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pis <Favoine
CH A. , en partie fains & en partie j
. charbonnés.
On a vu à l’article du Charbon dans le fro~ Y
ment, & à celui du Charbon dans 1*orge , dans J
le millet , dans le mais, qu’il le trou voir des
épis dont une partie étoit faine & l’autre char-
bonnée. Le même phénomène a lieu dans l’avoine
*, quelquefois c’eft la moitié de 1 épi qui 1
eft corrompue ; le plus fouvent ce n en eil qu une j
portion ou quelques grains feulement, encore j
nele font-ils pas toujours entièrement. Dans cette
circonflance, très- fréquente dans 1 avoine , la
poudre charbonnée eft retenue & comme en- ,
chaînée, en forte que les épis qui la contiennent
de cette manière, parviennent avec elle dans la
grange.
Analyfe chimique de la poudre d3avoine char—
honnie , comparée'avec celle
de l ’avoine faine.
On trouve, dans l’ancienne Encyclopédie, les
xéfutats feulement de i’analyfe de l avoine j- perforine
que jefache, n’a fùitl’analyfe de la poudre
d’avoine charbonnée. J’ ai cru devoir me conduire
à l’égard de cette maladie, comme à l’égard de l'ergot
& de la carie ( V oyc\ ces mots.), c eft — à —
dire , analyfer aufli en même-tems- le Charbon
& l’avoine faine.
Analyfe par la voit humide.
J’ai fait digérer pendant douze heures, dans
une livre d’eau , quatre onces de poudre d’avoine
charbonnée, & féparémenr ,: aufli dans une
livre" d’eau > quatre onces d’avoine faine : on a
bien de la peine à délayer cansleau la poudre
d’avoine Charbonnée à caufe de ion extrême
légèreté.
Les deux vaiffeaux ayant étéenfuire expofés
fur le même fourneau , à la chaleur d un bain
de fable, avec autant de foin que j’en avois
pris pour diflilier la carie & le froment , la
pondre- charbonnée d’av oine s’eft bourfoufftée y
-les grains d’avoine ne fe font pas gonflés fenfi-
blement , & n’ont abforbé que peu d’eaü ; les
liqueurs, qui ont pafié dans les récipiens, étoient
également limpides & incapables d altérer la teinture
bleue des végétaux.
Les réfidus des deux diftillations, après avoir
bouilli dans de l’eau, que j’ai filtrée & fait évaporer,
ont donné pour produi s; favoir , la dé-
cetfion de poudre d’avoine charbonnée, cinq
-gros & demi d’une matière tenace, qui avoir
une faveur amère & toutes les qualités des extraits
& ladécoéHc.n d’avoine, un gros & quel-,
ques grains feulement d’un extrait brun. Dans
1 analyfe du froment., j’avois retiré fix gros &
demi d’une matière gélatineufe qui ê.tôit un
Véritable amidon.
Ç H A
Si l’on abandonne à elle- même une fîmple
infufion d’avoine charbonnée , an bout de Loi—
xante heures , l’eau fe couvre à la fiirface d’un
peu de moifilfure, contrarie une odeur de pu-
tréfaèiion., St verdit le fyrop de violettes : mais
de l’avoine faine , traitée de la même manière,
ne s’altère pas du tout dans un pareil efpa.ee
de tems ; il lui faut deux jours de plus pour
qu’elle pafle fenfiblemem à la fermentation putride
: le froment ne fe corrompt pas aufli promptement.
Analyfe . par la voie seche f ou a feu nud.
Quatre onces de poudre d’avoine charbonnée,,
& quatre onces d’avoine faine ont été miles, fé-
parément dans des cornues, & expolées fur le
même fourneau , à la chaleur dun icu de ré-»
verbère.
La liqueur que la poudre d’avoine charbonnée
a fournie , dans les premiers inlfons de la diftilla-
tion , étoit limpide ; celle qui lui I fuccédêa pris, •
par degrés, une couleur rougeâtre ; elle étoit
âcre & acide , puifqu’elle rougiffoit la teinture
des végétaux-, j’en ai retiré une once & trois
gros.
