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ces; Mais, indépendamment de cette voie de multiplication
, les efpèces ligneufes o n t, de plus
que les efpèces herbacées & annuelles, l’avantage
de pouvoir fe reproduire par le moyen des marcottes
& des boutures.
Les femis fe font à la fin de Mars, & de deux
manières différentes. La première en pleine terre,
& la fécondé dans des vafes, fur des couches
chaudes. Les femis en pleine terre fe pratiquent
fur des plates-bandes de terre meuble, bien divi-
fëe par un labour à la bêche , & de nature fa-
blonneufe. On les établit à l’expofition du midi,
& au pied d’un mur, s’il efl pomble. Lorfque le
terrein deftiné aux femis a été bien égalifé avec
un rateau fin, & bordé fur les côtés, on y répand
les graines le plus également qu’il efl pofli-
ble ; mais auparavant il en bon de les faire fortir
de leurs capfules, de les en féparer enfuite, en
les paflant à un crible fin, & de les vanner pour
en extraire la pouffière & les grains avortés. Ces
graines, ainfi préparées, doivent être femées fort,
clair, & de manière qu’il ne fe trouve pas plus
de cinq ou fix graines dans une furface d’un
pouce quarrë. On les recouvre de l’épaifleur de
deux ou trois lignes feulement, avec un mélange
compofé, par égales parties , de la terre du fol
& de terreau de bruyère, paffé au crible, pour
qu’il n’y refte ni pierres, ni autres corps étrangers.
On les arrofe enfuite avec un arrofoir à
pomme fine, pour affermir la terre fur lesgraines;
& comme les arrofemens doivent être répétés
matin & fo ir , toutes les fois qu’il ne tombera pas
d’eau dans la journée, & jufqu’à ce que les fe-
mences commencent à lever, il efl inutile d’employer
d’autres moyens pour contenir les graines
aux places où elles auront été femées. Lorfque
les germes commencent à fortir de terre , il faut
diminuer les arrofemens, & les rendre moins
copieux, fur-tout fi l’on s’apperçoit que les germes
foient un peu jaunàjtres. Il faudroit même les
fupprimer pendant quelques jours, fi le jeune
plant devenoit jaune ; ce qui annonceroit une
maladie qui le feroit périr, fi l’on continuoit de
J’arrofer.
Les graines des efpèces annuelles lèvent ordi-i
nairement dans l’efpace d’un .mois, celles des
efpèces ligneufes font plus tardives> il leur faut
fix femaines & quelquefois deux mois, avant
de fortir de terre. Il arrive même que lorf-
qu’elles font trop enterrées, ou qu'elles n’ont
pas le degré d'humidité convenable, elles reftent
en terre-une année entière & n’en fortent qu’au
printems fuivant.
Lorfque le jeune plant des Ciflcs vivaces &
ligneux efl arrivé à la hauteur d’environ trois
pouces, on peut le repiquer. Mais les efpèces
annuelles fe fément ordinairement en place ,
dans les Ëcoks de Botanique, ou dans des pots
f t r couche, parce qu’elles ne fouffrent point
d'êtrç repiquées; s’il efl befqin de lei changer de I
c i s
place, îl faut les lever avec leur motte. Cette
forte de femis, en pleine terre, efl rarement
pratiquée dans les environs de Paris, ce n’çfl
feulement que- pour la multiplication des espèces
les plus communes & les moins délicates
telles que celles des n.95 6, 8, io , i l , 2.9}
$1, 49 & 56. Elle peut avoir fon avantage dans
les pays plus méridionaux ; mais ici on préfère
les femis en pots ou en rerrincs & fur couche.
