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alifolumerit effentiellesà la fécondation des fleurs
femelles-, la Nature ne les multiplie pas, & ne
leur fait pas devancer les autres fans raifort.
Un autre 11 fage , affez généralement (uivi, les
Jardiniers qui ne réfléchilTent pas fur leur art,
c’efl d’arrêter ou de pincer les bras & les feuilles
des Concombres. Cette pratique feroit tout au
plus excufable fur une couche de peu d’étendue ,
où le grand nombre des bras & feuilles nuit fou-
vent à la perfeétion & à la quantité des fruits.
Mais, dans les plate-.band,es où l’efpace ne manque
pas, il vaut mieux abandonner la plante
à, elle-même. On dira peut-être que les fruits
feront mieux nourris', parce qu’une partie de
la sève qui fervoit à la nourriture des tiges &
des feuilles, fe portera en plus grande abondance
vers le fruit-, cependant ce raifonnement,
fout captieux qu'il paroît, ne fe confirme pas
d’après les expériences faites par des Cultivateurs
très - inflruits. A d’autres plantes cucurbitacéès,
telles que potirons, courges & citrouilles, on:
ne coupe jamais les bras ni les feuilles; cependant
leurs fruits n’acquièrent pas moins la
groffeur & la qualité néceffaire. On devrait considérer
que toutes les plantes dont la racine n’eft
pas proportionnée à l’étendue des tiges, reçoivent
leur nourriture principale- des tiges.& des'
feuilles mêmes ; on n’a qu adépouilierune plante
de toutes fes feuilles, elle périra bien-tôt après.-
M. l’Abbé Rozier indique un moyen plus l'ûr
d’obtenir de. beaux fruits, fans avoir befoin de
pincer les bras & les feuilles; voici fes propres
paroles. « Si vous craignez que les fruits ne foient
pas affez beaux , affez bien nourris en laiffant
courir les rameaux, voici un moyen meilleur que
tous vos retranchemens: mêlez par avance, une
bonne terre végétale, avec moitié ou u n ’ tiers
de fumier bien confommé ; dans l’endroit où
vous aurez arrêté ou taillé le bras, ouvrez une
petite foffe de lix à huit pouces de profondeur,
fur un pied ou un pied & demi de largeur -
travaillez le fond de cette foffe, couchez mollement
la tige fur cette terre travaillée ; enfin
renipliffêz la foffe avec cette terre préparée de
manière quelle forme par- deffus une efpèce’ de
monticule, qui imitera celle formée par les
taupes , & ainlî de fuite, de diflanee en difiancea
arrofez auffi-tôt cette terre pour qu’elle fe colle
contre les tiges. Par ce procédé , plus conforme -
au voeu de la Nature, vous obtiendrez des fruits
fuperbes. Je réponds de l’expérience.
Culture des Concombres d'apres
ta méthode Angloïfe.
Ljefpèce commune fe cultive en Angleterre dans
trois différentes faifons : la première récolte fe
plante fur des couchescbaudes & fous des chaffis
pouravoirdesfruits printaniers, La fécondé s’élève
lous des cloches, & k trôilièoee en pleine terre, .
c o n! pour avoir des fruits propres à être fnarïnés. tes
Jardiniers Anglois cherchent à élever les Concombres
de très - bonne heure; mais la méthode
qu’iis emploient n’eft nullement avantagçufe aux
fruits qu’ils produifent ; car, comme ils élèvent
leurs plants pendant- l’Hiver fur des couches où
la chaleur du fumier fupplée au fole iî, qn[
nous manque alors, les Concombres qu’ils obtiennent
, d’après cette méthode, font ordinairement
de peu de goût &‘de mauvaife qualité. Je
propofe ici une méthode pour élever des Concombres
de primeurs, & dont le fuccès fera
complet dès que l’on fuivra exactement mon
avis.
