
îi trois pieds de diflance l ’un de l’autre. Si l'on
fait plusieurs couches, elles doivent être éloignées
de huit pieds & demi ; on remplit les
trous avec une bonne terre légère, & on place
un bâton dans le milieu de chacun, pour les
reconnoître. Cet ouvrage étant terminé, on
couvre le refte de la couche, ainfi que les côtés,
de quatre pouces de terre ; on unit bien le tout,
& Ion place des cloches fur les trous, où on
les lailfe pendant vingt-quatre heures, ce qui
fuffira pour échauffer la terre au degré qui lui
eft néceffaire pour recevoir les plantes. Alors
on remue la terre des trous avec la main, &
on y forme une efpèce de baflïn, dans lequel
on plante trois ou quatre pieds de Concombre-,
on les arrofe, & on les tient à l’abri jufqu à
ce qu’ils aient repris racine. On leur donne
enfuite un peu d’air, en foulevant les cloches
du côté oppofé au v en t, à proportion de la
chaleur extérieure , & on les arrofe toutes les
fois qu’ils en ont befoin. Lorfque les cloches
font remplies, on les foulève avec des crochets
du côté du Midi, & on les élève ^ainfi peu-à-
peu , à mèfure que les plantes grandiffent, afin
que le foleii ne. les brûle pas,
Au moyen de cette méthode ces plantes
feront plus dures & apporteront mieux le plein
air ; nuis il ne fapt pas les découvrir trop rôt;
car les matinées froides, auxquelles on eft quelquefois
expoié au mois de Mai, poùrroient détruire
les pantes fubitement.il eft par conféquent
plus sûr , 6c autant quel’accroiffement des plantes
ne s’y oppofe pas, de les laifler fous les cloches,
en les foulevant d’un côté par des briques,
& de l’autre par un crochet..
Vers la fin du mois de M ai, lorfque le tems
eft chaud, on" range légèrement les plantes fur
la terre aveç des crochets, hors des cloches,
en évitant de le faire dans un jour fec .&
chaud, mais plutôt pendant que le tems eft couvert
& difpofé à la pluie. Pendant cette opération
, ou foulève les cloches fur des briques ou
des crochets , à quatre ou cinq pouces au - deflus
de la terre, pour pouvoir étendre les plantes
au-deflous, fans les froifler-, & on laifte les
cloches dans cet état jufqu’à la fin de Juin ou
au commencement de Juillet, pour conferver
plus d’humidité aux racines, que fi elles étoient
tout-à-fait découvertes & en plein air. Trois
femaines environ après que les plantes auront
été ainfi difpofé es hors des cloches, elles auront
fait de grands progrès, fur-tout fi le tems eft
favorable-, alors il fera néceffaire de creufer l’intervalle
qui fépare les cloches, & de les remplir
jufqu’au niveau. On range enfuite les coulans
dans le meilleur ordre poflible, fans cependant
tourmer ter les branches, fans froifler ni déchirer
leurs feuilles -, cette augmentation de terrein ,
fournie par les (entiers, donnera de l’efpace aux
branches pour fe développer & pour s’étendre.
Des plantes ainfi traitées fournilTent des fruits
depuis le mois de Juin jufqu’à la fin d’Àoût •
mais, après ce tems, la fraîcheur de lafaifon’
fur-tout lorfque l’Automne eft fort humide. ’
La plupart des Jardiniers Anglois prennent
ordinaire nient du fruit de ces couches, pour en
obtenir des graines-, ils en choififlent deux ou
trois des meilleures fur chaque trou , &. ne
laifient qu’un 1eni fruit fur chaque plante, le
plus yoifin de la racine • car, fans cela , le pied
fe trouveroit tellement affoibli que les autres
fruit feroient petits & en moindre quantité. le
fruits , deftiné pour graine, doit relier fur pied
jufqu’au'milieu ou à la fin d’Août, afin que
la graine puifle acquérir le degré de maturité
néceffaire. Lorfque ces Concombres font
cueillis, on lés drefle contre une muraille, jufqu’à
ce qu’ils commencent à décliner -, alors
on les couvre, & on en ôté les femences avec
la chair qu’on jette dans un baquet, & qu’on
couvre pour empêcher qu’il n’y tombe des ordures.!&
On laifl’e ainfi ces graines pendant une
femaine, & on les remue chaque jour jufqu au
' fond, avec, un long bâton, afin que la chair
fe pourrifle & fe détache aifément-, on y ajoute
enfuite un peu d’eau qu’on agite fortement
pour faire venir l’écume à la furfâçe & précipiter
les femences. On renouvêlle.cette opération
deux ou trois fois-, lorfque les graines; font entièrement
dégagées de la chair, on les étend fur
une natte en plein air, où on lès laiffe trois ou
quatre jours, pour quelles foient parfaitement
sèches. Après q u o i, on les met dans des Tacs,
qu’on fulpend dans un endroit fec & à l’abri
des infedles, où elles fe cônferveront plufieurs
années. On préfère toujours les femences de
Concombre, lorfqu’elles ont trois ou quatre
ans, aux femences nouvelles, parce qu’elles
produifent moins de bois, & donnent beaucoup
plus de fruit.