Les femis en pots fe font au Printems dès ia
mi-Mars , foit dans des vafes de terre foit dans
des caifles à femences, fuivant qu’on a une plus
ou moins grande quantité de graines à femer, ou
qu’on defire multiplier plus ou moins abondamment
ces végétaux. La terre dont on fe fert pour
remplir les vafes, difpofée d’ailleurs comme celle
des Orangers, doit être plus fine, & plus fa-
blonneufe. Lorfque les graines ont été préparées
comme nous l’avons dit ci-deflùs, pour les femis
de pleine terre, on les répand plus dru que ces
dernières , & on les recouvre d’une moindre
ëpaiffeur de terre , mais de la même nature que
celle des vafes. Ces femis doivent être placés,
immédiatement après qu’ils font faits, fur une
couche chaude de forte épaiffeur, enfuite ar-
rofés très-fréquemment jufqu’à leur germination,
& cultivés Comme les femis de pleine terre.
Ceux-ci lèvent dans Tefpace d’un mois, & fi le
Printems & le commencement de l’Eté font
chauds, lé jeune plant efl affez fort pour être
repiqué vers le milieu du mois de Juillet.
Le repiquage des Cifles ligneux fe fait en
pleine, terre ou dans des pot3. Le premier
n’a lieu, dans notre Département, que pour
les efpèces qui croiflent naturellement dans
notre climat, ou qui viennent des pays plus
feptentrionaux. Le fécond efl pratiqué pour
toutes les efpèces originaires de climats plus
méridionaux que le nôtre. Ces deux procédés
offrent quelques différences qu’il efl bon d’indiquer.
Les repiquages en pleine terre des
Cifles proprement dits, & qui forment des fous-
arbrifleaux plus ou moins élevés, fe font dans
des plates-bandes au pied d’un mur, à l'expo-
fition du midi. Ceux des hélianthêmes de Tour-
nefort, fe font dans des planches en plein air.
Il efl bon de choifir, tant pour les uns que pour.
les autres, le moment où la terre a été abreuvée
par de fortes pluies Y & ou l’afmo'pbère efl
chargée de vapeurs humides. On lève le jeûné plant
avec toutes les racines, & on fait tomber toute
la terre, après quoi on ébarbe l’extrémité du
chevelu avec, la lerpette ; enfuite on trace des
lignes au cordeau à un pied ou quinze pouces
de diflance, fur un terrein nouvellement labouré
& engratffé pat un terreau de couche,
& l’on y plante le jeune plant au plantoir, en
échiquier, & à la même diflance qu’ont les lignes
entre elles. Après quoi on donne une bonne
mouillure à U fçrre pout l’affennir autour w*
C I s
ïaeines. S’il furviém pendant les huit on dix
jours qui fuivent celui du repiquage, des coups
de Soleil un peu forts, il efl bon d’en garantir
les jeunes plants par des paillaflons- ou des nattes.
Leur culture , pendant les deux premières
années, fe réduit à quelques arrofemens, dans
lesffrandes chaleurs, à de légers binages, pour
faire périr les mauvaifes herbés, & enfin à les
couvrir pendant les froids & à les découvrir
lorfqu’il fait doux ; paffé ce temps, ils peuvent
*rre levés en mottes & mis en place à leur def-
tination.
Les repiquages en pots peuvent fe faire avec
des plants plus jeunes & moins forts que ceux de
pleine terre , mais leurs racines doivent être
préparées de la même manière. Les pots les plus
propres à la réuflite de ces jeunes plantes, font
ceux à bafilic, dont le fond foit percé dans le
milieu. On fe fert pour cette plantation, d’une
terre femblable à celle qui a l’ervi au femis des
graines, mais feulement un peu plus forte par
l’addition d’environ un huitième de terre franche.
Au moment de l’effeéluer, on met au fond du
pot deux à trois doigts de cette terre, fur laquelle
on arrange les racines de l’individu qu’on veut
y planter, 011 le tient avec les deux doigts de la
main gauche, fufpendu au milieu du vafe, que
Ion achève de remplir jufqu’au bord, avec la
mafn droite, en obfervant de n’enterrer les
racines que d’une ligne environ au-deffùs dit
collet. ;
Lorfque la plantation efl faite, on place les
pots dans le terreau d’üne couche tiède, & on
garantit, avec des paillaflons, les jeunes plantes,
du foleil, jufqu’à ce qu’elles commencent à
pouffer. Le premier arrôlémeht qu’on leur
donne au moment où elles viennent d’ê tre
plantées, doit être affez fort pour pénétrer
toute la terre du vafe , & la confolider auteur
des racines ; mais ceux qu’on efl dans le cas
de leur adminiftrër enfuite, ne doivent être que
de légers baflïnages pour entretenir la furface de
la terre humide & l’empêcher de fe deffécher.
