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de la marée baffe : elles ne font compofées que
de coquillages de toutes fortes, fur-tout de périme
les , de moules, &c. Les Gens du pays viennent
avec des chaloupes, pendant la baffe-eau,
& emportent des charges entières de ces coquillages
: ils les laiffent en tas fur la côte, jufqu’à ce
qu’ils foient fecs -, enfuite ils les emportent dansdes
chaloupes , en remontant les rivières * & après
cela dans des facs, fur des chevaux, l’efpace de
fix ou fept milles dans les terres. On en emploie
quelquefois quarante, jufqu’à quatre -vingt barils
pour un arpent. Ces coquillages font bien dans
les terres marécageufes , argi lieu fe s , humides,
ferrées, dans les bruyères ; mais ils ne lont pas
bons pour les terres fablo-nneufes. Cet engrais
dure fi long-rems , que perfonne ne peut en déterminer
le terme *, la raifon en eft vraifemblable-
ment que les coquillages fe diffolvent tousles ans,
petit à petit, 'jufqu’à ce qu’ils foient entièrement
épuifés , ce qui n’arrive qu’après un teins confî-
<1 érable , au lieu que la Chaux opère,tout d’un
coup ; mais il faut obferver que le terrain devient
te l, en fix ou fept ans, que le bled y pouffe
trop abondamment, & donne de là paille fi longue,
qu’elle ce peut fe foutenir. Pour lors, il
faut laiffer repofer la terre un an, ou deux, afin de
ralentir la fermentation, & d’augmenter laconfif-
tance du fo l; après quoi, la terre rapportera, &
continuera pendant vingt, ou trente années. Dans
les. années où'on ne laboure point la terre, elle
produit un beau gazon, émaillé de marguerites-,
& rien n’eft fi beau que de voir une montagne
haute & efearpée , qui, quelques années auparavant,
étoit noire debruyèrës, reparoître tout d’un
coup couverte de fleurs & de verdure. L ’engrais de
coquillages rend lé gazon plus fin, plus épais & plus :
beau. Cet amendement contribue à détruire les .
mauvaifés herbes , ou du moins, il n’en produit
pas comme le fumier. Telle eft la méthode dont
on fe fert pour améliorer les terres flériies & marécageufes
: on remarque que les coquilles réuflif-
fent mieux dans les terrains marécageux, où la
furface eft de tourbe, parce que la tourbe eft le •
produit des végétaux réduits en terreau, & dont
les parties falines ont été'entraînées par l ’eau.
Nous terminerons cet article, par une obferva-
tion que nous avons déjà faite fur l’emploi de
la Chaux pure, ou mélangée dans Tétât folide, ou
fluide5 ç’ eft qûe les coquillages, confidérés comme
engrais, ne font pas également avantageux
par-tout , que leur efficacité dépend, non-feulement
de la qualité du fol où on les m e t, mais
encore du climat. Dans les cantons méridionaux,
ils nuifent plutôt à la végétation qu’ils ne la fa-
vorifent-, vu que les chaleurs font trop vive s,
les pluies rares & peu abondantes : ils ne font
donc véritablement utiles que dans les pays froids,
humides, & principalement dans les terres fortes,
à quelques pouces de profondeur. Lorfqu’on
.veut s’en fervir pour les terres fèches, légères,
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il faut les mêler avec les fumiers ordinaires, &
les laiffer ainfi enfemble, pendant quelque teins,
avant de les employer-, le mélange alors, transporté
fur les terres, & enterré, dans tous les cas,
par un bon labour, devient trèi-effiçace, produit
un bon effet.
Sans infifter fur les effets particuliers attribués
à la Chaux, pour échauffer un terrain , ou une
végétation languiffame,nous observerons que,mife
fur les.pla tes-bandes qui font aux pieds des efpa-
liers, elle augmente la fécondité des arbres &
améliore la qualité de leur fruit; ce qui a fait
foupçonber, à quelques économes , que dans
les cantons où la vigne ne donne que de mauvais
vin , la Chaux fubftituée au fumier, procu-
reroit une vendange abondante , & une meilleure
boiffon. Les propriétaires des vignes devroient
faire quelques tentatives -, car la prudence im-
pofe la loi de faire deseffais, avant de fe livrer à
des opérations qui peuvent entraîner des dépen-
fes. Il faut prendre garde, en Agriculture, de
donner naiffance à des préjugés. La bonté d’une
pratique eft compromife fonvent par ht feule
manière défeélueufe avec laquelle on procède à
fon exécution. ( Af. P arm ent ie r .)
