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nom à caüfe de Tes branches effilées & longues,
qui reflemblent à certaines efpèces de Saules ,
& qui font fort (ujettes à fe cafter. Ce Cotoôc
nier, qui ne vaut pas la peine dêtre cultivé,fe
trouve dans prefque toutes les plantations des
Antilles.À la Jamaïque, on l’élève parmi les bonnes
efpèces de Cotonnier Annuel ouYear-Round, avec
lequelles il a été quelquefois confondu par des
Planteurs peu inftruits- Ce Cotonnier eft d’une
figure allez impofante; lorfqu’on le laiffe croître
fans l’ëteter, il arrive à neuf pieds de haut, &
occupe en largeur un efpace de huit a
neuf pieds. En voyant ce Cotonnier Chargé
d’un très - grand nombre de capfules,
on eft tenté à le regarder comme une efpèce
digne d’être cultivée. Mais fafpeâ: impofaàt de
cet arbre eft démenti par la quantité & la qualité
dé Coton qu’il produit. Le Cotonnier le mieux
foigné de cette elpèce ne m a donné , par an,
que deux gros moins dix grains de Coton épluché
, tandis que le Cotonier annuel ou ls Year-
Reund des Anglais, avec lequel on le confond
quelquefois à la Jamaïque, donne près de fept
onces de Coton épluché, & n’occupe que lïx
pieds quarrés de pla^e. Le Coton du Cotonnier fau-
vage a encore le défaut de fe falir promptement
dans fa capfule, lorfque cette dernière eft atteinte
de la pluie ou de la rofée *, la couleur brune
de la capfule, qui paroît très - foluble, fe communique
après la moindre humidité au Coton
qui alors n’a que très-peu de valeur. J’ai donné
le nom de Cotonnier fauvage à cette efpèce, !
quoique je ne l’ai point encore trouvé dans fon
état naturel-, mais cette dénomination lui peut
convenir relativement à Ion peu de rapport & fes;
mauvaifes qualités. La femence de ce Coton eft '
très - sraride.
I IILe
Cotonnier a. petits flocons. Cette efpèce ne
paroît pas avoir été. connue pifquici -, c'eftle
hafard qui me l’a fait découvrir dans rifle que
j’habite. Il ne porte que peu de Coton •, mais,
comme ce Coton eft très-blanc , il m a paru valoir
la peine de l’élever. 11 reffi mble à une efpèce
que nous cultivons depuis long-teins dans
l’ ifle Sainte-Croix, fous le nom de Cotonnier
à gros flocons ( Greàâ lock ) , dont il fè' diftingtie
cependant par dès flocons plus petits-. J ’ai reçu
depuis de Spanish-Town la femence de ce même
„ Cotonnier, comme un objet fort rare.
S* I I I.
Le Cotonnier verd couronné. ~A la Martinique
cette efpèce eft connue fous le nom de 'Coton
fin ou couronné vefd , parce que fe feutré qui
entoure la pointe de la femence, eft toujours
de couleur verte ,. chôfe. que fe n’âi rencontré
dans aucune autre efpèce. Avec le ïems, cette-
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couleur verte fe change en gris foncé. Je h1 ai
trouvé ce Cotonnier qu’à la Martinique -, le Coton
qu’il porte eft très-fin , aulft l’y cultive-t-on depuislông
tems. Depuis quelques années, on 1 é-
lève également en très - grande quantité à l’ifle
Saint-Barthélemi. Les capfules qui renferment
le . Coton ne fe confervent pas long - ténia Jktr
l’arbre ; & fi , pendant la récolte | . il arrive
la moindre pluie, les capfules à demi-mûres communiquent
une couleur fale au Coton. Si „
au contraire, le tems refte fec & ferein pendant
la récolte , le Coton conferve fa blancheur. Il eft
fort cftimé par les Manuiaôluriers Anglais. La
récolté' commence au mois de Novembre, &
dure’ fept à huit mois. Un Cotonnier de cette i
efpèce ne donne cependant que deux onces &
demie de Coton •, fa hauteur ne pafle pas trois
pieds , & fa largeur quatre à cinq. A l’Me.
Saint-P ierre, les Anglois nomment ce Coton
Rum andfugar Coton.
$. 1 v.
