
lès projets qui me font tombés entre les mains,
jVn ai diflingué trois que je vais fou mettre à
la fagacitè des Icétcurs. Le premier, qui appartient
à M. de laFofle, eft extrait de l’ancienne
Encyclopédie,édition de Lau Canne, 1779-, un autre
m'a été envoyé par un Officier de Cavalerie,
& le troificme eft tiré de l'excellent Ouvrage de
M. Lafont-Pouloti j intitulé: Nouveau Régime
pour les Haras.
Projet de M. de Lafojji.
Mi. de Lafoffe, que de grandes contsoiffances
dans l’art vétérinaire,' & fur-tout dans tout ce
qui concerne 1rs Chevaux, a fait diftinguer des
hommes qui Ce font livrés à ce genre d’étude,
acompofé, furies haras,un Mémoire très-étendu,
quia mérité l'attention de M.Turgot.Iorfqn’il était
Contrôleur-général des Einances. Ce Miniflre fe
Alropofoitdel'exécuter. Mais lescirconflancesdif-
' ncües de fon minillère lui ont fait perdre de vue cet
objet. J'ai extrait de ce Mémoire, te projet fuivanr:
u Les haras (provinciaux) lpnt compofés
des jumens naturelles du pays, éparfes chex les
particuliers qui en fout propriétaires.Outre les défauts
communs propres au climat &au fol qu’elles
habitent, ces jumer.s, peur la plupart, ont des
défeéluofités particulières, occationnnées par les
accidens du travail, par le manque de foin, ou
par les préjugés & les abus. C’efi à un Directeur
intelligent à corriger ces défauts le plus qu'il
ell poffible’, tes uns par le choix de l'étalon, les
autres par inllrwSVion & par inlinuation. "Dans
un haras en règle, (c efl-a-dirc, dans- un haras
particulier, ou fixe) ou affortit les jumens aux
étalons, ou les étalons aux jumens.' On eft le
maître dn choix des unes & des autres; irn-eft
que le climat qui puilfe apporter quelque gêne
dsns ce choix, ou la. nature i.u fo l; mais, dans
les haras du Royaume, on n’a pas feulement
l ’influence du climat &. le fol ; les jumens font
déterminées, il faut abfolumem les prendre avec
leurs défauts, il n’eft pas libre de s’en procurer
de plus parfaites-, auffi n’éft-ce qu’à la longue,
& par des foins continus, qu’on peut efpérer de
changer une race, ou de la rendre beaucoup
plus parfaite par la voie de ces t a « . ,» 1
u Pour y parvenir, un Directeur doit commencer
par connaître parfaitement toutes les
jumens de fon département-, il faiftra le défaut
commun propre au pays, aux cantons, au climat,
au loi-, les Chevaux Earbes ont prefque
tous’ le défaut d'avoir le pâturon trop long , les
épaules ferréfes ; les Turcs, l’encolure effilée,
les jambes trop menues -, les Efpagnols, la tête
un peu grotte, fouventun peu longue- les Napolitains,
la tête grotte & f encolure épaitte ; les
Danois, la conformation irrégulière, la croupe
trop étroite pour i’épaifîeur du devant-, les^ A llemands
, trop de pefanteur & peu d’haleine
les Flamands, la tête grotte, les pieds plats &
les jambes fujettes aux eaux; les Li mou fi fis, la
' croupe du mulet, & les jarrets clos ; les Navarrins,
ç-les hanches hante«, ce qui les rend connus-, la
i plupart des François, de trop.grottes épaules-,
■ enfin, il y a des défauts attachés à chaque pays;
! nn Directeur de haras, doit connaître allez par-
: faitement les jumens de fon département, pour
‘ pouvoir les alfortir d’étalons convenables, au-
rrement les défauts dominans fe perpétueront,
; & peut-être augmenteront par une adminiftra-
' don mal entendue. »
c( Les abus, qui fe gliffent dans cette adminif-
; tration , contribuent fans doute au peu de fruit
que l’on tire des haras du Royaume. L ’expérience
nous apprend que, s’ils étoient corrigés,
il en réfulteroit un avantage très-apparent, &•
une amélioration lënfible dansTes races; en .effet,
les poulains de tous les gardes-étalons,font in-
' finiraient fupérieurs à ceux des particuliers, &
plus nombreux, quoique les jumens de ceux-ci
aient été faillies par les mêmes étalons ; parce
