
étalons & des jumens à la perfection des individu'.
Il alloic entièrement au but uu’on s’éroit
propofé, tandis qu’on l’avoit manqué, en ne
•plaçant que des étalons. L ’étàbliifement projeté,
bien forméj bien fuivi, bien adminiftré, eût né-
cefiai renient produit de bons effets. Mais il eût
coûté beaucoup au Roi. On vouloit des prérogatives
pour les gardiens. C’eût été une machine
très-compliquée ; elle eût ouvert »peut-être
ki porte à un grand nombre d’abus; à la vérité,
on n’eût pas gêné les particuliers, & c’étoit un
bien. Mais tout ce qui eft administration royale
eft toujours très-cher. Il me femble que l’art
d’un bon Gouvernement feroit moins de faire
toujours des avances, qui tournent le plus fou-
vent au profit des agens, que d’engager les particuliers
par l’appas du gain à bien faire ; ce
qu’on obtiendroit en récompenfant les fuccès.
Projet de M. Lafont-Pouloti.
Les vices de l’ancienne adminiftration des haras
étant connus à M. Lafont-Pouloti, il croit
qu’on y peut remédier en rendant l’intérêt particulier
dépendant de l’intérêt public. Voici
comme il propofe de le faire.
il faudroit diflribuer dans différens cantons de
chaque province des étalons àppartenans à la
province, pour faillir gratuitement les jumens
de l’arrondiflèment, qu’un Infpe&eur auroit
paffé en revue, & jugé propres à leur être appareillées,
& à donner de bonnes productions,
fe montrant très-difficile fur le choix des mères.
Ces étalons feroient réunis dans un entrepôt,
fous la direction d’un homme éclairé & intelligent,
qui les feroit bien foigner. Les Ecuyers des Académies
dans les Capitales, pourroient en être
dépolitaires, parce que ce font les perfonnes lès
plus capables de bien furveiller des Chevaux. Ces
Ecuyers, hors du tems de la monte, les em-
ploièroient aux exercices du manège, & les rendaient
plus dociles, ce qui influeroit fur leur
progéniture.
Dans le tems de la monte, les étalons feroient
envoyés dans les chefs-lieux des arrondiffemens,
où on leur ameneroit les jumens annexées, pour les
faillir. Les Palefreniers qui les accompagneroien t
ne leur en laifferoient fauter que le nombre
convenu.Chaque année,les étalonschangeroient
d’arrondiffement, ce qui rafraîchiroit, pourainfi
dire, les races, & produiroit une grande amélioration.
Dans ce projer, les jumens qui auront
pouliné ne pourronr être recouvertes que l’année
d'après
Pendant dix ans le faut des étalons fera gratis.
Après ce tems, fi on le juge à-pYopos , on pourra
mettre une rétribution, qui fera de gré-à-gré,
comme on vend le faut d’un étalon en Angleterre,
& parmi nous celui d un taureau.
Des InfpeCleurs feront tous les ans des tour
nées pour claffer les jumens convenables, & faire
les changcmens des étalons. Il y aura Infpec-
teur-général de quatre en quatre provinces pour
éclairer la conduite des Infpéétaurs particulier^.
On mettra la plus fcrupuleufe attention dans
le choix des étalons, & dans celui des mères ;
on ne vifera pas à une économie toujours préjudiciable
dans leur achat.
On ne permettra pas que des Chevaux entiers,
ou des ânes paiffent dans les pâturages commua
naux avec les cavalles,& on en éloignera les poulains
à iB mois.
Des prix & des gratifications feront donnés
à ceux qui auront élevé les plus beaux pou laïus.
Il fera établi des foires, où l’on ne vendra
que des Chevaux dignes d’y être admis.
Pour avoir des Chevaux de fang, c’efi-à-dire,
de race pure, côtés paternel & maternel, il fera
néceffaire de former des haras fixes en chaque
province, de marquer tous les Chevaux qui en
lortiront, & d’établir des courfes de Chevaux
à certaines époques de l’année.
