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de ce gâteau inutile au nouveau-né, dangereux
pour la mère, s’il n’étoit eXpulfé à la fuite du
cordon ombilical machin é, qui paroît équivaloir
aux ligatures artificielles.
Après avoir fouftrait les petits à la voracité
de la truie, il faut encore fonger à les préfer-
ver contre fa maladreffe , & continuer à ne les
pas perdre de vue pendant deux ou trois jours ,
pour faire téter les petits, & nourrir abondamment
la mère , feul moyen pour difpoferales
bien nourrir à fon tour. Une truie, qui a des
petits, eft , de tous les animaux domeftiques, le
plus méchant : elle fait tout le mal qui lui eft
polfible. La Fermière vigilante, qui fait combien
il faut ufer de précaution envers la truie., doit
file r une fille de baffe- cour à cette befogne ,
lui recommander de l’avertir du nombre des petits
, mâles & femelles que les truies, qui cochonnent
à - peu - près dans le jmême - tems^ ont
fourni, d’empêcher qu’ils n’aillent entêter d’autres
que leur mère, de mettre à part chaque
truie & fes petits, & de faire une marque-à laquelle
elle puiffe les reeonnoître : dans cette attention
feule confifte fou vent le falut de la portée.
Que de Propriétaires trompés , quand ne voyant
lien , ils s’en rapportent trop facilement à leurs
agents fecondaires -, ils abandonnent le foin des
étables à des filles de baffe-cour , qui rejettent
toujours furie défaut de fécondité de la truie,
toute s les pertes, tous lesaccidens qu’elles feules
occafionnent par leur coupable négligence. L ’i -
nimitahle Lafontaine l’à dit, & i l faut fouvent
le répéter : '
Tl ri eji pouvoir que l'a il du Maître.
Des Cochonnets.
On affure que, privés de fentiment biendif-
tin é l, ils reconnoiffent à peine leur mère, ou
du moins qu’ils font fort fujets à fe mêler hors
du to it, à fe méprendre , & à téter la première
truie venue, qui laiflera faifir fes mamelles, fi
l’on n’avoit l'attention de mettre, comme il vient
d'être d i t , chaque famille à part.
Les premiers foins donnés aux petits les ^ accoutument
à téter, & la mère fe plaît bientôt
à les allaiter. La furveillance enfuite efl moins
-clive • mais il faut encore les vifiter de tems-
en-terns, nourrir amplement la truie avec des
racines cuites, telles que navets, pommes de
terre dans du petit lait, & mêlés avec de la fa -
rir.e d’orge-, ce mélange lui donne beaucoup de
la it, & on lui laiffe , pour boiffon, de l’eau blanche
dans un baquet toujours peu profond , parce
que fouvent il arrive que les cochonnets y montent,
& ils pourroïent s’y noyer.
Dans le cas où la portée feroit nombreufe,
comme de quinze à dix - huit petits , quoique
la mère n’ait que douze mamelles, la fermière
ne fouffrira pas que la truie les allaite plus de
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trois femaines •, alors elle doit en fupprimer une
partie, & les fupprimés portent le nom de f0-
ckons de la it , dont il eft aifé de fe défaire
parce qu’à cet âge leur chair efi plus molle *
plus délicate, plus favoureufe que quand ilj
n’ont au plus que quinze jours. Pour cet effet
on faifit le moment où la truie efi abl’ente, ou
on la fait fortir de fon toit, en flattant fa gour.
mandile par quelques poignées de grains, fans
quoi il feroit difficile de fe défendre de fa colère.
On garde les mâles de préférence pour élever
parce qu’ils deviennent ordinairement plus fort?