La troifième récolte dés Concombres, que l’on
deftine ordinairement pour en faire des cornichons,
demande moins de foin que les deux
premières. On sème la graine à la fin de Mai
& par un beau tems ; on place ordinairement
ces plantes entre les rangs de choux-fleurs, çe
qui exige quatre pieds & demi de diflance ; on
y creufe des trous quarrés de trois pieds & demi
de diamètre, on en ameublit la terre avec la
bêche, & on les reme t en fui te dans les trous.
Après q uoi, on pratique dans chacun, avec la
main, un çreux en forme de baflïn ; & on sème
dans leur milieu huit ou neuf graines qu’on recouvre
d’un pouçe de terre. Si. le tems eft fec,
on arrofera Ces graines pendant les deux premiers
jours, pour en accélérer la végétation. Si le terris
eft favorable, les plantes commenceront à pa*
roître cinq nu fix jours après avoir été femée§;
il faut avoir loin 4c les mettre, dans les premiers
jours, à l'abri des. moineaux qui en font très-
friands m ai s.c&danger ne dure qu’ une femaine ;
car après ce tems, leurs feuilles -font trop
d u res pour que les oifieïfux puiflenr s’en nourrir :
on les arrofe légèrement dans les temsfiées. Lorfque
la troifième feuille rude vient à paroître , ‘
on retranche toutes les plantes les plusfoibles, ..
& on n?en laifte que trois ou quatre des plus ;
vigoureufes dans chaque trou. On remue la terre ;
pour détruire les mauvaifes herbes, & on la
rehaufiè autour des -plantes , en la preflant légèrement
avec les mains, & en féparant les
tiges autant qu’il eft poflible. On leur donne .
enfuite un peu d’eau, fi le tems eft fe c , pour ,
raffermir la .terre ; on renouvelle cer arrolemenr '
aufli fouvent qu’il eft néceffaire, & on continue
toujours à arracher les mauvaifes herbes, à mefure
qu’elles paroiffent.
Lorfque les choux-fleurs font tous recueill's,
on laboure la terre avec une houe , en la tirant
autour des trous en forme de baflïn, pour mieux
conferver la fraîcheur des arrofemens • & on
arrange les branchss dans l’ordre où elles doivent
être, &de manière qu’elles ne s’entrelacenr point.
Ces plantes, étant ainfi traitées, commenceront
à donner leurs fruits vers la fin de Juin; on
pourra alors les recueillir pour les mariner, à
moins qu’on ne veuille les conferver pour les
avoir plus gros. Cinquante ou foixante trous
fuffiront pour une ample provifïon ; on pourra
y recueillir deux cents fruits , propres à être
marinés, à chaque fois, & réitérer cetre opération
deux fois par femaine, pendant environ un
mois & demi.