Le Cotonnier forel verd. Celte efpèce de Cotonnier
eft cultivée avec l’éfpèce que j’ai nommée
Sorel rouge , dans l’ifle Spanish-Town. Les
Anglais comprennent les deux efpèces fous lfe
nom de forel Coton. Sorel eft le nom que cette
Nation donne à une efpèce de Quetmie, décrite
par Linnée fous le nom de Mibifeus fabdarijfa:.
& comme cette plante préfente deux variétés
dont l’une a des tiges & dès fleurs rouges, & 1 autre
les mêmes parties d’un beau verd • cette dénomination
a été appliquée à ces deux efpèces de
Coton, qui reflemblent effectivement- à la- Quer-
mie de Linnée. Avant d’avoir recueilli les ren-
feignemens néceffaires fur ce Cotonnier, ƒ a vois
blâmé les Planteurs- de Spanish-Town d’eff faire
deux efpèces diflinétes. Mori expérience m’a cependant
convaincu que le Sorel verd’ & le Sorel
ronge font très-diffërens,. comme le prouve la
femence, & le rapport efi Coton de ces-Cotonniers.
Je dois de. la reconnoiflanee à un de nos
meilleurs planteurs à Sainte - Croi.x, M^ John
Rengger, qui' m’a procuré la première femence:
de cès deux efpèces de Cotonniers; qu’il avoit
apporté de Spanish-Town'.
Les deux efpècés de ■ Sorel dont je viens de
parler, fe diflinguent l’une deTautre * non-feu-
lemepr par les tiges:-, les pétibles, les veines des-,
feuilles, & le calice, qui, dans Pefpèeé verte,
confervent toujours cette couleur, tandis qiitf >
dans l’efpèce rouge, elles font d’un rouge très-
marqué , mais encore par une différence remarquable
dans la quantité & la qualité du Coton
I qu elles' m’ont donné. Le Coton du Sorel ver
I tombe bien - tôt après la maturité, & ne donne
que quatre onces de Coton 'épluché, par arbre.
1 Le rouge' fé conferve plus long - tems, & cbaqne
! arbre m’a donné fept onces & demie de Cotoû
C O T épluché. Il n’eft pas difficile deux efpèces. _ d'optef entre ces Mes obfervations fur les deux efpèces de Sorel
ni’ont été confirmées' depuis par les planteurs
Anglois de Spanish - T ow n , où le Sorel rouge
porte le nom de Red Sorel ou Rondknob Sorel,
ou Coton à bouton rond, & le verd , white
Sorel, ou longknob Sorel. Coton à bouton alongé.
A la petite Ifle Saint - Pierre ( St - Pieters Ey~ j
land), le Sorel verd porte communément le nom i
de Pollard Coton.
$• V.
Le Cotonnier Sorel rouge. D’après ce que je
viens de dire en faveur de cet arbre , il paroîrra-
peut - être fuperflu d’en parler de nouveau -,
mais, comme il mérite à tous les égards d’être cultivé
avec foin j "j’ai cru qu’il me feroit permis
d’en dire encore un mot. ' •
Le Sorel mérite la préférence fur le Cotonnier
annuel ou le Year-round des Anglais, quoique
ce dernier foie une de nos meilleures efpèces.
Le Cotonnier annuel ne m’a jamais donné au-
delà de fept onces de Coton épluché par arbre \
le Sorel m’en donne ordinairement fept onces
& demie -, ce furplus devient un objet allez
coniïdérable dans une cotonnière où l’on cultivé»
plufieurs milliers de ces arbres.
