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êfariîo'r.fld'e je la fis mettre en liberté. Elle avoit
mangé deux livres & un quarteron de-tanne
d’orge, & deux onces de poudre d avoine Char-
bonnée.
Seconde Expérience , 18 Juillet 17S2..
Deux poules , furent deflinées à .manger de’la
poudie d'avoine Charbonnée,mêlée à de la farine
de tnéteil. ■ . , ,
Elles eurent d’abord', un peu de peine à le
déterminer à. manger d'.clks-.mêmes du .mélange;
cependant elles ï y accoutumèrent très-bien,
& on ne fut jamais obligé de leur en donner de
force : tous lès jours, elles prenoient chacune,
le plus fouvent, vingt gros.de nourriture, dans -
laquelle la poudre d'avoine Chaibonneé entrait
en différentes proportions. ; '
D'abord elles,n’en mangèrent qu un gros; les i
.trois; jours .fuivans . elles en prirent graduellement
un gros de plus, en forte qu au quatrième
jour, la poridred'avoine Charbonnée formait le
cinquième de leur nourriture. .
Pendant fept jours, je m’en tins encore a cette .
proportion ; les trois jours fuivans, le mélange
.pour chacune fut cpmpofé. de deux onces de
■ farine & d’une once de poudre charbonnée. Jui-
que-là cette poudre étoit mêlée de débris de
Mies & c’étoit de la poudre d'un an. Je n employai
plus que de la poudre récemment récoltée,
que je fis taroifer pour lavoir plus pure,
Dans cet état, on en donna a chaque poule ,
pendant trois jours de fuite , dix gros avec dix
gras dè farine : jamais elles n en tarifaient dans
le v ai fléau. Enfin , on leur préfenta de la poudre
d’avoine Charbonnée fans farine elles en mangèrent
un peu ; mais je n’inftflat pas davantage,
farce quecette poudre étant une lûbfiancesèçhe,
ne poùvoit fervir d’aliment. 1 .
* Pendant l’efpace d’onze jours, chaque poule
a mangé d’elle-même une livre cinq onces &
fepi gros de farine g & quatre onces & fix gros
d’avoïne Charbonnée , de la récolte rie lancée
d’auparavant, & mêlée, m débris de bâles. Pendant
trois autres joürs, elles ont vécu de lix
i-onoesde farine & de trois onces d avoine Char-’
Sonnée ; enfin, dans lés trois derniers jours, elles
ont pris trois ;?o'nces & fix gros de farine, & la
même dofe d’avoine Charbonnée , récemment
récoltée & purifiée de bàlès.
Les deux poüles, après l’expérience, parurent
on aufli bon état qu’avant d’y être foumifes v
elles n’avoient éprouvé aucune incommodité :
dépendant l’uite d’elles^dont je b ’étojs iervi peu
de rems auparavant pour lui doniië'r de lergot
/ Ÿàyti ce m o t), droit à peine rétablie de la
gangrène dont elle avoit eu des fÿmptêmê's ma-
Sifefles, qui .s'étoient diflïpés par l’üfdge d un peu
dé camphre, & par fe retranchement'de lergoty
qui fâifeit partie de fa nourriture s elle devoir
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donc être plus fufceptibfe de courraéler une-ma«*'
ladie , fi la poudre d’avoine Charbonnée eût été
capable d’en caufer. Pour -m’affurer cependant
s’il n’y avoit pas dans les vifeères quelques fefion
commençante , quoiqu’il n’en parût point a i extérieur
, je la fis tuer; fa chair -étoit belle ot
blanche, garnie même de graiffe, les vilcères
vermeils, & il n’y avoit nulle part la moindre
trace de gangrène, ni aucun autre indice dè mal :
on l’a mangée, fans qu’il en ait réfultéd inconvénient.
' .
M. Imhof, que j’ai cité plus haut, a avalé
à jeûn de la poüdre de maïs Charbonné en allez
•grande quantité ; il en a aufli refpiré par le nez,
fans avoir éprouvé la moindre incommodité.
Conséquences.
