalle entre
les deux gazons à leur niveau- -, on- doit le terminer
etr un petit creux au milieu.
"Après que le banc efl ainfi élevé, il faut planter
au fommet la haie vive-,on doit choifir fes:efpèa s-
d’arbriffeaux qui font lés. plus propres à y être
tranfpJantés, commeile pommier fauvage, rsu-
be:épin.ey.répinenôirç, &.c. -, 'm a is e h général,
on préfère ries, plants de l’épine blancjre ?,on lès-
plante fur le banc, à un pied de .profondeur.
On; peut varier la haie:, en mettant,. de: diflance
en. diflance , du .pommier fauvage ■ mais on doitfe
donner de garde d’y planter des arbres de
haute futaye, ou des gros arbres fruitiers, comme
pommier, noyer, cerifier , St c. I
1 Le creux que nous voulons que 1 on Jaille au
milieu du fommet du banc, fert de réfervoir, ,
en retenant les eaux de pluie, & les envoyant
aux racines de la haie & des gazons, qui, pofés 1
latéralement, fe deffécheroient & périraient. 11
efl certain que par cette difpofirion, les jeunes
plants tirent une fuftifantc nourriture de ce lit
profond de terre -, d’autant plus qu’il s’élargit en i
defeendant, & que la terre étant nouvellement
remuée, fes molécules font plus atténuées, plus
divifées , & eonféquemment plus propres à animer
la végétation. . •
Lorfque le banc efl élevé, & la haie plantée,
il faut faire une petite haie morte fur ou auprès
du banc, pour défendre les jeunes plants de l'in-
curfion des moutons : il feroit fort inutile de la
faire forte, ni plus haute d'environ quatorze
pouces. La haie croîtra parfaitement, & le banc
deviendra de jour en jour plus ferme, par la
réunion des racines de différentes herbes qui
compofent le gazon.
On fent facilement que cette efpèce de Clôture
exige, de teins en teins, l’oeil du Cultivateur,
fi i’on veut qu’elle n’expofe point à de grandes
dépenfes : il efl rare, à la vérité, quelle demande
de fréquentes réparations, mais du moins
faut-il veiller à ce qu’il n’y ait aucun dommage
caufé dans les gazons ou dans la haie parce que
fi les premiers font entamés fans qu’on les répare
, ils dépériffent infenfiblement -, & la terre
de la partie du gazon qui efl pelée, efl entraînée
par les pluies, ou s’écroule par. les féchereffes :
cette Clôture efl fi belle, & d’unefigrande utilité,
qu’il feroit, en vérité, dommage de la négliger.
Quant aux Clairières qui fe forment dans la
haie, on les ferme en y plantant de jeunes plants
d’épine : il arrive quelquefois que le gazon languit,
& que l’herbe devient jaune-, il faut alors
le relever, & en mettre de frais a fa. place, que
on tire , comme l’autre , du même fol.
Cet accident efl ordinairement l’effet du peu
d’humidité qu’ont les gazons , quand on les
arrange-, c’eft pourquoi nous voudrions, afin que
le Propriétaire pût jouir plutôt & plus fûrement
de la beauté du banc, que l’on Iaiffât les gazons,
avanrque de les employer , pendant un quart-
d’heure tout au plus, dans l’eau de quelque folié
le plus voifin -, la plus bourbeufe efl la meilleure/
par des raifons que l’on expliquera aifément :-ou
bien on emploie, pour le même ufage, un baquet
rempli d’eau, dans laquelle on aura jetté une
certaine quantité de terre molle & bien.meuble,
pour ia rendre trouble. Par cette opération , les
racines des gazons fe lient plus facilement, &
portent avec elles une humidité qui les rend capables
d.e fe lier à la terre nue du banc, & à en
,S*rer une partie de leur nourriture ; fi cette niéthode
efl un peu plus embarraffante, elle efl auffi
beaucoup plus sûre.
Les pluies qui tombent dans cette faifon de
l’année , entretiennent cette humidité, & en
donnent à la haie -, de forte que, tandis que d’un
côté les jeunes plants pouffent vigôureulement,
la verdure du gazon fe conferve & fe perpétue.
Les racines de l’herbe s’ét .ndent en tout fens,
unifient les gazons enfemble, & n’en font qu’un
feul & même corps-, de forte qu’il eft impoflible
d’appercevoir les jointures. Les racines de l’épine
blanche s’étendent, en peu de tems, à travers
l’épaiffeurdu banc, lient le tout enfemble, & en
font un corps folide & ferme , à l’abri de toute
atteinte : l’herbe croît fur le côté du banc, ce
qui relève confidérablement fa beauté ; & le
fommet eft agréablement varié par la diverfité
des arbriffeaux.
Si les deux côtés de l’enclos font en pâturage ,
au lieu d’un foffé que nous avons confeillé de
pratiquer dans le côté extérieur du banc, on peut
creufer la terre, de chaque côté, en pente , à la
profodeur de deux pieds-, en fe comportant ainfi,
il n’y aura point de terrein de perdu , parce que
les deux petits foffés produiront, ainfi que les
deux côtés du banc, de l’herbe auffi bonne que
celte du refte du fol.
On obfervera que fi les circonflances exigent
que le banc foit plus élevé , on doit faire le fondement
plus large - il faut creufer plus de terre
en pente près du banc , ou bien on doit faire
le foffé plus profond, afin que la fouille fourniffe
plus de terre, & qu’on en ait la quantité néceffaire
pour remplir l’efpace qui eft entre les deux
rangs de gazon.
Cette efpèce de Clôture donne de l’ombre, &
fert d’abri aux befliaux, foit contre les vents
froids, foit contre l’ardeur du foleil. La haie eft,
à la vérité, très-expofée à l’impétuofiré des vents;
c’eft pourquoi il faut avoir l’attention de l’élaguer
de tems en tems.
La fécondé méthode, dont nous devons la
defeription à M. de Munchaufen , eft moins
compliquée que celle dont nous venons de parler
, d’après le Gentilhomme Cultivateur, elle
eft fort en ufage. dans quelques" cantons du
Duché de Z e lle , dont le fol eft généralement
très-fablonneux. Les pièces de gazon que l’on
emploie pour ces Clôtures, ont ordinairement la
figure d’une lofange ; elles ont un pied de long,
fur fix pouces de large, & uneépaifleur de quatre
à cinq pouces'-, il faut faire attention de donner
à ces gazons, autant que cela fe peut, la même
grandeur; la foliditédu banc en dépend principalement.
On a préféré de donner à ces gazons
la forme d’une lofange plutôt que d’un carré-:
la première forme permet de les entaffer avec
plusd’exa&itude.
Nous ayons déjà obfervé que quelques cantons
du pays où ces Clôtures font ufirées, ont un fol
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