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femme, jufqu’au paiement total. L’établiffement
eft un objet ftablc & fixe , peu dispendieux ,
chaque édifice confiftàpt en écurie de cinquante
Chevaux, magalin à foin & à paille, grenier à
avoine, &. logement pour les employés au fer-
vice du haras-. D ailleurs cet objet n’eft point
d’une utilité particulière , propre à certain endroit
, indifférent à tous les autres, il intéreffe
toute la Provincè, il tient au bien général : quant
aux tirais de premier approvisionnement, ce font
les dépenfes que l’on eft obligé d’avancer pour,
mettre fon bien en valeur , & qui ^rentreront
par la fuite au centuple. En outre, le'bon quife
trouve chaque année fur la recette, dépenfe
déduite, eft affez confidérable pour Suffire à tous
ces objets en peu d'années. On le verra dans le
calcul ci-après. On obfervera que les étalons,
bien conduits, doivent être en état de fervir au
moins pendant fix ans-, la plupart font confervés
pendant huit & dix. Cette fomme annuelle que
l’on pourra mettre en caiffe, pendant ce nombre
d’années, produira un fond affez fort pour Subvenir
à toutes ces dépenfes. n
k D’ailleurs il eft des fonds affrétés aux'haras,
dont on pourroit aider ce nouvel établiffement,
s’il étoit approuvé, Sauf par la fuite à remettre
même ces avances. »
u On peut conclure de tout ce que nous venons
de dire, qu’il eft deux efpèces d’avantages
qui réfulteroient du plan propolé; les uns tendant
à la perfection des haras de ia Province,
en fupprimant tous les droits payés par les propriétaires
des jumens, toutes les exemptions &
privilèges des gardes- étalons ; la répartion fera
plus égale, la rétribution infenfible -, ces pro-
piiéraires ne paroiffant affujettis à aucune taxe
propre à cet objet, fourniront leurs jumens avec
empreffement-, on fe livre toujours à un profit
qui femble ne rien coûter. La race fe perfectionnera
de plus en plus, & fe foutiendra par
le croifement des étalons, & par les autres opérations
defadminifiration actuelle, telles que les.
gratifications pour les jumens de taille, pour les
poulains d’une certaine beauté, &c. qui fubfif—
reront toujours-, enfin la Province fera déchargée
d’une partie des corvées qui l’accablent & qui
gênent l’Agriculture, »
ȣ Etat de Ventretien des haras,
fuivant le plan projeté.
Dépenfe.
Nourriture, foins, entretien de quatre cens
étalons, . . - • • • • - 5C0I.
Chacun, par an, fait . . . 2CO,ocol.
Recette.
Deux mille deux cent paroiffes, en Chainpagne
, payant chacune 120 liv.
par an ^ . . . . . .
Chaque garde-étalon jouit de 80 liv.
exemption de taille • le refte des privilèges
2.0 liv. Droits de monte de
20 jumens à 3 liv. 10 f. Total 170.
Pris au plus bas, on pourroit compter
fur 200 liv. par an. Quatre cens
gardes-étalons à 170 liv. fait . . . • 6S,oc©î*
Total de recettte 332,000
dont à ôter dépenfe ci-deffus . . 200,oco
refis par a n ........................................132,000
Somme deffinée au remplacement
des étalons & dépenfes d’entretien de
bâtimens, ou extraordinaires, n
te Etat de dépenfe & de recette,
d*après le plan projeté.
Dépenfe.
Quatre cens étalons à 500 liv. d’entretien
chacun . . . . . . . 200,000 hl
Recette.
Deux mille deux cens paroiffes ù
150 liv. chacune, . . . .
fur quoi on obfervera qu’il faut ôter
pour exemptions de garde & droits
de monte, 68000 liv., que l’on paie
330,00®
aujourd’hui . . . . . . . . 200,0©#
refte . . . . . . . . . . . 130,000
fomme à employer. Quatre cens
étalons à 600 liv. . . . . . . . 240,00©
Huit bâtimens à 25,600 liv. . . . 200,çoo
Total . . . . . . . . 440,000
En quatre ans cette dépenfe fera acquittée,
& il y aura 80,000 liv. de refte.
Mais je fuppofe que la Province de Champagne
ne porte que deux cens étalons.
Leur nourriture & leur panfement à 50b» liv.
chacun, par an, fait . . . . . ioo,oc©1»
Il n’eft point de Cheval qui , en
fix mois de travail, ne puiffe apporter
des matériaux fuffifamment pour
l’entretien d’une lieue de chemin ,
puifque M. Turgot prétend qu’un
homme peut, lui feu), en entretenir
deux.
Par fa lifte générale des portes, il
ne fe trouve en Champagne que cent
cinquante lieues de grandes routes,
c’eft donc cent cinquante Chevaux .
qu’il faudroit ; ces deux cens, par
conféquent , font donc plus que
fuffifans, & bien au-deffous du travail
qu’un Cheval doit faire.
En attachant deux manoeuvres ,
outre le condu&eur, à chaque Cheval
pendant les fix mois de l’année, à
20 fous par jour, fait par an 312 liv.
Ainfi, les haras & les Chevaux de
la Province fe trouveront entretenus
moyennant . . . • . * • 162,0001-
Mais, comme il y a en outre les
routes de traverfes, & que ia totalité
de la Province porte quatre cens
Chevaux , le nombre de Chevaux
feroit 'plus que fuffifant pour ces
travaux, & pour relayer ceux qui fe ^
trouveroient trop foibies,ou malades.
