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ment des champs exigeroit ; ils épargnent, en
outre, les gardiens que des troupeaux différens
& fouvem nombreux rendroient néceflaires ; &
c’eft beaucoup dans un‘pays où les journées des
Ouvriers font très-chères, & où les troupeaux
relient, pendant neuf mois de l’année, en plein
air. Un troupeau renfermé dans un enclos, y
peut refier jour & nuit, & ne demande que peu
de foins, & ne fait pas perdre au Propriétaire
l ’engrais, q u i, à fon tour, fertilife Je champ.
Nous aurons, plus d’une fois, occafionde citer-,
dans cet article, l’exemple des Anglois, comme
nous avons également profité des inftruélions
que plufienrs de leürs Agronomes ont publiés fur
la formation des différentes efpèces de Clôtures.
Quelque connue que foit Futilité des Clôtures
en France, il s’en faut de beaucoup que cette
partie de l’économie rurale foit aufiï fuivie
quelle le mériteroir, il n’y a que quelques provinces
, ou quelques cantons ifolés où l’on voit
des Clôtures en règle ; mais, en général, i’on peut
dire q u e , dans la plus grande partie du pays,
l ’ufage efl allez peu fuivi.
Des différentes efpèces de Clôtures.
Les Clôtures peuvent fe divifer en Clôtures
de sûreté^ & d’utilité. Elles diffèrent, félon la nature
& l’étendue de la poffeffion que l’on veut
enclorre *, félon les coutumes & ufages du pays
ou de la province dans laquelle on fe trouve ;
félon la facilité que l’on a pour fe procurer les
matériaux néceflaires, & félon la fortune des
particuliers.
- L ’objet de la Clôture peut être rempli par une
muraille qui peut être cbnftruite en pierres de
taille, en briques, en pifé ou terre battue entre
deux planches, par une haie vive ou sèche, par
des paliflades en bois ou gros pieux rapprochés
les uns des autres, & maintenus par des traverfes-1
par un folié fec ou rempli d’eau 5 enfin, par un
banc de terre d’une certaine hauteur, couvert de
gazon. ‘
Clôture en muraille.
De. toutes les Clôtures, celle-ci remplit peut-
être l ’objet de la Clôture mieux que toutes les
autres} elle nous procure la sûreré, un des objets
principaux de la Clôture-, elle peut également
iervir d'abris à nos productions , lorfque nousen
entourons nos jardins ou nos champs.
La Clôture en muraille étant, de toutes les
Clôtures, la plus coûteufe, elle' ne peut convenir
qu’à des Propriétaires riches, on à ceux qui ont
la facilité de fe procurer les matériaux néceflaires
à peu de frais ; mais les réparations continuelles
qu’elles exigenr, fur-tout lorfqu’elles font d’une
certaine étendue, & conftmires fur un terrein
inégal, abforbent bien-tôt le bénéfice qu’elle procure
de l’aurre côté ; elles conviennent par con-
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féqueht beaucoup mieux à un jardin qu’à de
grandes poffeflions.
M. l’Abbé Rozier, dans fon Cours complet
d’Agriculture, s’annonce également ennemi des
murailles , pour enclorre de grandes poffeflions.
Voici ce qu’il en dit: << Que l’on entoure de
mure fes jardins • que l’on foit fermé chez foi, 1^
prudence l’exige ; mais enclorre ainfi des grandes
poffeflions, je ne conçois rien à cette jouiffance
exclufive • & c’efl l’acheter bien chèrement.
Quand même on auroiî fur les lieux la pierre, le
fable & la chaux à bon prix, il efl toujours très—
dispendieux de mettre un lit de pierre fur l’autre,
pour avoir le plaifir de bâtir. Si on confidère la
mife des fonds, on verra qu’avec la maffe de cet
argent mort, on auroit pu prefque doubler fes
poffeflions, & avoir l’intérêt de cet argent. Si le
tarifais< qui détruit & renverfe tout , refpedloit ces
folies, elles feraient plus pardonnables-, mais un
j our viendra qu’on fera forcé d’acheter une fécondé
fois fon terrein , par les réparations, rc-
conftruétions, réédifications de ces murs, qui,
d’up parc, font uneprifon.»
