52. C Ii-A
j, comme incertain 6t inégal. Il ell quelquefois
ponrriflanti .
jj salva de Barcelone propofe aux Cultivateurs,
nui ne font pas'à portée de l'eau, un rouillage
analogue à celui qui fe fait dans la terre, à
quelque différence près ; on pourrait l'appeller
A«, fur terre. H faut, pour l’exécuter, préparer
dans la clienevière même une grande place
„narrée la dore de palis ou de claies , les revêtir
de paille ou de rofeaux. La place doit
être unie decouverte de pierres ou de bois. On
trempe le Chanvre dans l’eau, à moins qu Une ioit
verd ou nouvellement arrachéton arrange les bottes
les unes fur les autres, dans la place préparée,
• comme dans un.routoir; on les recouvre de
paille,'de manière que rien ne s en échappe, fl
s’excite une fermentation utile à la déiumon
des parties liées entr’elles. Au bout de quinze
jours, on examine fi le rouillage efl complet. Il
peut durer jufqu’à vingt jours. M. Salva n a
fait qu’une fois cette expérience , qui mériterait
d’être répétée. Le Chanvre étoit taché.
Après le rouiffage dans la terre ou fur la terre,
on lave le Chanvre & on le fait fécher.
Ce rouiffage ne laiffe échapper d autre exha-
laifon que celle de l'odeur de plantes renfermées.
Dans le cas où on auroit à en craindre quelque
chofe fur - tout fi on faifoit rouir une grande
quantité débottés, il fuffiroit d’ouvnr la folle
p eu -à -p e u , & à plufieurs endroits à-la- fois. I
r En 1788 & 1789, j’effayai le rouiffage dans
la terre en le variant un peu pour voir de
quelle manière il réuffiroit le mieux. D abord
une foffe fut faite dans une terre légère & en
partie fablonneufe , qu’on revêtit de toute part
de rofeaux. On la recouvrit d’une couche de
terre fur laquelle je fis jetter quelques maux
d’eau. Lorfque, d’après l’indicateur, je jugeai
à propos de retirer le Chanvre, je trouvai beau-1
coup de bottes pourries. C’étoient fur tout celles
qui avoifinoient les parois & les indicateurs. Le
refle étoit caffant. Pendant le tems qu avoir duré
je rouiffage, il avoitfouvent plu. Je choijisun ter-
rein plus compaél, pour y pratiquer uneautre rois
une foffe i elle fut aufli garnie de rofeaux. Le
Chanvre y étant mis, on l’arrofa & on recouvrit
comme la première fois ; auboutde 1 1 jours,
l’indicateur, annonçant un rouiffage très-avancé
je retirai îe Chanvre;il n’y avoit de pourri
que les endroits où l’eau avoit pénétré. Les
autres bottes n’étoient pas fuffifamment rouies.
Enfin on remît dans la même foffe du nouveau
Chanvre , mais fans la garnir de rofeaux.
Au lieu d’arrofer le Chanvre dans la foffe ,
on le trempa dans l’eau auparavant & on le fit
égoutter. Dix jours après, il parut allez roui
d’après le rapport de l’indicateur; mais, quand
il fut retiré, je trouvai des poignées affez rouies,
d’autres, qui l’étoient moins, d’autres qui ne
J’étoicnt prefque pas. Dans certaines bottes,
l’extrémité fnpérieurc des figes étoit-trop avancée
& l’extrémité inférieure étoit trop peu rouie.
J ’avois pris par coinparaifon chaque fois du
.Chanvre rouir foit à l’eau, foit à la rofée; celui
ci fut parfaitement roui. J’en ai conclu qu’on
ne pouvoir guères - compter fur le fuccès du
rouiffage dans la terre, parce qu’il efl trop
inégal & trop incertain. Il efl pqfîible que ,
plus étudié & plus perfeélionné, il devienne
très-avantageux. 11 faudrait que quclqu un f c ,
chargeât d’une fuite d’obfervations & d'expériences
fur cet objet,
Rouiffage h la gelée.
Pour faire rouir à la gelée , il faut expofer
le Chanvre, après l’avoir bien mouillé, à l’aétion
ds ect a^ent. On le réferve à cette intention
depuis la récolte, en le confervant féchemer.t.