& fe vendent toujours mieux que les femelles:
huit à dix fuffifent à la mère qui, foulagéedans
fon allaitement, augmente d’autant la force de
la famille des élus. A mefure que les Cochons
fe développent, on leur donne , quinze jours
après leur naiffance , du petit lait chaud dans
lequel on délaie de la farine d’orge, de feigle &
de maïs, à proportion de leur croiffance, &
autant qu’ils peuvent digérer. On commence à
fevrer les cochonnets, en leur donnant, en
l’abfence de la truie, du lait caillé chaud , en
les laiffant fortir dans la cour & aux champs,
pour les accoutumer infenfiblemenr à la nourriture
ordinaire, & à fuivre la mère. Le moisétant
révolu, on augmente leur nourriture, en ajoutant
au lait de la farine d’orge , ou des fons
plus ou moins gras \ on mêle à ces repas des
choux, des pommes de terre & autres racines
potagères cuits, en continuant de les faire manger
à part pendant plufieuis mois, afin de leur
adminiflrer une nourriture meilleure & plusabon-
dante qu’aux Cochons de la baffe-cour, qui
pourroient, en la leur difputant, les efiropier.
11 fulfit ordinairement que la truie allaite fes
petits pendant deux mois : un plus long efpace
de tems la fatigueroit trop, & l’épuiferoir, de
forte qu’elle feroit malade à une fécondé portée.
A cette époque, ils peuvent fe paffer de la
mère q u i, comme les autres femelles, ne les
connoîtra plus après en avoir été féparée pendant
quelques jours.
Les Cochons de Chine ( auxquels nous revenons
avec plaifir ) tètent pendant quatre mois&
au - delà , avec le plus heureux feccès, & fans
qu’il en réfulte d’inconvénient pour la mère:
il eft probable que fi l'on nourriffoit les truies
des autres efpèces aufli abondamment, on ob-
tiendroit des réfultats suffi avantageux.
Ce n’eft abfolument qu’en feignant & noup
riffant bien les cochonnets qu’on parvient à avoir
des élèves de bonne qualité, & rien ne nous
paroît pluspropre. à démontrer cette vérité, ainfi,
que les avantages dont elle eft fufceptible, que
les obfervations que M. Hervieux nous a coup
muniquées fur les Cochons de Chine. On a déjà
vu que fix cochonnets femelles de cette efpf ce,
qui tétoient encore à l'âge de quatre mois,pefôieiu
quatre : vingt livres l’une dans l ’autre -, & > qu à
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nfome époque, elles étoient déjà pleines
a J t t T l le devenir. On ferait tenté, ftns
0 P il’envifager ces phénomènes comme des
efpèce nouvelle pour notre
Mais une expérience comparative four-
^ t e h a f a r d , a bien prouvé qu’ils nétojent
»“ £ïauré-ûme, & que , lorfqu’ils ne font pas
£ 2 qfoianés les Cochons de la Chine ne font
h‘- li« «as ni plus pefans,, ni plus précoces
nI P es futres. Quand la truie a fait plufieurs
Sortie & qu’elle eft graffe elle fe nomme
V Z Sl les cochonnets ne s’appellent Cochons
Wamès avoir fubi l’opération qui les empêche
ie le reproduire.
Nourriture des Cochons.
Ils s’accommodent de prefque toutes les fubf-
tances qu'on leur préfen.c, foit que le règne v é- .
„étal les ait fourmes, ou quelles aient été tirées.
du règne animal -, il faut toujours avoir grand
j foin d’en modérer la quantité, jufqu à 1 inflant
i OÙ on vent leur faire prendre gratffç; 1les frviffi
nue les vents ont ; abattus-, ceux qui font gâtés
Sn partie, les chouxg les, navs.s, les caro,tes
le petit lait erêmé, le lait caillé I f f î m les
fèves, les'.ripaiiles, les lavures de vaiflelle, e
fon les grains de toute .efpece , le trèfle , la
luzerne; ces . différentes madères^ conviennent
é°alemem à leur nourriture. On doit feulement
aïoir attention de ne les pas latffer manquer
d’eau à la baffe - cour, ni aux champs. On s ap-
perçoit qu’ils ont foif à une toux secte , «Çett.
foi/ fl elle n’eft pas fatisfaite, les maigrit infiniment.
C’eft donc une négligence impardon-
I nable dans ceux qui font chargés de 1 engrais des I Cochons, que de ne pas leur donner affez d eau
I fraîche. 1 m I
L’expérience prouve journellement que les I Cochons préfèrent les alimens à demi - cuits oc
I un peu fermentés, aux alimens frais & cruds.