Le Sorel donne, plufieurs récoltes par an , il
donne beaucoup dé Coton à-la-fois, & chaque
récolte fe termine fous peu de jours. Le Cotonnier
annuel fournit, à la vérité, du Coton
pendant toute année ; mais, pour ne pas en
perdre une bonne partie, il ëft indifpenfable dé
vifiter les arbres tous les huit jours, pour cueillir
le Coton qui a mûri dans cet intervalle ; fans
cette précaution, on ne feroit qu’une récolte très- ,
médiocre. Le Coton annuel eft èn outre très-
fujét à fe détacher facilement de fa capfule, &
de tomber, pour peu qu’il foitatteint de la pluie
ou du vent ;• fouvent lé poids du Coton accélère
fa chûte \ c’eft ime Yaifôn de plus pour
vifiter touïès‘;les femàines ces Cotonniers - chofe
fouvent tbès - pénible & difpèndieùfe dans une
grande plantation. Le Sorel ne fe détache pas
facilement de l’arbre , & réfifte beaucoup mieux
aux vents & à la pluie ; fon Coton furpaffe en
blancheur & en fineffe celle du Cotonnier an--
nuel. Le Sorel n’étan t poin t étété, acquiert une j
'hauteur de quatre à cinq pieds,'& une ^largeur
à -p e u -p rè s égale. Ôn peut donc planter fur
chaque acre u n plus grand nombre' de pieds:
de Sorel que de Cotonnier annuel, parce que,
ce dernier exige pour le moins un efpace de fix
pieds.
$. V I .
Le Cotonnier barbe -pointu. Je lui ai donné ce
nom , pour le difiinguer de quelques autrës efpèces.
Èn vifitant une cotonnière ©ù le Propriôc
o t fs*
taire prôfetidoit ne cultiver que le Cotonnier
annuel, j’ai rencontré, parhalàrd , cette efpèce.
L ’arbre arrivé à fept pieds de hauteur, l’étalage
de fes branches exige au mois huit pieds-de largeur.
Il ne donne qu’une feule récolte par an
& fi on ne dégrade pas l’arbre , en pinçant la
pointe dans fa jeunefle, on peut compter fur
trois onces de Coton épluché.
$. V I I.
Le Cotonnier barbe - crochu. Cette efpèce de
Cotonnier porte le nom de red chanks, dans les
deux Ifles, Saint-Thomas & Tortola, où on 1©
cultive fans mélange. A Sainte-Croix, & la Trinité
, on le cultive également, mais toujours
entremêlé avec d'autres Cotonniers, fur-tout avec
l’annuel. Ce Cotonnier arrive à une hauteur de
fix pieds, & une largeur à - peu - près égale. Le
Coton qu’il produit eft égal en bonté à celui que
porte le Cotonnier annuel. Il ne donne qu’une
.récolte par an, qui quelquefois ne réufîit pas.
Lorfqu’on foigne cet arbre comme il faut,
on peut compter fur cinqoncesdeCoton épluché.
Le Cotonnier annuel, err Anglois Year-round.
Il y a deux efpèces dont l’une eft le gros, l’autre
lé fin.
La première efpèce eft cultivée depuis très-
long-tems dans les Ifles Danoifés. Il porte encore
le nom de rum - Coton, ce qui veut dire Coton
à rum. Ce nom lui a été donné, parce que les
Planteurs étant anciennement peu riches en ef-
pèces, envoyoient ce Coton enguife de paiement
chez le Marchand dé rum ou d’e a u -d e -v ie ,
lorsqu'ils avoient befoin de cette denrée. Ce Coton
fc cultive également en quantité à la Jamaïque
& à Sainr-Dotningiie-, de-là lui vient le nom de
Coton de Jamaïque ou de Saint-Domingue, fous
lequel on le trouve fouvent dans le Commerce.
Lorfque je commençois à m’occuper dé cette
culture , je parcourois avec foin les différentes
cotonnières de mon Ifle en demandant aux
Planteurs le nom de l’efpèce qu’ils cultivoient,
j’éus toujours laréponfe que c’étoit le Cotonniej:
annuel ou le Year-round. Un léger examen fuf-
fifoit cependant pour me convaincre qu’une
feule plantation renfermoit fouvent cinq à fix
efpècés, comme le prouvoient dans la fui e les
femences que j’examinois félon ma méthode.
Les efpèces que j’ai indiqué fous les noms de
Cotonnier barbe pointue, barbe à crochet , Cotonnier
fauvage, étoient tous confondus avec le
véritable Year-round ou Cotonnier annuel. Mai,$,
outre la différence frappante qui exifteentre lés
femences de ces efpèces & le Cotonnier annuel,
leur culture & le produit en Coton , m’ont
prouvé que ce font des efpèces bien prononcées.
Le véritable Cotonnier annuel fe difiingue
toujours par fa femence dont la pointe eft en-
B b b b i j