Le plant des efpèces communes peut être traité
moins déliçarement ; il fuffira de placer les pots
qui le contiennent dans une plate-bande, défendue
du, Soleil du midi par un mur ou par
une haie , & de l’arrofer fuivant le • bèfoin,
iufqu’à ce quil foit repris. A cette époque,
ils doivent tous également êtreexpofés au Soleil,
& y refter jufqù’à l’approche des froids. Alors
on les couvrira d’un chaflis pour les défendre
des petites gelées, & à meiiire que le froid
augmentera, on redoublera- les paillaflons & les
«■ ouvertures.
Les Cifles cultivés de: cetfemanière reprennent
plus fûrement, croiffenr plus vite & fleuriffent
plutôt que ceux qui font repiqués en pleine terre,
flufieurs efpèces fleuriffent dès la fécondé année,
d autres la troifième,& les plus tardives nepaffent
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pas la cinquième année, fans commencer à produire
des femences fertiles.
La multiplication des Cifles, par le moyen
des marcottes, efl peu ufitée & ne s’emploie qu’à
défaut de graines. Elle réuflit difficilement, parce
que 1 écorce de ces arbres étant extrêmement
mince, & de nature sèche, il efl rare qu’il en
forte des racines. L ts marcottes fe font au Prin—
tems avec des^ branches vigoureufes de l’avant
dernière fève ; il n’eflpas néceffaire de les incifer,
on les courbe tour Amplement, foit dans des
pots à marcottes, foir en pleine terre , & lo rf-
qu elles font fuffifamment pourvues de racines,
on les fépare & on les traite comme les jeunes
plants.
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dans des pots, depuis le commencement du
Printems iùfqu'au milieu de l’Eté- Les jeunes
pouffes de la dernière fève doivent être préférées
pour cette voie de multiplication. Celles
qui font dans des pots placés fur une couche
tiède, & que l’on couvre de cloches , réuflîffent
un peu moins mal. Cependant les individus que
l’on obtient de cette manière, ne végètent pas
aufli vigoureufement que ceux qui fonr provenus
de graines, & ne vivent pas aufli long-.tems tout
cela joint à la facilité de fe procurer des fe—
mences, fait négliger cé moyen de multiplication.
r
Les Cifles ligneux n’exigent aucune tailleparti—
eu hère; on fe contente de fuppriiner les branches
du bas des tiges qui deviennent languiffantes
ou qui meurent. O n fait aufli cette fuppreffion,
lorfque 1 on veut avoir des arbriffeaux à tige ,
ou- lorfque leur tête devenant trop volumineux
relativement à la foibleffe de la tige, il
efl à craindre que les branches ne fe rompent.
On peut cependant couper après la maturité des
graines, leurs fupports, qui fe déffechant &
reliant fur les pieds pendant plufîeurs mois,
produifent un effet défagréable à l’oeil. Mais
cès menus foins font trop bien fentis par Ie9
Cultivateurs, pour qu’il foit befoin d’entrer
dans de plus longs détails à cet égard. On ob-
fe.ryeraJ feulement qu’il ne faut pas faire
utage de la ferpette fans néceflité, parce qu’en
général ces arbriffeaux la redoutent, & que
d ailleurs la nature leur a donné un port affez
agréable pour ne pas le leur conferver.
Ufage. Tous les Cifles ligneux peuvent entrer
dans la décoration des Jardins d’agrément leur
verdure perpétuelle, l ’abondance & l’éclat de
leurs fleurs doivent les y faire rechercher. Mais
eefl principalement dans les Jardins payfagifles
que les efpèces qui croiflent en pleine terre
dans notre climat, ‘peuvent figurer avec avantage
Elles font très-propres à former des maffes
*Vr a ? erîtes r0K-es à l’expofition la plus
chaude, & dans des lieux où les autres végè