Cette efpèce de rouiffage, comme on v oit, n’eft
pas le produit de la fermentation, mais une
divifion méchanique des parties conflifuantes du
Chanvre. La gelée refferre l’eau qurs’eft infirmée
par-tout, & défunit la filaffe & les fubflances
qui la lient. Ajirès le dégel, on fait fécher lé
Chanvre à l’air ou au hâloir. Dans le r.ouiffage'
à la gelée, la filaffe abandonne mal fa chevenotte.
Elleconferve un vernis, qui lui donne de l’éclat
fi de la dureté, qu’on appelle force. Le vernis
venant à fe difüper, la force n’a plus lieu.
Ce rouiffage , qui ne pourroit être pratiqué
que dans les pays* feptentrionaux,, n’efl pas répandu.
Il ferait plus commode que les autres,
& n’auroit pas les mêmes inconvéniens. Mais il
n’efl pas aufli fur que le rouiffage à l’eau & le rouif-
fage à l’air. On ne peut donc le confeiller à
ceux qui peuvent recourir aux autres.
On a remarqué un fait qu’il eftbon de confi-
gner. La gelée ayant pris de bonne heure en 1789,
on ne put, dans un Village auprès de Montdidier
en Picardie,retirer du Chanvre, retenu dans une
eau glacée.ll y refta plufieursmois & ne fut pas gâté.
" M. l’Abbé Rozier occupé de tous les moyens
de Amplifier l’opération du rouiffage , a effayé
fur le Chanvre les acides minéraux dulcifiés,
& les acides végétaux par ébullition, par macé-*
ration, par immeriion*, il a de plus expofé le
Chanvre à la vapeur de ces acides -, il s’eff même
fervi du foutre brûlant, comme les Teinturiers
s’en fervent pour la foie. Lje décruage du Chanvre
a eu lieu très - rapidement. La filaffe étoit
plus blanche que celle quon obtient par le
rouiffage à l’eau courante.
Séchage,
Suivant la pratique ordinaire, quand le Chanvre
efi bien roui, il efi néceffaire de^ le faire
fécher. On le met au très- grand foleil, & on
le conferve dans un endroit où il ne contracte
pas d’humidité. Comme il efi rarement affez feç
pour qu’on puiffe facilement en extraire la filaffe^
r au moment ’
au morhentde cette opération on l’expofe encore 1
fur un four, dans un four même , après que le
painenaété retiré, ou lorfqu’on l’a fait chauffer*
exprès à un degré- très - doux.
Dans la crainte qu’en paflàntle Chanvre au
four , on ne mette le feu à la maifon, on pratique,
dans beaucoup d’endroits, des hâloirs,
dans lefquelson en fait fécher à - la - fo is une
grande quantité. Les hâloirs font de petits bâti—
mens voûtés ou fans plancher, ou deshangards,
quelquefois des cavernes fous des rochers. On y
placé', à la hauteur de quatre pieds, dès bâtons
en travers, pour y p©fer du Chanvre de l’épail-
feu r d’un demi-pied. On fait deffous continuellement
un petit feu de bois fec ou de cheve-
nottes, ayant foin d’empêcher que la flamme ne
monte jufqu’au Chanvre, qui efl rrès-conbuftible.
On le retourne, afin qu’il sèche de tous les côtés,
& on en. fubflitue de nouveau à celui qui efi
hâlé fuffifamment.
Préparation du Chanvre quand i l a été roui
& J'éché.
Le Chanvre étant féché, il y a deux manières
de le dépouiller de fa chevenotte. L ’une de le
teiller pu tiller, l’autre de le broyer.
La première,la plus fimple des deux, efi pratiquée
par des femmes & des enfans même, qui gardent
le bétail. Elle Confifie à prendre féparémenr
chaque brin de Chanvre , à le brifer d’abord fur
le doigt à fept ou huit pouces du bas de la tige ;
puis, faifant couler un doigt entre la chevenotte
& l’écorce, à féparer la filaffe jafqu’au bout. On
traite ordinairement de cette manière le Chanvre
femelle,-fous prétexte que c’efi un moyen d’en
corriger la filaffe. Les payfans qui ne récoltent
que peu de Chanvre ou qui veulent occupper
leurs femmes & leurs enfans*, né le font pas
broyer.
