
nevotte lorfqu’elle pouffe des tiges foibles &
appauvries. Cette foibleffe peut provenir de la
ftérilité du fo l , alors on peut le rétablir au
moyen'des engrais. Elle peut ' provenir auffi du
mauvais état de la graine dont le germe eft foible
où les parties nutritives trop peu abondantes.
C’eü un défaut qu’on ne peut pas prévenir.
L ’influence du peu de parties nutritives des
graines fur la vigueur de la plante, eft une
chofe hors de doute. On fe fouvient de l’expérience
de M. Bonnet fur un haricot dont il
a voit déterré la plantule pour la planter fans
la graine & qui n’a produit qu’une plante naine
d’un ou deux pouces de haut quoique com-
plette pour le nombre de fes parties. De cet
extrême à l’extrême oppofé ou l’exceflive vigueur
, on doit appercevoir une foule de nuances
que le plus ou moins de perfection de la
femence doit remplir. Voye\ G r a i n e .
( M. Re y n ie r .) . _ "
CHEN1CE. Mefure A trique adoptée par les •
Romains:elle contenoit ordinairement quatre
fetiers, ou huit cotyles, félon Fannius. La Chenice
contenoit foixante onces, ou cinq; livres
romaines -, à Athènés cependant on diftinguoit
quatre mefures différentes auxquelles on donnoit
le nom de Chenice. La plus petite, communément
appellée Chenice attique, contenoit trois
Cotyles attiques ; la fécondé en avoit quatre-
on en comptoit fix à la troifième & huit à la
quatrième, qui eft celle dont Fannius apparié
comme d’une mefure naturalifée à Rome. Ancienne
Encyclopédie, ( M. I Abbé Tes sier .')
C H E N I L L E .
Plufieurs fortes de Chenilles fontnuiffbles à
l’Agriculture. Les unes rongent les tiges, des
plantes économiques ; d’autres attaquent leurs
feuilles -, d’autres déiruifent leurs graines.
J ’ai développé, au mot Avoine, tout ce qui
concerne la Chenille, qui dévore leurs 1 tiges;
Voyei ce mot. Je traiterai ici de celles .par lef-
quelles font détruites les feuilles des plantes po- ■
tageres, & de la Chenille de l’Angoumois, dont les
ravages fur les grains ont été çonfidéràbles.
M. Mauduyt de la Société de Médecine me guidera
dans les détails fur les premières, & MM. Duhamel
& Tillet, de l’Académie des Sciences,
dans ce qui a rapport à i’infeêtë de l’Angoumois.
Des Chenilles nuijîbles aux feuilles des plantes
utiles.
On en diftingue deux genres: Le premier contient
celles qui donnent naiffance aux papillons
blancs, tachetés, ou veinés de noir, fi connus
par tout, & fi abondans au commencement du
Printems jufqu’au milieu de l’Automnè.
Le fécond genre contient les Chenilles, qu’ on
a appelléarpenteufes, parce que pliant, courbant
& alongeant alternativement leur corps, quand
elles marchent, eiles femblent arpenter & me-*
furer le terrain.
C’eft dans les potagers & dans les champs
plantés de légumes, que ces differentes Chenilles
caufent leurs dégâts , qui fouvent font
très-grands.
Les Chenilles du premier genre ont feize
pattes • elles ont la peau d’un beau vert, avec
des taches, ou des points, ou des raies variés; félon
les efpèces.
Celles du genre des arpenteufes n’ont que huit
pattes , trois de chaque côté en avant , & une
de chaque côté , à l’extrémité du corps. C’eft
parce que les anneaux intermédiaires font dépourvus
de pieds que ces Chenilles courbent &
étendent alternativement leur corps en marchant.
Leur couleur varie. Il lùffit d’indiquer leur
allure pour les faire reconnoître fur les plantes
potagères.
