
que les racines gagnent b ien tô t le fumièr,.& s’étendent
dans les côtés de la couche où les racines
les plus tendres lont expofées. à. l’air & au'foleil >
ce qui fane les feuilles pendant lachaleurdirjour ;
& iiferoit alors nécefiaire de- les couvrir avec des
nattes, pour prévenir leur dépéri ffement, &.de les
arrofer plus fouvent, pour les conferver, quoi-
quecela fuit très-préjudiciable à leurs racines :
au lieu qu'en couvrant les couches d’une largeur
& d’urfe épaiffeur de terre fuffifantes., les plantes
fupportent jufqu’à l'Automne la plus forte chaleur
du foleildans notre,climat, fans’avoir befoin
d’humidité , & fans que leurs feuilles puiflent en
fouffrir;
Les chaflis couverts de papier huilé peuvent
être faits de différentes manières; il y en a qui ref-
iemblent à la couverture d’un grand charriot ou
d’un fourgon. La partie inférieure d’un pareil
châlits conlifte ejj un cadre de bois de cinq ou lix
pieds de largeur, fur dix de longueur; cette meu
r e correspond à la largeur&à la longueur d’une
couche;'s’il étoit plus large ou plus long, on ne
pourroit le remuer qu’avec beaucoup de peine.
Ce cadre peut être fait en lattes tie lapin, de cinq
ou lix pouces de largeur, & de trois ou quatre
d’épaifleur, pour y fixer les extrémités des demi-
cercles de bois que l’on tient dans leur polition,
par le moyen dlune lame mince de bois, qui pâlie
au haut des çhalfis par toute la longueur du
chaftis. La diftance d’un cercle à 1’autre.doit être
d’un pied , ou quelque chofede moins, félon la
largeur du papier ; pour que l’eau des pluies
ne pujffe point enfoncer ce papier , il faut chercher
à le.maintenir à l’aide de quelques ficelles
que l’on fixe aux cercles de chaque extrémité,
& qui s’étendent d’un bout à l’autre.
. Une autre efpèce de chalfis fe fait en forme
de toit. Ce chalfis eft plus commode que le précédent
; car on peut ,y faire des volets de deux côtés
que l’on ouvre quand le tems eft beau du.côté
oppoféaubas. Le cadre d’en-bas peut être fait fur
les mêmes dimentions que celui du premier chaf-
fis; mais les côtés ne demandent pas un bois aulfi
fort ; il fuffit d’employer des lattes minces de trois
ouces de largeur > fur un pouce d’épaifleur, &
ongues félon la hauteur que i’on veut donner au
çhalfis ; elles feront allez fortes d’après cette me-
fure, parce que, au Commet ou elles font l ’angle,
le bout entre dans une morraife faite dans un
morceau de bois de la longueur du chalfis qui les
maintient dans la pofition nécefiaire. Pour conferver
Îi
le bois du çhalfis contre l’humidité, qui le}
détruiroit bien-tôt, il eft néceffaire de le couvrir
d’une compofition qui en prolonge la durée. Cette-
compofition conlifte en lix livresdepoix, unede-
mi-livre d’huile de lin & une livre de poudre de
briques l>ien tamifée ; on fait fondre le tout fur
un feu lent, 8c on en enduit lç bois avec un
pinceau , tandis que le mélange eft encore chaud.
J^orfque pet çnduit eft feç, il devient fort dur, j
& forme un ciment que l’humidité ne fauroit pénétrer.
Quand les chalfis ainfi enduits-font parfaitement
fecs , on colle le papier deffus.. Le meilleur
papier que l’onpuifle employer à cet ufage
eft un papier moitié blanc, qui vient de Hollande,
dont on fe fertordinairement pour enveloppes;
il elt fo r t, & , lorfqu’i! elï huilé, il eft allez tranf-
parent, & laiflè pàffer lesvrayonsde lumière. On
colle le papier avec de l’empois fur les chaflis ;
quand l’empois eft parfaitement fec j on le frotte
avec de l’huile de lin , qui le pénètre aufli-tôt
de manière qu’il n’ell pas même nécefiaire de le
frotter de deux côtés. En. collant le papier, il faut
tâcher de le tendre aulfi uni que polfible, & de
le coller bien exaélement fur les traverfes & les
ficelles, pour empêcher que le vent ne le foulève
& ne le déchire. .