CHEF. Terme fynonyme de pièce. Ainfi on dit,
i cent Chefs de volaille, pour dire cent pièces de
volaille. Il s’applique aufli aux bêtes à cornes &
à. laine, quand on fait le dénombrement de ce
qu’on en a,oudece qu’on en vend; on dit Chefs
de bêtes a cornes , cent Chefs de bêtes a laine. Le
mot Chef ne s’emploie cependant guères que
quand la colieélion eft un peu confidérable , &
l’on ne dira jamais deux Chefs de bêtes à cornes.
Ancienne Encyclopédie. ( M. l'Abbé Tessier.)
CHELIDOINE, Chelihonium,
Genre de plantes, voifin de celui des P avots,
dont il ne diffère que par la conformation du
fruit , qui eft alongé, en forme de filique, &
non ovale ttonqué au fommet, comme dans ce
dernier genre.Une ftngularité des Chelidoines connus
, c’eft la coloration dn fuc quelles contiennent.
Efpèces & variétés.
i . Chelidoine communè, l’Eclàire.
Cb e i id o n i vm - majus. L. *lfi. fur les vieux
murs, décembres, & près des hayes ombragées.
B. Variété a feuilles découpées,
Chezivonium laciniatum. Mill.
C. Variété à fleurs doubles.
i . Chelidoine glauque, le Pavot cornu.
C h e l i d o n i v m glaucium. L. ©•
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des lieux fablonneux de l’Europe tempérée.
3'. Chelidoine à fleur rouge.
C h e l i b o n i u m c om ic u la tum . L. de l’Allemagne
& du midi de la France.
B . C h e l i b o n i u m g la b rum . M i l l .
4. Chelidoine à fleurs violettes.
4 . Chelibonium h y b r id um . L . 0 . d e s c h a m p s
d e l ’E u r o p e m é r id io n a l e .
La première efpèce efl une plante touffue ,
& d’un port agréable. Son feuillage eft bien
garni, & d’une teinte agréable. Aucune plante
avec le violier commun , ne garnit mieux les
vieux murs, les m azurés & les décombres. On ne
peut que trop les multiplier dans les fîtes de ce
genre , fur - tout lorfqu’un certain degré d’humidité
lui donne tout fon développement. On
cultive dans les jardins les deux variétés de cette
plante, principalement la fécondé ; la première
ne fe trouve que dans les jardins des. curieux.
Elle eft remarquable par fes pétales frangés, mais
elle eft moins décorante que l’autre.
C u ltu r e . La Chelidoine réufîit très-aifément,
fur-tout dans les terres humides ou fréquemment
arrofées; on multiplie la variété double de graines,
toutes les parties fexuelies n’étant pas altérées par
cette multiplication des pétales , ces graines fe-
roées au Printems, lèvent en peu de tems, &
les jeunes plantes n’exigent aucun foin, qued’être
débarraffées des mauvaifés herbes, & d’être arrofées
lorfque la terre fe deffèche. Elles doivent être
éclaircies à mefure quelles font trop près les unes
des autres -, mais l’époque où on doit les mettre
dans les places qu’on leur deftine ne doit être
que l’Automne.
On multiplie aufli- la Chelidoine en éclatant
fes racines ; cette opération doit fe faire en Automne,
plutôt qu’au Printems, à caufe de fa
vernalité. Dès l'année fuivante , lés oeilletons
un peu forts donnent des fleurs. La variété à
pétales frangés delà Chelidoine fe conferve même
de graine. Miller dit en avoir cultivé de cette
manière, pendant quarante années , qui ont
toujours eu la même différence : d où il avoit
conclu que cette plante conftituoit une efpèce.
Les opinions font encore partagées. .