Cette expérience, jointe à la précédente, ma
paru fuffire pour que j’en conclufle que la poudre
d’avoine Charbonnée n’ert pas nuifible, fur-tout
aux oifeaux auxquels j’en ai donnée, & à la dote
où je l’ai employée, puifque les deux poules de
la deuxième expérience étoient en bon état, après
en avoir pris chacune douze onces \ celle de la
première expérience, à la vérité, na pas voulu
en manger feule ; mais les deux autres en ont
mangé d’elles — mêmes, quoiqu avec un peu de
dégoût les premiers jours , vraifemblablement
parce qu’elles n’étoient pqs accoutumées à faire
ufage de cette fubflance. L’état dans lequel s étoit
trouvée l’une d’elles iorfqu’elle mangeoit de 1 ergot
, loin de reparoître, s’eft diflipé de plus en
plus, pendant quelle a vécu en partie de poiidre
Charbonnée ; car on l’a jug^ dans un tel embonpoint
qu’on n’a pas fait dilficulré. d en manger
la chair. Ces effets, ainfi que ceux de la carie ,
font bien différens de ceux de 1 elgot.
Tort que le Charbon fa it aux Cultivateurs.
Puifque le Charbon attaque plufieurs fortes
de grains utiles, quelque peu confidérable qu on
fuppofe le1 dommage, qu’il caûfe à chaque lor-te ,
il en réfulte un tort notable pour le Cultivateur
qui épreuve ce fléau. Pour calculer convenablement
, ïl faudroit non r feulement faire attention
au nombre des épis charbonnés qui paroii-
fen t, mais à ceux qui , trop foibles , ne montent
pas ’ & relient enfermés dans leurs fourreaux ;
car les grains de froment, d’orge & d’avoine,
femés à la volée & à la manière .qrdinaire, pro-
düifent communément trôis épis , au lieu que,
le plus fouvent , un pied ne porte qu’un épi
Charbonné. Je né puis efiimer la quantitéri épis
Charbônné'S qu’on peut trouver fur le froment,
parce que je n’ai pas d’obfervarions qui le conl-
tatent. Dans la feule circonflance où j’aiecompte
les épis d’orge. Charbonnée d’un terrein , j*ai recueilli,
dans un efipace de quatrè cëntpfedsde
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hoti’ ueuf fur huit d&Iargeûf, c inj cens vingtr 1
himépis attaqués de cette itiaMie:
i certainément la plus forte produâton que jate
vu en épis d’orae Charbonnée ; mats je n ai point
d’autre fait à alléguer; j’en puis cirer un plus po-
i fuif, relativement à l’avoine. Deux rayons en-
[ femencés de ce grain , ont produit deux nulle
[ deux cens tramértrois épis'fiaifrs, & cinq cens
onze’ épis Charbonnés, c’eft - à-dire, un peu
[ plus d’un cinquième Si à certe quantité on
! ajoutoit les épis Charbonriésqiti ne,montent pas,,
I on verrait que la perte, caufée par cette maladie,
[peut aller au - delà de-ee qu’on avoit penfé &
[que, fi tout étoit examiné de très-près, le char-
Ibon efl auffi nuifible à la fortune dès Cultiva-
I teurs que la carie. 1
[ La paille de froment, d’orge & d avoine Char-
! hennés déplaît aux beftiaux ; car ils ne la man-
Igent qu’avec dégoût : on ne fait pas fi elle les
I incommode, parce qu’il n’y en a pas de preuves ;
I ce font des expériences qu il ferojt très-impor-
|:,tant de tenter.
[ Maniéré de pre'fçrver tes grains du Charbon.
i En expofant les recherches que j’ai faites fur
I le s caufes du Charbon, j’ai prouvé qu’il étoit
( facile d’en préferver les grains. Les moyens qm
iréiifliffent pour empêcher la carie de fe for-
1 mer dans les fromens, s’oppofent en même-tems
| à Ja production du Charbon : ce n’eft donc pas 1 un double travail que fa i à propofer pour pré-
! ferver le froment fout-à-la fois de cês deux
■ maladies : il ne s’agit que d’en pafler convena-
I blement les femences dans une des lelfives qui
empêchent le froment de fe carier.