Enfuite , il a paffé deux gros d’une huile em-
pyréuni?.tique de ccnliftanee moyenne , d une
odeur défagréable., que je compare à celle de
l’huile empyreumatique du tartre ; il refloit dans
la cornue une' matière charhpnneufe , (lu poids
• d’une once & deux gros & demi : ç’étoit une
fubflance allcliee, fans éclat,.très - fine, fpon-
gieufe, & formant un très-bau noir de fumée.
De la poudre d avoine chai bonnée , rrnfe
dans un creuiet expofé à un grand fa i., y brû-
loit en jettanr une flamme blanche ,.qui s’éleyoït
très-haut: Le creufét étant retiré , là .matière
qu’il coîirenoit ccminua à être en ignition pen-
! dant plus de cinq heures , à la manière du py-
! rophore , chaque fôisqu’on l’agitolt. f
La diftillation de l’avoine fainf a donné une.
liqueur acide. & piquante, qui bien-tôt a. paru
"un rouge foncé, du poids d’une once deux gros-
t demi-/elle aéré fuivie d’une once d’huile
mpyreumatique, à-peu-près de la confiftance
u froment. Le Charbon avoit confervé la forme
es grainsils étoient moins brillans cependant
ue ceux du froment & de la carie : 1 intérieur
e la cornue avoit aufli moins;-d’éclat. Ce Cbar-
,on , qui étoit alkalin , pefoit une once & un
iemi-gros. Les réfultats de l'an al y fe de 1 avoine
aine à feu nud , qu’on trouve dans rEncyclo-
rédie ancienne, ne diffèrent pas de ceux - -ci ;
1 n’y eft pas queftion d analyfe faite par la vote
lumide. ' .. , >
A l’aide des moyens dont j ai parié , torique
’ai expofé l’analyfe de la carie,, j’ai retiré ]cs
•as contenus dans une demi - once de poudre
c H A*' y*
nd’avoinê charbonnée, & dans une. demi-once
d’avoine faine.. L ’avoine en a laifté échapper
quatre-vingt pouces cubes , dont les premières
portions étoient de l’air fixe , quia été en grande
partie abforbé par l’eau , dans laquelle j.e 1 ai
agité. Toutes les portions fubféquentes conte-
noientunpeu d’air inflammablemêlé de beaucoup
d’air fixe; car en ayant agité dans l’eau fept
pouces , pris dans la dernière portion , ils fe font
réduits à cinq. On peut comparer les fluides;
aëriformes, qu’on retire de la poudre d’avoine
charbonnée à l’air inflammable des marais-, ou
plutôt à celui que fournit .un mélange de craie
& de Charbon de bois.
Sur foixante-cinq pouces cubes de gas, que
j’ai obtenus de l’avoine faine, trente -u n pouces
•n’étoierir prefque que de l’air fixe pur. En ayant
féparé feize de ces premiers, pour les agiter dans
l ’eau, ils ont été réduits à huit, qui.ont pris
feu rapidement : il y avoit donc déjà moirié
•d’air inflammable , qui a répandu, à l’approche
:d’une bougie , une flamme bleue , de longue
durée , fans dètonnation ; les douze derniers
pouces’ fe font enflammés & ont détonné , d’où
il fuit que la poudre d’avoine charbonnée confient
plus de gas que l’avoine faine., & qu’elle
laiffe plus difficilement échapper fon air fixe,
puifque les dernières portions en donnent encore.
La partie colorante de la poudre d’avoine
charbonnée eft attaquable par l’acide nitreux,
qui, à flaide d'une douce chaleur, la diffout
entièrement avec effetvefcence , & en répandant
des vapeurs rutilâmes. Cette diflblutiôn , qui
entraîne celle de toute la poudre , eft d’un jaune
orangé.
