
fruits de la terre • il eft évident qu’en les adoptant,
il renonce à la moitié ou au tiers delà
récolte qu’il pourroit efpérer* mais l’effet le
plus dangereux qu’elles produifent eft, félon
M. Fabroni, de hâter le dêpériflement de la
terre. 11 appuie fon fentiment à ce fujet de celui
de Defbiey, qui prétend avoir appris, par l’expérience,
que les terres de celles de l’efpèce
des landes, fe perdent entièrement par 1- ufage
des jachères, n
« En Agriculture l’expérience & le fuccès font,
fuivanr M. Fabroni, la meilleure méthode qu’on
puifle propofer. Dans plufieurs pays,, on fait
d abondantes récoltes toutes les années, fans que
les Cultivateurs accordent jamais à la terre un
tems de repos. En Chine, le terrein., dit-il, n’eft
pas d’une meilleure qualité que le nôtre, ce--
pendant on y fait plufieurs récoltes dans une
année, & jamais la terre n’eft en jachères. En
Europe , dans une grande partie de l’Angleterre,
du Brabant, d e là Flandre, de là Normandie,
du T y r o l, du Piémont, de la Lombardie, ~de
la Tofcane, &e. on recueille tous j,es ans à-peu-
près les mêmes produits, fans laifler repofer la
terre. L’Auteur rapporte tous ces exemples,
pour prouver que ion "Opinion fur les jachères
n eft pas un fyflême hypothétique, fondé fur
des idées peu vraifemblables ; mais fur l’expérience,
qui nous apprend tous les jours qu’on
peut changer les terreins les plus ftériles en campagnes
fertiles ; pour opérer ce changement, il
faut les forcer à produire le plus grand nombre
de végétaux pofiible, fans accorder à la terre
aucun repos, n
JO es Engrais.
tl Selon les méthodes établies de Cultiver les
terres., les engrais ont une influence très-grande
dans la végétation & dans le'produir des récoltes ;
à melure qu’on cultive du blé dans un champ,
il devient, fuivant M. Fabroni, de plus en plus
ftérile. Les engrais viennent heursufement à fon
fecours pour réparer fes pertes , en fuppléant
çn quelque façon an terreau qui fe déço.mpofe.
En adoptant la manière de cultiver que propofe
W. Fabroni, les engrais feroienrabfolumenr inutiles
; lorfque la Nature eft en liberté, il eft persuadé
que la végétation continuelle, le dépé- \
riffement des végétaux anciens, leurs débris ré- ;
pandus fur la terre , font les feuls moyens qu’elle
çmpf ierpour procurer l’abondance dans le règne
végétal. Quand il y a un très-grand nombre de
plantes dans le même terrein , M. Fabroni a ■
pbfrrvé que la couche de terre végétale eft plus I
èpa.ffe que quand il y en a peu ; par conséquent
il doit produire félon cette proportion ; il conclût
de ce principe, que pour rendre les terres
fertiles & fupprimer les engrais, il faut multiplier
les végétaux, afin qu’jlf produifent beaucoup
de terreau, n
; ( ü Dans l’état aéluel de l’Agriculture, M. Fa-*
broni confidère les engrais comme abfolumenfi
neceflaires pour remplacer le terreau , que nous
ne pouvons nous procurer par les végétaux , tant
que nous ferons attachés à notre méthode de
cultiver. Pour employer lés engrais avec avantage,
il eft important de connoître les principes ,
qui nourriffent les plantes & les différens organes,
qui abforbent l’aliment-, qui leur eft propre. Selon
M. Fabroni, il réfulte de la connoiffance qu’il
a de ces principes , que le meilleur des engrais
^ft celui, qui peut fournir le plus d'air fixe aux
racines, & d'air inflammable aux feuilles. Il ne porte
point de,l’eau, ni de la lumière, parce que la
nature fournit elle - même abondamment c e s ,
deux principes. >3
? Ees trois règnes de la Nature offrent des fubftances
qui contiennent plus ou moins d’air fixe
& d’air inflammable-, lequel fe développe par la
fermentation , par la putréfaélion ou par quel-
qu autre voie. Selon M. Fabroni, les engrais tirés
du règne animal 'font les plus défeéhteux ; la fermentation
, qu’ils excitent, n’eft que momentanée \
l’effet qu’ils produifent dure par conféquent très-
peu. Ils ont encore jl’inconvénient de favorifer
la multiplication des infeéfes, qui font fouvent
beaucoup de mal aux germes & aux racines des
plantes. Il préfère ceux qu’on tire du minéral,
parce que leur effet,-moins aétif, eftplus durable.