. que ces gardes emploient pour eux toutes les précautions
néceflàires, qu’ils négligent ou ne permettent
pas pour les autres; comme d’attendre
la pleine chaleur de leurs jumens, de ne les faire
fauter qu’après le repos néceffaire à l’étalon, &c. n
« Le plus dangereux de ces abus, celui qui
efUe plus oppofé au principe fondamental des
haras, eft de recevoir pour étalons, des Chevaux
de la race du pays, qui viennent de jumens du
pays, quelque parfaits que foiefif les pères, ou
qu’ils puiffent être eux-mêmes; s’ils font aflez
beaux pour en tirer race, on doit abfolument
les changer de pays, ou de canton, pourvu
que les étalons foient de taille, & n’aient
point de défauts groffiers ; ce qui n’arrive
pas toujours,, on s’en contente , & l’on s’embar-
raffe peu de fon attortiment. Un autre inconvénient
qui anéantira toujours,du moins en partie,
le bien .qu’on tireroit des haras , eft la multitude
de Chevaux & de poulains entiers qu’on abandonne
dans les pâtures avec les jumens. Ils entretiennent
les chaleurs de celles - c i , &. détrui-
fent le fruit de l’étalon , dès les premiers inftans
^ de la conception. Tout Cheval emier, au - deflus
de dix - huit mois, doit être exactement féparé
des jumens, même pour fon propre avantage.
H s’énerve,fi on le laifie fauter avant quatre ans ,
âge auquel il a pris pour l’ordinaire fon parfait
accroittement. H eft d u t rois fauts à chaque jument
; la monte dure quatre mois au plus, &
l’étalon doit avoir au moins un jour plein de
1 repos après quatre fauts. Si on lui en donnoit
davantage , fon opération feroit bien plusfùre;
il ne peut donc lcrvir que dix - fept, ou dix-huit
jumens, & c’eft un abus manifefte d’en marquer
un plus grand nombre, quelquefois jufqu’à
trente pour un étalon.
« Le Garde-étalon eft ordinairement le plus
* riche du lieu , qui ne prend cette place que
• ~ * " pour
pour jouir des rétributions & des privilèges qui
L font attachés; du refte il fe foucië très - peu
oue fon Cheval fatte des poulains ou non ; il fe
trouve même des Gardes—étalons qui font jaloux
de leurs étalons, & q u i, la veille du faut
de la jument d'un particulier, font couvrir
une des leurs, afin que celle du particulierfoit
trompée. Il eftjufte fans doute que ces Gardes-
étalons foient indemnifés de l’a bat, delà nourriture,
du foin & des périls des étalons, qu’ils foient
même récompenfés ; mais larécompenfe devroit
être plus ou moins grande, fuivant quelle eft plus
ou moins méritée; Si rien n eft fi facile à exécuter.
« Je (uppofé que le Gard;-étalon tire de
fon Cheval, en argent, par fes exemptions d im-
pdts, par les droits de mon e , &c. ( je ne parle
point des privilèges perfonnels) une fomme de
eent vingt livrés pour fervir fe ze jumens ;"de ce
nombre j’ôre le quart pour les jumens qui ne
feront pas fécondée-; il reftera douze jumens, qui
doivent être pleines , fur lefquelîes, en répartif-
fant la même fomme; de' cent vingt livres, on
pourra fixer la rétribution due au Garde - étalon,
à une pifiole par jument pleine, en n’en marquant
que feize par étalon. G-tte fomme fera
prife & rcj;ttée fur l’impôt de la taille , payable
fur les certificats des Propriétaires de jumens,
fignés de deux principaux habitans,, pour plus
d’autnentiçifé , & fous des peines rigourëufes j fi
le certificat étoit'trouvé faux. Par cette Admi-
niftiarion, il feroit de l’intérêt du Garde-étalon
de prendre toifies les précautions pofiibles pour
faire engendrer le plus g and nombre de poulains,
& de choifirles jumens qui feroientles plus
propres à en porter. Le Particulier parôîrroit ne
plus rien payer, pour le, faut de fes jumens, &
être ’délivré' d’un, impôt qu’il regarde comme
une vexation. »,
«Il ne fuffit pas de tréér le poulain", il faut
î’élever , & , par des foins afftdus , le fait e valoir