Ce qu’on dit de ces cadres à l’article de la culture
des melons fuffira pour, donner une idée fur
Pufage de s’en feîvir. On obfervera feulement ici
de ne pas tenir ces chalfis trop pies: des plantes,
de peur qu’elles ne filent & ne s*afFoiblifrent,&
enfin qu’elle^- aient allez d’air , à proportion de
la chaleur deia faifon. Ces chalfis de papier font
abfolument néceffaires pour la culture des melons,
& encore meilleurs, pour couvrir les boutures
des plantes exotiques.
Comme ce papier ne dure guères.plus .d’une*
année , -il faut le renouvelle* à chaque Printems;
mais, quand les cadres font bien conftruits , &
qu’on les met à l’abri de l’humidité ajfrès s’en
,être fervi, ils peuvent durer plufieurs années ,
fur-tout fi on a le foin de lès placer fur des rouleaux
de paille pour les garantir de l’humidité.
Au lieu de papier, j’ai vu employer une toile
blanche allez fine, également imbibée d’huile de
lin ; cette toile réfifie mieux an£ intempéries que
le papier ; mais fon emploi fera peut- être moins
commun que Celui du papier, àcaufe de.là cher--
té de la toile, quoiqu’une plus longue durée
oompenfe en partie les frais du premier dé-
bourfé. '.
Le C o ncom bre commun ou cultivé. Il eft
difficile d’indiquer avec certitude le pays natal
de cette plante ; on fait qu’elle eft cultivée,
depuis quelques fiècles, en Europe; comme
elle fe montre, toujours très-fenfible au froid,
nous préfupions, avec quelque vraifemblance,
qn’elle nous eft venue des pays chauds. On conçoit,
facilement qu’une plante que tous les Jardiniers
cultivent avec emprefièment, & que tous les
particuliers cherchent à élever dans leurs potagers,
& à laquelle ils donnent fouvent les foins
les plus recherchés, ’ a dû s’éloigner infenfible-
ment de fon iype originaire, de façon qui!
eft impoftible de donner actuellement des notions
prédits fur ce fujet. Ç’eft à l’altération que la
différence du climat, ' du fo l , & le mélange
des efpèces ,; cultivées, fur la même; couche on
r fur la même plate-bande, a produit fur cette?
* ..... plante,
/
•plante, que nous attribuons les variétés que nous
poflédons actuellement dans nos jardins, & que
nous ne regardons que comme des efpèces jardinières.
On connoît cinq efpèqes de Concombres cultivées
en France :
i.° Le Concombre vërd, que l’on nomme
aufli Concombre à cornichons, parce que cette
efpèce eft ordinairement deftinée à être confite au
vinaigre.
i . e Le Concombre hâtif, moins gros que le
précédent, mais plus précoce; ces deux efpèces
le reflêmblent beaucoup , & ont été fouvent confondues
par les Jardiniers.
;.8 Le petit concombre hâtif, ou Concombre
à bouquet. Le fruit naît au fommet de la tige
par bouquet de trois à quatre. Les tiges font
alors droites, & à mefure que le fruit groflit ,
elles s’inclinent contre terre & finiffent par
ramper, fans beaucoup s’étendre. Cette qualité
rend le Concombre, à bouquet très - commode
pour les couches & pour les clochesi, & ces
dernières feules font fouvent fuffifantes' pour
élever ce fruit. L ’écorce du Concombre, quand
il eft mûr, eft jaune, &. fa longueur ordinaire de
quatre à cinq pouces;
4.0 Le Concombre verd ou perroquet. Ce
nom lui a été donné à caufe de fa couleur ;
il acquiert le même volume que le Concombre
commun.