Leur défaut eft de durcir & de refferer le terrein ;
ce qui eft eaufe qu’ils ne font pas propres à toute
forte de terres. Ceux du règne végétal font les
meilleurs de tous, fuivant l’Auteur ; ils font d e f-
tinés par la nature même à réparer le terreau, qui
fe décompole, & à fertilifer les terres. 33
« Fabroni confidère la craie comme le meilleur
des engrais minéraux -, elle fournir promtement
& en grande quantité les principes qui ferriiifent
les terres, & contribue efficacement à la végétation
des plantes. Il croit qu’on ne peut employer
la chaux comme engrais, qu’autant qu’elle
eft capable de produire le même effet que la craie ;
de même fes marnes, & c... dont on fe fert pour
améliorer les terres , ne rempliffent cet objet
qu’én raifon du plus ou moins de craie , quelles
contiennent. 33
5 -M i l n’y a point d’engrais, qui réuniffe autant
d’avantages que les cendres. M. Fabroni eft persuadé
qu’elles conviennent à toutes fortes delerres;
elles les rendent fertiles pendant plufieurs, années,
fans autre fecours. Leurs effets né confident pas
feulement à ameublir la terre, & à y porter des
principes de fertilité-, elles font encore très-propres
pour empêcher la multiplication des vers, des in -
•feéles, pour détruire la mouffé, les lichens, qui
étouffent l’herbe des prés, pour garantir les blés
de plufieurs maladies, principalement de la nielle
8l du faux ergot. ( L’Auteur, fans doute, par
niellç. entend la carie, & par faux ergot lé rachitique.
) Pour employer leç cendres ave.c fuccés,
M. fabro»,
CUL
<M. Fahroni-eft du fentiment de les mêler avec des
jmendemensfoffiles diffère ns, fuivant la nature du
J...» f 2 veut Voici comment il conleilfe
de faire ce mélangé. » pour les terres légères &
» chaudes, on devroit les mêler avec une certaine
p portion d argille ; pour les terres fortes, il fau-
|jj droit les mêler avec de la craie ; pour les terres
» lablonneufes avec de l’argille pourrie, & pour les
3» argilleufes, avec du gravier & de la craie. La
» méthode d’en faire ufage feroit celle de les
f répandre fur le fol avec la femence , ou bien
f d en couvrir la femence ; pour les vignobles,
» on n e doit les employer que lorfque lès vignes
?» ont: pouffé dès feuilles -, quan taux prés, le mieux
v eft de les jetter fur le fol au commencement du
v rnntems, 13
» Quoique M. Fabroni ait démontré l’excellence
des cendres pour amender les terres, il
n approuve pas l’ufage qu’on a de brûleries plan-
t e s , a moins qu’elles ne foientdures & ligneufes.
LorlÉju on le contente d’enterrer des végétaux, ou
qu on les laiffe Amplement fur le terrein péné-
trés.par 1 humidité, frappés par la chaleur du fo -
ie ft, ils fe découpent par.une fermentation lente; -
L°rSj ^3Z nourr^c^ > qu’ils contiennent en
abondance , eft tout mis à profit, parce qu’il ne
s échappe que peu-à-peu. La feule circonftance
ou leur incinération puiffe être utile, eft, fuivant
a i r° n* ’ ^01^ u o a met fe feu aux chaumes
après la moiffon. Souvent même il arrive que le
terrein n’en reçoit pas un grand avantage, parce
que les cendres font difperfées par le vent, ou
entraînées par les pluies. >3
Syfieme de M. l'Abbé Rofier,
Les principes de la végétation , fuivant M
l ’Abbé Rozier, font l’eau, le feu , l’air & la terre.
JL eau eft le véhicule ; le feu , le moteur; l’air,
l ’agent; & la terre, la matrice, dans laquelle s’opère
la végétation.