Les efpèces de Chenilles du premier .genre
acquièrent promptement leur grandeur ; elles
relient peu de ferns en ebryfalides & donnent
naiffance à des papillons qui s’accouplent prefque
aulfi-rôt qu’ilstont nés. II.arrive de - la que,' dans
une même année, il y a plufieurs générations
de ces Chenilles & de leurs papillons. Les individus
étant d’ailleurs très-féconds', ces infeéles
font en grand nombre, pendant toute- la belle
faifon.
Ceux des papillons, qui font furpris par le
froid de l'Automne, au fortir de leur chrysalide,
avant de s’être accouplés, fe retirent dans des
trous de murs, dans des fentes de rochers, dans
des troncs d’arbres creux, pourypaffer l’Hiver,
dans un état d’engourdiffement. Ils en fortent
aufli - tôt que le tems devient doux; ce qui arrive,
félonies années, dès la jin de Février , ou au
commencement de Mars.Bien-tôtils s’accouplent,
pondent, & font la fouche d’une nouvelle génération.
Le froid ne fait pas périr davantage les oeufs
dépofésen Automne, dont les Chenilleéclofent au
retour du Printems.
Les arpenteufes, ou Chenilles du fécond, genre,
donnent naiffance à des papillons, q u i, comme
les Chenilles, dont.ils .viennent, diffèrent par
leurs couleurs, par des taches & des nuances,
qui les font varier. Elles o n t , comme les précédentes,
plufieurs générations par an. Le froid
même ne les fufpend pas, ou ne les (tifpend
que pour peu de teins.. Les arpenteufes conti-
tinüent de vivre pendant l’Hiver, & par des
tems affez rigoureux. Dans.cette faifon, elles font
feulement moins nombreufes ; elles croiffent &
parviennent moins promptement à leur terme.
Les Chenilles des deux .genres s’attachent â
prefque toutes les efpèces de légumes,des potagers.
Elles préfèrent ceux dont les .feuilles
■ contiennent plus de corps muqueux, ou de fnbr
dance nutritive, tels font les choux , la poirée , *
la betterave, les navets, les raves, les radis, &c. j
Celles du premier genre ont un goût de préférence
fi marqué pour les choux , que leurs
papillons ont été nommés BraJJicaires ; BraJJîca
eft le nom générique du choux. Au défaut des
plantes qu elles préfèrent, les Chenilles des deux
genres s’accommodent des autres plantes des potagers.
En endommageant leurs feuilles, elles leur
‘ nuifènt, parce que ces feuilles., par lelquelles
elles tranfpirent 81 afpirent les molécules répandues
dans l’a ir,.font néceffaires à leur accroif-
fement. Le Cultivateur en éprouve un tort notable,
fur-tout quand ce font des plantes dont
les; feuilles fervent à la nourriture des hommes..
Le mal que caufent les Chenilles du premier
genre eft plus confiant & plus grand chaque
année , parce qu’elles font plus nombreufes :.
mais celles du fécond genre mangent les légumes
dans un temps où ils font plus rares, & où leur
perte nous eft plus fenfible. Quelque confidé-
rables que foienr. les ravages. qu’elles exercent
'tous les ans, cependant ils font ordinairement
bornés. Mais quelquefois des circonfiances favo-
rifent téllement la multiplication de ces infeéles,
que tous les légumes des potagers en font totalement
détruits. Cet événement a eu lieu en
r735j fui van t M. de Réan mur; les marchés, par
cette caufe, furent dépourvus de légumes pendant
fix femaines. M. de Réaumür remarque que
l’Hiver avoit été fort doux, qu’il avoit à peine
gelé, que le Printems avoit commencé de bonne
heure. Il penfe que cette circonfiance avoit accéléré
la crûe & la génération des arpenteufes.
L ’année fuivante, on s’attendoit à de plus grands
dégâts encore, cependant ils ne furent pas plus
coafidérables qu’à l’ordinaire , parce que' les
caufesqui les limitent tous les ans produifirent
’ leur effet. A cette occafion M,‘ Manduyt obferve
que la plupart des infeéles multiplient beaucoup
plus dans certaines années que dans, d’autres ;
ce qui fait craindre q u e , l’année fuivante , leur
nombre allant progrefiivement en croiffanr, ils
ne ravagent tou t, tandis, qu’il ne s’en trouve
que le nombre ordinaire, & quelquefois moins.