! Les Cultivateurs ne font pas dans T ufage de
I donner une préparation à l’orge & à 1 avoine
| qu’ils sèment. Cependant ce n’eft qu’en enr-
r ployant pour çcs grains lès leffiveS indiquées-
[;:j; pour le fromèr.t qu’ils parviendront à les garantir
du Charbon ; indépendamment des exem^-
| pics que j’en ai données, en voici d’autres qui
i doivent les confirmer.
m Au mois de Mars, je n’eûs pas de peine à :
i engager un fermier, qui avoir été témoin de !
| mes expériences, à employer une méthode pré-
fervative.pour préparer, deux fetiers-d’avoine de
femencé ; il ! ai fia , par oubli, cette 'avoine
I imprégnée de chaux difibute dans l’infufion de
|«rotin de volailles, l’efpâce de huit jours fans
la remuer; néanmoins elle leva très-bien, &
fe:vit pour enfemencér une parrie d’une pièce
i,de terre, dans le furplus de laquelle on mir
de la même avoine qui n’avoir pæ été préparée.
.
i Nous n*apperçùmes dans lé produit dè ravoiné'
préparée qué .quclqfieséipis Charbonnés ; il fal-
| loir f fire plus de vingt pas .pour ën trôiiVèr. un ;
; au fieu que > dans- fe produit, dé l’avoine qui
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n’a voit pas été préparée, foeiL.ne ceflbit paï
d’en découvrir. *
Un autre fermier, en mème-téms, voulut
bien faire la même expérience, en fe fervant
de chaux unie à l’alkali des cendres de bois; il
prépara airifi la femcnce de trois arpents & un
quartier ; les réfultârs furent fetnblahles à ceux
,de l’expérience précédente : J ’employai moi—
même la“ chaux feule de la maniéré l'uivante :
Ufre partie d’un champ fut partagée en huit
planches, de trente-fept pieds fur douze ; quatre
furent deftinées à être ehfemencées en orge, &
quatre en avoine ; chacune reçut trois livres
dé grains de même qualhé, mais dans dès-
états différens : car la femcnce d’une des quatre
! planches d’orge fut trempée dans la diflbiution
de fix onces de chaux; celle de la fécondé dans
la difiblution de trois* onces i celle de la trot—’
fième dans la difiblution d’uné once & demie;1
& celle de la quatrième fut fernée fans prépa^
ration ; ta femence dès quatre planches d’avoina
fut traitée dé la même manière.
Il én efi. réfulté, i.° que fes trois livres d’orge
pafi'éès dans fix onces de chaux , ont produit
trente-fix épis Charbonnés; jjes trois livres d?avoi'
ne correfpondantés en ont donné cent & un
j épi. •
z .e Que les trois livres d’orge paffées dan?
trois onces de chaux, ont produit foixante-dotrze
épis Charbonnés, & les trois livres d’avoine, cor-
refpondantfcs, en ont donné deux- cens trente-,
..trois.' :
3,® Que les trois livres d’orge,, paffées dan?
une once & demie de chaux, ont produit quâ-'
tre-vingt dix-huit épis Charbonnés, & les rroi's>
liyres' d’avoine correfpondantes deux cens qua^
tre-vingt quatorze épis.
4.0 Enfin que les trois livres d’orge , fernée?
fans préparation, ont produit trois cens huit
épis Charbonnés , & fes trois- livres-d’avoine
correfpondajites quatorze- cens trente - fept
épis..., ....
Si l’on fait attention à la pr ogre fil on des-épis Charbonnés:
foir dans l’orge,foitdànsTavoine,à proportion
de ce que la femence a été imprégnée de inoint
de chaux, on fera convaincu de futilité de: cette:
quatrième,méthode, pourvu qu’on emploie-cet
iagrèdieïîi à dofe convenable..Les fticcès des-airrre?
m éthode5 fon r prou véestpar les-deux* précédentes1
expériences,. Je fuis donc autorifé à’ c'onlei’rler
ces quatre méthodes, pour préferver du Charbon
Forge St l’ avoine r comme elfes fervent à
’ préferver fe froment de la carie & du Char-
■ bon. ‘ v '
Délirant connort-re ce qtfo-n pouvoir efpé—
| rèr" de fîmpfes dillb!tirions dé fel marin ou d’ai-
kali çîe la cêndrë dé hôîs, '\10ur préferver Forge:
& Favome de Charbon, fans aucun mélangé de
1 ehaux, pal trempé'trois livres-'d’orge dans cinq
demi-fcucr?d’cau-,qui av oient diffout feufemeatr