L e s t r o i s a u t r e s efpèces d e C h e l i d o in e f o n t d e s
p la n te s a n n u e l le s o u b is a n n u e l le s : c e l l e , n / 2 , e ft
l a p lu s c o n n u e d a n s n o s j a r d i n s , o ù f o n v e r d
b le u â t r e , f a f l e u r j a u n e , & p lu s e n c o r e f o n v o l
u m e , lu i o n t a f li g n é u n e p l a c e . O n l a f èm e a u
P r in t em s -, d a n s le s l i e u x o ù o n v e u t l ’é t a b l i r ; u n e
m is q u ’ e l l e y a m û r i d e s g r a in e s , il e f t in u t i le
d e la f e m e r , e l l e f e r e p r o d u i t p a r l e u r difperfion ,
& 'S é t e n d a u p o in t q u ’ o n e f l f o r c é d e la d é t r u i r e .
Les f le u r s f e fu c c è d e n t p e n d a n t long-rems, &
produifent u n e f f e t a g r é a b le . .L e s e fp è c e s n . os 3 &
4 > o n t u n e f l e u r r o u g e & v i o l e t t e , m a is d ’u n e
grandeur b e a u c o u p moindre q u e c e l l e d e l ’ e f p è c e
j S -2.. L e u r f e u i l l a g e , d ’a i l l e u r s p lu s o r d in a i r e ,
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! répandroit moins de diverfité, dans les maffes qui
coinpofent les parterres.
On cultive ces Chelidoines dans les parterres;
on poui roit-aufli les établir dans les mafures des
décombres, & dans les fîtes,agrefles des payfages;
mais ces fîtes devroient êt.e fablonneux, fans
cela la plante ne pourroit y profpérer.
M. Dambourney a cherché à fixer le principe
colorant dit fuc de Chelidoine, mais fans aucun
fuccès. (A/. R eyn ier .)
CHELIDOINE en arbre. Les habitans des Antilles,
dit Nicholfon, donnent ce nom au Bocco—
nia frutefcens , arbi iffeau qui reffemble beaucoup
à la Chelidoine d’Europe, par fa forme & par
le fuc jaune quelle répand. Voye1 Boccone.
( M. R e yn ier .)
CHEMISE. On donne ce nom vulgaire à une
couverture mince , de fumier long, qu'on étend
fur les meules de Champignons, lbrfqn’elles ont
été parées. E o y q C iï a mpignon . (Af. Re y n ie r .)
CHEMISE des Dames! Nom donné par les
Angloisaux efpèces du genre du Cardamine. Voye1
l’article Cresson. [M. T houin'1.
> CHEMISE dé NOTRE DAME-de-LORETTE.
C’eft ainfi que quelques personnes appellent les
feuilles du Lviodendron tulipijera L .■ Voyez T ulipier.
(Af. T huoin.)
CHENAIE. Lieu planté en Chênes. Voyeç
Chêne-’au Diél. des Arbres.(M. T houin.)
CHENE. Quercus. Genre compofé d’un grand
nombre d’efpèces qui, prefque toutes, c roi fient'
en pleine terre dans notre climat. F ô yq Chêne
au Dictionnaire des Arbres & Arbuftes. ( M.
T houin. )
CHENE noir d’Amérique. On donne ce nom
à Saint-Domingue à une efpèce de bignone dans
l’Encyclopédie fous le nom de Bignone à feuilles
ondées. Son bois dur, l’un des meilleurs de cette
Ifle, lui a fait donner ce nom. Voye\ Bignone
n.® 2. ( M. Re yn ier .)
CHENE PETIT. Nom vulgaire du Teucrium
Chamodîys L. dont l’analogie avec le chêne eft
encore inconnue. Voy. Germandrée officin
a l e . ( Af. Re yn ier .)
CHENEVARD. Mauvaife manière de pronon-*
cer la graine du Chanvre ou Chenevi. Voyez
Cha n vr e . ( M. R e yn ier .)
CHEN E -YEU SE , Quercus Ilex L. Voye
Chêne V erd , n.° 14. (Af. T houin.)
CHENE VEUILLE Voye{ C h e n e v o t t e .
CHENEVI. Graine de Chanvre. Voy e[ C h an-
v r e . ( Af. l'Abbé Tessier. )
CHENEVIERE. C’eft la même chofe que
Chanvrière , c’eft-à-dire, un terrein où l’on
cultive ordinairement le Chanvre, dont la graine
s’appelle Chenevi. Voye\ Ch a n vr e .
CHENEV OTTE. "Partie dure des tiges du
Chanvre qui couvre la fi'afte. Voye[ Cha n v
re . (Af. l ’Abbé Tessier. )
CHENEVOTXgR. On dit qu’une plante Che*
M ij