M. de Lafont-Pouloti trouve des fonds pour
cès établiffemens ; i.° dans une impofition d’un
fol pour livre du rôle des contributions. Le droit
de monte étant anéanti, ainfi que les exemptions
des Gardes - étalons, ce fol pour livre ne-fera
pasune charge onéreufe; i.° dans une impofition
fur les Chevaux de ville & de campagne, qu’on
rendroit plus forte fur ceux des gens riches,
que fur «eux des Cultivateurs; l’augmentation
& la perfection des Chevaux étant un avantage
univerfel, il eft jufte d’y faire concourir tout le
Royaume. $.° Dans une autre à mettre ou à augmenter
fur tous les Chevaux étrangers; 4.0 dans une
autre fur tous les mulets & mules, impofition qu’il
voudroit qu’on doublât & triplât, afin d’engager à
préférer l’éducation des Chevaux, à celle des
mulets.
Ces moyens paroiffent, à l’Auteur du Projet,
devoir procurer un fond annuel pour l’entretien
des étalons, leur achat & les frais de régie.
Prenant pour exempta le Dauphiné, il fup-
pofe que 30 étalons lulfifent dans le commencement.
Nourriture, foin , entretien de trente étalons
à 600 liv. par an chacun, y compris tas gage«
des palefreniers, 18,000 liv. 18,000 I.
Frais de déplacemens 8c plaeemens
d’étalons, dépenfes extraordinaires de
leurs conducteurs-, loyer des écuries, &c.
pendant le tems de la monte, à raifon
de 100 liv. par étalon...........................3,0001.
Quatre prix pour les plusbeaux poulains
à 200 chacun,. . . . . . . . . . . . . 800 1.
Deux prix pour les courfes à 1,2001. 2,400 1.
Total des dépenfes annuelles . . , 24,200 1.
La taxe fur tas Chevaux completteroit cette
fomme. .
Le logement ne coûtera rien, puifqu’ils feront
dépofésaux manèges : M. de Lafont-Pouloti de--
fireroit qu’on établît des Acidémies d’équitation
dans les capitales des provinces, où il n’y en a
pas; c’eft à la province à faire les frais des écuries
du manège, des greniers à avoine & à foin ,
Sc du logement des Ecuyers 8c employés au fer-
vice; cè qui ne peut être cher, fi on fe borne à
futilité, fans vouloir de luxe. Cette Académie
fera utile à la Jeuneffe, qui apprendra à bien monter
à Cheval, & fe familiarisera avec les Chevaux.
On peut regarder cet exercice comme
propre à donner de l’énergie à l’ame, & à fortifier
ta corps.
M. Lafont-Pouloti regarde l’achat des étalons,
comme une dépenfe au fil utile & lucrative aux
provinces, que la confection d’un canal, ou d’une
grande route. C’eft une amélioration dans les
productions territoriales.
L’achat de 30 étalons, à 2000 livres l’un dans
l’autre, forme une fomme de 60,000 livres,, La
répartion du fol pour livre fur les contributions
, peut fournir chaque année de 20 à $c,coo
livres ; ainfi, en trois ans l’achat fera payé.
Refte l’impôt fur les Chevaux étrangers, qui
peut être confacré aux frais de régie extraordinaires.
Les dépenfes qui précèdent, font celles du
haras épars ; celles du haras fixe confiftent dans
l’achat des jumens, le loyer des Pâturages, les
gages des Palefreniers & gardiens des parcs, tas
irais de hangars, charrettes &c.
En fuppofant que le haras fixe contienne 50
jumens, qui feront fervies par les 10 plus beaux
étalons de la province, c’efi-à-dire, du haras
épars, fi on, en calcule la population, en fnivant
exactement les races & les réfultats, M. Lafont-
Pouloti eftime, que dans ta produit même des
haras, on trouvera les fonds néce fiai res pour
rembourfer l’achat des jumens, les autres frais,
& ta remplacement des jumens & des étalons.