Cen’eft qu’un fléau d’une année, dont il ne faut
pas s’effrayer pour la fuite.
M. Mauduyt avoue à regret qu’il ne connoît
pas de moyen de s’oppofer aux dégâts des deux
genres de"Chenilles. Propofer de rechercher fur
les légumes ces Chenilles & leurs papillons, lui
.paraît Une chofe inutile & impraticable., parce
que ces infeéles font trop multipliés, & que
celui qui ferait ufage de ce moyen, ne ferait
pas à l’abri des papillons du voifinage , qui
viendraient pondre lur fes légumes. Mais faut-il
abandonner ainfi tout efpoir de diminuer des
infeéles nuifibies ? Ne peut-on pas fe flatter d’en
modérer, d’en arrêter la multiplication par des recherches
foignées, faites dans le tems le plus favo-s
rable ? II n’efi pas impoflible que tous les Particuliers
d’un pays s’entendent pour faire cette
recherche en même-tems. Des en!ans bien guidés
fiiffifènr, parce que les légumes font â leur
portée. Il vaudrait mieux , certaines années,
mettre le feu à un quarré entiér de légumes
infefié de Chenilles. Si le fo ir , quand elles font
changées en papillons, on allumoit des feux,
dans diverfes places des potagers, croit-on qu’il
ne s’en brûlât pas une grande quantité? Enfin,
1 induftrie humaine eft bien grande ; en s’exerçant
fur cet objet, elle pourra peut-ê tre trouvée
des moyens jufqu’ici inconnus ; tout n’eft pas
découvert.
Heureufement pour l’Agriculture , les Chenilles
font expofées à beaucoup de dangers, auxquelles
elles-luccombent. Leur nombre , fi rien
ne s’y oppofoir, en ferait immenfe. D’une part,
les autres animaux, de l’autre part, l'influence-
de 1 air en détruit beaucoup. Un grand nombre
d’oifeaux s’en nourriffent eux & ..leurs petits;
différens infeéles les attaquent, les tuent, ou les
empêchent defe convertir en papillons. Les n ns les
déchirent & les dévorent à demi dans l ’état de Chenilles
; quelques efpèces de .Chenilles même m::n-
gent leurs femblables; on en voit les relies traîner
leur vie.& languir, fouvent encore long-rems Les
au très dépofenr leurs oeufs,ou fou si a peau des Chenilles,
ou fous l'enveloppe de leur chryfalide.
De ces oeufs fortent des vers qui font rarement
périr la Chenille, mais qui le nourriffent ordinairement,
ou de la chryfalide, ou du papillon
qu’elle contenoit & la rendent par-là inutile à la
propagation de l’efpèce.
Quant à l’influence de l’air , ce n’efi pas le
froid de l’Hiver qui eft contraire aux Chenilles
arpenteufes. S’il eft rigoureux & long-rems prolongé
, il retarde feulement leur développement
& leur multiplication. Mais c’ eft le froid, ou le
manque de chaleur dans la faifon où il doit faire
chaud. Ce froid nuit aux Chenilles, comme aux
plantes, dont eiles fe nourriffent. En général, les
circonfiances qui font favorables à la végétation,
le font aufii au développement des Chenilles.
Les pluies froides, fur-tout celles qui viennent
en Avril, fi elles font un peu fuivies, nous en
délivrent d’une grande quantité.' M. Mauduyt
croit qu’alors les Chenilles péri fient de pourriture
, & peut-être d’un genre de feorbut, il
marqué, qu’on en voit fe traîner fur la partie
antérieure de leur corps, qui eonferve encore
fa forme & fes couleurs , tandis que la partie
poftérieure, applatie, livide, ou noirâtre, à demi—
diflbitire, efi morte & cadavéreufe.
Chenilles de VAngoumois.
En 176b, M.Pajot de Marchevàl, Intendant
de Limoges:, dont l’Angoumois fait partie., fe