On commence par femer les graines de Concombre
, avant N o ë l, fur une couche chaude ,
;& encore mieux dans une ferre-chaude ou les1
jeunes plantes jouiront de plus d’air, & fouffri-
ront moins de l’huniidité. Ces graines doivent
'être placées dans de petits pots remplis de terre
sèche & légère, qu’on aura enfoncés trois ouqua-*
tre jours avant, dans l’endroit le plus chaud
de la touche de tan, afin que la terre qu’ils
contiennent foit bien échauffée; ces graines
doivent être confervées depuis trois ou quatre
ans, & même' plus iong-terUs, pourvu' qu’ellés:
foient encore fufceptibles d’organifation. Si ces
'graines, font bonnes, les plantes parôîtront huit
là neuf jours après;,- alors on préparera d’autres
petits pots remplis d'une terre légère & sèche *
& en nombre proportionné à la quantité de
plantes que l’on veut élever , en’ comptant toujours
fur trente pour en fauver vingt-quatre.
On plonge d’abord ces pots dans la couche de
tan , afin d’en échauffer la terré ; & , aufti - tôt
que les plantes auront.pouffé deux feuilles, on
en met deux dans chaque p o t , pour pouvoir
retrancher enfuite la plus foible, lorfqù’eUes- '
ont repris racine, fans toutefois déranger celle
que l’on veut conferver. On arrofe ces plantes-'
médiocrement, ayànt toujours foin de placer
dans la ferre, quelques heures avant, l’eau dont
on doit fe fe rv ir , afin d’en amortir la’trop-
grande fraîcheur, en évitant cependant qu’elle ne
devienne^ trop chaude ; car , dans ce cas ,. elle dé-
truiroit infailliblement les plantes. Il eft effentiel
de préferver ces plantes de l’humidité qui dégoûte
continuellement des vitragès ; car elle
leur eft nuifible-, fur- tout lorfqu’elles font encore
jeunes. Comme elles ne doivent refter dans la
ferre-chaude qu’au tant- quelles ne nuifent point
aux autres plantes, il faut -préparer du nouveau
fumier pour la couche fur laquelle on doit les
mettre, en proportionnant fà quantité au nombre
des plantes qu’on veut élever. Cependant on
fe contente d’abord d’urre petite couche avec
un fêul chaffis, qui foit affez grande pour contenir
les plantes, jufqu’à c é qu’elles aientacqni?
plus de hauteur; il ne faut pour cela qu’une
bonne voiture de fumier nouveau , pas trop rem-
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I '«'Je paille, bien mêlé, mis en tas, & auquel I on aura ajouté des cendres de charbon de terre. I Quand ce fumier aura fermenté pendant quel- I nues jours, on le remue , & on le remet encore I en monceau ; s’il contient beaucoup de paille, il
Ifèra néceffaire quelques jours.après de le re-
I tourner une troifième fois ; cette opération con-
I fumera la paillé & achèvera de le bien mêler avec I lés parties ftercorales. Lorfque la couche fera faite
|& bien arrangée, on clioifirun emplacement fec I & bien abrité par des haies de rofeaux ; on creufe
lune foffe d’une largeur & d’une longueur con-
| ftdérable , & d’un pied de profondeur au moins,
■ dans lequel on met le fumier, en dé mêlant bien,
■ dé façon que le tour foit bien divifé, & que
■ la couche foit égale; on la foule alors exa&e-
| nient fur les bords. Lorfque les choies font ainfi
I difpofées,- on met les chaflis &les vitrages p a r -
dêffus-, pour la préferver de la pluie ; mais on
| ne la chargé de terre que deux ou trois jours
| après, afin que la vapeur du fumier puiffe fe
Idmiper. Si l’on craint que la couche ne brûlé ,
Ion répandra fur fa fuface , avant de la couvrir
Ide terre, du fumier de vaches, ou dautre fu-
I miér confommé, jüfqu’à l’épaiffeur de deux
l'-pouccs, ce qui contiendra la chaleur dans le
I bas, & l’empêchera de brûler la terre ; on ar-
I rangé enfuite fur cette couche ufi nombre fuf-
I filant de pots un peu plus grands qne les pré-
Icédens, remplis de terre sèche & légère; les
I elpaces entre ces pots doivent être remplis d une
I terre ordinaire. Deux ou trois jours après, lorf-
que la terre àes pots fera fuftifamment échauffée,
Ion y placera les plantes, apres les avoir tirées
[des premiers pots avec leur motte entière , & on
| les arrofera un peu pour comprimer la terre
[ autour de leurs racines. Comme ces plantesau-
| ront confervé leurs mottes, elles ne manqueront
[[pas de pouffer tout de fuite, & n’auront pas
■ -befoin d’être abritées contre le foleil : les vitrages
■ doivent être un peu foulevés du côté oppofé
■ au ven.t, pour laiffer échapper les vapeurs &
■ l’humidité qui, eh tombant fur les plantes, leur
■ feront très-nuifibles. Si la chaleur de la couche
I eft li forte que les racines des plantes courent
■ rifque d’être brûlées, il faudra haufler les pots,
I & laiffer ûn petit vuide à leurs fonds ; la chaleur
| étant un peu diminuée, on les remettra dans
■ leur première pofition.