5.8 Le Concombre blanc. Il acquiert plus
de volume que les autres efpèces précédentes,
fur-tout dans les Départemens méridionaux de la
France. Nous ignorons à quelle efpèce jardinière
l’on doit rapporter deux efpèces de Ccyicombres,
dont parlent le nouveau Laquintmie & M. Def-
combes. Voici ce qu’en dit le premier : « Le
Concombre noir pouffe quelquefois trois tiges,
le plus fouvent une. ou deux très - groffes | à
cinq faces ou cannelures, creufées en étoffe,
longues de deux pu trois pieds, droités tant que
le fruit ne les fait pas ramper. Les feuilles y
naiflent dans un ordre alterne, fort près les
unes des autres ; elles font grandes, portées par
des quèues çreufes, de cinq à fix lignes de
diamètre fur douze à quinze pouces de longueur,
portées pat des pédicules longs de trois-à quatre
pouces. Les fruits acquièrent au moins un pied
de longueur fur trois à quatre pouces de diamètre,
& font relevés de plufieurs petites côtes
fuivant leur longueur. Leur écorce raboteufe
devient d’un verd prefque n o ir , quelquefois
marbré ou rayé de blanc ; la chair eft sèche &
tire fur la couleur jaune. »
L’autre efpèce eft le Concombre de Barbarie.
Laquintinie en dit : « Ses farmens ou tiges s’étendent
prefqu’auffi loin que celles du précédent.
Ses feuilles & toute la partie de la plante font
jjn peu moins grandes que celles du potiron.
La plupart de fes feuilles font palmées PU dé*
dgnculturç» Tome III»
1 coupées très-profondémenr. Les fruits qui ont
près de deux pieds de longueur fur neuf ou dix
pouces de diamètre, font d’un verd très-foncé.,
quelquefois marbrés de verd plus clair ou de
blanc, rarement de jaune. La chair eft sèche
& un peu pâteufe. Le feul mérite de ce gros
Concombre efi de fe conferver en lieu fec jufqu’à
la fin de Janvier. »
Culture des Concombres.
Les Concombres fe cultivent en pleine terre
ou fur des couches. La première culture ne
peut avoir lieu que dans les provinces méridionales
de l’Europe; on peut, dans ces climats
chauds, jouir de ces fruits prefqu’aufii -
tôt qu’on en jouit , à l’aide' des couches ,
dans les provinces feptentrionales. On eft cependant
venu à bout, dans des climats qui paroiflene
fe refufer à la culture des Concombres, comme
en Allemagne & en Angleterre, à les cultiver-
en pleine terre & fans des foins trop recherchés ;
le feul inconvénient qui en réfulte, c’eft de
• n’avoir -des fruits qu’au mois de Juin & de
Juillet. Ceux qui veulent en jouir plutôt font
obligés de. fe fervir des couches.
Les habitans des provinces du Midi sèment
les Concombres en pleine terre, au mois de
Mars, dans un endroit abrité; plus tard, cette
culture n’exige plus d’abris. Ceux qui en sèment
très-tard, par exemple, au mois de Juin & de
Juille t, pour avoir des Concombres pendant
l ’arrière-faifon-j ne feront pas mal de couvrir
les plates-bandes avec-des paillaflons, pour garantir
leurs plantes contre les froids des matinées
en Automne.
En Allemagne, on cultive les Concombres,
en plufieurs endroits , en pleine campagne 5 voici
la méthode que l’on fuit aux environs de la
! Ville d’E rfort, connue pour le grand commerce
1 qu’elle fait de ces plantes & gi aines potagères.
I On sème les Concombres à la mi-Avril ou au
j commencement de Mai, dans un terrein bien
j fumé & labouré profondément avant l’Hiver ;
on préfère , pour cette culture, les champs qui
ont fervi, pendant un ou deux ans, à la culture
des choux. En cas de befoin , on emploie également
un terrein nouvellement fumé, pourvu
que le fumier foit bien pourri & fans paille.
Sur un terrein ainfi préparé, avant l’Hiver, on
répand , en Avril & Mai, la femence des Concombres
par pincées allez claires ; chaque pincée
doit être éloignée l’une de l’autre au moins de
neuf pouces. On enfouit alors les femences avec
une houe, en faifanr attention de ne point les
enterrer trop profondément; avec une efpèce
de petite herfe de jardin, ou de grand rareau,
on égalife enfuite la terre. Lorfque les plantes
. des Concombres ont pouffé la quatrième feuille,
on commence par les farder & les butter légè-
1 > rement. Quelques femaines après, on répète