M. Lafont-Pouloti prend le terme de dix ans,
qui eft celui pendant lequel il fait faire aux étalons
le ferVice gratis. Ce terme lui.paroir fuf-
fifant pour changer la race dès Chevaux, garnir
ta province, & s’if en eft befoin, former un
haras nouveau.
L’Onvragô de M. Lafont-Pouloti ayant été
publié, en 1787, il fuppofe que l’établiffement
commence en 1788; je le fuppoferai commençant
en 175)3. A dater de cette année,,vingt
étalons, employés au-fervice des jumens, donneront
chacun par an douze poulains avec tas
jumens publiques, & un avec'les jumens du haras
nxe c eft-à-dire, 240, dont 120 mâles & 120
lemelles. Le nombre des fexes eft à-peu-près
au Pair «tans les naiffances. Que fur ces produits I
on perde à-peu-près.un tiers, il reftera'80 mâles,
& 80 femelles.
De ces 80 mâles, parvenu^ à 5 ans, M. Lafont-
Pouloti n’en compte qu’nn cinquième propres à
fervir comme étalons. A lafixième année, c’eft -
à-dire, en 175)8, il y aura, déduction faite de
4 par an , à caufe de la perte des premiers Chevaux,
60 étalons,.ifius des jumens appartenant
aux particuliers, & , à la dixième année, il y en
aura 1:0.
Quant à la population des pouliches, chaque
année en donnant 80, on en auroit 400 en 175)8,
& au bout de dix ans, 800.
Ainfi, en 179.3. on auroit eu 8,0 mâles*; feize
auroient été pris pour étalons, il en refteroir 64.
O r , 64 fois 5 donnent 320. Au bout de 5 années
on aura ôo étalons.
130 poulains.
400 poul.
Total. 780 poul.
Si l’on portoit la produ&ion annuelle de chacun
des 20 étalons à 18, au-lieu de 1 1 , en 5
ans,on auroit 1206 animaux,& en 1.0 ans, 7200
où 10,80c,tant mâles que femelles. Cette quantité
dç Chevaux açquife dédommageroit bien la province
de fes avances. En n’admettant dans l’augmentation
du prix de chaque Cheval que 50 livres,
ce feroit un accroiffement de 3 50, ou de 550,000
livres dans Le produit de io-années.
A l’égard des 50 jumens étrangères, renfermées
dans ta haras fixe, & couvertes par les
10 étalons, elles produiront au moins 34 poulains,
dont 17 mâles & 17 pouliches, qui ne
porteront que tous les deux ans. Calcul fait de
ce que ces pouliches produiront de poulains, la
fixième année & tas années fui van tes; au bout
de 10 ans, le haras fixe fe trouvera garni de ïôo
jumens,dont96 en état de produire, non-compris
les 50 premières jumens. En calculant avec la
même exactitude 1e produit en mâles, il s’enfuiyra
qu à Iadixième année, le haras fixe aura vu naître
féo Chevaux, dont 50 pourront être employés
à faillir.
Ainfi,au bout de 10 ans 1e haras auroit produit 520'
têtes de Chevaux, mâles & femelles,qui pourroient
valoir; fa voir, 17 mâles & 17 fémelles, âgés de
9 ans, nés en 1794 , à 40 louis l’un dans l’au-.
Dix - fept mâles & dix - fept femelles
, âgés de 7 ans, nés en 1795,
à 50 louis,....... .......... .............. . . 1,700-
Dix - fept mâles & dix - fept femelles,
âgés de 5 ans, nés en 1796
à 40 louis, . . . . b ............................... 500.
Six mâles & fix femelles âgés
de quatre ans, nés en 1797, à 3°
louis > • • • ......................................... 360.
4,720 louis.