I Avec quelle avidité ne fe jettent-ils pas iur les
I choux bouillis, fur les grains & les racines ra-
I mollis par la cuiffon, fur ies réfidus de la brai-
ferie, des bouilleries, d’amidonnenes, de laite- I teries & de fromageries? On fait que les corps
I fournis à la cuiffon changent de nature , de propriété
& de goût ; leurs différens principes con -
titnans fe rapprochent, fe combinent, de manière
i à en devenir plus agréables au palais, plus ap-*
propriées à l’eftomac * & plus efficaces dans leurs
I qualités alimentaires : un commencement de rer-
I méntation augmente leur fapidité, & les rend' çga-
I lement plusfavorabiesà la digeftion : tout ce quion
donne aux Cochons, s’il eft à demi-cuit & ter-
l menté, convient fupérieurement à, leur conlti-
titution • la dépenfe du bois & les autres feins
néceffaires pour amener les matières alimen-'
teires à cette proportion pour la nourriture^ &
l’engrais de res animaux . offrent de grands dé-
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dommagemens, fur lefquels l’attention ne s efl •
.pas encore affez arrêtée.
Comme les Cochons font naturellement gourmands
, indociles, & par conféquent difficiles à
conduire, un homme ne peutguères enfurveiller
plus d’une foixantaine aux champs. La principale
attention pour, gouverner ce bétail, c’eft d’empêcher,
par des foffés & des baies hériffés d é-
pines, qu’il ne faffe de dégât en entrant dans
les jardins, à les éloigner des terreins cultivés,
pour ne les conduire que fur les jachères, fur
les friches, dans les bois & dans les endroits
marécageux, où ils trouvent des vers de terre
qu’ils aiment beaucoup, ainfi que des racines
lauvages, telles que carottes, panais, &c. & autres
qu’ils trouvent en fouillant la terre à l’aide de
leur mufeau .retrouffé , qu’on appelle boutoir.
Communément, avant de les laiffer fortir, on
les fait manger amplement : fans cette précaution,
ils rômproient les haies dès clos où ils feroient
renfermés, pour courir dévorer les grains-,c eft
même pour leur en ôter la puiffance qu on leur
donne des jougs. Qn les laiffe paître deux fois
par jour, à commencer au mois de Mars jufqu’en.
i Octobre ; le matin , dès que la rofée eft diftîpée
jufqu’à midi, & depuis deux heures jufqu’au
foir. En Hiver, ils nefortent qu’une fois, encore
attend-on qu’il faffe beau tems. Mais les fen-
timens font partagés fur la queftion de favoir
s’il vaut mieux de les tenir renfermés que de les
laiffer courir-, il n’eft pas douteux qu’il paroît
préférable d’avoir une cour & des étables^ d où
ils ne fortent pas , que de leur donner Ja liberté
d’aller dans les champs , parce qu’ils fe mettent
mieux en chair & font plutôt gras -, cependant
il convient aufli, en Eté , ap*ès la moiflon, de
les lâcher dans les champs , ppur ramaffer les
é^rainures, les épis • & lesconduire, en Automne,
dans les bois , pour ramaffer les glands, les faine?,
les châtaignes & tous les fruits fauvages qu’ils
trouvent en abondance, & qui feroient perdus
fans cet emploi. Toutés ces produélionsleur plui—
fent beaucoup , & commencent à leur faire
prendre une bonne graiffe. Cependant on a fait,
tout récemment, dè cet objet, la matière d une
queftion publique ; & un Citoyen , qui poflède
d’ailleurs des connoiffances très -étendues fur
rAdminiftration foreftière , a cru que 1 entrée
des forêts devoit .être interdite aux Cochons,
fous prétexte qu’ils fouillent la terre & mangent
les racines du bois. Ce reproche eft vrai-, mais
il eft très - facile de prévenir l’inconvénient fur
lequel il eft fondé1 r il fuffit d’introduire dars
le, boutoir du Cochon un clou ou un fil de fer
dont on contourne les extrémités en forme d’a -
neau. Ce moyen , aufli fimple que facile à exécuter
, met les Cochons dans l’impoflibilité de
fouiller la terre, même la plus meuble , tellement
qu’én Normandie, on les envoie ainfi dif-
: nofés pâturer dans les champs de blé pendant
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