Par l analyfe chimique on retire des plantes
I .° de 1 a ir , i.° de l’eau , 3.0 de l’h u ile , 4.0 des
fe ls , 5.0 de la terre. Si ces fubftances exiftoient
dans la terre analyfëe, elles exiftoient auparavant
en partie dans la terre & en partie dans l’atmof-
phère , puifque c’eft dans ces deux immenfes réceptacles
qu elle a végété. Leur exiftence eft hors
de toute conteftation.
La terre végétale ou humus, quoique foluble
dans 1 eau , ne pénétreroit pas dans les infiniment
petits calibres dès racines, fi elle ne formoit de
nouvelles combinaifons avec d autres fubftances,
4ç quand même elfe y monteroit feule avec
1 eau, cela ne fuffiroit pas pour la végétation.
Les autres fubftances à combiner avec la terre
foluble, font les différens fels, contenus dans la ferre, & les fubftances graiffeufes 8t huifeufes,
Agriculture. Totnê J llt
C U L 7 i j
fournies par la décompofition des plantes, des m-
feéles & de toute efpèce de matière animale.
L’eau , l’air , les te ls , l’h u ile , la terre foluble
ou humus fe combinent dans la terre-matrice.
L’eau diffout l'humus & les fels ; chargée de l’un
& des autres, elfe devient nuifibie à l’huile & à
la graiffe , & leur mélange féroit impofiible fans
les fels qui font les m oyens de jonélion de l’huile
& de Beau. Il réfulte de cette combinaifon un vrai
favon , dans lequel eft incorporé l'humus, & qui
eftfufceptible de la plus grande folubilité & de
da plus grande extenfion, fans difeontinuité de
fes parties ; ce favon eft la feve > que la chaleur
naturelle de la terre bu celle de l’atmofphère aiguillonne
& fait monter dans les plantes, d’où elfe
defeend dans les racines, quand la fraîcheur des
nuits l’empêche de monter, & c ., &c.
M. l’ Abbé Rozier applique ainfi à la culture ces
principes, que je n’ai rapportés qu’en abrégé.
. 33 La culture a deux moyens de multiplier la
terre foluble & de faciliter fon union avec fes
fubftances réduites à l’état favonneux. Ce font les
labours & fes engrais ; fous 1e nom d’engrais ,
l’Auteur comprend aufti fes herbes. 33
33 Les labours font ou feuls ou unis aux engrais.
33
33 Par les labours on s’eft propofé de divifer
fes molécules de la terre , i.° afin de multiplier le
nombre de celles deflinées à recevoir fes impref-
fions des meteores ; i.° afin que fes racines euffent
plus de facilité à s’étendre , & que touchant par
- un contaél immédiat un plus grand nombre do
molécules, elles abforbaffent la fubfiance favon-
n eufe, quelles contiennent. 33
33 Par f e s engrais on a voulu rendre à la terre-
les principes de fertilité, épiiifés parles végétations
précédentes, c’eft-à-dire, lui fournir fes matériaux
de la fubftance, qui deviendra favonneufe. >?
33 Les Auteurs fe font perfitàdés de pouvoir
fuppléer le« engrais par la fréquence des labours ;
ils ont manqué leur b u t, & , à la longue, épuiié
leurs terres, n
33 Ceux qui ont trop accordé aux engrais, ont eu
de cherives récoltes pendant fes premières années >
fur-tout fi elles ont éprouvé de la féchereffe, & en
ont eu d’excellentes dans les années fubféquentes,
parce que la combinaifon favonneufe avoit eu
le temps de fe préparer & de s’exécuter, &c. »
33 Si la terre eft bonne, il faut la divifer à
fept à huit pouces'de profondeur, puifque les
racines des blés ne pénétrent pas plus avant.
Les labours multipliés coup fur coup ne fort
utiles qu’autant qu’ils divifent les molécules
de la terre; mais ils troublent & dérangent les
combinaifons & fes unions des principes, qui
s’exécutent. Il faut faire i.° un labour, aufti tôt
après que la moiffon eft levée, pour enterrer fe
chaume ; 2.0 un , s’il fe p eu t, par un tems fec ,
à l’entrée de l’Hiver époque ou il convient de