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■ comme les hommes, leur fanté & leur durée dépend
beaucoup de leur première éducation.
En 1780, on eflàya a enter quelques petites
tiges de Cotonnier qui avaient réfifté à , l’Hiver,
fur differents bois du pays -, mais cette expérience
n’eut aucun forcés. Au ipqis;de JVfai, ,on en mit
à l’air libre, dans une couche très-chaude : leur
çroiffance fut çonfidérable & rapide, & l’on en
obtint des graines & du Coton. Les tiges fe Soutinrent
très-bign dans l’Automne, & quelques-
unes de petites tiges qui étoient reliées fraîches
juique vers la fin de Décembre, & qu’on avoit
alors couvertes de moufle , étoien t pleines de
vie au Printems .fuivaut, ioyfqu’elles furent emportées
par une inondation de l’Elbe.
En 1781 on fuivit une autre marche pour
les expériences. La plantation fe fit d’abord à
f air libre-, on éleva d’abord les tiges dans des pots
6 à découvert; puis vers le milieu de Juin on
le s . plaça dans une couche fourde ordinaire. Dès
le 6 Août , elle? portoient de belles capfules
mûres & remplies de Coton, & en prpmettoient
d’autres.
Culture des ÇqtQnqiers en rijie.
On peut confidérer l’Afie comme la Patrie du
plus grand nombre d’efpèces de Cotonniers, &
jufqua l’époque où l’Amérique fut découyerte,
cette partie de l’ancien monde fourniffoir ex-
cluüvement aux autres la matière précieufe con-
_nue fous le nom de Coton. Un objet aulïi lu- j
crarif pour le Commerce, que facile à convertir
en un très-grand nombre d’étoffes, fans exiger,
une préparation aulïi longue & pénible que la j
laine, le chanvre & le lin, a dû naturelle- j
ment exciter les: habitans des pays, où la nature
avoir d’abord fait naître ces arbuffes, à le jnulti- i
plier, & à-lui faire éprouver par l’Art des mo- j
dificarions auxquelles la nature ne fe prête que j
iorlqu’elle en l'econdée par i’indüftrie ; c’éft .
fans doute à cette dernière que l’on doit les j
nombreufes variétés, fous Lefquçlles le Cotonnier :
fe trouve aéluellement répandu fur la fùrfaçe
de l’Univers; car, fans admettre les dégénératioris
tnonffrueufes de M. Quâtremere, nous fommes
très-per-fuaàés que la culture & la tranfplantation
du Cotonnier d’un fol en un autre, d’un climat à
l’autre, ont produit des altérations dans l’efpèce,
aflez difficiles à débrouiller. Il feroit à defirer
pour le bien & l’avancement de l’Agriculture,
-que nous enflions des notions-bien exaéles &
détaillées fur la manière dont les différentes ef-
•pècesde Cotonniersindigènesen Afie,fe cultivent
dans leur pays natal ; la plupart des yoyageurs
ne nous ont rien laiffé de fatisfaifant fur cet
objet; les uns négocians, cachoient àdeffein les
endroits d’où ils tiroient leurs marchandifes pour
ne point courir le rifque de la concurrence ; de-la
i’incertirude fur laquelle nous avons flotté depuis
long - temps en Europe à l’égaxd d’un grand
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» nombre de produélions du règne.végétal très-utiles
& dont nous ne cou notifions ni le pays natal, tri
les plantes dont on les tiroient, .quoique' en ufjtgfe
pendant plufieurs fiècles. D’taurres ^Voyageurs:,
trop peu mftruits , pu qui ne s’occupoieiït
pas de l ’HiÜoire naturelle, fe font contentés
de ramaffer à la hâte quelques -poignées
d’herbes; parmi lefquelles le hafard leur a en*-
fuite fait découvrir des individus que leur fyftême
, ne renfermoit pas ^ s’imaginant fans doute d’avoir
amplement rempli leur million, & d’avoir bien
mérité de la Patrie en retournant de leurs millions
avec quelques plantes dont la connoiflanee étoit
fouyent de très-peu d’importance. Il eft vrai
que le plus grand nombre de Voyageurs, ne s’arrêtent
pas aflez long-temps dans les pays qu’ils