I II faut couvrir tous les foirs les vitrages , pour
I conferver à la couche le degré de chaleur qui
| lui eft néceffaire ; mais on lui donnera tous lès
| joursdel’air , en hauffant un peu les chaffis, avec
| cette précaution pourtant de fupendre fur 1 ou-
I verture une toile ou un canevas ? pour empêcher
I que lès vents froids, qui régnent ordinairement
I dans cette faifon, ne faffent'du tort aux plantes.
I Ces plantes veulent être fréquemment arrofées,
I mais avec modération & avec de 1 eau qui aura
I paffé quelque teins dans la ferre-chaude ou fur
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le fumier. Si la chaleur de la!couche diminue ,
on mettra tout autour du fumier chaud, pour
la renouveller; cette précaution eft indifpen-
fable, parce que les plantes étant élevées délicatement
, font fufceptibles d’être détruites par
le moindrefroid.
Ces plantes, bien traitées, pourront être enlevées
de deffus la couche au bout de trois fe-
maines ou d’un mois ; on préparera d’avance
une quantité fuffifante de fumier bien mêlé &
remué comme il a déjà été d it, & on fera en
forte qu’il y en ait une voiture pour chaque
chaffis ; on creufera enfuite une foffe dans la- .
quelle on la placera, fuivant la méthode qui a
été preferite plus haut; on mettra une couche
de fumier de vaches par - deffus, & on le couvrira
avec les vitrages qu’on aura loin d’ouvrir
tous le$ jours, pour donner paffage aux vapeurs ;
trois jours' après , la couche aura la chaleur
néceffaire pour recevoir les plantes ; alors on
couvrira le fumier de trois ou quatre pouces
d’épaiffeur de terre ; & , au milieu de la couche,
on mettra trois ou quatre pouces de plus. Cette
opération étant terminée , on laiffera écouler au
Imoins vingt - quatre heures, afin que la ternfc
foit bien échauffée ; après quoi on tirera les
plantes de leurs pots avec leurs mottes entières,
& on les placera dans le milieu des couches,
au nombre de deux ou trois fous chaque vitrage,
en laiffant entre elles fept ou huit pouces de
diftante , fans mettre toutes les racines enfemble,
comme on le pratique ordinairement. Lorfque
les plantes font ainfi établies dans la couche, la
terre, qui a été mife plus épaiffe au milieu , doit
être retirée autour des mottes, afin que les ra-*
cines puiffenty pénétrer bien - tôt. Il faut toujours
avoir uneprôvifion de bonne terre à couvert,
pour la tenir sèche & pouvoir en rechanger
de tems-en-tems la couche ; car, fi elle.étoit
mouillée , elle la réfroidiroit & y répandroit trop
d’humidité. Les plantes ont alors befoin d’air &
d’arrofemens ; mais il faut leur donner l’un &
l’autre avec ménagement; il faut fur - tout cher—~
cher à les abriter contre le froid ; par cette
raifon , les vitragès doivent être couverts toutes
les nuits avec des nattes , pour conferver la
chaleur des couches, dans lefquelles il faut de
tems-en tems renouveller la terre à quelque
diftance des racines , jüfqu’à ce qu’elle toit
échauffée , & la tirer dans les monceaux fur lef-
quels croiffenr les plantes, pour en augmenter
la profondeur, qui doit être à égale hauteur
de la motte, afin que les racines puiffent y pénétrer
plus aifément.
En chargeant ainfi les couches, elles fe trouveront.
couvertes d’une épaiffeur de neuf ou dix
pouces de terre, ce qui fera fort utile aux racines
des plantes ; car , lorfqu’elles manquent
de terre , leurs feuilles fe fanent pendant la
chaleur du- j o u r à moins quelles ne foien*