tout ce qu’il peut être. L ’avantage d’un poulain
dont on ne joui, a qu’après trois, ou quatre
ans, s’évanouit dans l’éloignement ; le propriétaire
fe. décourage, il néglige lçs foins convenables
, lé poulain dépérit, & finit par être au fil
défectueux que les moindres du pays. » _
« On êngageroit aif.-ment les Propriétaires à
fe prêter aux vues du Gouvernement & à leur
propre intérêt, par quelques légères gratifications,
accordées chaque année, à ceux qui auroient
les plus beaux p orrai ns, & les mieux entretenus;
Aucune dépenfe ne pourroit être plus avanta-
geufe , ni plus lucrative. Il en çft de même des
jumens ; il feroit bien avantageux dé les avoir
plu; parfi-ites, par conféqüentde rëcompenfer
ceux qui en auroient de grande tail'e. cle bien
coëffies, &.c. )y
« Un Directeur, un Infpeéteur des haras, ou
çeHii qui travaille à les maintenir & à les perfectionnerne
doit être gêné dans aucune de fes
Agriculture. Tome I I I . ' x
opérations. Suivant les occurrences & les degrés
d’amélioration , il s’en préfente de nouvelles
ou telle qui étoit néceffaire dans un taxis, peut
devenir inutile dans un autre; c’eft à lui d’en
juger, à faire des réglemens fuivant les circonf-
tances & fuivant lêtar ptéfent -des chofes. Mais,
afin que fes vues foient remplies, il doit s’attirer
une confiance entière &' mérirée. Les homm.s
en ayant ordinairement pour ceux, qu’ils ref-
peétenr, on ne doit point avilir l’Infpedeur, ni
l’InfptCleur s’avilir lui-même. Il ne devroit avoir
aucun intérêt perfonnel à démêler avec les Gardes
- étalons, ni avec les Propriétaires ; ainfi, la
droit qu’il perçoit à chaque changement d’étalon
de la part du Garde devroitêtre abrogé. Jamais il ne
doit le charger de fournir, ou faire fournir K s étalons,
puifque c ’eft à lui à les examiner,les recevoir,
ou les refufer, lorfqu’ils font achetés & préfentés
par les Gardes - étalons. Jamais les Gardes-haras,
ou Marqueurs de jumens ne doivent fe faire
payer, ni défrayer par les Gardes - étalons, ou
par les Propriétaires de jumens. Les propos in dé-
cens , les foupçons injurieux qui peuvent naître
en conféquènce, quoique mal fondés, portent
toujours quelqu’atteinte à la réputation d’un fu-
périeur , que la malignité humaine tâche avec
plaifir de trouver en faute y dès-Jors tout ce qu’il
fera obligé de faire fera mal intèrpreté; on ne
s’y foumettra que par force, avec' défiance, &
tout fera moins bien. ??
«Un Infpeéleur doit faire des revues fréquentes
des éralons, pour corriger, s’il eft poffible , les
inconvéniens qu’il obfervera. Ces vifites doivent
être fouvent particulières & imprévues fur les
lieux mêmes. Ce n’eft point par une revue générale
, annoncée plufieurs fois d’avance, que
l’on peut juger de l’état de tous ces Chevaux,
toujours brillans dans ces oceafions, & préparés
de longue main. » - ' ** > < ' ' '
cf Les Particuliers ne font point affez inftruits
il feroit à propos qu’on dreftât un regiftre qui.
fût dépofé dans chaque communauté, lequel ren-
fermeroit un détjil exaèl des obligations, des
droits , privilèges, &c. des Gardes-étalons , des
qualités re qui fis pour un étalon , des défauts,
qui doivent le faire rejetter, ou réformer, de
la taille , des qualités que doivent avoir les jumens
, des exemptions & gratifications qu’elfis
peuvent efpérer, ainfi que fis poulains ; une inf-
truélion fur l’éducation de ces derniers ; enfin
tout ce qui concerne les haras & même les maladies
des Chevaux. Chacun au roi t communication
de la lo i , & verroit clairement ce qui lui
eft dû, ce qu’il doit, ce qui lui eft avantageux,
ce qui lui eft nuifible. » -
c-,LesDiredleurs, on Infpccleurs devroient tenir
aufli un état de tous les Chevaux de leur
Département, de leur nombre , de leur forme !,
dé leur qualité, des fruits qui en font provenus,
des oblerva'ions qu’ils auront faites *, ces états