, L ’inflrument qui fert à broyer le Chanvre
s appelle broyé, broyoire ou brie , ou broyoir,
J cran, bancelle y marque, mâchoire , &c. & i’opération
broyage ou férançage. u La broyé efi une
»efpèce de banc de bois, haut d’environ deux
» pieds & demi, fur quatre à huit pieds de longueur,
» & formé d-Lin foiiveau de cinq ou fix pouces
» d équarrifîage. Prefque toute la longueur du
» foiiveau efi creufée de deux mortaifes, larges
» de quinze à vingt lignes. Les languettes , for-
» niées par les deux entailles, font accommodées
» en tranchant. Une autre pièce de bois , arron-
» die au-deffus, & dont le deffous forme comme
» deux couteaux, qui -entrent dans les rainures
» de la pièce inférieure , efi affemblée en char-
m mère par un bout, près de l’extrémité de cette
» pièce, au moyen d'une cheville, qui laiffe le
♦ » mouvement libre ; ,l’autre bout efi fait en poi-
, gnée. »
« L ouvrier prend de là main gauche une
Agriculture. Tenu IJI*
» groffe poignée de Chanvre , & de l’autre la
» poignéede la mâchoire fupérieurë de la broyé.
» Il engagé le Chanvre entre les deux mâchoires j
» puis, élevant & baiffant avec force & à pln-
» iieurs reprifes la mâchoire fupérieure , il brife
» les chenevottes ; enfuite il les obligé à quitter
» la filaffe , en tirant le Chanvre entre les deux
» mâchoires* & quand la poignéè efi ainfi broyée
» jufqu’à la moitié de fa longueur , il la prend
» par le bout broyé, pour donner la même pré-
» paration à celui qu’il tenoit dans fa main.»
u Quand il y a environ deux livres de filaffe
» bien broyée, onia plie en deux, & on tord
» groffièrement les deux parties l’une fur l’autre ;
d c’eff ce qu’on appelle des queues de Chanvre ,
» de la filajffe brutey de la fUaJfc en brin ou fimple-
h ment du Chanvre. » Dict. Econ.
Une femme peut broyer ou férancer vingt à
trente livresde Chanvre par jour, & un homme
davantage.
Le Chanvre, qui rompt difficilement entre les
mains, n’efi pas toujours le meilleur. On doit
donner la préférence à celui qui efi généralement
le plus fin & le plus doux. La meilleure
épreuve efi d’en manoeuvrer un échantillon. Le
vieux Chanvre, reconnoiffabie à la perte de l’odeur,
s’affine mieux que le nouveau * mais il
fournit plus de déchet.
On efi embarraffé de décider lequel vaut
1 mieux du teillage ou du férançage pour la qua-
' lité de la filaffe. Le teillage" a cet inconvé -
nient, que rarement le Chanvre en efi également
long, & que les brins trop courts s’en vont en
étoupes *, le Chanvre ainfi préparé répand d’ailleurs
plus de pouffière que celui qui a été broyé,
parce que la broyé détache & emporte beaucoup
des partiesgomm'eufes, qui refieroient à la filaffe ;
il arrive quelquefois qu’en teillanc , des gens
avides tirent la fildfiè jufqu’au collet de la racine :
celle que fournit le bas de la tige , qu’on appelle
pattes, tombe quand on peigne *, mais le teillage
a l’avantage de laiffer moins de chenevotte,
& de procurer de la filaffe de bonne qualité,
quand on commence à teiller à quelques pouces
au - deffus de la racine. La broyé travaille le$
pattes autant qu’il efi poffible, & en détruit
ce qui n’eft pas de bonne qualité *, les fom mités
ou pointes , qui font toujours tendres , fedétrui-
fent par le teillage , comme par le férançage.
M. l’Abbé B rafle propofe de féparer, après le
rouiffage, la filaffe de fa chenevotte , par un procédé
qui fupplée au teillage St au broyage, .ou*
plutôt qui efi une efpèce de teillage. Dans, un
bac long de fix pieds, contenant quatre ou cinq
pouces d’eau , on étend cinq à fix poignées
enfemble. . On appuie fur elles une planche
longue de deux pieds, garnie de pointes de .lai ton
d’un manche. Alors on défile le Chanvre,
c ’eft- à - dire , on en extrait, la chenevotte très-i
fac ikoe en t. fi les poignées font bien tonies,