En prenant la dépenfe du tour,
elle montera à . . . . . . . 324^000
Mais la Province, à la taxe.mé-■
diocre que nous fuppofons , donnera.
. . • . . • • • • • 330,800. »
« Q u e , l ’on confidère actuellement l’argent
qui rentrera dans Les coffres de la Province,
par les droits que paieront & que ne payoient pas
les gardes-étalons, ce qui eit un objet confidérable.
»
« Il ne refte, pour la dépenfe du haras, que
' racquifition des Chevaux, celle des tombereaux
& harnois néceffaires. »
Au teins où écrivoit M. de la Fofle, Les Chevaux
éroient encore exiflans entre les mains des
gardes-étal0ns ; ceux-ci jouiffoient des privilèges
d’exemption d’impôt -, il y avoit dans différentes
villes de la Champagne des bâtimens inutiles, ou
vuid.es, apparie nans-au Roi, ou à des maifons
religieufçs -, on pouvoir prendre, avec les gardes-
étalons, des arrangemens pour acquérir lès Chevaux,
la non-exemption d’impôt des gardes-
étalons faifôit un objet qui augmentoit la recette
de là Province ; les bâtimens du R o i, ou des
moines , logeant les étalons, auroient produit;
une grande économie. Mais à l’époque où j'in—
. fère le projet de M. de la Fofle dans TEncyclo-
pêdie Méthodique, les haras font fupprimés depuis
1790. On ne retrouvèroit plus les. Chevaux
chez les gardes-étalons ; ces gardes-étalons
. font impofés comme les autres aux contributions
publiques -, la majeure partie des bâtimens. des
Moines eft vendue à des Particuliers, & lerefte^
le fera bien-tôt. Les ci rconflances ayant changé, ?
les calculs de M. de la Fofle ne peuvent plus' être
les mêmes. Si fon plan , dont le fond eft bon ,
paroiffoit mériter" quelqu attention, il faudroit
y faire dès modifications, & l’adapter à l’étkt
aéluel où fe trouve la France.
Projet de M. Jouglas.
Four répondre à dos queflions que je faifois
fur l’établiffement des étalons, il y a fix ans,
M. Jouglas, Brigadier de MM. les Gardes-du-
Corps du Roi, me fit parvenir un Mémoire,
dont voici l’extrait. L ’Auteur fe plaignant ave®
raifon, de ce qu’on n’avoit remédié qu’à une
partie du mal, en établiffant des étalons, pour
améliorer Tcfpèee des Chevaux en France, cieliroit
qu’on y établît auffi d^s jumens de choix, de
cîiflance en diflance, qui feroient fervies par ces
étalons. On en auroit diftribué aux Cultivateurs,
& autres particuliers en état de les bien foigner.
On auroit exigé que les gardiens de ces jumens
ne les eu fleur employées qu’à un léger travail;
qu’ils enflent des clos léparés, pour pouvoir faire
pâturer les mères & les poulains. Ces jumens
auroient été conduites à l’étalon, & failliesgratis.
Les étalons auroient été placés par entrepôt de
quatre chacun ; on auroit annexé quinze jumens
pour chaque étalon; l’InfpeCteur auroit eu, au
profit du Roi, le.choix d’un des trois premiers
poulains que chaque jument auroit donné. L e
gardien de la jument, s’il eût confervé le pou-
. lain choifi, plus d’un an, auroit reçu en le-livrant
cent livres par an; les autres poulains.lui auroient
appartenu en toute propriété. Il néût
puvendre la jument, fans le confentement par
écrit de TlnfpeClciir ; il devoit être tenu de la
faire foigner en maladie, & de conflater fa mort
par procès-verbal. Le Roi auroit fait les avances
, des jumens, comme intéreffe au bien de l’Etat.
L ’Auteur ne prepofoit pas d’acheter & de répandre
auffi-tôt toutes les jumens, dans hs diverfes
parties du Royaume ; mais d’en faire Teffai dans
quelques provinces, & fi ceteffai réufliffoit, d é tendre
fon projet aux autresfucctffivement. En dix
ans, les frais pouvoient aller à 795,460 livres,
tant pour l’établiffement dés jumens que pour
celui des étalons, tandis que, fuivant lu i, les
frais . des feuls étalons, répandus dans diverfes
provinces, au moment où il a fait fon Mémoire,
montoient à 925,000 livres. Il n’y auroit eu que
les jumens du Roi annexées à des étalons: les
Cultivateurs auroient eu la liberté de s’en procurer
à leurs frais ,,pour jouir de l’exemption
de corvée, dont auroient joui les Gardes des
jumens annexées.
Par les difpofitions de l’Auteur, après dix ans
..il y auroit eu 10,000 jumens placées, pour lef-
quelles il feroit du au Roi 10, oco poulains, tant
mâles que femelles, ce qui feroit tin fond pour
. entretenir les entrepôts d’étalons, & pour répandre
de nouvelles jumens, & fournir une réfefye
pour la cavalerie, ou la maifon du Roi & Tar—
( tillerie. A dater du premier établiffement juf-
qu’à la dixième année, il y auroit au moins
'20,000 jumens répandues dans le Royaume, nombre
fumfant pour que la France ne fe trouvât
plus dans la difette dé Chevaux, où elle étoit.
Ce Projet étoit très-raifonnable, en ce qu’il
faifoit concourir les deux fçxes par le choix des