parcourent, fou vent ceux qui ont fourni aux
frais de ces voyages , leur ont preferit la marché
& le chemin qu’ils doivent fuivre ; on choifït
f toujours le temps le plus propre pour les voyages ,
qui efl ordinairement celui avant ou après la
récolte ; (1) de cette manière, on conçoit ailément
que l’Etat de l’Agriculture telle qu’il "exifte actuellement
dans les différentes parties de l’Afie,
qui ont été vifitéespardes Europeons, nous eft
parfaitement inconnue. C’eft à regret-que nous
-le répétons, que -parmi un .très-grand ’nombre
d’ouvrages fur rHiftoire1 naturelle d’eTAfie, &
■ dans un nombre immen'fe de voyages faits dans
cette partie de l’ancien Continent, nous n’ayons
-pu rccueiiyr que très-peu de notiotis particulières
fur la manière de cultiver le Cotonnier. Nous
ne connoiflbns rien fur lamanière que tes Chinois
fuivent pour cultiver les Cotonniers en grand, ni
fur la préparation du papier qu’ils fbùt avec Iç
Coton, nous ignorons également qu’elles font
le§ efpèces, auxquelles cette Nation induflrieufe
donne la préférence, car il efl très-sûr qu’ils met*
tent beaucoup de choix dans l’emploi qu’ils font
des différentes efpèces. Comme on peut s’en com
vaincre par les étoffes qui nous viennent de cç
pays. Nous femmes à-peiirprès dans la même
( 1 ) Ufie clafle cî’hoinmes, les Mi(fionnaïres\ àùCQ>|
pu rendre de grands fer vices à l’immarmé , fi i au lieu (1«
propager uniquement des rêveries pieufes, & de ne chef
ch«c qu’à agrandir, le pouvoir temporel. ;de, l’Eglife 4$
K.o:r.e-, iis fe fuffens un peu plus occupés des^ différens
objets d’Agriciilturç des pays dont l’entrée n’étolt perswl’
qu’ à eux. On ne pourroit point pbjeétgr rjgnorançeoec'i
Meflîeurs car fi, dans le nombre , il y en avoir de très*
bornés Sç uniquement: occupés à propager leur1d'©âriinC>
il s’en trouvoit auffi de trcs-inftruits , fur-tout parmi;les
jefuites. Le Bere Duhalde, oui a rélidé pendant très*
long - tems à la Chine , .nous a procure plulrenr
notions fur ce pays- que nous aurions ignoré fans
Une pareille occupation n ’étoit d’ailleurs point comraïf«
à leur miflïoti-puifqu’un très - fa van t Miflàonnaire Vov
tu gais , le Petç Loureiro , qui a demeuré plus de tient
ans à la Cochinchine , a publié, il y a peu d’années, J'Jj?
Flore de Cochinchine, qui a été très - bien accus* 1.
paç les Bbtaniflçj,
îoftoraflee relativement aux autres parties de l’Àfïe
Méridionale ou des Grandes-Indes. Nous favons
que par-tout on cultive le Cotonnier, le pays
du Mogol, le Royaume de Siam , le Pégu, le
B*ngaleen produifent de quantités immenfes,dont
une partie s’exporte ou crue, ou bien filée &
convertie en différentes e fp è c e s d’étoffes, mais
aucun Voyageur nes’efi donné la peine de s’inf-
iruire à fond: fur les méthodes que l’on y fuit
pour la culture de l’arbre ou de l’arbriffeau qui
produit le Coton.
Voici le peu que rapporte Marfden> fur le
Cotonnier de Sumatra.
« Dans prefque toute rifle de Sumatra on cultive
deux efpèces de C o t o n l ’annuel ou l’herbacé,
& le Cotonnier en arbre. Le Coton fournit
par l’une ou l’autre efpèee parèît. être d’une
excellente qualité., & pourroit avec des encou-
ragemens, être recueilli en a fiez grande quantité ;
mais les naturels n'èn cultivent qu’au tan t qu’il
leur; en faut pour leurs propres manulaèhires.
Le Coton de foie ( Bornb : Céiba ) fe trouve
auffi dans tous les villages. C’efl une des plus
belles produirions, que la nature offre à l’in—
duflrie de l’homme. Elle eft fort fupérieure à la
foie pour Ja fineffe , la fouplefie ; mais comme
le duvet eft fort court, & le fil eaffant, on ne
croit pas qu’il foit^ propre au dévidoir & au
métier = & l’on ne s’en fert que pour remplir
des oreillers & des- matelas. Peut-être qu’il n’a .