La muraille la plus convenable pour clorre un
jardin dont on veut abriter les productions, ou
accélérer leur maturité, doit être conftruire en
briques \ elle efl plus chaude, & remplit mieux
l’objet qu’une muraille en pierres de taille. Je
confeille de la conflruire en forme de panneaux,
avec des piliers placés à des diflances égales ; ce
qui efl non-feulement plus économique que les
murailles à furface plane, parce qu’elles n’ont
pas befoin d’une épaiffeur auffi confidérable ; mais
encore ces piliers fervent beaucoup à la décoration.
Mais fi toutefois on préfère de conflruire
un pareil mur en pierres de taille carrées, & que
l’on defire de le garnir en treillage, il efl néceffaire
de le revêtir de briques. Les murailles conf-
truites en pierres brutes , quoiqu’elles foient
sèches & chaudes, font cependant incommodes
pour y attacher un treillage, à caufe de leur inégalité
* on ne peut les-rendre propres à cet ufage,
qu’en employant, dans la maçonnerie, quelques
morceaux de bois dans lefquels on puiffe enfoncer
des crochets.
Dans les, grands.jardins, il faut, autant qu’il efl
poflible , confeyver les points de vue les plus
agréables de la campagne, & mafquer, au contraire
, par des murailles, ceux qui n’offrenr que
des objets rriftes. Si les jardins fe .trouvent fi rués
dans des lieux fort fréquentés., & dans le voin—
nage des grandes Villes, & qu’on ne puiffe s’y
promener fans être obfervé.par tous les paffans,
il faut alors les enclore, pour éviter ce défagié-
ment.
Si ce mur efl defiiné pour un jardin potager
dans lequel on defire cultiver des arbres '& efpa •
liers, le mur qui lui fervira_de Clôture, doit
avoir dix à douze pieds d’élévation -, cette, hauteur
efl fufffàpte, même pour les arbres qul
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Retendent l e p l u s , c o m m e le s F o i r i c f s & à î ïf fS S .
Clôture en terre-glaife.
On fe fert, dans une partie de l’Allemagne ,
d’une efpèce de Clôture faite avec la limple
terre-glâife pétrie de paille, qui reffemb le affez
à une muraille, mais qui n’en a ni la folidité ni
l’élégance. Pour procurer à ces murs, fi on ofe
les nommer airifî , une certaine folidité, il faut
leur donner peu d’élévation , & trois ou quatre
pieds d’ëpàiffeur -, ils ne fe foutiennent que par
leur propre poids, & en raifon de la plus grande
maffe qu’ils préfentent ; car la matière dont ils
font cbmpofés, quoique durcie en apparence J.
ne réflfte pas affez aux' violences, ni à l’intem-
périè des faifons, pour fè maintenir, pendant
plufieurs anpées,, en bon'état; Cés murs craignent
d’ailleurs l'humidité -, & lès fortes plüié's peuvent
lés diffoudre en entier. Cette efpèce de Clôture
j ne peut donc convenir qu’à dés pays extrême-
| ment pauvres, & où la rareté de toute autre
matière plus convenable, oblige1 les habitans d’en
employer d’auffi chétives.
Clôture en Pifé ou P'fay.
La méthode d’emplpyèr fine terré quelconque,
battue entre deux planches, & rendue folide & ,
compaéle, par ce tnoyen, au point d’en faire ■
des murs, &' même dès maifons d’une grande
folidité , efl une invention que l'on attribue aux
Romains. Elle efl très en ufage dans nos Provinces
Méridionales , oü elle eff connue fops le
I nom de pifé’ou pifay. On crdit affez. générale-
I ment qiie'cè font les colonies Romaines qui l’y
I ont introduit.
Je conriois peu d’invention aufli utile & auffi
facile à exécuter, que l’art de convertir Çn mu-
I raille un amas de terre5-* elle, mérite fans doute
d’être plus généralement connue par les habrtaps
de la campagne ^ parce qu’elle efl peu dîfpen-
dieufe , & très -r'aifée à entrëténir.