Cës expériences font connoître , i.° que la
poudre d’avoine charbonnée contient une matière
extraélive, en plus grande quantité que
l ’avoine faine, dont cependant on en retire aufli,
au lieu de cette fubflance amidonnée que fournit
^évaporation de la décôélion du froment; i . 9
que dans la diftillatioB à feu nud, l’avoine donne
moins d’eau , plus d’huile empyreumatique, un
éfprit plus roux & un Charbon plus pefant que
n’en donne l’avoine faine. Au refte, le Charbon
■ de l’une & l’autre fubflance eft alkalin, & les
efprits font acides.
M. Parmentier ayant analyfé chimiquement
ia.pouftîère du maïs - charbonné, en a obtenu
un acide, de l’huile & de l ’alkali .volatil ,&. par
l’appareil pneumato - Chimique de l ’air fixe & de
l’air inflammable en diverfes proportions. La
pouflière du maïs charbonné , d’après M. Parmentier,
jeitée fur le Charbon rouge, s’enflamme
en décrépitant-; bouillie dans l’eau, elle la colore,
& fournit une matière extraéiive &du feî
înàrkii
C H; A
Des caufe s du Charbon.
On s’ëft moins occupé de la recherche des
caufes du Charbon que de celles de l’ergot, de
la rouille 81 dé la carie ( Voye^ ces mots ) , parce
que ces trois dernières maladies ont été regardées
comme plus préjudiciables, foit à la fauté des
hommes ou dçs beftiaux, foit à la fortune des
Cultivateurs. Cependant, par.les calculs qui fud-
vront, on verra que le Charbon qui attaque
plufieurs fortes dé grains, méritoit qu’on y fit
un peu plus d’attention. Lorfqu’on a voulu en
expliquer lès caufes, les. opinions adoptées fur
les autres maladies des grains fe font reproduites,
& le Charbon a aufli été attribué aux engrais ou
aux brouillards, ou à l’humidité du fol, ou à des
infeéies, ou à un défaut de fécondation. .
Pour répondre à ces diverfes opinions , il fiif-
firoit de renvoyer à ce qui a été dit à l’article
des caufes de la carie ; mais je crois devoir rapporter
ici quelques faits, qui mettront aifé-
ment le leéleur lur la voie , & fixeront fa manière
de penfer. J ’ai vu des épis charbonnés
dans des champs fumés avec des fumiers de vaches.
de chevaux, de moutons ; avec du crotin
dè volailles, avec des décombres de bâtimens,
avec des terres, ou enlevées de la furface des
jardins f ou dès berges de foîFés. Il y a eu moins
d’épis Charbonnés, dans quelques cantons, en
1782 , année pluvieufe, qu’en 1777, 1778, 1779,
1780,1781, années sèches. Du froment que j’ai
femé plufieurs fois de fuite , dans un vallon marécageux
, & expofé aux plus grands brouillards,
n’a pas produit d’épis Charbonnés. MM.Tillet &
Duhamel penfent qu’on ne peut' attribuer le
Charbon à des piqnures d’infeÀes, qnoiqu’on en
trouve fur des épis Charbonnés quand ils font
jeunes ; mais il y en a aufli des mêmes efpèces
fur des épis fains ,& je puis afîurer que le nombre
des infeéles qu’on découvre fur les grains eft
confidérable. La carié me paroîtroit plutôt due
à un défaut de fécondation, que le Charbon ;
parce que les étamines des grains cariés ne contiennent
pas de pouflière fécondante , & le piftii
n’eft pas organifé convenablement. Mais eft—il
néceflaire que les bâles foient détruites, comme
elles le font dans le Charbon, pour que la fécondation
manque? M. Aymen afliire qu’on
Voit dans certains genres de plantes, par exemple,
dans le maïs, des fleurs mâles attaquées de Charbon.
On ne peut donc admettre ces caufes ,
pour expliquer ce qui donne lieu au Charbon.
M. Aymen croit que cette maladie provient d’un
ulcère , imperceptible à l’oeil, mais vifïble à la
loupe , lequel fe forme fur. les femences, & fe
communique aux différentes parties de la fleur.
Des grains fur lefquels il avoit obfervé ce petit
uleère , qui reflëmble à un peu de moififfure,
.produifirent- des épis charbonnés..En fuppofant
qu’on conçut comment cette moififfure peut