Concombre Jerpent Ce Concombre que l’on
nomme aufli Concombre de Turquie , a des tiges-
grêles & rampantes; les feuilles font pétiolées,
un peu lobées & anguleufes; elles reffemblent un
peu à celles du Concombre commun, avec lequel
il ne faut, pourtant pas le confondre , comme
plufieurs JBotaniftes ont fait. Les fleurs de cette
efpèce de Concombre font petites, jaunes &
axillaires ; le fruit qui lui fuccèdeeft très-âlorigé,
cylindrique ■ & fillonné régulièrement dans toute
fa longueur-, vers le lommet, il eft un peu
obtus -, tour le fruit eft fingulièrement courbé
replié fur lui - même. Miller , qui a cultivé ,
ce Concombre' pendant quarante ans, affurequ’il •
n’a jamais vu , pendant ce tems, aucune altération
, de façon que ceux qui ont prétendu que ce ;
Concombre n’étoit qu’une variété du Concombre
commun,n’avoient certainement pas l’expérience
pour eux. Le même Jardinier diftingue encore
deux variétés, dont l’une blanche , l’autre verte ,
& dont les femences même offrent quelques différences,
mais ces différences ne lui ont pas
,par.u affez tranchantes pour les regarder comme j
efpèces.f>articulières. En Angleterre où ce Concombre
eft très - commun, -on eftime fur - tout
la variété à fruit blanc. La ciïltur.edç cette plante
Agriculture, J'orne III.
•n’exige pas plus de foins.que les Concombres de
primeur ditnt nous avons détaillé la culture afle?
au long pour ne pas la répéter ici une fécondé
fois.D
’après Quer ( F o yq Flora efpanola, Vol. III),
le Concombre ferpenr eft cultivé dans les jardins
des environs de Madrid , pour Tufage de la
•table, comme le Concombre ordinaire l’eft chez
nous. Il croît fans beaucoup de foin en très-
grande abondance dans la Manche , le Royaume
de Valence, la Murcie-, la Catalogne &. plufieurs
autres cantons de l ’Efpagne. On en fait beaucoup
de cas , & on l’apprête de plufieurs manières.
Concombre d’Egypte. Cette plante que nous
cultivons feulement dans les jardins botaniques,
demande une chaleur affez forte & fourenue
pour arriver à une maturité parfaite ; cependant,
malgré les foins que plufieurs Particuliers
fie font donnés, les fruits que cette plante produit
chez nous n’acquièrent jamais la perfedion qui
les fait rant eftimer dans leur pays natal, qui
eft l’Egypte & l’Arabie. Les Voyageurs qui y
ont été, rapportent que les habirans de ces pays
font le plus grand cas de ce Concombre, &
qu’ils en cultivent des champs entiers. On le
regarde encore comme très - fakibre, c’eft ce
qui n’eftpas difficile à croire; car le fucagréable
& aigrelet que l’on obtient en ébra fiant la pulpe,
à l’aide d’un petit bâton introduit par une ouverture
que l ’on pratique dans le fru it, tandis
que ce dernier refte encore attaché à la tige pendant
quelques jours pour acquérir plus de faveur,
doit naturellement rendre ce Concombre rrès—
précieux dans un pays aufli chaud que l'Egypte,,
& où l ’indolence naturelle des habitans profite
d’une produélion que la Nature leur, offre fans
beaucoup de peine.
Cette plante a le port du melon; mais les
fruits ne fe reffemblent ’pas.' Les feuilles & les
figes font velues prefque cdtonneufies; cesder—
nièries font ordinairement couchées fur la terre,
de forme pentagone, rameutes & coudées en
zigzag; Les feuilles font pétiolées, arrondies, ob-
tu'fément anguleufes & demi culées. Les fleurs
font jaunes, petites & axillaires, à pédoncules
forts courts. Le fruit eft fufiforme, plus gros
ou ventru vers le milieu, hériffé de poil blanc,
& rétréci vers les deux bouts.
Concombre de Perfe. Cette plante, qui croît
naturellement en Perfe & dans le Levant, n’eft
point cultivée en Europe ; elle eft annuelle ;
fes feuilles fupérieures font anguleufes, les inférieures
plus arrondies, les unes & les autres
légèrement velues, vertes en - deflus, un peu
moins colorées en-deflbus. Les fleurs font jaunes
& axillaires Le fruit a la forme & la groffeur
d’une orange à écorce liffe, panachée de verd &
de jaune orangé ; l’odeur de ce Concombre eft
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