On nous fâura fans doute gré de troüvef ;ici
quelques détails fur le P ifé , & fpr la manière de
faire, avec la Ample terre, des Clôtures folides
& peu coûteufes.
Prefque toutes lès terres1 font propres an Pifé,
à l’exception de la terre purement îablonneüfe
ou argilleufe : la première’ né fe lie pa^ fufB-
famment, & la terre àrgillçüfe fe- gerce en lé chant.
Une terre forte, priricipâlemèht là i8fre
franche desjardins, convient parfaitement, à ce
travail. On reconnaîtqu-’unè ferre convient pour
le Pifé , lorfq u’en la comprimant avec fés mains1,
elle s’empâte, & confervé l’iinprefîioTi des doigté.
Pour procurer de la durée &''une •gràftdèvfpif-
dité aux Clôturés en Pifé / il faut tâcher de dépouiller
la ferré'autant qu’il efl pçflible , de 'tous
ks corps-hétérogènes ^ compas racines-d’héfbés &
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âütfes fubflancés végétales pu animales. Les petto
cailloux ne nuifèht poin t à la terre que l’on destine
au Pifé -, mais les gros doivent être écartés
ayèc foin. Quant au degré d’humidité que la terr^
exige, il fuffit de la prendre telle qu’on la trouve >
à un pied de profondeur j une terre trop mouillé?
ou trop humide, n’acquiert pas le degré de foli—
dité néceffaire : il en efl de même d’une terre
trop sèdië, dont les parties ne fe lient pas affez
pour donner à l’enfemble la confiftance qu’il lui
faut.
La faifon la plus convenable pour la conflruc-
tion des Clôtures en Pifé, efl depuis le mois de
Mars, jufqu’en Août. Il faut en excepter les
jours pluvieux', qui rendroient cette opération
abfolument impraticable ; car la terre détrempée
ne faurôit prendre la confiftance néceffaire ; &
lés panS, nouvellement achevés, étant mouillés
par la pluie . ne sèchent pas allez promptement
poivr être en état de recevoir une leconde aflife.
Les grandes chaleurs de l'Efé , ni le tems trop
humide de l’arrière-faifon,. ne conviennent non
plus à Ce travail-, en général, il faut choifir ,
félon le climat & les circonfiances, un tems
môyeti’; qui ne foit , ni trop chaud , ni trop
humide.
J ’ai, dit que toute terre convenoit pour le»
; Clôtures en P ifé , à l’exception de terres trop
maigres & des terres argilleufes trop grades j mais,
comme il peut fe faire que ces deux efpèces de
terrçs fe trouvènt 5 peu de diflanèe l’une de
l’âütre, il efl bon d’obieryer.ici' que, parle;mé.*
lange d,eJces deux fortes de terres, on peut fe
procurer la meilleure de toutes les matières pour
le Pifé. '
Moule pour le Pifé.
Le moule pour le Pifé , copfifte en quatre
panneaux, dont deux grands & deux petits. Le
grand, panneau , appellé hanche, efl un aflem-
blage fimple de planches bienj ointês’jles mei 11 eures
planches fônt celles 'de fapm , étant moins fu -
jeites; à fe déjeter que toutes les autres. Ces
planches font entretenues par quatre parefeuilles,
dont deux aux extrémités, & deux à diflances
égales ëntr’elles, .vers le milieu. Le périt panneau
appellé .çloifoir. ou trapon,.efl .fait d’une fe,ule
pïaticliey la longueur des planches efl de neuf
pieds ; leur largeur pu hauteur, de deux piedsffix
pouces. Lé çlofoir a également deux pieds fir
pouces dé hauteur; fa largeur fe règle fur répàifr
feur que Ton-veut donner au mur, dont il pré-
fente le profil avec, fon frit. Les petites, planches
ou paréfeuillés qui fervent à maintenir les planches
de la ban.chgf. ont huit pouces de largeur *
leur longueur éfl.icelle de la hauteur dçs hanches
fur lefqüèllesi èlles doivent, être clouées folide—
ment.’ A'cpf4 des premières & dernières pare-
feuilles ,■ , v font appliquées .deux an fes . de fer ,
àjfpéhêes' mahettès, bien clouées vers le bord
p p ij