pastfubi encore' toutes les épreuves1 fuffifan-
tes dans les mains de nos habiles Artiftes, &■
que nous -pourrons le voir employer-un jour
plus utilement. Ce Coton eft renfermé dans une
capfiile longue de quatre à fix pouces, qui s’ouvre
quand il eft mûr. Les femenees» refîemblent au
poivre noir / fans avoir aucun goût. L'arbre eft
remarquable par fes branches très - droites &
horizontales, qui font toujours par trois, &
iprment des angles-égaux à la même hauteur;
les rameaux font également droits, &- les-branches
obfervent dans leurs différentes dégradations la
même régularité jtifqn’ao _fommer. Quelques
voyageurs ont donné a cet arbre le nom d’arbre
à parafol, mais cette efpèee de petite table,
connue fous le nom d^ guéridon , en offre une rei-
prëfentation bien plus jufle- « ( Voyei Marfden,
Hijloïre de Vïfle de Sumatra, traduite en Français,
par Faraud, Vol I , page 241. )
Dans toute la Perfe, le Cotonnier eft cultivé-
en grand ; roici cé qu’eu dit Gmelin , voyageur
très infttruit, de Nation Allemande, fur la manière
dont on cultive le Cotonnier dans la Province
de Manfandaran.
« Le Cotonnier exige pour fa culture un ter-
fein gras. Dans quelques cantons de Mafandaran ,
où le fol eft maigre, ort cherche à y fuppléer .
pa^.clu fumier. Pour que lés Cotonniers réuffiflènt <!
bieft , on les plante à une certaine diflance
«s-uns-des autres, ordinairement l’efpace entre
chaque plattte efl d’un demi, où d’un pied, Les
champs qui portent le Coton font fillonées. Une
pluie modérée eft également néceflaire, lorfque
lé Cotonnier doit bien réuflir, car dans l’endroit
où j’ai obfervé cette culture, il n’eff point d’n-
fage d’arrofer les champs. On ne voit pas non
plus tranfplanter les pieds du Cotonnier. On les
sème au commencement de Mai, & à la fin de
Septembre là récolte du Coton commence. La
machine dont on fe fert pour éplucher le Coton
eft un cylindre en bois affez groflièremenr conf-
truit, avant d’employer le Coron pour la filature
onlecarde,. » (Voyez Gmelin, Voyage dans plufieurs
Provinces de l’Empire Ruffe. Vol. 3, p.47 ;. j'
M. Gmelin a figuré le cylindre qui fert à éplucher
le Coton r cette machine fert de la même
manière que celle que l’on emploie, pour le même
ufage à Malte & en.Sicile.
Le Cotonnier croit également dans toute l’A rabie
; mais nous ignorons s’il y efl en culture
réglée, la plus grande partie des habitans étant
nomades, changeant de domicile à mefure que
leurs befoins l’exigent, ne paroiflènt pas incliner
à une occupation fédenraire.
En Syrie, la culture du Cotonnier paroît fe
borner aux ufages doiïiefliqufesi; félon Mariti, on'
n’y- voit cet arbufle qu’en très petit nombre, il-
en efl de même dans la Palefline.
Dans l’Afie mineure , & la Natolie, le Cotonnier
eft cultivé depuis très-long-tem.\,parles Turcs, les
Arméniens & les Grecs;Smyrne & Alep en font
un Commerce confldérable. Flachat, qui a obfervé
cette culture aux environs1 de Sniyrne. en
donne les détails fuivans.
a Dans les plaines de Smyrne,on ouvre la terre
poiir la première fois avant l’Hiver, On lui donne
un fécond laboure en Février, & même un
troifième fi le terrein l’exige, dès les premiers
jours de la belle faifon, & l ’on a remarqué que
le mois d’Avril eft toujours le tems le plus favo*
rable à la femence. Le choix du terrein n’efl pas
moins effentiel; le Coton ne vienr^guère, ni fur
les montagnes, ni dans les vallons; les terres trop
fortes l’étouffent,'& les fablo.nnefcns n’ont point
affez de fubflance. ??
a La préparation de la graine a quelque chofe
de particulier : on l’enveloppe dans du Coton;
on étend enfuite ces petits ballons dans une aire ;
on les couvre d’un peu de terre que l’on arrofe;
on les roule entre les mains, pour leur donner
de Ia conflflance. Le femeur les jette alors comme
le bled à poignée, mais en pins petite quantité,,
parce que les graines-s’étoufferoient les unes les
autres, fi elles étoient trop preffées; & tout de
fuite on retourne les filions, de façon que la
graine fe trouve à un demi-pied de profondeur,
On ne fe promet guère une heureufe récolrc,
quand on eft forcé de femer dans des jours pluvieux
; la pluie fait pourrir une partie 1 de la